Les bleus avaient peut-être encore quelques espérances de gloire. Le plissement étroit de leurs lèvres annonçait leur résolution d'endurer les épreuves avec courage. Ils tenaient le fusil serré contre eux. Adrien sentait que cette possession leur conférait un semblant de fierté et de dignité, qu'elle les rendrait invincibles jusqu'au moment de la canonnade.
Lui-même ne savait pas grand-chose de cette guerre montrée et décrite par des photos et des articles choisis au sein des rédactions favorables à la propagande du gouvernement. Il n'ignorait pas que ce grand massacre profitait aux riches industriels et aux spéculateurs. A cette même caste qui avait envoyé ses grands-pères se battre en 1870.