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3.71/5 (sur 12 notes)

Nationalité : France
Né(e) : 1961
Biographie :

Jean Marc Sourdillon est né en 1961.

Il a publié des livres poétiques :
. Les Tourterelles (La Dame d’onze heures, préface de Philippe Jaccottet, encres d’Isabelle Raviolo, 2009).
. Les Miens de personne (La Dame d’onze heures, préface de Jean-Pierre Lemaire, lavis de Gilles Sacksick, 2010),
. Dix secondes tigre (L’Arrière-pays, 2011),
. En vue de naître (L’Arrière-pays, 2017),
. La vie discontinue (La part commune, 2017),
. Osiris 89 (Greenfield, Massachusetts (USA), December 2019).

Des essais et des nouvelles, Les voix de Véronique (Le Bateau Fantôme, 2017).

Jean-Marc Sourdillon a également traduit María Zambrano et édité les Œuvres de Philippe Jaccottet dans la Pléiade.


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Bibliographie de Jean Marc Sourdillon   (7)Voir plus

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Citations et extraits (43) Voir plus Ajouter une citation
Jean Marc Sourdillon
Je capture mes proies moi-même dans la distance.
J’ai remplacé l’irruption par la fascination.
J’ai laissé dans ta rétine cette brûlure qui la nuit venue
incendie ta mémoire.
Mais tu en sais plus où me trouver.

Tu cherches.
Et moi, araignée noire dans ma toile d’orage,
j’attends.
Sois en sûre, je serai là.
Te voici, toi, mon amour et ma proie,
promise à un festin futur et lent
où, selon ma progressive et pénétrante brûlure
Tu te dévoreras toi-même.
En douceur, tu te consumes.
En douceur et sans rupture.
Je suis une plaie dans ton histoire.
Toute ton histoire n’est que le festin que je me prépare.
Il paraît que moi absent tu t’es mise à parler !
En bien ! parle, mon amie, parle…
Viens à moi, je t’avale par ta parole.
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Rivières

Vu à travers le cadre en bois de la fenêtre, le dos scintillant de la rivière, plus étincelant, plus frissonnant que toutes les lumières du ciel.

Ainsi va, légère, l'existence, quelque chose comme une chanson, comme une danse, elle descend de la montagne à cheval, un carillon, une ritournelle, la vie se donnant sans cesse des nouvelles d'elle-même.

Et toi, de l'autre côté, le dos dans la lumière comme si elle te faisait des ailes, te voilà, cheveux défaits, un peu comme une crinière, descendue tout droit de la montagne avec ton sourire et quelque chose à me dire à travers le cadre en moi de la mémoire ouverte.
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LA JOURNÉE

Aujourd'hui j'ai décidé de ne rien faire, de me laisser aller au gré de la journée.
Je m'efforcerai de rester calme, disponible à l'instant, poreux à ce qui pourrait arriver.
Je poserai tranquillement le pied sur son courant. Je reposerai allongé les bras en croix dans le fond de sa barque.
J'interviendrai le moins possible.
Je ne répondrai aux sollicitations qu'avec légèreté sans me poser de questions, sans faire obstacle pour ne pas altérer la limpidité de l'élan,
pour que s'accomplisse non pas avec moi ni en moi mais à travers moi une fois au moins dans ma vie la pure action de naitre qui ne dépend pas de soi.
Je n'accueillerai que les événements qui m'en apportent la nouvelle
et par où se signalent à la fois la présence du monde autour et le mouvement de la vie qui advient.
J'en sortirai neuf et vivant, comme lavé par une eau très froide.
Devenu peut-être plus réel, j'irai au milieu des trains et des villes aussi transparent aussi amoureux d'elle que le torrent dans la montagne.
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Jour transparent

Je voudrais faire tenir la journée
dans un verre.
Elle y serait comme une eau glacée
transpercée par la lumière.

Je serai ce verre
uniquement ce verre
effaçant jusqu'à la main
qui le tient.
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Jean Marc Sourdillon
Fontanelle…


Aujourd’hui je suis loin des Cévennes,
quelque part dans le vide sidéral des villes.
Et pourtant je repose quelque part
sur une sphère de cristal.
J’agis, je vais, je parle.
Je sens sous moi la mémoire
comme une crypte retentissante,
toute la montagne des Cévennes
comme une crypte à ciel ouvert,
je sens, je pressens
quelque part loin de moi, passé en moi,
l’acte des tombes sur la pente
toute leur mémoire, toute notre attente,
toutes les aurores
et la montagne
comme une voûte de soutènement.
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Matin de banlieue

Nuages dans le ciel de novembre.
Un nuancier de silence, gris ou blanc, avec des traces de rose ou d'orange, cerné lui aussi de silence, d'une autre qualité de silence, plus sombre, plus profonde, plus opaque, mais non pas moins intense ou vibrante.
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Jour transparent

Je voudrais faire tenir la journée
dans un verre.
Elle y serait comme une eau glacée
transpercée par la lumière.

Je serai ce verre
uniquement ce verre
effaçant jusqu'à la main
qui le tient.

Un oiseau vidé
de tout ce qui n’est pas son vol
jusqu’à son chant qui le retient.

Sans souvenir, sans pouvoir, sans projet,
juste peut-être (et encore !) une buée à sa surface
ou la plume d'un duvet
à cause de la fragilité de tout, une ultime trace
dans la mort de plus en plus transparente
pour les yeux, s’ils existent,
de celui ou celle, là-bas dans l’espace,
qui cherche à naître,
encore et encore.
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Gare Saint-Lazare

Tant d’espace et tant de gens ! Juillet était si clair.
Sous la verrière un vaste oiseau, ses deux ailes déployées.
La lumière était très blanche et la chaleur suffocante.
Un piano distillait avec lenteur ses gouttes de menthe ou de citron dans cette touffeur.
Je marchais vite, comme eux habillé de blanc.
J’écartais mentalement les bras au-dessus de tous ces gens et je planais, je glissais, je virais.
Je caressais au passage leurs visages, j’accompagnais leurs épaules, j’éprouvais sensiblement le fil qui partant de moi me reliait à eux et venant d’eux les reliait à moi.
Je connaissais leur faiblesse,
Je savais ce qui leur faisait gravir les escaliers en courant et où se trouvait la réserve de clarté dissimulée dans leurs yeux pensifs.
C’était, oui, comme si je les avais aimés, chacun deux, depuis leur naissance, que je pouvais à leur insu veiller sur eux alors que dans les faits, c’était eux, leurs tremblements, leurs yeux ouverts, qui me protégeaient avant tout de moi-même et de mes impossibilités.
C’était, c’était comme si nous étions tous des rescapés, ou simplement des êtres vivants, des voyageurs en attente de renaître ou de naître tout à fait, placés là, assis, debout, au bord des quais, devant les panneaux, guettant chacun son jour au milieu des leurres.
Et puis, ce fut ce couple d’adolescents, chacun tirant sa valise derrière soi et se disant au revoir dans le hall de la gare pour la dernière fois. Les yeux écarquillés du garçon disaient dans la sorte de silence luminescent qui les entouraient : je suis là, je suis complètement là, jamais je ne serai plus pleinement là que je ne le suis à cette instant. Pour toi.
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Les merveilleux nuages

Sur eux se détache le geste noir des oiseaux migrateurs.
Ils habitent l'espace, s'y déploient. L'espace aussi les habite, les traverse, fait d'eux une sorte de promesse.
Ils sont mobiles, élégants, labiles, merveilleux parce que présents, intensément présents,
blancs de lumière et vivants, emportés par le devenir,
élégies voyageuses au-dessus des plaines, des fleuves et des gens, cherchant dans le silence éclatant des visages la juste vibration qui les puisse retenir.
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Comme des frères

Vivre dans l'imminence et agir par inadvertance, telle est la règle que sans bien le savoir, nous nous sommes donnée.
Laisser sa place à l'inattendu, à ce qui nous redispose et nous recompose avec le risque peut-être de nous anéantir ou la chance, pourquoi pas ? de naître à nouveau ailleurs, autrement, on ne sait comment
plus loin dans la rivière attentive.
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