Mes problèmes ont commencé jeune, à l'école catholique. Au catéchisme, les enfants avaient l'air convaincus, pas moi ; je posais des questions saugrenues, on disait que j'avais mauvais esprit. Je n'arrivais pas à y croire : à la résurrection, à l'élévation, aux miracles, à la sainte Trinité, je ne comprenais pas, je n'étais pas satisfaite des réponses que le prêtre donnait. Le clou, ça a été la Vierge Marie. J'étais un peu en avance pour mon âge, j'ai soutenu que c'était invraisemblable, je lui ai lancé qu'il racontait des fariboles, tu tu rends compte: j’avais neuf ou dix ans, j'avais lu ce mot dans Le Cousin Pons, et j'étais allée chercher la définition dans le dictionnaire, j'étais très fière de connaître ce terme, je n'arrêtais pas de leur balancer : "Votre religion, la Vierge Marie et tout le reste, ce sont des fariboles." Ils n'ont pas essayé de discuter, c'était à prendre ou à laisser, je devais m'incliner, baisser les yeux et me soumettre, mais je me suis entêtée, je soutenais que c'était impossible, je ne pouvais supporter ce mensonge, j'avais l'impression de vivre au centre d'une conspiration qui cherchait à me faire admettre cette imposture.