Cet étrange et énigmatique Ferdinand, l'infant d'Espagne, apparut alors aux yeux de son hôte, aussi disgracieux que dans les descriptions qui lui avaient été rapportées par différents observateurs. Sur ce point, rien ne surprit l'ancien ministre des relations extérieures de Napoléon qui de surcroît, avait consulté avec grand intérêt les notes transmises par les services de Fouché. Dans ces notes, outre sa grande laideur presque légendaire et un léger embonpoint contre lequel il peinait à lutter, le prince espagnol y était décrit comme un homme froid, cruel, distant, inculte, sournois et de faible envergure intellectuelle.
Chez les Bourbons d'Espagne, il n'y avait pas un seul membre de la famille pour rattraper tous les autres tant ils étaient laids et paraissaient atteints de débilité profonde.
Sans s'affoler, d'un pas sûr, Vidocq se glissa derrière lui. La neige étouffait ses pas. Il tapota l'épaule droite de l'escarpe à l'aide de sa canne. Le bougre se retourna instantanément, comme par réflexe, et sans qu'il n'eût le temps de comprendre ce qui se passait, Vidocq lui envoya, cette fois, un énorme coup de canne du revers en pleine face, ce qui le fit trébucher lourdement...
Voilà une situation qui ne manquait pas d'ironie. Car en effet, celui qui avait poussé Napoléon, bien qu'il s'en garda jusqu'à la fin de sa vie, dans cette guerre contre cet allié de longue date mais devenu prêt à trahir la France, se trouvait désormais, chargé d'assumer la garde des princes déchus.
Madame Catherine Noëlle Worlée, née à Tranquebar, petite ville de la colonie Danoise des Indes distante d'une centaine de kilomètres de Pondichéry, ex-Madame Grand, divorcée donc, avait finalement épousé en secondes noces, malgré le scandale, les médisances, les commérages et la réprobation de Bonaparte, l'évêque apostat le 10 septembre 1802 à Paris, rue de Verneuil, à l'hospice des incurables devenu la Mairie du Xe arrondissement. Talleyrand, au grand étonnement de ses relations les plus proches, s'était entiché de cette magnifique femme blonde aux yeux bleus, peu réputée pour son esprit mais en retour, ô combien impressionnée par celui, éminemment brillant de l'homme qui lui faisait la cour avec empressement.