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Critiques de Jean-Luc Barré (35)
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Le Seigneur-Chat

Difficile d’ajouter quoi que ce soit à la superbe contribution de Bigmammy, qui m’a incité à me plonger dans cette biographie de Philippe Berthelot, si ce n’est que celle ci apporte un regard incisif sur les tentations d’un expert des affaires étrangères qui ne fut pas plus étranger aux affaires qu’un Talleyrand comme l’a montré Emmanuel de Waresquiel, en se plongeant dans les archives des banques anglaises, dans « Talleyrand , Le prince immobile ».



Philippe Berthelot est une première fois écarté du Quai d’Orsay en 1894 pour avoir confondu son budget avec celui du ministère ; la nomination de son père, Marcellin Berthelot, comme Ministre des Affaires étrangères (1895/1896) du Gouvernement Léon Bourgeois efface cette bévue et le réhabilite.



Après la guerre, la faillite de la Banque industrielle de Chine, fondée par son frère André Berthelot, met en évidence, au terme d’une enquête présidée par le sénateur Jules Jeanneney, les initiatives de celui qui était Secrétaire Général du Quai d’Orsay et est intervenu, y compris en commettant des télégrammes portant la signature ministérielle, au profit de la banque familiale. Sanctionné d’une suspension d’activités de 10 ans, il est amnistié par Aristide Briand et réintègre le ministère.



Cette biographie éclaire le premier tiers du XX siècle en décrivant le contexte diplomatique, les courants politiques, le milieu intellectuel et artistique. Epoque où se succédèrent au secrétariat du Quai d’Orsay Jules Cambon, Maurice Paléologue, Philippe Berthelot et Alexis Leger, dit Saint-John Perse. Epoque où Paul Morand, Jean Giraudoux et surtout Paul Claudel déployaient leurs talents diplomatiques.



Fort bien écrit, ce long récit est aussi un formidable roman animé par un diplomate d’une culture, d’une intelligence et d’une clairvoyance exceptionnelles
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Le corps d'origine

A cinquante-huit ans, ancien premier ministre, leader d'une droite ultra-conservatrice et candidat à l'élection présidentielle, Guillaume Roussel, va se trouver pris dans un crime et une affaire de moeurs – l'assassinat d'un jeune prostitué marocain – au plus mauvais moment. Qui se cache derrière la mise en évidence de cette affaire ? Qui veut sa perte ? Comment va-t-il réagir ? ● C'est là un thriller politique des plus efficaces dont les pages se tournent à toute vitesse ! J'en ai lu en à peine une journée les 240 pages ! ● Même si à mon avis ce n'est pas un roman à clé, on ne peut s'empêcher d'établir des parallèles entre les personnages du roman et le personnel politique contemporain. Ces effets d'écho font partie du plaisir de lecture, au même titre que le suspens concernant le personnage principal dont on se demande à chaque page s'il va s'en sortir ou pas. ● On voit aussi toutes les chausse-trappes, les coups bas, les trahisons, les réconciliations, les « boules puantes » auxquels donne lieu une élection présidentielle. ● La fin du roman réserve une ultime surprise qui m'a complètement pris de court ! ● On ne peut aussi qu'être troublé par l'embarras que constitue encore aujourd'hui l'homosexualité ou même la bisexualité pour les hommes politiques. Peut-être surestiment-ils l'importance que le public peut accorder à leur orientation sexuelle, ce qui les incite à la camoufler lorsqu'elle ne suit pas l'orientation majoritaire. ● Je suis également toujours abasourdi qu'on puisse porter l'homosexualité sur le terrain moral ; elle n'a rien à y faire ; l'orientation sexuelle s'impose à l'individu comme sa couleur de peau et il n'y a aucune dimension morale là-dedans ! ● Ne lisez pas le résumé éditeur qui en dit comme souvent beaucoup trop. ● En tout cas, un roman passionnant.
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Le corps d'origine



Toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite. C'est en effet la question que l'on peut se poser en ouvrant ce roman, lorsqu'on connaît le passé de Jean-Luc Barré. Peut-être s'est-il inspiré d'une ou plusieurs personnalités politiques françaises.





Dans le cas présent, l'histoire commence en pleine campagne pour les élections présidentielles, lorsque Guillaume Roussel se retrouve impliqué au coeur d'un scandale. Jean-Luc Barré décrit les enjeux de pouvoir, tous les coups bas, l'orchestration d'un scandale politique, le rôle de la presse, la manipulation des masses. La naïveté de Guillaume Roussel qui a usé de toutes les combines pour arriver à ses fins et découvre soudainement que ses ennemis les utilisent également à leur profit. Mais comment réagir lorsqu'enfle la rumeur ?





Embarqué dans ce roman, vous ne le lâchez plus. J'ai apprécié l'écriture, le rythme sans aucun temps mort. L'histoire est bien menée, jusqu'au dénouement inattendu.







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Pervers

L’écrivain assoiffé d’histoires dramatiques



En mettant en scène un écrivain capable de tout pour nourrir son œuvre, Jean-Luc Barré dresse un portrait au vitriol du couple auteur-éditeur. Avec quelques dégâts collatéraux.



À chaque rentrée littéraire son lot de scandales. Untel se reconnaît dans un personnage de roman, une autre voit sa vie de famille vilipendée. Souvent aussi la justice est chargée de trancher le débat entre la liberté de création et le respect de la vie privée. Faute de jurisprudence constante, on se dit que les jugements tiennent davantage de la loterie – voire du talent des avocats de l’une ou l’autre partie – que d’une doctrine bien établie. Il arrive aussi bien souvent que le parfum de scandale serve les intérêts de l’auteur et attise la curiosité des lecteurs. Un effet pervers en quelque sorte. Et surtout un adjectif qui nous amène au premier roman de Jean-Luc Barré que l’on connaissait jusque-là pour ses biographies. Celui qui est par ailleurs responsable de la collection «Bouquins» chez Robert Laffont campe avec justesse et sans doute avec autant de plaisir des personnages à la psychologie tourmentée, qu’il s’agisse de Victor Marlioz l’écrivain, de Durban son éditeur et de Julien Maillard, le critique littéraire qui est aussi le narrateur de ce drame.

Si l’on en croit Jérôme Garcin et Bernard Pivot, c’est François Nourissier qui a servi de modèle au personnage de Victor Marlioz. Mais plutôt que d’essayer de trier le bon grain de l’ivraie, je vous conseille de vous concentrer sur le cœur de ce roman, sur la volonté de nourrir une œuvre littéraire avec tous les événements forts, avec les moments de crise, avec les drames qui donnent leur intensité aux belles histoires. Quitte à les provoquer. Comme l’a dit Boileau il y a déjà quelques siècles:

« Mais c’est un jeune fou qui se croit tout permis,

Et qui pour un bon mot va perdre vingt amis. »

Julien Maillard, l’un des critiques qui connaît le mieux la vie et l’œuvre de Marlioz est destinataire d’une lettre anonyme aussi brève qu’explicite: « C’est Marlioz qui l’a tuée. Alexia est morte pour les besoins de la cause. » Alexia n’est autre que la fille de Marlioz, découverte morte quelques jours plus tôt. À partir de là commence une partie d’échecs prenante qui met aux prises le critique et l’écrivain. Chacun avance ses pions d’abord avec prudence, de peur de trop se dévoiler. Puis viennent les coups plus offensifs menés notamment par les fous. Derrière l’un d’eux, le lecteur découvrira l’éditeur bardé de certitudes et à l’égo presque aussi surdimensionné que celui de son auteur-phare. Sans oublier un échec à la reine, l’épouse de Marlioz qui a choisi l’alcool comme compagnon d’infortune. Qui finira par l’emporter? C’est tout l’enjeu et le morceau de bravoure qui vous mènera au bout d’un suspense très habilement construit. Âmes sensibles s’abstenir !




Lien : https://collectiondelivres.w..
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Le corps d'origine

Un jeu où tous les coups sont permis



Jean-Luc Barré, dans un roman de politique-fiction, raconte la campagne présidentielle d'un candidat de droite confronté à des accusations déstabilisantes. À un an des présidentielles, ce récit fort bien construit nous appelle à la vigilance.



Le parcours politique de Guillaume Roussel ne peut que laisser admiratif. Parti de rien, ou presque, il s'est hissé en quelques années, après Sciences-Po et l'ENA, de député à ministre de l'Intérieur, puis de ministre à Premier ministre. Et, à 58 ans, il est en tête des sondages pour succéder à Louis Moulins-Duthilleul, le Président de la République vieillissant, qui ne se représentera pas.

En rassemblant derrière lui les tenants d'une droite dure, il fédère le courant conservateur, majoritaire dans son pays. Au moins jusqu'à présent, son image d'homme public a parfaitement coïncidé avec le portrait qu'il souhaite donner de lui, soucieux des valeurs d' honnêteté et d'intégrité, de la famille traditionnelle.

Alors que la campagne a pris son envol, il est informé de rumeurs qui enflent à son propos et qui risquent de lui causer beaucoup de torts. Des rumeurs qui vont se concrétiser avec la parution d'un article le mettant en cause suite au décès d'un jeune homosexuel marocain qui aurait laissé son nom sur une lettre listant ses relations.

Accompagné de son journaliste d'investigation, Norbert Pablo, le responsable de cet organe de presse vient du reste l'avertir qu'il dispose d'un cliché les montrant tous deux à une même table, avec d'autres convives. Secoué mais pas abattu, Gaëtan cherche tout à la fois d'où vient la fuite et comment il pourrait éteindre au mieux l'incendie qui couve. Sur les conseils de Sybille Royer, sa responsable de communication, il va choisir le présentateur-vedette du journal du soir pour démentir toutes les allégations, annoncer qu'il porte plainte pour dénonciation calomnieuse et qu'il poursuivra sa campagne sans rien changer au programme. Afin de pousser les contre-feux, il va aussi demander à son épouse, avec laquelle il a passé une sorte de Gentleman agreement, d'apparaître à ses côtés, et rassembler tous ses soutiens. Même le Président de la République, dont il soupçonnait qu'il puisse être à l'origine de la fuite, se fend d'un communiqué en sa faveur. Autant dire que cet épisode est désormais à ranger au rang des péripéties.

Alors qu'il s'apprête à rejoindre sa femme Héloïse en Touraine, Édouard Lessner, son avocat et ami l'informe cependant que de nouvelles attaques sont déclenchées. Les médias évoquent l'éventualité d'une double vie: «Vos liens aussi avec un personnage trouble comme Antoine Jelloul dont la présence à vos côtés, sur la photo, suffit à faire douter de votre morale... disons financière. le sexe et l'argent, les ingrédients habituels des scandales politiques.» Pour Gaëtan, le jeu devient plus difficile et la double-vie qu'il s'était évertué à parfaitement cloisonner risque désormais de lui exploser en pleine figure. Comme lui a dit un jour le Président «la différence entre un héros et un salaud est parfois ténue. Ça dépend du dénouement.»

Jean-Luc Barré va pour sa part parfaitement réussir celui de son roman, en ajoutant quelques nouveaux épisodes de cette bataille où désormais on ne joue plus à fleurets mouchetés. Devant ce tableau cruel et sans fards du milieu politique, on pourrait sortir horrifié, imaginant l'auteur accréditer l'air de «tous pourris» qui gangrène régulièrement le cercle des élites. On pourrait aussi s'amuser à chercher derrière les protagonistes les visages de François Fillon, d'Edwy Plenel, d'Anne Méaux, de Bernadette Chirac ou encore de Ziad Takieddine. Mais j'y vois pour ma part bien davantage une sorte d'appel à la vigilance. À un an de la prochaine présidentielle, il va falloir trier le bon grain de l'ivraie, ne pas avaler tous les discours sans prendre un peu de recul, ne pas se laisser happer par une rumeur qui se révélera sans fondement quelques semaines plus tard. Si cette promenade dans les arcanes du pouvoir est aussi divertissante que glaçante, elle sert aussi à aiguiser notre regard de citoyen.



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Pervers

Pardonnez à l'avance ma sévérité mais la lecture de ce roman m'a vraiment agacée. A priori, l'auteur, bien implanté dans le milieu de l'édition, s'est fait plaisir et il en a tout à fait le droit. Des lecteurs moins boulimiques que moi seront peut-être face à un sujet inédit. Pour ma part, je l'ai rencontrée à de nombreuses reprise, cette question de l'artiste ou de l'écrivain qui se nourrit de la sève de ceux qu'il côtoie au point d'en devenir un monstre de manipulation pour servir son oeuvre... eh bien, d'autres l'ont traitée et beaucoup mieux. Je pense notamment à Julia Kerninon avec Buvard, son premier roman d'une force qui manque cruellement ici. En fait, ici, rien de neuf. Ni côté écriture, ni angle de vue. Du déjà lu, en moins bien.

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Pervers



Avec "Pervers", Jean-Luc Barré signe un premier roman après avoir été un biographe reconnu par de nombreuses distinctions pour un bon nombre d'ouvrages dont "François Mauriac, Devenir de Gaulle, Dominique de Roux, ...)



Optant pour la fiction, Jean-Luc Barré fait monter sur le ring deux poids lourds. Victor Marlioz vient du monde de l'écriture et de la production romanesque, l'autre, Julien maillard, est issu de la critique littéraire et habité par une envie extrême de traquer ce qui se cache derrière les productions littéraires qui font la une. 



Victor Marlioz se définit lui-même comme un monstre et s'affuble de tous les torts qui pourraient lui être reprochés. Alimentant, à l'excès, toutes les rumeurs qui pourraient le condamner aux yeux du public, il en retire une aura malsaine mais payante quant à son acceptation par le public qui voit, dans ses propos, un délire de plus, une manière déraisonnable de vouloir se faire passer pour cynique pour être mieux aimé. 



Julien Maillard, depuis longtemps est craint par tout qui est susceptible d'être objet de ses critiques littéraires tant il se montre cassant, impitoyable  et subtil à démonter la face cachée des écrits qu'il commente.



Alors, pourquoi le premier invite-t-il le second à un entretien qui devrait mettre à plat la genèse de ses romans? 



Il y a, tant dans la volonté de l'un et de l'autre, les manipulations réciproques et la vie, le fond de commerce du romancier tant de perversions que ce récit est, tour à tour, lourd à digérer et jubilatoire à lire. Jusqu'où, ce romancier pervers - ou se déclarant tel - est-il impliqué dans la mort de sa propre fille, suicidée nous dit-on? Le lecteur se laisse prendre au jeu de cette recherche de la vérité qui, in fine, n'est jamais que celle de celui qui l'affirme.  Un très bon roman. Une écriture qui invite le lecteur à se plonger dans les coins les plus sombres de l'écriture et du travail des maisons d'éditions. Un régal!



Ceci dit, devant autant de raffinement pervers, on n'en a pas moins l'envie de casser plus d'une fois la gueule à ce monstre narcissique qu'est Victor Marlioz...   Tout ceci n'étant que fiction, cela va de soi!



Merci à NetGalley, France et aux éditions Grasset de m'avoir permis de découvrir ce roman.
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Le Seigneur-Chat

Jean-Luc Barré est directeur des éditions Bouquins et il sait qu'il existe des lecteurs qu'un grand nombre de pages n'effraie point. Il ose donc lui-même écrire des plats de consistance. Eh bien bravons cet aplomb.

Et dans la longue marche de cet accompagnement au fil des années, remontant aux générations qui ont préparé le terrain à cet homme d'esprit, la récompense vient, étape par étape, à savourer les styles de l'époque, grâce à ces multiples extraits de mémoires, de biographies, de témoignages. Même si l'impression vient parfois d'entrer dans un décor aux vieux meubles polis d'encaustique, le caustique et le faste ont plus d'attrait que le "fast" qui ne se mâche pas. Grâce au temps déroulé doucement comme un tapis moelleux à souhait nous comprenons la constance et la consistance de cette existence marquée par la confiance.

Après avoir lu des faits, des dates, des discours, des détails privés surprenants, le tout sans effets d'emphase, il appartient à chacun de se faire une idée sur la personne de Philippe BERTHELOT, mais il est fort concevable que cette réédition en 2022 d'un titre de 1988 ait bien des raisons de se lire sous nos jours.
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Le Seigneur-Chat

Pépite de poids découverte sur la table d'une librairie du boulevard Saint Germain … une épaisse biographie, d'un auteur renommé, l'image d'un homme au regard d'acier … me voilà sous emprise.



Qui connaît le nom, quel étudiant en relations internationales, connait le parcours atypique et l'influence majeure exercée par ce haut fonctionnaire du quai d'Orsay : Philippe Berthelot (1866 – 1934) sur la politique internationale de l'entre-deux guerres ?



Enfant difficile, fantasque, jeune homme attiré par la littérature mais qui, au lieu de publier sous son nom - sauf des critiques littéraires et des entrées dans une encyclopédie - qui va dédier tous ses efforts à faciliter la carrière d'écrivains majeurs mieux connus aujourd'hui pour leur oeuvre littéraire que pour leur activité diplomatique : Paul Claudel, Paul Morand, Jean Giraudoux, Saint John Perse.



Secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, sorte de ministre permanent palliant la valse des gouvernements, un poste créé sur mesure, il prône inlassablement le maintien de l'alliance avec l'Angleterre et le rapprochement avec l'Allemagne vaincue.



Elevé dans une famille exceptionnellement unie entre son père catholique savant de notoriété internationale très impliqué en politique - Marcellin Berthelot - et sa mère protestante, issue de la dynastie d'horlogers Bréguet, Philippe Berthelot fut un haut fonctionnaire hyperactif, incontournable, arrogant, influent et même parfois se substituant à l'action de ses ministres successifs : Clémenceau puis Briand, tout en se faisant un ennemi redoutable de Poincaré.



Joueur – sur un coup de poker heureux, il finance de ses deniers un court de tennis au quai d'Orsay – homme à femmes, travailleur compulsif le jour qui passe ses nuits dans les lieux de plaisir et les théâtres, fasciné par la Chine, Philippe Berthelot est le pilier incontournable de la diplomatie française dans les temps troublés qui précèdent et suivent les ravages de la Grande guerre, qui lui apparaissait comme un immense défi lancé à l'intelligence.



Avec Clemenceau puis Aristide Briand, il se heurte avec violence à Poincaré qui précipite sa chute à l'occasion de la crise de la Banque Industrielle de Chine dont le président est son frère aîné André, mais il reviendra plus fort aux affaires avec le retour de Briand.



Sa rivalité avec Poincaré éclate dans le roman de Giraudoux Bella, et le portrait de deux familles antagonistes, les Rebendart et les Dubardeau, où il incarne Philippe Dubardeau, l'indispensable second des grands hommes.



Impénétrable, visionnaire à la personnalité provocante qui semble enivrer ses détracteurs de préjugés et de haine : j'ai dévoré cette biographie écrite avec élégance comme on lit un roman à suspens.



Cet athlète à la moustache fournie, au visage rectangulaire impressionnant et à la crinière brune bouclée, cet ami indéfectible des arts et surtout de la littérature de son temps, se détendait en compagnie des chats …



Il est mort à la tâche, continuant à voyager en Europe pour sauvegarder la paix, sans se soucier d'une maladie cardiaque menaçante et qui a fini par le terrasser, au lendemain de l'arrivée au pouvoir d'Hitler.
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Le grand et le trop court

J'ai bien aimé cette satyre politique qui décrit très bien les relations entre l'ancien président de la république à savoir Jacques Chirac et le futur président Nicolas Sarkozy, l'action étant située en 2007 puis se poursuivant jusqu'en 2012. Qu'on les aime ou pas n'est pas la question. Il faut aller au-delà du panier de crabes chez les ripoublicains.



Cette bd nous apprend des choses assez intéressantes car cela se base sur des faits réels et des anecdotes qui traduisent les relations entre ces deux hommes d'état. Il est vrai qu'on se prend d'affection pour Jacques Chirac qui commence sérieusement à être diminué face à sa mégère qui dirige toute sa vie. C'est parfois un peu triste. Cela reste une bd d'humour avec un trait prononcé.



Le roquet prétentieux, teigneux et ambitieux est très bien représenté. Cette parodie est assez réussie pour ceux qui connaissent un peu la politique française. Ils vont se régaler.
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Pervers

Un livre sans trop de surprise, bien mené, bien tendu mais manquant de… quelque chose, un truc…



L’enquête biographique d’un manipulateur pris dans sa toile.
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François Mauriac. Biographie intime. Tome 2 :..



"Quatre murs blancs et la présence de Dieu, c'est cela que j'aimerais... du moins je le crois... Mais le diable y gagnerait sans doute - et le mieux est de se battre sur le terrain où la Providence nous a placés les uns et les autres." F. Mauriac (286)



D'entrée, le tome 2 de cette biographie s'avance à une allure moins gracieuse et moins fluide que celle de son prédécesseur. Jean-Luc Barré marche sur des oeufs. Il est précautionneux et cherche à être le plus précis possible sur les positions de François Mauriac durant l'occupation, à la libération. Il cherche l'exactitude dans les relations, les malentendus, les désaccords, les soutiens accordés. L'analyse est plus marquée, la politique prépondérante, Charles de Gaule omniprésent.



"La vie de tout homme digne de ce nom doit être à la fois une recherche et une lutte, non une soumission à des consignes politiques ou idéologiques. (...) La vraie question, au fond, n'est pas de savoir si nous avons été des girouettes, mais si la crainte de le paraître ne nous a pas rendu prisonniers d'un système. (...) Trompeuse énergie des hommes bornés qui eux-mêmes sont des bornes !" F. Mauriac (247)



"Pour mes héros, si misérables qu'ils soient, vivre c'est avoir l'expérience d'un mouvement infini, d'un dépassement indéfini d'eux-mêmes." F. Mauriac (232)



Il y a un grand plaisir à tirer de la lecture des articles, chroniques, rapportés ici. La verve, l'éloquence, l'ironie, l'habileté littéraire que Jean-Luc Barré nous avait promises sont maintenant offertes à nos yeux. le trublion, le persifleur à la plume acérée prend son envol de "héron scrutant ses eaux familières, en quête de proies qu'il sait être à sa merci". Toujours en mouvement, l'homme ne rentre jamais dans les rangs. Sa liberté de conscience est son moteur, l'énergie qu'il insuffle dans la grande respiration du monde. Il est frappant de constater à quel point les écrivains prenaient part à la vie politique et sociale avant et après guerre, la portée, l'influence directe qu'avait leur opinion.



Mauriac va plus loin encore en invitant les chrétiens à ne pas s'abandonner à cette "autre facilité : celle du détachement", alors que "le Dieu qu'ils servent" s'est "si peu détourné de la sanglante histoire des hommes qu'il s'y est engouffré". (...)

"Se tenir au-dessus de la mêlée ? Regarder de haut les multitudes torturées ? En tout cas, pas de plus haut que la croix. Il faut demeurer à la hauteur du gibet - et nous savons que celui où le Christ rendit l'esprit était très bas puisque les chiens souvent dévoraient les pieds des esclaves crucifiés." (66)



Imprévisible, insaisissable, s'il n'est pas toujours facile à suivre, François Mauriac affirme par contre son engagement humaniste de chrétien avec force. Au-delà de ses préoccupations bourgeoises, de son puritanisme, cela devient son pivot central. On ne peut qu'admirer son courage infatigable, quand il s'agit de militer en faveur d'une justice plus équitable à la libération, ou de plaider pour l'émancipation des peuples colonisés. Profondément associé au destin de ses semblables, il prend position, se met en porte-à-faux avec "la vieille canalisation, la vieille robinetterie catholique", assume ses écrits, se place volontairement dans la ligne de mire. Jusqu'en ses dernières années, le "vieux chat, pelotonné, l'oeil mi-clos, dans son panier", un peu dépassé par les événements de mai 68, gardera une foi profonde dans l'écriture et le pouvoir de la littérature.




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Pervers

Julien Maillard, critique littéraire respecté et même craint pour ses enquêtes sans concessions, reçoit un billet anonyme au sujet de Victor Marlioz, un écrivain sulfureux mais reconnu à la fois par la critique et par le public. Le texte du message suggère que Marlioz est responsable de la mort de sa fille Alexia, qui s'est suicidée quelques temps avant.

Marlioz n'écrit pas à proprement parler de l'autofiction. Mais ses difficultés familiales et personnelles ont toujours été intégrées à ses romans, dans lequel il se donne volontiers le mauvais rôle. Marlioz est un manipulateur, son égoïsme est extrême et il est aussi parfaitement capable de menacer quiconque se trouve en travers de son chemin.

Le critique et l'écrivain vont se rencontrer plusieurs jours de suite dans le cadre d'un palace de la Riviera italienne, au motif de la publication d'un grand entretien concernant l'œuvre de Marlioz dans le journal pour lequel écrit Maillard. Gravitent également autour d'eux Giuliana Viamonte, la femme de Marlioz - et mère d'Alexia – et son éditeur, Richard Durban.

Une forme de vérité pourra-t-elle voir le jour en dépit des manipulations de Marlioz et de son entourage ? C'est toute la question de ce roman au ton sec et concentré.

Je ne l'ai pas lu comme une fiction « à clé » puisque Jean-Luc Barré, notamment auteur d'une remarquable biographie de François Mauriac en deux volumes, est ici strictement romancier. Pourtant ce n'est pas non plus un ouvrage trop austère : des pages assez savoureuses sur le petit monde de l'édition rompent l'affrontement un peu étouffant entre les deux hommes.

Je remercie les éditions Grasset et NetGalley d'avoir mis à ma disposition ce roman de rentrée.
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Francois Mauriac. Biographie intime. Tome 1..



La médiathèque du Saint-affricain propose une fort alliciante étagère consacrée aux biographies et au sein de laquelle j'avais depuis longtemps envie de puiser. Au premier creux de la vague qui s'est présenté dans mes projets de lecture, je suis allée l'explorer pour en émerger assez rapidement avec ce volume. Tels des poissons tirés hors de l'eau de leur époque, beaucoup de romans de François Mauriac vieillissent mal. J'aime bien cependant en ouvrir un de temps à autre, le mordant des peintures familiales restant jubilatoire. On les glane assez facilement dans les boîtes à livres. Ces lectures défraîchies ont trouvé tout leur sens à travers cette biographie.



"Mais, pour le jeune écrivain qui rentre d'Italie en novembre 1910, l'équivoque n'est pas loin d'être devenue, dans tous les domaines, une règle de vie. Et le meilleur garant de sa liberté d'être." (180)



Suivre la pensée de François Mauriac n'est pas une mince affaire. Il y faut beaucoup de souplesse d'esprit. Jean-Luc Barré se prête à l'exercice avec habileté. Il ne s'attache pas à donner une image définie mais suit les les inspirations, les liens, les résonances, déniche les documents significatifs. du jeune François Mauriac élevé dans "un climat de piété anxieuse et obsessionnelle" qui communie avec les chênes et chipe de la culture en douce jusqu'à l'adulte conservateur, abonné à l'Action française, tenté par le totalitarisme, mais toujours en quête de lumière, il suit le flot, ne juge jamais, mêle faits établis et construction intérieure de l'homme avec fluidité, honnêteté et clarté. Les paradoxes de l'homme confronté à sa représentation sociale et aux turbulences de son temps rendent le récit passionnant.



"C'est vrai que le choix d'une doctrine nous oblige, dans les instants où les forces en nous la renient, à continuer de la professer des lèvres, jusqu'au retour de la Grâce." (323)



"(…) il n'est pas mauvais (…) de tirer de soi un monstre, de le poser sur une table et de contempler cette bête méchante et trop caressée que nous aurions pu devenir." (390)



Les paradoxes et une aspiration à la grâce en constant renouvellement. François Mauriac est un chercheur qui a toujours été habité par une grande lucidité. Son oeil acéré sur la vie et les êtres le poussent à l'ironie et plus douloureusement, vers la déception. Elle fait tanguer sa foi, contrarie l'image qu'il veut donner de lui, il s'empêtre dans son identité catholique. le début de la quarantaine marque un tournant vers une expérience spirituelle plus autonome, vers "le respect d'une complexe richesse à utiliser" plutôt que vers le rejet des noirceurs intérieures. Il tente d'être un "mystique initié par ses propres métamorphoses". Turbulent, malicieux, rétif, adorable, subversif, il est de plain-pied dans son temps. La vie littéraire française du début du XXe siècle, très marquée par la religion, les troubles et menaçantes années d'entre-deux-guerres, qui ne sont pas sans rappeler notre époque actuelle, prennent vie et réalité sous la plume vibrante de Jean-Luc Barré.



"Mais il ne lui faudra que quelques semaines pour rallier la seule famille d'esprit qu'il ait jamais reconnue comme sienne depuis l'adolescence, celle des réfractaires et des insurgés, et entrer à leurs côtés dans une nouvelle période de sa vie." (574)




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Pervers

Éditeur, journaliste, biographe de François Mauriac, entre-autres,Jean-Luc Barré n'est pas un novice en littérature bien que Pervers soit son premier roman. Le monde du livre est un milieu qu'il connaît très bien et nul doute qu'il se réfère à des cas réels quand il égratigne ses personnages.

C'est avec plaisir que j'ai lu ce roman à la belle écriture très classique. Le thème de l'écrivain manipulant et usant son entourage pour en nourrir les personnages de ses romans n'est pas très original ni celui du vieil auteur imbu de lui-même, pervers et invivable.

#Pervers #NetGalleyFrance




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Pervers

Le narrateur, Julien Maillard, directeur des pages littéraires d'un grand hebdomadaire parisien, a un jour écrit un article sur Victor Marlioz, un monument de la littérature qu'il décrit comme un manipulateur hors pair dans l'art de nouer ses intrigues et de pousser à bout ses personnages, un écrivain qui s'est fabriqué une image de noirceur et de férocité.



Lorsqu'il reçoit un billet anonyme au sujet de Marlioz suggérant qu'il est responsable du suicide de sa fille, "c'est Marlioz qui l'a tuée, Alexia est morte pour les besoins de la cause" , Julien Maillard décide de mener une enquête sur cet écrivain si secret qui va accepter de le recevoir chez lui. Marlioz a pour particularité d'impliquer de façon cynique ses proches dans son travail de romancier sans se soucier des ravages que cela peut causer sur eux. Il vampirise les siens au profit de son œuvre détruisant tous ceux qui l'ont côtoyé de près " Ce qui importe, ce n'est pas de savoir comment on fait les livres, avec quels moyens et au détriment de qui, mais les livres eux-mêmes...Marlioz considère la fiction comme supérieure à la vie", il considère ses proches comme des animaux de laboratoire " Les histoires qu'il raconte sont issues des expériences qu'il opère sur eux en les plongeant dans des situations dramatiques, toutes conformes à ses intérêts. Il fait son miel de tout ce qui peut leur arriver de pire et dont il est le principal instigateur".



Est-ce cela qui explique la fin tragique d'Alexia, la fille de Marlioz? A-t-il fait ou écrit quelque chose qui a blessé irrémédiablement sa fille? Le narrateur va mener une enquête sur Marlioz dans laquelle il va se sentir épié. Qui enquête sur qui?



Dans ce roman Jean-Luc Barré brosse le portrait d'un écrivain dont l'obsession pour son œuvre en fait un être monstrueux, un écrivain qui multiplie les victimes autour de lui. Il décortique l'emprise insidieuse de cet homme sur les siens et le jeu pervers d'un monstre obscur, trouble et démoniaque dont la vie et l’œuvre sont entourées de mystère. Un moment de lecture agréable. Une histoire assez intéressante mais une écriture assez ordinaire.
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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Pervers

Un roman très sympa qui graffigne le petit monde de l'édition , des prix et du journalisme. Le portrait d'un écrivain "sans imagination" mais machiavélique qui met en scène la vie de ses proches pour pouvoir écrire.

On passe un bon moment avec Jean-Luc Barré !
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De Gaulle, une vie: L'homme de personne, 18..

Dévoré en 10 jours mais quoi de plus normal quand on vénère l’homme et que l’Histoire nous passionne….Quelle détermination lorsque tout nous accable, que la France n’existe plus, avoir la force d’y croire encore et toujours..

L’Homme n’a pas fini de nous livrer tous ses secrets

Merci à Mr Barré pour les deux tomes à venir

J’ai déjà hâte
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Le corps d'origine

Un roman qui retranscrit le monde politique de l’ombre, où se mêlent trahison, mensonges, coups montés, …

Un jeu politique où tous les coups sont permis quand à la clé, il est question de pouvoir. Seul bémol, le résumé éditeur qui en a peut être trop dit sur ce roman et fait perdre de suspens. La passion est tout de même présente, le réalisme de cette scène d’ombre de la vie politique est envoutant. L’impression de regarder un film, tellement le descriptif et l’intrigue sont bien ficelé, l’auteur a rempli son exercice.

Des échos de la scène politique durant les dernières élections qui font partit du plaisir de lecture, ses ressemblances sont elles fortuites ? Là est la question qui reste en suspend. Au rythme des pages on se retrouve dans une frénésie, s’en sortira t-il ou non ? Qui sera gagnant dans l’histoire ?

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Pervers

Pervers est un livre subtil et inquiétant. On peut reconnaître dans son héros imbuvable – qui se joue des autres pour écrire ses propres livres et n'aime que lui – un ancien président de l'Académie Goncourt. On prend plaisir à lire ce jeu du chat et de la souris entre deux hommes qui ne masquent pas le respect qu'ils se portent l'un à l'autre.
Lien : https://www.lepoint.fr/livre..
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