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Citations de Jean-Luc Parant (33)


L'homme rêve pour ne pas mourir en dormant, pour continuer à se projeter dans la lumière et retrouver le feu dans sa tête comme les poissons ou les oiseaux sans l'eau ou sans l'air nageraient ou voleraient dans leur propre corps. Les animaux ne rêvent pas, ils sont sans cesse dans leur élément.
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Extrait3/3


  On m’a menti, on m’a dit que c’était moi
dans la glace, que j’étais cette image intou-
chable, ce reflet insaisissable que l’on ne
peut pas atteindre, moi qui suis si proche
de moi, qui me touche qui me sens, moi
qui suis si fragile, qui ai mal au moindre
choc, qui saigne à la moindre blessure,
qui m’abîme tous les jours, qui vieillis et
qui un jour serai mort et qui ne serai plus
que quelques os, un petit tas de poussière
sur la terre.
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Nous fermons les yeux sur le monde mais nous les ouvrons sur nous-mêmes. Nous ouvrons deux yeux devant nous les yeux ouverts mais nous en ouvrons mille autres en nous les yeux fermés.
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extrait 5



Il faut changer de lumière pour voir à l’intérieur. L’absence de soleil nous montre déjà ce qu’il ne nous éclairait pas. Car le soleil n’éclaire que l’extérieur du monde. Avec la lumière de ce soleil nous ne voyons qu’en surface le monde qui nous éclaire.
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Toi qui as ouvert les yeux :


Extrait 5

Si nos yeux suivent le mouvement de la terre tout autour du soleil, le mouvement de translation qui fait naître le printemps et l'été, l'automne et l'hiver, les yeux des animaux suivent le mouvement de la terre sur elle-même, le mouvement de rotation qui fait naître le jour et la nuit, la nuit et le jour. Si les yeux de l'homme suivent le mouvement de la terre tout autour du soleil, les yeux des animaux suivent le mouvement de la terre sur elle-même.
Si nous pouvons aller avec nos yeux là où notre corps ne va pas, c'est parce que nous avons séparé nos yeux de notre corps et que, avec eux seulement, nous avons pu tourner tout autour du soleil, et que tout autour du soleil notre corps aurait non seulement brûlé mais il aurait aussi chuté dans le vide sans fin. Car si nos yeux transforment le soleil en lumière comme ils transforment le vide sans fin en cieux, notre corps le laisse en flammes et en feu.
Sans nos yeux, nous serions dans la nuit et le soleil ne serait plus que de la chaleur qui brûlerait notre corps, comme l’espace serait le vide où nous ne pourrions pas tenir debout et dans lequel nous tomberions sans ne plus nous arrêter de tomber, sans ne plus pouvoir nous arrêter de tomber, le vide sans fin serait sans fin.
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De la nuit et du vide


Extrait1/3

  On m’a menti, il n’y a rien sous mes doigts,
je ne sens rien de mon visage dans le miroir,
comme je ne sens rien sous mes doigts quand
j’ouvre un livre et que je touche ce qui est écrit.
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Je vois une face de la terre et du ciel comme les autres voient une face de mes yeux.
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Je pensais que l'on pouvait penser …


Extrait 7

  Et la pensée n'est pas seulement des yeux qui nous permettraient de voir dans notre tête, elle est aussi en même temps le soleil qui les éclaire. Et nous pensons mais nous voyons autant quand il fait nuit que quand il fait jour. Et nous pensons mais nous voyons sans cesse, car les yeux qui sont en nous sont en feu et n'ont pas de paupières. C'est pourquoi nous ne nous arrêtons jamais de penser. Comme si nous avions en nous notre propre monde avec des yeux qui avaient un soleil pour eux. Comme si la pensée était des yeux sans cesse ouverts sur un jour sans fin...
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extrait 6



Il faut changer de soleil, le soleil dans le ciel nous cache le ciel, il délimite le monde et le referme sur lui-même. Si nous tournons sans cesse autour du soleil, c’est parce que nous cherchons une issue. Une issue à notre temps de vie sur la terre, mais aussi à nos yeux que le soleil éblouit.
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De la nuit et du vide
Extrait2/3


  On m’a menti, moi qui suis d’abord un corps,
avec ma tête que je touche sans cesse parce que
je ne la vois pas, ma peau à travers de laquelle je
respire, mes poils qui me protègent, mes cheveux,
mon sexe qui me reproduit, mes mains et mes bras
qui me dirigent dans la nuit, mes jambes et mes pieds
qui me déplacent sur la terre dans le jour. Moi qui suis
ce que je suis, avec une matière et une odeur avec
lesquelles je suis né, avec lesquelles je disparaitrai.
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Pour voir, il faudrait que tu élèves des échelles tout autour de ce que je vois, que tu élèves des échelles à toutes les distances avec des barreaux à toutes les hauteurs, puis que nous empruntions chaque échelle et que l’homme monte sur chaque barreau.
Car nous voyons mais nous ne voyons que par un seul endroit de notre corps. Nos yeux se sont ouverts seulement sous notre front.
Je ne vois qu’à l’endroit de mes yeux.
Si tu pouvais voir de partout sur ton corps, si des yeux s’étaient ouverts partout, à toutes les hauteurs, des pieds à la tête, les hommes verraient partout à la fois, les femmes verraient le monde de partout à la fois.
Pour voir, il faudrait que tu suives des yeux ce que je vois et que tu tournes tout autour en reculant d’un pas à chaque tour, ainsi jusqu’au plus loin, jusqu’à ce que tu ne voies plus ce que nous voyons. Puis que tu continues à suivre des yeux ce que je vois et que tu continues à tourner tout autour de ce que l’homme voit en montant d’un pas à chaque tour, ainsi jusqu’au plus haut, jusqu’à ce que tu ne voies plus ce que la femme voit. Puis que tu continues encore à suivre des yeux ce que je vois et que tu tournes tout autour de ce que nous voyons en descendant d’un pas à chaque tour, ainsi jusqu’au plus bas, jusqu’à ce que tu ne voies plus ce que l’homme, la femme et les enfants voient car voir c’est aller jusqu’à ne plus voir, c’est ouvrir les yeux jusqu’à pouvoir les fermer. Voir, c’est aller jusqu’à faire disparaître l’image vue. Voir, c’est aller jusqu’où nous ne voyons plus, c’est aller partout, si loin et si près de ce que vous voyez que ce que vous voyez disparaît.
Voir, c’est comme s’être vu soi-même de partout : du dessus, du dessous, de tous les côtés, de tous les angles, à toutes les distances ; c’est avoir fait le tour complet de son corps entier jusqu’à ne plus voir que le bout de son nez, jusqu’à avoir été si loin et si près de soi que l’on ne se voie plus jamais en entier.
Voir, c’est comme s’être vu soi-même au plus près et au plus loin jusqu’à ne plus se voir soi-même qu’à travers les autres yeux qui nous voient. Voir, c’est aller du plus près au plus loin de ce que nous voyons jusqu’à ne plus voir ce que l’homme voit, jusqu’à voir ce que la femme ne voyait pas.
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Les boules et les yeux le maintiennent en équilibre entre lumière et obscurité.
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extrait 4



Si nous ne voyons jamais nos yeux comme nous ne voyons pas le soleil, une fois sur deux, c’est parce que nous n’avons jamais quitté l’intérieur du monde et que nous tournons toujours avec la nuit, dans la nuit. Comme si le jour et la vision du soleil dans le ciel étaient juste un arrêt dans le temps qui nous permettait de reprendre notre souffle pour vivre ici.
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Toi qui as ouvert les yeux :


Extrait 1

Toi qui as ouvert ce livre pour faire glisser tes yeux sur mes lignes, tu as allumé le feu sur les pages pour faire naître le jour sur mes mots, la lumière sur mes phrases. Il fait nuit, heureusement il fait nuit dans tes yeux, car sinon tout brûlerait dans tes mains en ouvrant tes yeux. Il fait nuit dans tes yeux, tes yeux que tu ne vois pas dans leur nuit, dans leur nuit qui t'aveugle et qui te rend voyant devant toi pour voir le monde.
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Nous ne voyons pas.
Vous voyez mais ce que vous voyez a une infinité d’angles de vue et chacun d’eux vous donne une vision différente de ce que vous voyez.
Tu ne vois pas.
Je pourrais dire que j’ai vu si j’étais non seulement arrivé à marcher tout autour de ce que je vois mais aussi à voler au-dessus, à ramper au-dessous : et encore faudrait-il que l’homme aille bien plus loin, que la femme entre à l’intérieur de tout ce que les enfants voient pour avoir vu.
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extrait 3



La nuit si le soleil est de l’autre côté c’est parce que nos yeux le sont aussi. L’autre qui voit nos yeux c’est l’autre côté de nos yeux, et l’autre qui ne les voit pas aussi. Car il y a toujours deux côtés à tout ce qui vit parce que tout tourne.
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extrait 2



Sur une planète immobile, il faudrait que les hommes se déplacent, courent tout autour de la terre, pour retrouver ce mouvement qui nous fait prendre conscience de l’endroit où nous sommes. Nous marchons, nous nous déplaçons pour connaître ce que nous n’avons jamais vu, ni jamais su. Mais le monde tourne et avance autour de la lumière, et c’est ce mouvement continu qui nous a permis d’avoir un cerveau et une pensée. Sans la nuit d’un côté et sans le jour de l’autre côté, nous ne saurions rien et nous n’existerions pas où nous sommes. Nous serions perdus dans l’espace. C’est parce que le monde tourne que nous savons et que nous tenons sur la terre, car si elle était immobile sous nos pieds, nous tomberions dans le vide.
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extrait 1



C’est quand nous ne voyons pas d’où vient la lumière qui nous éclaire que nous voyons l’intérieur des choses. Le soleil éclaire le ciel mais il éteint l’infini qu’il contient, il éclaire la terre mais il éteint l’univers. Le soleil nous a recouverts de peau pour pouvoir nous chauffer sans nous brûler. Nous sommes devenus visibles et intouchables mais la terre s'est retournée de l’autre côté où le soleil avait disparu, et nous sommes devenus invisibles et touchables ; et, en touchant, nous avons pu sentir l’intérieur du monde qui nous entourait et l’intérieur de notre corps qui battait et qui vivait.
Si la terre n’avait pas tourné sur elle-même, du côté nuit les hommes auraient pris conscience de l’existence de l’infini, et du côté jour ils ne sauraient même pas qu’il existe.
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Fermer les yeux c’est s’approcher par le corps et c’est s’éloigner par les yeux. Ouvrir les yeux c’est s’éloigner par le corps et s’approcher par les yeux. Comme si, si je montais très haut au-dessus de la terre, et que je regardais les hommes et les femmes, mes yeux seraient à la fois fermés par l’éloignement de mes yeux et ouverts par l’éloignement de mon corps. Comme si sur la terre j’avais sans cesse les yeux fermés pour l’approche de mon corps et sans cesse les yeux ouverts par l’approche de mes yeux. Comme si sur la terre ou au-delà de la terre j’avais toujours les yeux fermés et toujours les yeux ouverts à la fois.

Comme si notre tête était composée d’une infinité de corps, comme l’univers est composé d’une infinité de terres et de soleils.
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Le monde entier est un œuf. […] Ce sont les processus dynamiques qui déterminent l’actualisation de l’Idée ; Mais dans quel rapport sont-ils avec elle ? Ils sont exactement des drames, ils dramatisent l’Idée. D’une part, ils créent, ils tracent un espace correspondant aux rapports différentiels et aux singularités à actualiser. [ …] Le monde est un œuf, mais l’œuf est lui-même un théâtre : théâtre de mise en scène, où les rôles l’emportent sur les acteurs, les espaces sur les rôles, les Idées sur les espaces. […] Tout est encore plus compliqué […]. Partout une mise en scène à plusieurs niveaux.
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