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4.1/5 (sur 4 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Albi , 1949
Biographie :

Jean-Michel Déprats (né en 1949) est un traducteur de théâtre et un universitaire français, spécialiste de Shakespeare. Il dirige la traduction française de cet auteur à la Bibliothèque de la Pléiade.
Il est maître de conférences depuis 1988 en littérature anglaise et études théâtrales à l’Université Paris X - Nanterre.
Il reçoit en 2002 pour l’ensemble de son œuvre de traducteur le Prix Osiris de l’Institut de France et le Prix Halpérine- Kaminsky, Consécration de la Société des gens de lettres.
Il est président de 2006 à 2009 de l’association Société Française Shakespeare.

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Rencontre autour de Shakespeare avec Jean-Michel Déprats et Anne-Marie Miller-Blaise. Rencontre animée par Véronique Béghain. Retrouvez le livre : "Oeuvres complètes. Volume 8, Sonnets : et autres poèmes" https://www.mollat.com/livres/2502572/william-shakespeare-oeuvres-completes-volume-8-sonnets-et-autres-poemes Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube. Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Linkedin : https://www.linkedin.com/in/votre-libraire-mollat/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Vimeo : https://vimeo.com/mollat

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Citations et extraits (9) Ajouter une citation
Les correspondances rigoureuses entre l'homme et l'univers dont les chapelets d'images tissent la trame étaient aussi l'un des fondements de l'idéologie de l'époque. Ainsi, la nature déchaînée ou le corps social enfiévré renvoient aux conflits internes de l'individu, en constituent le symptôme et la métaphore. À son tour, l'exploration de l'âme divisée, de ses contradictions psychiques, emprunte aux aventures des grands voyageurs et aux découvertes de l'époque son vocabulaire et ses images.
Ce n'est pas ce que cette vision a d'idéologique qui nous intéresse aujourd'hui. c'est, outre la qualité poétique d'un réseau luxuriant de métaphores, la richesse de texture d'un univers qui ne sépare pas l'homme de la société qui l'entoure ni du cosmos qui les englobe tous deux. De fait, les êtres imaginés par Shakespeare ne sont jamais retranchés de l'existence commune ; ils ne sont ni étrangers aux problèmes de leur temps ni soustraits à l'influence de la nature et du cosmos.
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Shakespeare se joue sur toutes les scènes du monde, en Italie comme en Allemagne, au Japon, en Inde, en Chine, dans toutes les langues, dans tous les festivals. C'est l'auteur dramatique le plus connu, le plus lu ; le plus commenté. Shakespeare, c'est le grand théâtre du monde par l'universalité de ses sujets, l'ouverture de champ de son œuvre, sa richesse thématique, son ambiguïté ou son relativisme critique, par sa réflexion constante sur le théâtre et la théâtralité, par la luxuriance de son verbe, qui appelle mais défie la traduction. Shakespeare fascine encore par ses intuitions sur la politique et sur la violence, par les aperçus vertigineux qu'il offre sur le refoulé et les zones sombres de ses personnages. Son œuvre embrasse tout, dans une langue éclatante et obscure, creusée d'abîmes et constellée de métaphores inédites et somptueuses.
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Les bouleversements et les intempéries ne sont que le reflet des états d'âme. Tempêtes et tremblements de terre traduisent les passions tempétueuses des hommes comme dans Hamlet, dans Lear... ou dans La Tempête. L'homme lui-même, le microcosme, est comparé au corps politique. Ainsi, les différentes fonctions du corps sont analogues aux différentes fonctions dans l’État, d'où la nécessité de l'unité des classes nécessaires les unes aux autres, comme le démontre la fable du ventre que raconte Ménénius aux plébéiens révoltés dans la première scène de Coriolan. La raison est à l'esprit ce que le roi est à l’État ; les passions inférieures occupent la même place que la populace. Le débat dans l'âme humaine (par exemple dans Jules César) correspond au débat entre le roi et son conseil. Ainsi, le triomphe du sentiment sur la raison, déjà usurpation, peut être présenté à l'aide de diverses analogies.
Ces correspondances, prises au pied de la lettre, ont une grande force morale. Elles fonctionnent aussi sur le plan de la métaphore : l'écrivain dispose d'un système d'images immédiatement signifiant pour ses contemporains, bien que plus strictement poétique pour nous.
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Le théâtre shakespearien est un grand théâtre réaliste : il met en scène l'histoire, les rapports des groupes sociaux, le pouvoir et ses représentants. À ce titre, il a toujours intéressé les tenants d'un théâtre politique. Mais sa singularité est de s'intéresser dans le même temps à la vie intérieure des individus, d'embrasser dans le même mouvement l'historique et l'humain, le public et le privé. Cette confrontation perpétuelle de l'individu et de la société, c'est, toujours selon Peter Brook, dans la liberté de mouvement de la scène élisabéthaine qu'elle a trouvé les conditions de son déploiement. Tout autant qu'à l'outil théâtral dont disposait Shakespeare, cette dialectique de l'intérieur et de l'extérieur renvoie à la vision du monde des élisabéthains, qui ne concevaient pas de rupture entière entre l'être et ce qu'il fait, entre l'homme apparent et l'homme intérieur.
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Malgré la périphrase bien connue désignant l'anglais comme "la langue de Shakespeare", Shakespeare n'écrit pas en anglais, mais dans un idiolecte poétique différant tout autant de l'anglais d'aujourd'hui par son obscurité, sa liberté créatrice, son lexique et sa syntaxe, que de la langue de ses contemporains. S'il a largement contribué à l'évolution et à l'enrichissement de sa langue maternelle, celle que son œuvre déploie peut être considérée, quoique creusée dans l'anglais, comme étrangère, tout à la fois proche et lointaine, morte et vivante, d'autant plus fertile qu'elle résiste à la compréhension, à la prononciation, à la traduction et empêche toute fixation du son et du sens.
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Jean-Michel Déprats
Shakespeare est avant tout un « fournisseur » : il ne communique pas un point de vue ; il crée une matière dramatique vivante, se contentant du rôle de témoin. Comme le dit Brecht : « Shakespeare, lui, n’a pas besoin de penser. Et pas davantage de construire. Chez lui, c’est le spectateur qui construit. Shakespeare ne trousse pas, au deuxième acte, le cours d’une destinée humaine pour rendre un cinquième acte possible. Tout chez lui connaît une fin naturelle11. »
Chez Shakespeare, rien n’est conceptualisé : ses drames mettent en scène le monde réel avec toutes ses contradictions. Les faits et les comportements ne s’ordonnent pas selon des idées préconçues. L’idée n’a pas encore maîtrisé la matière : celle-ci se développe de façon luxuriante, dans tous les sens, en un désordre naturel. Le public peut participer aux grandes discussions ; l’écrivain de théâtre donne et provoque des idées, il ne nous fait pas prendre le tout pour l’incarnation de ses propres idées. Nous voilà contraints (ou à même) d’entrer dans le jeu des événements qui se produisent entre ses personnages et d’en déduire des opinions, sans être obligés de les faire nôtres.
En somme, l’extraordinaire richesse des pièces de Shakespeare découle de la multiplicité de données contradictoires, de la pluralité des mobiles qui font le drame, la personnalité de l’auteur s’effaçant ou se résolvant entièrement dans cet objet qu’est le poème dramatique. Si cette multiplicité contradictoire est stimulante pour la réflexion critique du spectateur, elle frappe de nullité toute tentative de cerner, sinon un point de vue de l’auteur, du moins un discours de l’œuvre. Il n’y en a pas en soi, indépendant de celui que ses lecteurs, ses commentateurs ou ses interprètes veulent lui faire tenir en réponse aux questions qu’ils se posent.
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L’ouverture de champ de l’œuvre de Shakespeare est sans doute la donnée qui rend le mieux compte de l’emprise qu’elle exerce.
Il y a des auteurs dramatiques aptes à explorer les moindres recoins de la vie psychique, mais qui ne savent que rarement analyser avec la même acuité le comportement des groupes sociaux et le mouvement de l’histoire. Inversement, le théâtre à portée sociale explore et exalte rarement l’individualité ; il accepte mal ce qu’il y a d’obscur et d’irrationnel dans l’homme. La force des pièces de Shakespeare vient de ce qu’elles représentent simultanément l’homme sous tous ses aspects : « Shakespeare a réussi ce qu’aucun autre n’avait réussi avant lui et ce qu’aucun autre n’a réussi depuis : à traverser plusieurs strates de conscience7. » C’est cette épaisseur de texture, cette existence simultanée de plusieurs niveaux, qui explique le mieux la valeur irremplaçable de ce théâtre. En effet, la dramaturgie shakespearienne a la particularité de brasser de manière indivise le politique et le divin, l’individuel et le social. Elle présente dans une même situation conflictuelle les événements du monde extérieur et les sentiments les plus intimes. Cette aptitude singulière à articuler l’existence psychique des personnages et leur insertion dans le monde est ce qui continue à nourrir l’engouement des metteurs en scène.
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Jean-Michel Déprats
Pour comprendre Shakespeare, il faut le saisir dans cet art écrit sur du sable qu’est le théâtre. Ses mots sont destinés à des bouches, à des nerfs, à des muscles d’acteurs. C’est par le théâtre, art imparfait mais concret, que ses œuvres prennent toute leur force. Le geste, comme la voix, est consubstantiel à l’écriture poétique d’un texte entièrement tendu vers la représentation. Les pièces de Shakespeare programment, décrivent ou suggèrent des gestes.
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Jean-Michel Déprats
Quoi qu’on fasse, interpréter Shakespeare, c’est le réduire à ce qu’il n’est pas, puisqu’il est cela et en même temps autre chose.
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