Guillaume Erner reçoit Jean-Marie Colombani
En 1967, à la mort du "Che", la question ne se pose pas, c'est l'âge de la légende.
Réalisée cette année-là, cette affiche fait partie de la mémoire collective. Hommage rendu par Cuba à ce compagnon qui n'a peut-être pas reçu tous les concours souhaitables.
Le visage s'inscrit dans une découpe de l'Amérique du Sud et les trois lettres CHE se suffisent à elles-mêmes.
Difficile de faire plus expressif avec deux couleurs, le noir et le rouge imprimés sur fond blanc.
L'agitation, verbale et de tous ordres, est permanente. Mais les choses bougent peu. [en Corse]
A dire vrai, je n'ai trouvé comme modèle de cette gestion corse que celui de la Nièvre! La Nièvre de François Mitterrand, bien entendu. Ce dernier a été pendant trente ans président du Conseil général de ce département. Or, lorsque l'on observe sa gestion, on constate qu'elle fut globalement immobile. Et ce au nom d'un principe simple, largement répandu en Corse: dès lors que l'on bouge trop, on prend le risque de bouleverser les équilibres sociologiques, donc politiques, d'un territoire donné. Au reste, dès que Pierre Bérégovoy devint maire de Nevers et entreprit de bouger, les équilibres politiques cessèrent d'être favorables à la gauche nivernaise.
En février 1944, vingt-trois résistants sont fusillés à Paris; ils font partie du même réseau constitué essentiellement d'étrangers, animé par un poète arménien, Missak Manouchian. (...)
Dix membres du réseau ont été retenus pour figurer sur cette affiche, dont leur chef. Chacun est identifié par sa photographie accompagnée de son nom, de son pays d'origine et du nombre d'attentats dont il est accusé. La composition est très simple: une flèche orientée vers le bas, comme un fléau venu du ciel, à laquelle répondent quelques photographies d'horreurs commises - déraillements, explosions- auxquelles s'ajoute une dernière photographie qui montre l'arsenal censé avoir été trouvé lors de l'arrestation.
Sans doute pour rendre l'affcihe plus efficace, ses auteurs n'ont pas utilisé de photographies de type "identité judiciaire" (...) celles qui tendent à caricaturer les prévenus en bandits fichés de face et de profil et qui, souvent d'ailleurs, produisent l'effet inverse en suscitant la compassion.
Ici, les photographies montrent des personnes ordinaires telles qu'elles se présentent dans la vie normale (...).
En même temps c'est une invitation à se méfier de tout le monde. (...)
Par qui les photos des membres du groupe Manouchian ont-elles été prises? (...) Tout laisse à penser que ces photographies ont été prises le même jour; peut-être celui de leur arrestation, peu de temps avant que l'exécution ne sacralise les identités.