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Citations de Jean-Noël Jeanneney (12)


Voici que s'affirme le risque d'une domination écrasante de l'Amérique dans la définition de l'idée que les prochaines générations se feront du monde. Quelle que soit en effet la largeur du spectre annoncé par Google, l'exhaustivité est hors d'atteinte, à vue humaine. Toute entreprise de ce genre implique donc des choix drastiques, parmi l'immensité du possible. Les bibliothèques qui vont se lancer dans cette entreprise sont certes généreusement ouvertes à la civilisation et aux œuvres des autres pays. Il n'empêche : les critères du choix seront puissamment marqués (même si nous contribuons nous-mêmes, naturellement sans bouder, à ces richesses) par le regard qui est celui des Anglo-Saxons, avec ses couleurs spécifiques par rapport à la diversité des civilisations.
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On est menacé constamment par l’éparpillement et, en sens inverse, si on cherche à y échapper, on court le risque de perdre de vue la réalité dans sa de remarques trop statistiques, trop générales, trop abstraites.
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(1880s) Cette presse à succès s’éloigne délibérément du style littéraire qui avait dominé jusqu’à la moitié du XIXe siècle. C’est le moment où la vente au numéro devient plus importante que les abonnements, avec ce que cela entraîne d’instabilité dans les recettes ; d’où, pour les responsables, la nécessité de se livrer dans cesse à une surenchère dans le sensationnalisme.
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Reconnaissons que les pays anglo-saxons ont toujours eu une déontologie plus stricte que la nôtre en faisant clairement le départ entre le contenu rédactionnel des journaux et la publicité commerciale affichée comme telle. Certes existe toujours le risque d’interférences avec les intérêts d’un gros annonceur à qui le journal ne veut pas risquer de faire de la peine. Mais, durant cette IIIe République, le phénomène de contamination est brutal, grossier et vulgaire.
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(1918-1939) L’entre-deux guerres est marqué par l’émergence de la radio. L’écrit avait jusqu’alors régné sans partage, et voici qu’en deux décennies le paysage est bouleversé par cette concurrence neuve. […] En 1887, l’Allemand Heinrich Hertz parvient à découvrir et à produire les ondes qui porteront son nom. En 1890, le Français Edouard Branly met au moins le premier radioconducteur. […] Il faut attendre 1894 pour que la première antenne soit créée, et c’est cette même année que l’Italien Marconi réalise à Bologne les premières expériences probantes de communication à distance, en morse, par les ondes dites désormais hertziennes, communiquant à 400, puis 2000 mètres. [fin 1898 : tour Eiffel => Panthéon / 1899 : liaison par-dessus la Manche / 1901 : contact au-dessus de l’Atlantique]
La deuxième étape est celle où les ondes hertziennes se montrent capables de porter la voix humaine. […] La première liaison, pour la voix humaine, est réalisée à partir de la tour Eiffel jusqu’à Villejuif en 1908. […]
Il faut attendre la troisième étape, au début des années 1920, pour que des émissions soient dirigées vers des récepteurs multiples et non identifiés.
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(USA) D’abord s’affirme le poids écrasant de la publicité qui entraîne les programmes vers la moyenne étriquée des gouts du public. Au lieu que la publicité vienne se rattacher à des programmes préétablis, aux Etats Unis, les émissions sont connues de d’entrée de jeu au service de la publicité. […] Déjà, le monde publicitaire s’est assuré une trop grande puissance pour qu’il soit question de s’y attaquer sérieusement, et cela sera important, plus tard, dans l’histoire de la télévision américaine.
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(1950s) Le problème de la déontologie de la presse est de toujours. Dans les pays anglo-saxons, on a souvent débattu de l’opportunité de créer une instance qui juge de la moralité de la profession, avec l’idée que les lois sur la diffamation ne peuvent nulle part suffire à y pourvoir. En France, les journalistes sont hostiles à l’idée d’un Ordre des journalistes, marqués notamment par l’exemple de l’Ordre des médecins dont ils rappellent toujours qu’il a été créé sous Vichy. En Grande-Bretagne est apparu, en 1953, un Conseil général de la presse, sans aucun pouvoir décisionnel, qui ne pouvait conquérir de prestige que celui que ses blâmes et commentaires lui apporteraient.
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(1960s)
Peu à peu, dans ces années-là, se modifient les habitudes d’écoute et s’organise un partage entre télévision et radio. A la première les soirées (elle n’émet encore qu’en fin de journée), à la seconde les matinées, sans compter son monopole naturel dans les automobiles, dont le nombre est aussi en rapide croissance. Il faudra attendre les années 1980 pour qu’apparaisse une menace de la télévision sur la radio matinale […].
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En 1949 naît le Journal télévisé [en France], d’abord tri hebdomadaire, puis quotidien, puis biquotidien.
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Pourquoi ce succès de la télévision britannique ? [...] la Grande-Bretagne est le pays qui a réussi le mieux à assurer un équilibre efficace entre le secteur public et le secteur privé avec pragmatisme et imagination. [BBC jugée trop ennuyeuse car trop élitiste : en 1954 création d’ITV, commerciale. Puis ITV jugée trop basse : BBC s’était déjà adaptée en étant moins guindée tout en restant de qualité. BBC 2 est créée : programme thématique de plus en plus culturel, avec adaptations Shakespeare, séries comme Chapeau Melon…]
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[les enjeux internationaux]
Avant la guerre, un système de contingentement avait déjà fonctionné ; mais, comme il était conçu assez large, il n’avait jamais été très gênant. Les accords Blum-Byrnes stipulent qu’un tiers de la programmation des salles, au minimum, doit être assuré en français. Ce quota est jugé beaucoup trop faible par la profession, ce qui suscite une flambée de protestations, avec des manifestations spectaculaires d’acteurs célèbres dans la rue. […] En l’occurrence, l’offensive est efficace, puisqu’un retour au contingentement est décidé en 1948 : un maximum de 121 films américains pourront entrer chaque année en France, soit 25% de moins que la pratique antérieure, et le quota est rehaussé. [...] Nul scandale, aujourd’hui, à agir de même pour la télévision, comme l’ont bien compris les gouvernements successifs, de gauche comme de droite, dans les négociations du GATT au cours des années 1990.
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[internet]
Pour qu’internet fît vraiment irruption dans le champ […] des médias accessibles au grand public, il fallut franchir une nouvelle étape. Il s’agit de l’invention, en 1991, d’un système permettant de créer des liens simples entre les documents stockés à n’importe quel endroit du réseau (c’est la notion d’hypertexte). Le mérite en revient à deux Européens, l’Anglais Tim Berners-Lee et le Belge Robert Cailliau, du CERN. Fut ainsi mis en place le World Wide Web, système qui autorisait un accès facile et confortable.
[…]
Internet assurait aussi une fonction d’information immédiate au profit de « monsieur tout le monde », autrement dit d’un public indéterminé. C’est en cela qu’il devint un média au sens om le mot est entendu dans ces pages.
[…] Désormais, comme le disent Bruno Palatino et Jean-François Fogel, […], dans un livre Une presse sans Gutenberg : « les journalistes ont commencé de perdre leur monopole, ou oligopole, comme on veut, de l’expression publique avec l’apparition des blogs, une technologie qui offre à tous le pouvoir de se passer de la presse pour émettre comme pour recevoir. »
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(conclusion)
Parmi les stéréotypes les plus paresseusement répandus de notre temps figure en effet celui-ci : en démocratie, tout secret serait haïssable, tout progrès dans la limpidité des processus de décision serait forcément une victoire des citoyens, l’idée implicite étant que les tentures, les voiles, les opacités cachent toujours les plus odieuses turpitudes. […] Prenons-y garde pourtant ; le cauchemar n’est pas loin. Une collectivité qui se donnerait perpétuellement, instantanément à voir tout entière à elle-même serait l’incarnation du totalitarisme absolu.
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C'est alors que tout Berlin-Est s'alluma et marcha vers les pierres et les barbelés, vers cette ligne tant haïe que franchirent des milliers de piétons, incrédules et bouleversées. C'est alors que se déploya l'improviste, dans une jubilation encore un peu tremblante, une des plus grandes fêtes de rue de l'histoire du monde.
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Le confinement, dans le monde neuf qui se dessine, incarne un paradoxe : l'isolement individuel au service d'une nécessité collective.
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Ce qui est, est ; et de ce qui est, je suis. Je suis, quelque part, un atome de quelque chose qui passe. J'ai, sur d'autres moments du Cosmos, l'avantage de sentir, de savoir ce qui m'arrive et de pouvoir raisonner sur des documents de positivité pour atténuer mes maux et ceux de mes semblables, en leur procurant même, s'ils se montrent dignes d'apprendre, des éclairs de félicité. Le vrai civilisé de tous les temps et de tous les pays sera celui qui saura se maîtriser, s'ordonner, pour consacrer toujours plus de lui-même à l'œuvre qui le dépasse, sans rien attendre ni des hommes ni des dieux.
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En 1837, deux professeurs de l'école de droit de Paris s'affrontent sur une interprétation d'un passage des Pandectes de Justinien. Grave affaire : l'un d'eux affirme qu'une phrase devrait être, dans une édition moderne, suivie d'un point virgule, l'autre de deux points. L'épée arbitre au profit de celui qui en tient pour le point-virgule.
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Il y avait le tumulte et voici le silence. Il y avait l'instantané d'un basculement soudain, et voici la durée restituée jusqu'à l'immobilité des pierres. Il y avait la foule enfiévrée et voici que le décor paraît, selon une étrange mélancolie, déserté par les humains.
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Mandel, de plus en plus coupant. - Sa dignité ? Sa dignité ! Mais je n'ai que faire de ses remords, de ses regrets, de son malaise. Je n'ai aucune envie, pardonnez-moi, de lui fournir un confort moral, et une bonne conscience. Sa dignité ! Je ne suis comptable que de la mienne, figurez-vous. Le bourreau au cœur tendre, très peu pour moi.
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"En effet, quelle plus grande étendue l'autorité d'un seul homme peut-elle jamais obtenir, que de faire mouvoir toute une Nation, de reunir des millions d'individus pour n'en faire qu'un corps, de le diriger comme un seul homme par une impression directe, et de gouverner sa volonté en la conformant à la sienne" à propos de Charlemagne
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Serait-il donc incongru de penser que l'énergie de Clémenceau, qui s'est parfois trompé mais qui a marché si fermement, peut avoir aujourd'hui quelque chose d'heureusement contagieux ? Contre l'abdication devant les passions populaires, les obscurantismes religieux, les capacités de destruction de masse, l'usage abêtissant des médias, il nous propose une leçon de civisme, faite pour nous inspirer. Une leçon de vie !
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Le rêve est permis s'il est fécond (Blum)
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Les beaux systèmes rêvés débouchent généralement sur l'enfer (Mendel)
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