Un roi avait un fils dont la chevelure était si belle que même la lune se laissait prendre au piège de ses boucles .
On dit que la Méditerranée recèle mille trésors. Il arrive parfois à un pêcheur d'en tirer un de ses flots bleus.
C'est alors que le crapaud ouvrit la bouche. Et au lieu de son cri habituel métallique, il en sortit de vraies paroles qui émurent tant la vielle femme que des larmes de joie perlèrent sur ses joues ridées.
Il parvint dans un immense salon aux colonnes de marbre et de porphyre , dont le plafond voûté était orné de fresques illustrant l'histoire des chats les plus célèbres . On pouvait y voir le chat sacré des Égyptiens , Tibert affrontant Renart et Ységrin , le chat combattu par le Roi Arthur , le rusé Rodilart pendu par les pieds pour mieux tromper les souris ,le chat Yvanovitch qui épousa une renarde et régna ainsi par la ruse sur tous les animaux de la forêt , Grippeminaud , Raminagrobis , le Chat Botté et le marquis de Carabas , les chats - sorciers et les cérémonies du sabbat , et enfin la Chatte Blanche se métamorphosant en femme .
P 21 La petite chatte blanche .

Quatre, cinq ou six
(Algérie)
Seuls les ânes ne savent pas compter jusqu’à cinq.
Baha s'était levé a l'aube pour se rendre au souk. La veille, son oncle lui avait donné de l'argent pour acheter cinq ânes. Il partit a pied en emportant un peu de pain et quelques olives qu'il mangea en chemin. Arrivé au souk, il s'offrit un verre de thé a la menthe.
Les animaux a vendre étaient nombreux. Moutons, chèvres, ânes, mulets, dromadaire et chevaux se côtoyaient, souffrant comme les hommes de la chaleur accablante, de la poussière et de la présence de nombreuses mouches. Baha allait d'un groupe d’ânes a un autre et regardait longuement ceux qui l’intéressaient. Des qu'il en avait sélectionné un, il demandait au marchand d'ouvrir la gueule de l'animal pour voir l’état de ses dents. Puis il discutait longuement le prix.
A midi, Baha possédait cinq ânes jeunes et robustes. Satisfait, il s’éloigna du souk avec eux. Sur le chemin du retour, la fatigue le gagna. Il monta sur une des bêtes pour se reposer. Au bout d'un moment, il eut l'impression qu'il lui manquait un âne. Il compta ses animaux : un, deux, trois, quatre. Il en manquait un. Il recommença a compter et en trouva encore quatre. Tres contrarié, il frappa du talon les flancs de sa monture et alla a droite puis a gauche avant de regarder en arrière, sans apercevoir aucun âne qui se serait éloigné. Soudain, il vit un fellah. Il sollicita son aide.
- J'ai acheté cinq ânes au souk et j'en ai perdu un, lui expliqua-t-il tristement.
Le fellah compta tout fort.
- Un, deux, trois, quatre, cinq, six. As-tu compté celui sur lequel tu te trouves ?
- Non, répondit Baha, mais comment peux-tu en trouver six, alors que je n'en ai acheté que cinq ?
- Simplement parce que tu n'es qu'un âne parmi les ânes, ironisa le fellah avant de s’éloigner.
Honteux, Baha poursuivit son chemin avec ses bêtes et ne raconta sa mésaventure a personne.
«Tes cheveux, lui dit-il, sont blancs comme le lait. Il ne te reste pas longtemps à vivre et je m'étonne que tu plantes encore des arbres dont tu ne verras jamais les fruits.»
Homme passionné, il mettait un point d’honneur à découvrir des produits rares, cherchant à étendre une palette d’arômes ou se concentraient toutes les richesses florales de sa Provence natale.
«Mes ancêtres, finit-il par répondre, ont planté des arbres afin que je puisse en récolter les fruits. C'est la raison pour laquelle j'en plante à mon tour pour ceux qui me succèderont. Ton père fit de même puisqu'il s'attacha à la mise en valeur du pays jusqu'à sa mort. En poursuivant son oeuvre, depuis que tu es sur le trône, tu ne fais, comme moi, que préparer l'avenir.»
Une nuit , la Lune sortit de son mutisme.
-Par amour pour le soleil , declara -t-elle , j'etincellerai et inonderai le monde d'une lumière éclatante.
Un vieux sage au visage émacié et à la longue barbe parcourait le monde en compagnie d'un unique disciple. Tous deux exerçaient le métier de conteur . Ils racontaient leurs aventures sur les places publiques et vivaient de ce que les gens voulaient bien leur donner .