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Citation de lolitajamesdawson


On m'appelait le boss. Je me prenais pour un roi. Mais je sentais que le costume était trop grand pour moi. Toujours cette timidité maladive...

Il y avait au fond de moi un tout petit garçon que j'ai transformé en ogre à coups de grands vins, de vodka et de drogues. On m'appelait le boss et j'étais le roi des cons.

Je suis accro aux somnifères et autres calmants depuis un moment très précis, un moment qui a changé ma vie à jamais : la mort de ma grand-mère. Elle est en moi en permanence, j'ai parfois l'impression qu'elle est devenue ma force intérieur. Je ressens, dans les moments de grande détresse, une présence qui tente de me protéger de moi-même. C'est un sentiment diffus et pourtant intense. Elle m'a prodigué un amour inconditionnel.

Me croit-on tellement heureux qu'on ne puisse supporter que je sois intimement, profondément malheureux ? Me fait-on payer ce que certains imaginent être une ingratitude ? L'argent et la reconnaissance publique ne rendent pas heureux ; je le sais, je le vis.

J'ai consommé, puis arrêté de consommer, pour de nouveau consommer et arrêter encore. Et cela depuis des années.

C'est l'alcool qui m'a emmené à la cocaïne. Avec l'alcool, on ne tient plus debout. Et quand vous êtes alcoolique, le seul moyen de tenir debout, c'est de prendre des stupéfiants. C'est une logique insupportable, irrecevable, et pourtant c'est ainsi que j'ai vécu, depuis plusieurs décennies.

La cocaïne taisait mes douleurs, mon ventre me faisait hurler. La cocaïne taisait et masquait mon cancer qui s'épanouissait. Tranquillement, à l'ombre des lignes blanches. J'ai souvent franchi ces lignes. Je le paie, là aussi, au prix fort : je lutte chaque jour pour rester en vie.

Jamais je n'ai offert ou vendu de la drogue. J'ai toujours été un solitaire, et cette merde, je la connais trop pour oser l'offrir comme un présent.

J'ai gagné beaucoup d'argent, et voilà que j'en faisais gagner beaucoup aussi à tout ce petit système. Beaucoup d'argent avec des mensonges, beaucoup d'argent avec des exagérations, beaucoup d'argent sur du vent. L'argent perverti beaucoup de personnes.

C'est juste, j'ai connu l'enfer. Non pas à cause de mon arrestation, qui a probablement été ma place de salut, mais à cause de la maladie psychologique, physiologique et physique dont je souffrais.

Quand je pense que des gens me voient comme un privilégié menant une vie de star ! Alors que mon existence n'est rien d'autre qu'un pacte avec le diable.

La radiographie montrait un larynx surinfecté. C'était dramatique. Je ne prenais plus aucun plaisir à la vie. Zéro joie, rien. Je souffrais et c'est tout.

J'ai découvert qu'une autre vie était possible, moi qui n'avais jamais imaginé mon existence sans drogue ni alcool.

Je dois apprendre à ne pas me laisser animer par des conflits qui ne sont pas les miens.

Je vois la cinquantaine arriver et je me dis que je commence tout juste à me comprendre. J'ai envie de faire connaissance avec moi et d'être doux avec ce corps que j'ai tant ignoré.

Ce qu'il y a de plus visible, depuis mon rétablissement et ma découverte spirituelle, c'est l'action, passer véritablement à l'acte, cesser de procrastiner. Avant, je me débattais pour ne rien faire. J'étais le virtuose de l'annulation. Ma vie s'articulait autour de mon besoin d'alcool.

Consommer de l'alcool : tel était le centre de ma vie. Ça me prenait tous mes désirs, tout mon temps, tous mes rêves. Je marmonnais des rêves que je n'accomplissais jamais.

Mon soucis, c'est de vivre. Mon souci, c'est de ne pas mourir. J'apprends à écouter en silence. Je suis le spectateur que je n'ai pas su être avant.

En 2011, la capitulation sera déférée, la reconstruction engagée. Heureux des petits plaisirs, je sortirai des chimères de l'argent et de la puissance. J'apprendrai enfin l'humilité et l'amour.

Si mon intervention pouvait sauver un élève parmi tous ceux que je vais rencontrer, cela suffirait à donner tout son sens à cette action.

J'ai expliqué aux jeunes quel adolescent j'avais été. Un garçon paumé, hyper-timide, qui avait l'impression d'être un figurant. Je n'avais pas l'impression que la vie était vraie, je croyais que je jouais dans un film dans lequel je n'avais pas le droit à la parole.

Ce que j'ai tenu à dire à ces élèves, c'est qu'au départ la drogue c'est peu de produit pour beaucoup d'évasion et qu'à la fin c'est beaucoup de produit pour juste ne pas se sentir mal. Personne ne peut dire dire que tester une drogue, même une seule fois, est sans risque. Cela dépend de la personne. Nous sommes tous inégaux devant le risque de dépendance.

J'ai eu la chance de rencontrer l'amour avec un grand A, celui dont me parlait ma grand-mère.

Deux femmes ont compté pour moi : ma grand-mère et Anissa. L'une et l'autre ont toujours été là dans les coups durs.

J'avais été hospitalisé en urgence suite à des douleurs abdominales qui me poursuivaient depuis un an, mais qui était soudain devenue abominables.

Je l'ai dit aux journalistes, qu'il n'y aurait à la fin qu'un seul vainqueur : le cancer ou moi.

Au bout d'un certain temps, j'ai compris que je faisais partie des meubles ; quand je rencontrais les brancardiers, on se tapais dans la main. Ces signes de reconnaissance étaient très importants pour moi : je n'étais pas qu'un corps malade, je restais une personne,

Anissa, ma femme, mon amour. Elle si réservée en apparence, mais dont le coeur est si chaud. Sans elle, je me serais laissé mourir. Avec elle, j'ai envie de lutter. Car j'ai enfin goûté au bonheur, à ce bonheur qui m'avait été refusé. Je voulais maintenant le déguster, et même le dévorer. Je voulais vivre, vivre pour rendre heureuse celle qui m'a fait renaître.

Je veux récupérer mon corps d'avant. J'ai du mal à supporter ce que la chimio fait de lui.

Je ne peux pas remplir mon estomac, puisque mes intestins ne fonctionnent plus. Alors, comme je manque de protides, je retourne la nuit à l'hôpital pour y être nourri sous perfusion. C'est affreux, vu le gros gourmand que je suis : le cancer me prive d'un de mes plus grands plaisirs.

J'ai faim et je ne peux pas manger. Voilà un mois que je ne mange pas. J'attends la levée de cette occlusion. En vain. Je bois de l'eau fraîche, du thé, du Yop, du Coca, pour avoir un peu de goût dans la bouche. Aller aux toilettes et manger : c'est tout ce que je souhaite aujourd'hui.

L'annonce de la maladie est un choc. Mais ce que j'ai vécu le plus durement est d'assimiler la phrase que beaucoup d'entre nous, atteints d'un cancer, ont entendue : le pronostic vital est engagé. Ce qui signifie, en somme, que l'on va mourir. C'est inévitable, imparable, irrémédiable. Même si je n'ai pas eu besoin d'entendre cette sentence pour savoir que je suis mortel.

Je n'ai pas peur de la mort, j'ai une peur panique de ne plus vivre.

Ma vie, je veux ma vie, pas une fin de vie. Je ne veux pas que ça s'arrête, maintenant que je commence à comprendre comment il faut faire pour être heureux. Pas possible que ça soit la fin, maintenant que j'aime la vie, ma vie. Pas possible...
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