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3.65/5 (sur 1360 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Sidi-Bel-Abbès, Algérie , 1954
Biographie :

Jean-Marie Blas de Roblès est un philosophe et écrivain français.

Jean-Marie Blas de Roblès arrive en France après le rapatriement des Français d'Algérie. Il suit des études de philosophie à la Sorbonne et des cours d'histoire au Collège de France.

En poste au Brésil comme enseignant et directeur de la Maison de la Culture Française à l’Université de Fortaleza, il reçoit le prix de la nouvelle de l’Académie Française pour son recueil "La Mémoire de riz" (1982).

En 1987, il est en Chine Populaire et fait paraître "L’Impudeur des choses", son premier roman. Après un séjour au Tibet, il rejoint sa nouvelle affectation à l’Université de Palerme en empruntant le Transsibérien.

Membre de la Mission Archéologique Française en Libye depuis 1986, Jean-Marie Blas de Roblès a participé chaque été aux fouilles sous-marines d’Apollonia de Cyrénaïque, de Leptis Magna et de Sabratha en Tripolitaine.

Pour "Là où les tigres sont chez eux" il reçoit le Prix Médicis, le Prix du Roman Fnac et le Prix Giono en 2008. Ce roman est le fruit de dix ans de travail.

En 2014, il sort, toujours chez Zulma qui l'avait accueilli pour son monumental "Là où les tigres sont chez eux", un roman d'aventures foisonnant, "L'île du Point Némo".

En 2016, il fait partie du comité de rédaction de la revue Apulée avec Hubert Haddad et Yahia Belaskri, publiée chez Zulma.

Spécialiste de la Libye, il publie en 2016 un récit qui part sur les traces de l’archéologue et explorateur Jean-Raimond Pacho qui parcourut le pays au XIXe siècle.
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Bibliographie de Jean-Marie Blas de Roblès   (17)Voir plus


Entretien avec Jean-Marie Blas de Roblès à propos de son roman Dans l`épaisseur de la chair



20/06/2018

Le récit de votre roman Dans l`épaisseur de la chair commence véritablement lorsque le père du narrateur lance à ce dernier une phrase particulièrement douloureuse : « Toi, de toute façon, tu n`as jamais été un vrai pied-noir ». Vous-même êtes né en Algérie avant de rejoindre la France lorsque vous aviez 8 ans. En quoi cela vous a blessé ou en tout cas blesse le narrateur ?

Prononcée par Manuel Cortès, le père du narrateur, cette phrase est effectivement le point de départ du roman et l`axe autour duquel il se déploie. Rapatrié en 1962, Thomas Cortès ne s`est jamais senti « pied-noir » ; à l`âge où l`on commence à raisonner, il est devenu au contraire farouchement anticolonialiste et a porté toute sa vie un jugement sans appel sur ceux qui ont rêvé d`une « Algérie Française ». Pourquoi se sentir humilié par une phrase qui ne fait, somme toute, que prendre acte de ce parcours ? C`est ce qu`il va chercher à comprendre tout au long du livre, dans la situation périlleuse où il se trouve.


C`est la figure du père qui est au cœur de ce roman. Son parcours, retracé tout au long du livre, ressemble à celui de votre propre père. Le roman est-il né de vos interrogations quant à sa vie en Algérie ? du souvenir du rapatriement de votre famille en France en 1962 ?

Si j`ai utilisé une documentation liée à l`histoire réelle de mon père et de mes ancêtres espagnols immigrés en Algérie, mon travail était moins une quête du père qu`une enquête sur sa blessure de rapatrié, et bien au-delà de ce traumatisme particulier, sur les blessures occasionnées par la colonisation puis la guerre d`Algérie chez tous ceux qui en ont été victimes. Sur le silence et les non dits qui en ont résulté.
Lorsque Manuel Cortès reproche à son fils de « n`avoir jamais été un vrai pied-noir », il provoque chez lui un questionnement sur sa propre identité. Ce questionnement conduit le fils à une remise à plat de tous ses a priori idéologiques par rapport aux événements qui ont marqué sa famille, et l`ont traumatisé enfant lorsqu`il fut contraint à l`exil en compagnie de ses parents.
À mieux l`analyser, la phrase qui sert de détonateur et de fil conducteur au roman dit seulement cela : « Tu n`as pas été suffisamment blessé toi-même pour comprendre quoi que ce soit à la profondeur de ma blessure. »
Le narrateur tente ainsi d`explorer au plus près la blessure paternelle, « non par souci de vérité – cette chose affreuse – mais pour faire sienne sa blessure, coïncider avec elle dans l`épaisseur de la chair ; parce qu`il s`agit d`abord d`entrailles et de terre rouge, d`ivresse de vivre, d`embrasement de l`âme sous la lumière du plein été. » C`est un acte d`amour qui répond à ce qui n`est pas une accusation portée par le père, mais un simple constat d`altérité.
Quelle est la place du fils dans cette généalogie du malheur ?
Paternité et filiation, on le sait, ne sont que les deux faces d`une même réalité. Il s`agit donc d`une double enquête où père et fils explorent leurs identités respectives.
La figure du père est un miroir cylindrique où le fils cherche à rétablir l`anamorphose de sa propre image. Naufragé physiquement entre les deux rives de la Méditerranée, le fils est dans un entre-deux inconfortable et inquiétant. Traversé par la vie de son père et de sa famille, il doit choisir entre la ressemblance et la dissemblance, entre le déterminisme génétique et le libre arbitre, entre le poids de la faute coloniale et le sentiment d`innocence de celui qui ne l`a pas commise. Il teste ainsi les « moi » possibles qui auraient pu être les siens, tout en dégageant peu à peu sa singularité.


Vous êtes-vous beaucoup documenté sur cette période pour écrire ce roman ?

Bien sûr. Avant de me lancer dans l`écriture de ce livre, j`ai lu tous les ouvrages historiques les plus à jour non seulement sur la guerre d`Algérie, mais aussi sur la colonisation et les campagnes militaires de l`Armée d`Afrique durant la seconde guerre mondiale. J`ai consulté également nombre d`archives susceptibles d`éclairer tel ou tel épisode particulier.


Pourquoi être passé par le prisme de la fiction pure pour raconter le destin non seulement de votre père mais aussi de toute une génération de pieds-noirs ?

Parce que je souhaitais « raconter » à hauteur d`homme, et non démontrer quoi que ce soit. « L`historien est un rêveur contraint » fait-on dire à Georges Duby. La littérature – et plus généralement l`art sous tous ses aspects – est cet espace de liberté où l`imaginaire peut donner toute sa mesure et tenter d`exprimer ce que l`histoire, par principe, ne peut pas dire : la poésie des marges et de l`irrationnel, le clair-obscur mordoré où se laisse entrevoir la signification de ce qui nous advient.


Une partie de l`intrigue se déroule de nos jours, en pleine mer méditerranée, alors que le narrateur part faire une balade en mer au lendemain des propos blessants de son père. La mer est de fait très présente dans votre oeuvre mais aussi dans votre vie puisque vous êtes archéologue sous-marin. Qu`est-ce qui vous attire autant dans l`élément aquatique ? La mer ne prend-elle pas, dans ce roman, des airs menaçants ?

Diogène Laërce rapporte un trait d`esprit qu`il attribue à Anacharsis : « Un jour où on lui demandait si les vivants étaient plus nombreux que les morts, il répondit par la question suivante : Mais d`abord, dans quelle catégorie ranges-tu ceux qui naviguent ? » Plus connue sous la forme « Il y a trois sortes d`hommes, les vivants, les morts, et ceux qui vont en mer », cette citation résume bien ce que j`ai pu apprendre de mes expériences de marin ou de plongeur en Méditerranée. La mer est un milieu intermédiaire, un entre-deux incontrôlable, souvent hostile on le sait, qui oblige à se tenir sans cesse en éveil, au maximum de nos capacités de réaction et de lucidité. Le narrateur de mon roman en est l`illustration. Jeté à la mer, comme Ulysse dans le chant V de l`Odyssée, il doit choisir entre les vivants et les morts, prendre sa mesure dans le tourbillon où il se débat et l`accepter pour ce qu`elle est.



Jean-Marie Blas de Roblès et ses lectures


Quel est le livre qui vous a donné envie d`écrire ?

Une Saison en enfer , d’ Arthur Rimbaud.


Quel est le livre que vous auriez rêvé d`écrire ?

Salammbô de Gustave Flaubert et/ou Fictions de Jorge Luis Borges


Quelle est votre première grande découverte littéraire ?

Au-dessous du volcan, de Malcom Lowry


Quel est le livre que vous avez relu le plus souvent ?

Madame Bovary de Gustave Flaubert


Quel est le livre que vous avez honte de ne pas avoir lu ?

Ulysse, de James Joyce. Mais ce n`est pas faute d`avoir essayé…


Quelle est la perle méconnue que vous souhaiteriez faire découvrir à nos lecteurs ?

Monsieur de Bougrelon, de Jean Lorrain


Quel est le classique de la littérature dont vous trouvez la réputation surfaite ?

Les Misérables, de Victor Hugo


Avez-vous une citation fétiche issue de la littérature ?

« Ceux qui ont besoin des mots pour se taire, on les appelle des écrivains ». Michel Schneider, ( Baudelaire, les années profondes)


Et en ce moment que lisez-vous ?

Les Adages de Érasme de Rotterdam, Dans la forêt, de Jean Hegland et Jérusalem de Alan Moore.



Découvrez Dans l`épaisseur de la chair de Jean-Marie Blas de Roblès aux éditions Zulma :


Entretien réalisé par Pierre Krause

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À l'occasion de la 33ème éditions du festival "Étonnats Voyageurs" à Saint-Malo, Jean-Marie Blas de Roblès vous présente son ouvrage "Le livre noir des Mille et une nuits" aux éditions Cherche Midi. Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2656013/richard-francis-burton-le-livre-noir-des-mille-et-une-nuits-notes-sur-les-moeurs-et-coutumes-de-l-orient-toutes-les-facons-d-etre-homme-que-connaissent-les-hommes Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube. Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Linkedin : https://www.linkedin.com/in/votre-libraire-mollat/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Vimeo : https://vimeo.com/mollat

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Il m'a fallu toute une vie pour comprendre que le centre d'un labyrinthe avait moins de valeur que nos errements pour y parvenir.

Chapitre 6.
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Aucun espoir de récupérer un jour le Tibet d'antan : avec cent quarante mille soldats chinois à Lhassa, ils sont plus nombreux dans la ville que les Tibétains eux-mêmes ! Impossible de les chasser. Ils nous ont mangés, répète le vieillard en fourrageant de sa langue une dent creuse ; c'est fini, on a perdu.

Chapitre 11.
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On a de tels préjugés sur les gens, on les enferme dans des cages si exiguës, qu'on reste ahuri lorsqu'ils en débordent subitement de tous côtés.

Chapitre 3.
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Jean-Marie Blas de Roblès
Les gens préfèrent les vérités qui les arrangent, voyez-vous. […] Quitte à les fabriquer.

LA MONTAGNE DE MINUIT, Chapitre 19.
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— Et c'était quoi, alors ?
— Une overdose de lucidité. Il y a certains états d'évidence dont on ne se remet pas.

ÉPILOGUE.
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— Regarde Dan Brown et son Da Vinci Code. Je me fiche que ce type écrive mal ou raconte des conneries, la seule chose que je lui reproche c'est de commencer son livre en disant : « attention, tout ce que vous allez lire est la stricte vérité, je n'ai rien inventé », alors qu'ensuite il te raconte Le Petit Chaperon Rouge.
— Alors j'écris « ceci est un conte », et je fais ce que je veux ?
— Juste une question de conscience personnelle. Quoi que tu dises, de toute façon, cela n'empêchera pas les gens de croire dur comme fer à leurs fantômes préférés.

Épilogue.
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Plus que l'idée de Dieu, c'est le dogme qui est malsain, comme la systématique en philosophie ou toute règle fondée sur les préceptes lubrifiés à la vaseline de l'Absolu.
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Mon maître allait s'attaquer à une nouvelle énigme, lorsque le valet revint nous faire patienter : Son Altesse ne tarderait plus, mais elle nous engageait à nous asseoir. Ce disant, le serviteur nous indiqua de la main quelques sièges disposés devant un tableau qui représentait le prince en habit de chasse.
A peine m'étais-je assis, que j'éprouvai une vive douleur au fondement : le coussin de mon fauteuil était hérissé de petites pointes qui me pénétraient les chairs & me causaient un insupportable désagrément. Je me relevai aussitôt, le plus naturellement possible, & sans dire quoi que ce fut, pour obéir aux ordres de mon maître. Ce dernier, je crois, réalisa sur-le-champ ma situation.
- Oh, excuse-moi, Caspar, dit-il en se levant de même, j'avais oublié cette hernie qui t'interdit les sièges trop confortables. Prends ma chaise, tu y seras mieux.
Aussitôt dit, il s'installa dans le fauteuil que je venais de quitter, sans paraître souffrir le moins du monde. J'admirai cette force de caractère qui lui permettait d'endurer un supplice auquel je n'avais pas résisté cinq secondes. La chaise où j'étais assis n'était pas exempte d'inconfort : ses deux pieds de devant étaient plus courts que les autres, & l'on y glissait de telle façon qu'il fallait raidir les muscles de ses jambes pour ne pas tomber. Incliné vers avant, le dossier augmentait encore la gêne de cette position, mais à comparaison de mon fauteuil, ce siège était un lit de roses, & je sus gré à Kircher d'avoir proposé un échange si peu équitable.
- Mais revenons à nos charades, continua mon maître. Legendo metulas imitabere cancros... Oh, oh ! du latin, maintenant, & du meilleur ! A toi, Caspar...
A cet instant, le laquais réapparut derrière nous comme par enchantement ; il annonçait le prince de Palagonia.
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Les Puissances n'ont besoin d'aucune justification, elles règnent et s'empressent de le rappeler à ceux qui montrent la moindre tendance à l'oublier.
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Merci, tout d'abord, de m'avoir soumis les premières pages de ton roman. C'est une preuve de confiance à laquelle je suis très sensible, crois-le bien. Mais ensuite, que te dire ? Je ne suis pas une bonne lectrice, et en tout cas, tu le sais, pas selon ton goût. Tu ne m'en voudras donc pas si je m'abstiens de porter un jugement sur ton texte. Ce n'est pas que je m'y refuse, mais j'en suis tout bonnement incapable. Cette histoire, c'est la mienne, et je ne peux en parcourir la moindre ligne sans raviver le foyer de culpabilité qui lui est associé dans ma mémoire. Il y a même, je l'avoue, un peu de honte — presque d'obscénité, même si le mot est un peu fort — à voir ma propre vie ainsi étalée, un peu de rancœur aussi à m'en sentir dépossédée.

Chapitre 4.
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