Entretien chez Thinkerview :
Jean-Luc Mélenchon : Où va la France ? - Partie 1
On entend peu parler de cette « dette écologique » ? Pourtant, presque quotidiennement, les libéraux et leurs griots glapissent en cadence pour faire peur avec la « dette publique » de l’État ou de la Sécurité sociale. Ils ont même fait voter la fameuse « règle d’or » pour interdire les déficits publics ! Que leurs pleurs sont émouvants quand ils disent défendre ainsi les « générations futures ». C’est un mensonge : les titres de la dette publique française ont une durée moyenne de 6 ans et 353 jours ! Par contre, la dette écologique concerne vraiment les générations futures. Elles paieront cher les conséquences des folies productivistes de notre époque. Mais évidemment, tout peut basculer bien plus tôt.
Je sais bien que ma manière de parler, fort et cru, est une transgression de cet ordre mielleux.
Elle est une ligne d'action autant qu'un état d'esprit ...
Le pessimisme face au futur ne doit pas être un argument supplémentaire pour l'inaction dans le présent.
L'écosocialisme est une alternative pour sortir de la crise et imposer l'intérêt général humain : partager les richesses sans attendre, fonder une nouvelle économie des besoins et de la sobriété, préserver le climat, l'écosystème et sa biodiversité.
Le socialisme a toujours visé l’émancipation de la personne humaine. Pour cela il veut le partage de la richesse, la démocratisation du pouvoir et l’éducation globale de chaque femme et de chaque homme. Ce programme est toujours le nôtre. Mais nous savons dorénavant que l’émancipation ne peut être atteinte par la croissance sans fin : l’écosystème qui rend la vie humaine possible ne le permet pas.
Notre pays est neuf. L'urbanisation accélérée et le métissage de sa population depuis un siècle, l'élévation fantastique du niveau d'éducation de son peuple, la mise en œuvre des conquêtes sociales l'ont métamorphosé ! Notre pays est jeune : sa population sera bientôt la première en Europe. Notre pays est puissant : son économie compte parmi les premières du monde. De tout cela que faisons-nous à l'heure où l'humanité entière doit relever les plus grands défis collectifs du fait du dérèglement climatique et de la menace d'épuisement qui pèse sur l'écosystème ?
Le changement climatique déclenche ici des sécheresses sans fin et là des pluies incessantes. La pluie ? On en parle peu. Le réchauffement par effet de serre sur une planète pour l'essentiel couverte d'eau, c'est beaucoup d'évaporation à la clef. Et par conséquent beaucoup d'eau qui doit retomber ensuite du ciel. Un degré de réchauffement, c'est 7 % supplémentaires d'eau qui s'évapore. Les irresponsables qui gouvernent le monde peuvent dire "après nous le déluge" parce que c'est bien ce qui va se passer.
Le pessimisme face au futur ne doit pas être un argument supplémentaire pour l'inaction dans le présent.
Je ne crois que nous devions sauver la planète. Elle se fiche bien de nous. La Terre pourrait rouler dans l'espace infini sans aucune vie, ou bien avec seulement deux ou trois colonies de cafards et quelques scorpions puisqu'il paraît que seules ces bestioles survivraient même à une guerre nucléaire. Ne perdons donc pas de vue l'objet de notre action écologique. Nous luttons "seulement" pour sauvegarder l'écosystème qui rend possible la vie humaine.
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L’irresponsabilité des firmes dont le gouvernement allemand défend ainsi les intérêts est pourtant avérée. Surtout quand il s’agit d’OGM. Les colzas OGM de Bayer autorisés par la Commission européenne sont par exemple de véritables bombes chimiques. Leur durée de dissémination atteint les 10 ans. Et ils entraînent l’hybridation de nombreux végétaux n’ayant aucun rapport avec le colza. D’où un risque de contamination générale et durable des écosystèmes agricoles par l’enzyme stérilisateur toxique que contiennent ces colzas. Mais aussi de toute la chaîne alimentaire. On peut avoir peur des chimistes allemands. Car leurs expérimentations en 2001 sur un riz transgénique ont conduit à un véritable désastre mondiale. Il était censé être remarquable par sa résistance à l’herbicide Liberty produit d’ailleurs par la même compagnie ! Finalement, cet OGM a été interdit. En effet, son très haut pouvoir contaminant a infecté les cultures de riz dans trente pays entre 2006 et 2010. Aux USA, 30 % de l’ensemble des surfaces cultivées en riz ont été contaminées. La firme elle-même a reconnu qu’elle en avait perdu le contrôle. Des crimes écologiques qui restent impunis. Le pouvoir oligarchique qu’exercent ces firmes dans le modèle allemand préfigure le monde qu’elles nous préparent en exportant leur prétendu « modèle » bienfaisant.