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3.19/5 (sur 834 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Paris , le 13/09/1959
Biographie :

Jean-Luc Coatalem est écrivain et journaliste français.

Dans les bagages d’un père officier, il a connu, au gré des diverses affectations, une enfance en Polynésie et une adolescence à Madagascar, longs séjours qui lui ont donné le goût de l’ailleurs et, plus tard, une boulimie de voyages et de reportages.

Romancier, nouvelliste et essayiste, cet écrivain-voyageur a par la suite publié des récits bourlingueurs, comme "Mission au Paraguay" (Payot/Voyageurs, 1993) et "Suite indochinoise" (Le Dilettante, 1999), des romans drolatiques comme "Capitaine" (Flammarion, 1991) ou "Le Fils du fakir" (Grasset, 1998), et a co-signé deux albums avec le dessinateur Loustal chez Casterman.

Il a été en 1992 l'un des neuf signataires du Manifeste pour une littérature voyageuse publié sous l'égide de Michel Le Bris, avec notamment Nicolas Bouvier et Gilles Lapouge.

Mais Jean-Luc Coatalem s’est fait surtout connaître par son essai très personnel sur Paul Gauguin, "Je suis dans les mers du Sud" (Grasset, 2001), qui a obtenu le Prix Amerigo Vespucci 2001, le prix des Deux Magots 2002 et a été traduit en plusieurs langues.

Il confirme sa notoriété par une ode à la géographie et à l’errance, "La consolation des voyages" (Grasset, 2004).

Il a signé également "Il faut se quitter déjà", un récit mélancolique qui se déroule en Argentine et Uruguay (Grasset, 2008), ainsi que "Le dernier roi d'Angkor" (Grasset, 2010).

Il reçoit le Prix Roger Minier en 2012 pour "Le Gouverneur d’Antipodia" (Le Dilettante). Avec "Mes pas vont ailleurs" (Stock, 2017), essai voyageur consacré à l’écrivain Victor Segalen, mort dans des circonstances étranges en forêt du Huelgoat, il a obtenu le Prix de la Langue française et le Prix Femina essais.


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Entretien avec Jean-Luc Coatalem à propos de son roman Mes pas vont ailleurs


Le 28/11/2017

Comment avez-vous découvert Victor Segalen qui est au coeur de votre livre Mes Pas vont ailleurs ? Avez-vous d`abord été séduit par ses textes ou bien par sa vie, sa personnalité ?

J`ai été autant séduit par ses textes que par ce personnage, l`un portant l`autre d`une certaine façon. Sa vie est tellement extraordinaire, tellement romanesque que l`on est comme happé par le personnage de Victor Segalen. J`aime les auteurs qui ont une certaine résistance à la lecture et Victor Segalen ne se laisse pas facilement attraper, cerner. Cela ajoutait à mon désir de mieux le comprendre. De surcroît, nos parcours personnels, s`ils ne sont pas similaires, présentent tout de même quelques coïncidences : un goût pour la Polynésie, l`Asie et bien évidemment la Bretagne et plus particulièrement pour Brest. Tout cela faisait qu`il était assez proche de moi, géographiquement mais aussi peut-être psychanalytiquement.


Comme vous, Victor Segalen était Breton. Est-ce qu`il jouit d`une aura particulière en Bretagne ?

C`est un homme connu en Bretagne. La faculté des lettres et sciences humaines de Brest porte son nom, de nombreuses publications lui sont consacrées et il fait figure de grand-père des écrivains voyageurs. Dire qu`il est très lu, ce serait peut-être mentir mais on se rend compte cependant qu`il a exercé une influence non négligeable sur de nombreux auteurs et personnalités politiques. On découvre, en lisant la correspondance entre François Mitterrand et sa maîtresse Anne Pingeot, que l`ancien Président encourageait cette dernière à le lire. On sait également que Jacques Chirac est un fanatique de Segalen. De même, plusieurs textes sont en ce moment publiés ou vont bientôt l`être autour de l`écrivain : Le désir ultramarin signé Michel Onfray ou encore un prochain ouvrage de Patrick Deville. J`ai également assisté à des conférences dans lesquelles Edwy Plenel l`évoquait, sans parler de Régis Debray qui le cite à tour de bras.
C`est donc quelqu`un qui existe, moins peut-être en tant que poète qu`en tant que penseur. C`est en effet quelqu`un qui a beaucoup réfléchi sur les notions d`exotisme, de l`autre. C`est évidemment une question assez brûlante en ce moment.


C`est en Bretagne que Victor Segalen décède et que votre livre commence. C`était un grand voyageur mais était-il attaché à cette région ? Qu`appréciait-il dans cette forêt de Huelgoat pourtant loin de la mer ?

Beaucoup de Bretons sont plus tournés du côté de la terre que de la mer. Il y a toute une partie de la Bretagne qui s`appelle l`Argoat et qui correspond au pays des terres, de la forêt, en opposition à l`Armor qui est le pays de la mer. Il existe ainsi toute une mythologie autour des forêts, des sources, des rochers. C`est un arrière-pays qui est très important.
Victor Segalen est à la fois attiré et en même temps embêté par la Bretagne. On sent qu`il ne sait pas très bien comment « l`attraper ». Le premier texte qu`il écrit, alors qu`il est tout jeune et parcourt la Bretagne en bicyclette, est consacré à la forêt du Huelgoat. C`est dans cette forêt, extrêmement magique, qu`il meure des années plus tard.


Vous commencez d`ailleurs votre récit par les derniers jours de sa vie. On ignore s`il s`est suicidé ou s`il est victime d`un accident. C`est aussi pour tenter de déchiffrer ce mystère que vous avez écrit ce livre ?

Non. Je commence et je termine mon récit par cette mort mais il s`agissait pour moi d`une porte d`entrée pour ce personnage. Cette mort est tellement énigmatique, tellement composée, finalement tellement romanesque qu`on se demande s`il ne s`agit pas d`un autre chapitre ajouté à son oeuvre propre. Une sorte de final où il sortirait des pages pour rentrer dans la forêt. Est-ce un accident ? Un suicide ? Cette incertitude fait beaucoup pour le magnétisme du personnage. C`est en tout cas quelque chose qui me fascine. Je suis allé à plusieurs reprises dans cette forêt à la recherche de ces « points consacrés » qu`André Breton lui-même cherchait dans les années 1946-1947.


Vous ne proposez pas une biographie classique. Vous êtes présent dans le récit et vous ne déroulez pas le fil de sa vie de façon linéaire. Pourquoi pas d`ailleurs ? Qu`est-ce qui vous intéressait dans cette forme littéraire au croisement entre la biographie, l`auto-biographie et l`essai ?

Je n`avais pas envie d`écrire une biographie, ni un essai. Des biographies lui ont déjà été consacrées et je n`avais rien à y ajouter.
J`avais envie de refaire ce qui m`avait je crois réussi avec mon livre sur Gauguin Je suis dans les mers du Sud. Je voulais écrire une sorte de livre hybride qui est à la fois une évocation biographique et un parcours dans la vie de Victor Segalen – parce que je ne parle pas de tous les moments de sa vie mais de certains moments uniquement qui correspondent selon moi à des moments forts de sa vie. C`est également une lettre, une adresse, une sorte de dialogue ouvert entre lui et moi. Je me plais à me glisser dans ses pas et d`aller sur ses traces en Polynésie, en Chine, en Bretagne. C`est presque une enquête policière, une sorte de filature à travers le temps.



Découvrez de Jean-Luc Coatalem aux éditions Stock :


Propos recueillis par Pierre Krause

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Jean-Luc Coatalem vous présente son ouvrage "Une chambre à l'hôtel Mékong" aux éditions Stock. Rentrée littéraire automne 2023. Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2962749/jean-luc-coatalem-une-chambre-a-l-hotel-mekong Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube. Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Linkedin : https://www.linkedin.com/in/votre-libraire-mollat/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Vimeo : https://vimeo.com/mollat
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Du jardin, on sent la présence magnétique du fleuve, ses lents glissements de boues et d'alluvions, ses miroitements gras, sa mélopée fertile. Le grand fleuve Paraguay, cousin du Parana, passe au ralenti à moins de deux kilomètres de là, léchant les quais d'Asuncion…
Derrière moi, un gosse au teint encaustiqué ramasse les balles du tennis défoncé pour au autre gosse en pull bleu marine et aux cheveux bien peignés qui s'obstine à parler anglais.
Il est cinq heures. La nuit noire du Paraguay est déjà là, surgie du jardin qui semble y infuser, et où naviguent, poudrés, de pâles et zigzagants papillons.
Mardi jette son torchon, mercredi relève le gant. Au bout du ténébreux tunnel, ce sera déjà demain.
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Pour les nouilles froides, il y a deux écoles de pensée. Faut-il les déguster l'été pour qu'elles vous rafraîchissent ( froid dans le chaud = effet froid ) ou l'hiver afin qu'elles produisent un choc salutaire ( froid dans le froid = effet chaud ) et vous requinquent ? Je n'ai pas su trancher, on était au printemps.
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La vie est un cadeau à saisir, Lucas,un cadeau décevant, certes, mais un cadeau quand même.
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Vous avez eu froid, très froid. Affolé, votre coeur tapait comme un tambour. Comme un appel. Le ciel pesait de tout son poids. Vous avez bu ce qu'il y avait dans le gobelet, sucé la dernière orange du pique-nique, puis, à demi allongé, fini par lâcher la rampe des instants, et c'est alors que vous avez cru percevoir quelque chose, un frôlement, un feulement, un bris de branches, petites notes fragiles et discontinues, une forme se hissant sur le tertre. Du secours ? Non, cette fois, personne de ce bas monde, mais la licorne, la licorne de jadis aux grandes ailes duveteuses, celle au fin sourire, qui venait de son pas ample pour adouber son chevalier. Auriez-vous la force de sauter sur son dos musculeux, de serrer les jambes derrière ses ailes, d'aller avec le vent ?
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Le vent fait bruisser les arbres, les agite - ils dansent et tanguent. Vous relevez la tête en souvenir du marcheur surmené que vous avez été. Mais l'ascension s'est suspendue ; vous ne redescendrez jamais au camp de base. «Présence... Absence», répétiez-vous dans une ultime lettre. Voilà, enfin, la licorne au regard diffracté qui s'en revient entre les hêtres. elle vous sourit et vous lui souriez, en retour, c'est l'instant des évidences. Vous lui tenez si fermement la crinière que vous ne savez plus si cette amie du vent vous précède, vous suit ou cous accompagne. Alors la pluie bretonne délave vos yeux gris et morts.
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Mais qui allait dire ce qui m'étouffait à soixante-dix ans de distance ? Et pourquoi me fallait t-il en tant que fils, depuis que je m'étais décidé à écrire là-dessus, raconter à mon père, contre sa volonté, le destin broyé du sien ? Paradoxalement, ce manque originel de récit familial, ce trou généalogique, aura fait de moi un écrivain. À tout, si j'y réfléchis, j'allais préférer les histoires exotiques, les personnages et les décors tropicaux, comme si j'avais à multiplier les hypothèses. Et même mes livres précédents, je m'en rendais compte avec du recul, comme ceux consacrés à Gauguin ou au Brestois Victor Segalen, artistes démangés par l'inconnu et poussés par le secret, en portaient l'écho. Ils appelaient déjà celui à venir.
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Pourquoi ce nom absurde de Louis Noel ? Pourquoi pas Marc Pentecôte ou Gabriel Toussaint ?
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Vous n'êtes pas d'un naturel liant. vous ne jouerez au bridge avec personne. Vous ne commenterez pas l'actualité des journaux avec quiconque- les étudiants chinois qui se soulèvent à Pékin, les répercussions de l'assassinat du révolutionnaire Zapata au Mexique, les affrontements entre syndicalistes et forces de police à Paris, auxquels vous êtes indifférent. Vous vous montrez très poli mais en tenant toujours les autres à distance
. Vous affichez et revendiquez votre solitude. L'entourage la respecte. Tout juste quarante et un ans et ce mélange extraordinaire chez vous, sur votre visage comme dans votre allure, d'homme mûr et d'enfant. Fébrile et très fatigué. (p. 11)
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Il y avait des gouttes de lune dans l'herbe rêche. Les talus étaient à la fête. Les oiseaux endormis dans la lande jetaient des pépiements. Qui étaient-ils? Des autochtones ou des migrateurs? Puis tout ça s'étouffait. L'été avait été chaud, et la tempête, en mouillant les terres, laissait s'exhaler une odeur de pierre à feu entre les rochers, de genêt mouillé et d'embruns.
Plus bas, dans les à-pics, la brume salée maquillait les criques effilées de Penn-Ar-Ru-Meur. Une onde sonore en montait, grosse d'écho, de réverbérations acoustiques. Vivante. Autour, le granit ajoutait fantasmagorie, fêlures et sifflements.
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Sans doute est-il préférable que vous restiez ainsi, apparaissant ou disparaissant dans le chantier de vos écrits ou sur les pointillés des cartes de la Chine. Si étrange, si attachant, dans le vent des royaumes qui vous redonnent vie. Taiseux, secret, plein d'élans, cherchant le son juste, le dessin sûr, la ligne exacte. Insaisissable comme ces chats que vous aimiez tant, qui vont et viennent quand bon leur semble, partagent leur territoire sans le céder, pris dans un songe sans fin et solidaire.
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