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Critiques de Jean-Marc Rouillan (7)
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Je hais les matins

« Je hais les matins », c'est le genre de bouquin qui devrait tourner dans les services politique des médias. Vous savez ces journalistes qui entretiennent la peur, ces « avertis » qui participent au grand guignol de « l'un faux », ceux qui ont de l'extrême gauche plein la bouche quand ils parlent de la France Insoumise et de Mélenchon. Un Mélenchon qui ne serait qu'un bisounours dans un séminaire d'activistes, un pauvre gnou du système, peut être prêt à l'inverser mais certainement pas à le changer.

« Je hais les matins », c'est Jean Marc Rouillan et Jean Marc Rouillan c'est Action Directe, le terrorisme, l'extrême gauche, c'est… euh… vous êtes encore là?

Bon, pour ceux qui ne sont pas déjà partis, « Je hais les matins » c'est avant tout un livre sur le milieu carcéral, écrit en prison, avant d'être un livre militant même si l'un ne va pas sans l'autre ne serait ce qu'au niveau des droits de l'homme.

Prisonnier politique, comme Rouillan, ou de droit commun, la vie est rythmée par la violence et l'humiliation entre deux périodes d'isolement total (périodes de quelques années concernant Rouillant). le système est prêt à tout pour reformater un disque dur rebelle. Comme ce chantage fait par Sarkozy, des années après la parution de ce bouquin, alors que Rouillan malade (voir Paul des Epinettes et moi : Sur la maladie et la mort en prison) et au plus mal (tout le monde n'est pas papon…) voyait ses demandes de semi liberté rejetées tant qu'il ne renierait pas ses idées. Sarko attend toujours.

Oui, ses idées, parce que ce qui lui est reproché, pour montrer au bon peuple qu'on le protège, ce sont deux assassinats. Un général et le PDG de Renault. Deux vendeurs de larmes pour les uns, deux victimes pour les autres. Là n'est pas le problème, assassiner ça ne se fait pas nous sommes tous d'accord. Mais combien de criminels sont en liberté après avoir bénéficié de remises de peines ou avoir purgé leur temps incompressible? Pourquoi pour les anciens membres d'Action Directe la loi n'a-t-elle jamais été la même?

Petite citation en rapport, alors qu'à ses vingt ans, Rouillan était combattant anti Franquiste au sein du MIL et des Gari :



« Lorsque nous affrontions la dictature de Franco, La dépêche, le quotidien de Toulouse, tartinait du catéchisme antiterroriste. Elle blâmait ces petits décervelés dérangeant les relations avec nos voisins ibériques. Cela aurait été bien banal si à cette époque le rédacteur en chef du journal de la démocratie n'avait été René Bousquet, ancien chef de la milice de Vichy! S'était-il repenti pour reprendre place dans le cercle des pouvoirs? »



Y a encore quelqu'un?

Dans l'absolu, vous ne trouvez pas… bizarre, voir complètement con, que nous devions « gagner » notre vie alors que la logique voudrait que ce soit un droit. Vous ne trouvez pas stupide de se soumettre à une autorité auto décrétée qui a le pouvoir de vie ou de mort sur nous en nous asservissant avant éventuellement de nous licencier. Cette hiérarchie de valets qui nous tient encore une fois par la peur, qui nous tient en nous donnant juste assez pour survivre. Gagner un mois de vie supplémentaire en se prostituant X heures par semaine, sa vie contre du fric.



— Va à la conclusion, accouche.

— Bah non, je commence à peine.

— Laisse tomber, t'as perdu tout le monde là.

— Je m'en tape, c'est pas grave.

— Si encore t'avais parlé des conditions carcérales, de la vie derrière les murs, de trucs un peu glauques qui s'y passent, t'aurais pu intéresser les amateurs de policier and co mais là, tu commences par évoquer l'extrême gauche et la lutte armée sans les condamner et tu continues en disant qu'on est des abrutis résignés qui donnent leur cul pour avoir le privilège d'aller au mois d'aout baver sur le port de St Trop devant les maîtres qui nous donnent l'aumône chaque fin de mois.

— C'est un peu caricaturé mais pour ce qui est de notre quotidien, c'est un peu ça quand même.

— Oui mais faut pas le dire.

— Nan mais faut lire pour se faire son idée.

— Laisse tomber, c'est confortable la soumission.

— Je retourne à la poésie alors, ça aussi c'est révolutionnaire la poésie parce que…

— Mais oui mais oui, t'éteindras en partant s'teuplé.

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Paul des Épinettes et moi : Sur la maladie e..

« La puanteur des soirs de peur. Quand on existe malgré tout. Quand la mort rode, de cellule en cellule, invisible sur les coursives, invisible aux yeux des détenus. Comme les autres, je tremble, humilié comme les autres par la défaite féroce des misérables. »



Le ton est donné.

« Paul des Epinettes et moi » est comme l’indique le sous titre, un livre sur la maladie et la mort en prison.



Un témoignage de Jean Marc Rouillan, ancien membre d’action directe (groupe activiste d’extrême gauche du début des années 80) sur les conditions d’incarcération ou comment un état de droits est prêt à tout pour faire taire quelqu’un qui dérange.

Il n’est pas question par ce livre de justifier les états de service des groupes armés des années 80 (A.D. brigades rouges ou autres CCC et bande à Bader) car rien ne justifie les armes, mais juste de nous mettre face à nos faiblesses, à nos lâchetés. Face à nos responsabilités.



Faiblesse devant la médecine. Le doc, c’est dieu.

Rouillan est atteint de la maladie de Chester-Erdheim (je ne connaissais pas non plus) une maladie rare. De diagnostics en diagnostics, de tumeurs en tumeurs, dieu et ses apôtres finissent par triompher :

« Restée seule, l’infirmière s’assit au pied de mon lit, à l’opposé de ma jambe opérée.

-Une maladie aussi rare, il faut le faire. A l’hôpital, tout le monde en parle. Ce midi à la cafétéria, deux médecins chantaient presque On a une Chester ! On a une Chester !... Vous vous rendez compte ? »

Un cas, un cobaye qui attend que dieu décide du temps qu’il lui reste…



Lâcheté de penser que l’état veille sur le bien être de son peuple et qu’il le protège en condamnant, en enfermant, en bâillonnant tout ce qui remet en cause le système dans lequel nous vivons alors qu’aujourd’hui encore nous avons un ministre « responsable mais pas coupable » qui a participé au fameux épisode du sang contaminé.



Lâcheté de fermer les yeux devant ces guerres économiques qui font bien plus de victimes que la plupart des conflits armés. Là, c’est vrai qu’en apparence les champs de bataille sont propres…



Faiblesse encore devant l’autorité, autorité bien souvent autoproclamée et acceptée de bonne grâce.

Le maton persécuté et harcelé par son supérieur devient à son tour tortionnaire pour le prisonnier. La faiblesse est humaine, c’est déjà ça…



C’est un livre qui parle de la condition de prisonnier politique en France. Une longueur de peine jamais égalée par le pire des criminels, juste dix mois de semi liberté avant réincarcération à temps complet pour ne pas avoir voulu renier ses idées publiquement . Pas un auteur de crimes contre l’humanité, pas un assassin d’enfant, pas un animal n’a juridiquement été traité comme lui.

Ah la sureté de l’état…



Même si l’espoir est loin on trouve quelques bouffées d’air frais et de poésie, le temps d’une semi liberté et de quelques pages.

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Je hais les matins

Un livre sur le milieu carcérale avec du vécu pour l'auteur, militant d'extrême gauche (Action Directe) qui a passé plusieurs années en prison. Il décrit le quotidien avec les rencontres, les échanges, les révoltes ou encore les amitiés.

Se lit très facilement. Il ne décrit pas ce qu'il a fait avant c'est vraiment sur la période en prison.

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Dix ans d'Action directe: Un témoignage, 1977..

Un témoignage indispensable pour comprendre les "années de plomb" en Europe. Difficile d'en dire plus, Rouillan écrit bien (on voit qu'il a eu le temps de bosser l'écriture) et le propos est souvent pertinent... sauf les quelques envolées lyriques où il récite la "doctrine autonome" et ce genre de trucs visiblement appris par cœur.



Les remises en contexte sont bienvenues et globalement le livre se lit bien malgré la profusion de sigles (CCC, AD, P"C", RAF, OC, etc. qui sont explicités dans un lexique mais en fin d'ouvrage...).



Une lecture qui vient questionner la légitimité du monopole de la violence, la limite entre militantisme et terrorisme et d'autres gens de questions pratiques et idéologiques qu'il est de mauvais goût de se poser en 2022.



Je recommande chaudement.
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Le prolétaire précaire

Pour être sincère, les idées développées sont très intéressantes mais il faut être un adepte du vocabulaire politique pour bien saisir la finalité de la pensée révolutionnaire d'Action Directe. parfois complexe à suivre. Mais c'est devenu un livre rare et un témoignage intéressant et éclaircissant sur ce groupe de révolutionnaires.
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Dix ans d'Action directe: Un témoignage, 1977..

Les fanatiques

Sous le curieux prénom de « Jann Marc », l'un des principaux responsables d'Action directe nous livre son témoignage sur les années 1977-1987 qui ont vu la naissance et la fin de son groupe terroriste. C'est le dix-huitième livre que commet Rouillan. Tardive graphomanie. Que n'a-t-il troqué plus tôt les explosifs et les armes à feu contre la plume et le stylo !

L'éditeur T. Discepolo prétend nous livrer une analyse critique de l'histoire interne d'Action directe. Dans une préface plutôt complaisante, il commence par s'en prendre aux journalistes qui ont eu le culot de traiter avec condescendance le niveau intellectuel du quatuor de tête d'AD (Rouillan-Ménigon-Aubron-Cipriani). Il tente ensuite de justifier les attentats et assassinats du groupe par « l'univers mental » de Rouillan et de ses « compagnons » : ces jeunes gens auraient été marqués par la guerre d'Algérie, la Résistance, la guerre d'Espagne et la révolution d'octobre. Des références qui datent un peu. Discepolo considèrerait-il son auteur et ses complices comme des attardés ?

Rouillan évoque ces dix années avec précision. Il mentionne des faits mais ne livre pas beaucoup de noms, hormis ceux des amis qui ont eu droit à un procès. Il rappelle ainsi judicieusement les soutiens actifs de l'écrivain Dan Franck et de Paula Jacques, animatrice et productrice de France Inter, qui furent tous deux jugés et condamnés pour complicité.

On apprend avec intérêt les diverses manoeuvres par lesquelles le gouvernement Mauroy chercha à se concilier les bonnes grâces de Ménigon et Rouillan. Ce dernier évoque notamment une amusante « carotte » proposée en 1982 par le pouvoir socialiste, par le truchement du PDG d'une « grande société coopérative proche de la gauche traditionnelle » qui voulut calmer le couple en lui proposant une sinécure grassement rémunérée.

On est frappé par la minutie avec laquelle le groupe terroriste préparait ses actions : repérages, surveillance, choix des itinéraires, équipements, voitures, groupes de soutien… Par l'audace dont il faisait preuve en espionnant les services de police qui les traquaient. Par les coopérations qu'il mit en place avec ses homologues Allemands, Belges et Italiens.

Rouillan explique très simplement la démarche d'Action directe : il s'est agi d'une « guérilla communiste dont le but essentiel était d'élever la conscience critique du prolétariat occidental afin que, par ses propres forces, il puisse rompre la fausse unité à laquelle l'opportunisme le condamne » (sic). C'est ainsi qu'il justifie la « lutte armée » par laquelle on pose des bombes, on commet des hold-up et on tue des gens. D'un côté il y a les méchants : c'est la bourgeoisie impérialiste ; de l'autre les gentils : les masses populaires opprimées. Tel est la logique simpliste de l'abondante logorrhée sectaire qu'il développe sur 350 pages.

Rouillan fait part de ses regrets – liés exclusivement à l'échec d'Action directe. En revanche, inutile de chercher des traces de repentir à l'égard de la huitaine de victimes - dont quatre assassinés de sang-froid - qu'il revendique avec désinvolture : ce sont des ennemis de classe, policiers, militaires ou chefs d'entreprise. Pas un mot sur les employés de banque ou quidams qui ont pu être blessés ou traumatisés par les innombrables vols à main armée et fusillades qui ponctuent son récit : ils sont probablement au service des ennemis de classe.

En un mot : si c'était à refaire, il le referait.

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Je regrette

Fascinant, étonnant et très drôle. Je regrette de ne pas regretter de l'avoir lu. Sous forme de "regrets"? Jann-Marc ROUILLAN nous fait partager son quotidien , ses envies et nous fait rire, sourire ou réfléchir à la vie. Je recommande vivement car ses réflexions sont très justes.
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