Le débat est clos, semble-t-il. Le verdict est tombé : le bien-fondé de la nécessaire mixité garçons-filles en éducation doit être radicalement remis en cause. Il s’agit, nous dit-on en l’occurrence d’une illusion trompeuse, et même dangereuse, qu’il faut absolument dissiper. On constate, nous dit-on, un échec patent : non seulement la mixité sexuée ne permet pas une meilleure reconnaissance réciproque d’un sexe par l’autre et ne réalise pas de façon évidente l’égalité hommes-femmes, mais, plus grave encore, elle engendre des effets pervers, exacerbe les antagonismes garçons-filles nés de leur coéducation et de leur confrontation quotidienne à leurs différences, accentue ainsi le repli craintif ou hostile de chacun vers son sexe d’appartenance, et laisse place à des manifestations sexistes ou homophobes.
Là se trouve l'obligation pour l'éducateur de s'accrocher à un principe qu'il doit toujours se dire et se redire, qu'il doit vouloir toujours mettre en action, et là se trouvent les leviers pour une approche apaisée de la sexualité chez les garçon et les filles : favoriser l'expression des questions et des doutes; aider à dire ses attentes, ses espoirs, ses rêves, ce qui est essentiel dans une dynamique positive; aider à s'entraîner progressivement, peu à peu, à entendre l'autre, à être sensible à son émotion, à prendre en compte son point de vue.
Refrain : c'est les aider à la formulation individuelle, à l'engagement personnel; les aider à penser et à agir en tant que "moi, je..." et non pas "nous, on..."
La mixité des filles et des garçons ensemble n'est donc pas une notion abstraite, une hypothèse naïve, un rêve illusoire; c'est un impératif au développement social, économique et politique de la société.
Notion essentielle, évidemment, et message à marteler sans cesse : "Toi, la fille, ton corps t'appartient"; "Toi, le garçon, son corps lui appartient."
"si je me maîtrise, ce n'est pas par crainte de l'autorité, mais parce que je progresse vers l'état adulte, citoyen civil et responsable"
Ce n'est pas la mixité qu'il faut remettre en cause, mais les conditions dans lesquelles elle a lieu aujourd'hui.
" Leurs forces seraient égales, si leur éducation l'était aussi."
Montesquieu