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Citation de Iboo


Iboo
11 novembre 2017
35 - LE FRANÇAIS, LANGUE-MONDE

[...] Le français n'est pas seulement la langue de France. Elle est la langue que les Français exportèrent, à la semelle de leurs godillots ou au bout de leurs baïonnettes, du Canada à l'Extrême-Orient en passant par l'Afrique, du nord au sud, et les îles bienheureuses, Antilles et Polynésie. Sans oublier quelques comptoirs indiens et la Louisiane, qui tire quand même son nom de celui du roi de France, comme Montréal est le mont royal.

Je n'entamerai pas le refrain de "l'heureux temps des colonies". Je demande simplement pourquoi nous nous flagellerions, nous Français contemporains, de ce que firent des Français qui n'étaient pas forcément nos ancêtres, tant ce vieux pays, comme disait De Gaulle, a été brassé et rebrassé, alors que les Britanniques, qui ont colonisé en force les deux-tiers de la planète, s'en satisfont avec béatitude et Commonwealth réunis.
Pourquoi aurions-nous honte d'avoir exporté la langue française, d'avoir enseigné Montesquieu aux Africains dont il prêchait la libération, et Voltaire à des Maghrébins soumis aux catégorisations islamiques ?
Pourquoi aurions-nous honte de Senghor, Fanon ou Césaire, d'Amadou Hampâté Bâ, Mongo Beti ou Cheikh Hamidou Kane, de Kateb Yacine, Assia Djebar, Taos Amrouche ou Tahar Ben Jelloun ? De François Cheng ou Gao Xingjan ? D'Adonis, Salah Stétié, Amin Maalouf ou Andrée Chedid ?

Sans oublier tant de Québécois ou de Cajuns, et les Belges et les Suisses... Qu'eût été le XVIIIe siècle sans Rousseau ? Le XIXe sans Verhaeren ou Rodenbach ? Le XXe sans Yourcenar, Bessette ou Simenon ?

[...] C'est pourquoi on ne se demande pas, au fond, ce qui a poussé des écrivains de toutes origines à écrire en français alors même que ce n'était pas leur langue. Ionesco ou Cioran, Beckett, Milosz, Troyat ou Makine, Kristeva ou Kristof ? Pourquoi un écrivain tchèque reconnu dans sa langue comme Kundera s'est-il un jour mis à écrire, penser ou cauchemarder en français ?
[...] Et que pèsent, face à ces myriades francophones, quelques administratifs cachetonnant à Bruxelles, quelques banquiers relocalisés à Londres, qui trouvent que baragouiner l'anglais est méritoire ?
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