Citations de Jean-Luc Coudray (62)
L'engueulade est un discours pédagogique primaire pour les résistants à la compréhension. Ses images fortes, ses raccourcis frappants, ses logiques frontales enlèvent toute ambiguïté. L'engueulade est un exercice de sincérité. Elle met à jour, avec la brutalité qui l'accompagne, les non-dits qui permettent le déni.
L'homme, [...] supporte mal l'étendue de la biodiversité, cette inondation de différence, cette inépuisable source de surprises et de débordements. p216
...nous vivons une époque de jouissance et non de bonheur.
Le bonheur est calme, la jouissance spasmodique. Le bonheur est l'art d'apprécier l'existence telle qu'elle est, la jouissance est une crise. Elle tente de rompre avec le mal-être. p210
La domination du supérieur par l'inférieur, du subtil par le grossier, du délicat par le brutal, est la grande spécialité de notre monde actuel. p173
Lorsqu'on est impuissant à créer de la beauté, il nous reste la solution de la détruire. p173
L'intelligence véritable, c'est la sensibilité, non la performance. p174
Dans une époque d'abondance matériel, le temps à disparu.
Privilégier la matière plus que le temps, c'est préférer la jouissance au bien-être, l'excitation au bonheur, l'état de crise à celui de contemplation, la rupture plutôt que la relation. p158
Les réfrigérateurs ou les pneus transitent quelques années au service des usagers, pour être stockés durant des décennies dans les décharges. Au vu de leur longévité en tant que déchets, leur première jeunesse chez le consommateur est presque un prétexte, un mirage, un éblouissement vite éteint. p82
La puissance de la technique se paie d'une impuissance à réparer les dégâts qu'elle cause. Pour aller plus vite que le soleil, elle brûle le monde. Elle est une illusion, une flambée, une tricherie, comme le flash que procure une drogue.
[...]
Après l'euphorie de la drogue, le monde paraît médiocre. Après l'euphorie de la puissance technique, le monde devient médiocre. p73
En pillant les réserves de la planète, nous depouillons le futur. Notre présent est une belle flambée qui fabrique des cendres. p66
En détruisant la nature, notamment les arbres, les plantes et le phytoplancton, nous supprimons les capteurs essentiels de l'énergie solaire et refermons la planète en systèmes clos. Parasites des plantes, nous détruisons les hôtes sur lesquels nous vivons. Cette destruction passe inaperçue parce que nous fonctionnons sur le capital du pétrole qui masque, provisoirement, notre dépendance au soleil et aux plantes. p65
Lapin : Le dessin d’humour a été remplacé par du dessin de presse ou de la pub !
Barnabé : C’est-à-dire : par l’actualité !
"Tout être humain a droit à disposer dans sa vie d'un partenaire sexuel et affectif." Ainsi, l'état est devenu une agence matrimoniale.
Nos lecteurs rusés devinerons facilement ou nous voulons en venir. Pour lutter contre le réchauffement climatique, il conviendra de devenir végétariens, puis de massacrer les troupeaux de vaches qui pètent en nous regardant innocemment de leurs grands yeux bovins.
Mais le carnage ne doit pas s’arrêter aux seuls ruminants. Tout ce qui pète et possède quatre pattes doit être éradiqué. Ainsi, les automobiles, parfaitement quadrupèdes, herbivores puisqu’elles consomment du pétrole issu de la carbonisation de nos forêts, et qui pètent abonnement, doivent être lynchées avant même les bovidés.
La dimension morale de notre société est contrainte d’en bas et d’en haut par les bébés et les chefs dont personnes ne discute les diktats, les deux étant dominés par l’autorité de leurs pulsions.
Nous noterons que, grâce à ce serpent [le Jormungandr] qui s'enroulait autour de la Terre, les Nordiques savaient depuis longtemps qu'elle était ronde. Les platistes, qui défendent aujourd'hui l'idée que la Terre est plate en se fondant sur les anciennes traditions, feraient bien de se pencher sur l'enseignement du serpent. (125)
Comparons maintenant les voitures aux requins. Les squales tuent en moyenne six personnes par an dans le monde, les voitures un million deux cent mille. À quand un roman d'horreur « Les Dents de la route ?» Nous ne le verrons sans doute jamais car, dans ce monde de compétition, si nous ne sommes pas tous des requins, nous sommes presque tous des automobilistes. (123)
[Le rémora] va même plus loin. En se fixant sur son hôte nageur, un squale le plus souvent, il se gave de parasites. Grâce à ce nettoyage, il peut revendiquer qu'il n'est pas lui-même un parasite, même s'il parasite les parasites de son hôte. En vérité, le parasite, c'est l'homme. En effet, les pêcheurs plongent le rémora dans l'eau, attaché à une corde, attendant qu'il se ventouse à une tortue marine pour retirer l'ensemble. (117)
«Pieuvre», terme originaire des îles anglo-normandes, a été popularisé par Victor Hugo, décidément très associé à cet animal, finissant par supplanter le mot«poulpe» qui, lui, reste réservé à la science. Il ne s'agirait pas, en effet, de confondre la littérature et la science. (102)
Ayant apparu dans l'histoire de la vie avant le cheval, l'hippocampe subit l'injustice de porter le nom de son imitateur. (41)