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4.04/5 (sur 280 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Neuilly-sur-Seine , le 07/08/1947
Biographie :

Jean-Paul Demoule est professeur émérite de protohistoire européenne à l’université de Paris I (Panthéon-Sorbonne). Il a mené des fouilles dans le cadre du programme de sauvetage régional de la vallée de l’Aisne, ainsi qu’en Grèce et en Bulgarie.

Il s’est particulièrement intéressé aux problèmes de l’archéologie de sauvetage et a participé à l’élaboration de la loi française sur l’archéologie préventive et à la création de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP), qu’il a présidé de 2001 à 2008.

C’est un spécialiste de la néolithisation de l’Europe, des sociétés de l’âge de fer, de l’histoire de l’archéologie et de son rôle social.

En 2008, il a reçu le prix de l’European Association of Archeologists et a été nommé Membre de l’Institut Universitaire de France à compter du 1er octobre 2011.

Il co-dirige la collection " Archéologies de la France" aux éditions La Découverte.
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Source : jeanpauldemoule.com
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Conférence proposée par le Conseil Scientifique Intervenant: Jean-Paul DEMOULE, préhistorien et professeur émérite à Paris 1 Panthéon-Sorbonne Si l'on ne connaît pas de pratiques funéraires de la part de nos cousins primates ni des formes humaines les plus anciennes, des homo erectus en Espagne et des homo naledi en Afrique du sud ont entrepris il y a quelque 300.000 ans de déposer les morts de leur communauté dans des grottes, au fur et à mesure des décès. Puis les hommes de Néandertal, tout comme les premiers sapiens, ont commencé à creuser des tombes, déposant parfois des objets auprès du défunt, indice probable de croyances en un au-delà de la mort. Avec le néolithique et la sédentarisation des vivants, les morts aussi se sédentarisent dans les premières nécropoles, tandis que les pratiques funéraires ne cessent de s'enrichir, reprises des ossements ou modelage d'un visage d'argile sur le crâne récupéré du défunt. Les sociétés agricoles se hiérarchisant, les morts importants emportent aussi des richesses nouvelles, quand on ne leur construit pas d'imposants monuments mégalithiques, affirmation de la puissance des dominants. de fait, les tombes, en associant un individu aux objets témoignant de son statut, sont-elles des documents essentiels pour la compréhension des sociétés passées – même s'il existe malheureusement (pour les archéologues) des pratiques funéraires qui ne laissent que peu ou pas du tout de traces.

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Citations et extraits (59) Voir plus Ajouter une citation
La seconde grande rupture de l'histoire humaine, l'apparition de sociétés inégalitaires et hiérarchisées, se pose en des termes comparables. En Europe, c'est au Vème millénaire que certaines tombes deviennent plus riches que d'autres, avec des objets de prestige et des parures de pierre et de métal. C'est aussi le moment où certains villages se fortifient, où les traces de violence (blessures, massacres, incendies) se généralisent. De fait, tout l'espace européen est désormais colonisé et il n'existe plus de terres libres alors que, à ressources naturelles égales, la démographie ne cesse de croître. L'accumulation dans les tombes de cette nouvelle richesse suppose une capacité technique mais aussi économique pour la produire et pour la soustraire au plus grand nombre. Elle suppose également une capacité de manipulation idéologique de la part de ces nouvelles élites afin de persuader le reste de la société, numériquement majoritaire, d'accepter cette "servitude volontaire". Là encore, ces phénomènes inégalitaires ne sont pas apparus dans toutes les sociétés humaines.

Chapitre 3, "L'aventure humaine au crible de l'archéologie"
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On considère ainsi l'invention de l'agriculture et de l'élevage comme l'un des deux évènements majeurs de l'histoire humaine, avec la révolution industrielle du XIXème siècle. Et l'on a classiquement opposé, comme le faisait par exemple l'archéologue Gordon Childe dans les années 1930, les sociétés des chasseurs-cueilleurs du paléolithique, considérés comme des "prédateurs", aux sociétés de "producteurs" des agriculteurs néolithiques. Mais qu'en est-il sur la longue durée, si l'on considère que l'agriculture a certes apporté aux hommes une plus grande sécurité alimentaire mais provoqué aussi une explosion démographique qui n'est plus maîtrisée ? C'est ce que posait dès 1964, dans "Le geste et la parole", le préhistorien André Leroi-Gourhan, de manière encore prophétique à l'époque, à propos de l'Homme néolithique : "Son économie reste celle d'un Mammifère hautement prédateur même après le passage à l'agriculture et à l’élevage. A partir de ce point, l'organisme collectif devient prépondérant de manière de plus en plus impérative et l'Homme devient l'instrument d'une ascension techno-économique à laquelle il prête ses idées et ses bras. De la sorte, la société humaine devient la principale consommatrice d'hommes, sous toutes les formes, par la violence ou le travail. L'Homme y gagne d'assurer progressivement une prise de possession du monde naturel qui doit, si l'on projette dans le futur les termes techno-économiques de l'actuel, se terminer par une victoire totale, la dernière poche de pétrole vidée pour cuire la dernière poignée d'herbe mangée avec le dernier rat."

Dix ans plus tard, avec le premier choc pétrolier de 1973, la prophétie devient peu à peu banalité : les sociétés de "production" ne sont en fait que des société de "prédation" à plus grande échelle, aux prises avec la surconsommation de richesses et et d'énergies non renouvelables. De fait, l'archéologie peut retrouver des indices d'aspects pas toujours positifs de l'impact humain sur l'environnement.

Chapitre 3, "L'aventure humaine au crible de l'archéologie"
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Le progrès technique n'est par ailleurs pas irréversible et des techniques peuvent se perdre, telle la moissonneuse gallo-romaine poussée par un animal : le Moyen-âge l'abandonnera pour revenir au fauchage manuel. Ainsi le développement des techniques entretient d'étroits rapports avec le fonctionnement social.
Les Romains savaient réaliser des machines complexes pour la guerre, la construction ou la meunerie, et les Grecs connaissaient même le principe de la machine à vapeur ; mais la généralisation de l'esclavage, main d’œuvre abondante et peu coûteuse, a bloqué mentalement ces sociétés et les a empêchées de développer un machinisme plus élaboré ; elle a de même privé de pouvoir d'achat ladite main-d’œuvre servile, qui aurait pu être sinon un puissant stimulant pour l'économie. Les civilisations arabe et chinoise, plus avancées techniquement que l'Europe occidentale à la fin du Moyen-âge, ont perdu ultérieurement leur avantage. Les ethnologues nous montrent que des sociétés géographiquement proches utilisent des techniques différentes, non parce que certaines seraient plus efficaces, mais justement pour se démarquer l'une de l'autre.

Chapitre 3, "L'aventure humaine au crible de l'archéologie"
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Leroi-Gourhan eut une influence considérable sur la préhistoire et l'archéologie de la seconde moitié du XXème siècle, et pas seulement sur les méthodes de terrain - qui rompaient aussi avec la tradition des fouilles bénévoles jusque-là majoritaires en France. Il renouvela entièrement l'étude de l'art préhistorique en posant que chaque grotte fait système et n'est pas une accumulation désordonnée de peintures. Enfin il exposa une philosophie d'ensemble sur l'évolution de l'Homme, notamment dans ses rapports à la technique.

Chapitre 1, "L'invention du passé"
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Le 3 mars 2011, le président de la République d’alors, Nicolas Sarkozy, prononça au Puy-en-Velay un discours sur l’identité française, invoquant l’histoire et même l’archéologie. Avant lui, ses deux prédécesseurs s’étaient également exprimés sur l’archéologie et l’histoire de la France, François Mitterrand au mont Beuvray en 1985, et Jacques Chirac au palais de l’Élysée en 2005 – ce qui n’était jamais arrivé auparavant de la part de la plus haute autorité de l’État. Et ce qui n’arriva d’ailleurs plus, à ce jour, de la part de ses successeurs.
On sait que le musée du Louvre, installé dans le palais des rois de France et au centre de la capitale du pays, ne contient pas d’objets archéologiques trouvés sur l’actuel territoire français. On sait aussi que les fouilles du Grand Louvre, qui au début des années 1980 ont marqué un tournant radical dans l’histoire de l’archéologie préventive métropolitaine, sont à peine visibles dans la muséographie du musée, un peu comme un remords caché. On sait que les objets archéologiques métropolitains ont été depuis l’origine (c’est-à-dire depuis Napoléon III) relégués au château de Saint-Germain-en-Laye, laissé presque en l’état depuis lors. On sait enfin qu’aucun des « grands travaux présidentiels », incontournable institution de la Ve République, n’a jamais pris pour objet la réfection de ce musée maintenant dit d’« archéologie nationale », ni la création d’un autre musée sur le même thème, sis dans la capitale et comparable dans son ampleur et son ambition au musée d’Orsay, à celui du Quai Branly ou à la Cité des sciences – ou tout aussi bien aux grands musées archéologiques et historiques nationaux que l’on trouve dans la plupart des capitales de l’Europe et au-delà…
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C'est souvent parce qu'ils se sont battus au nom de mythes, au nom d'entités mythiques, que les humains ont provoqué et provoquent encore les plus grands drames de l'histoire. Il est un peu plus difficile, mais beaucoup plus sain, de comprendre plutôt que de croire.
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Dans tous les cas, ces ouvrages d'archéologie fantastique témoignent d'un singulier mépris, confinant au racisme, pour les civilisations antiques, les jugeant incapables d'avoir élevé elles-mêmes ces singuliers et admirables monuments.
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Ce ne sont pas des Gaulois hauts en couleur mais barbares, vivant dans des huttes au milieu des forêts, qui auraient été civilisés par leurs vainqueurs ; ce sont des sociétés prospères, à l'économie et aux techniques inventives et dynamiques, possédant villes et battant monnaie, qui furent intégrées avec succès dans un empire naissant, qu'elles fécondèrent d'autant. (p.129)
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Étudier le passé, c'est perpétuer la longue chaîne de ceux qui ont vécu avant nous pour jouer notre rôle dans la continuité des groupes humains. Les hommes comme les sociétés ont besoin de la mémoire, non seulement pour satisfaire leur curiosité, mais pour s'assurer de leur place dans le monde, pour se reconnaître dans la suite infinie des générations.
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Le plus ancien animal jamais domestiqué ne l'a pas été pour sa viande : il s'agit du loup, qui, au fil des générations et des sélections, est l'ancêtre de toutes les races de chien actuelles, du caniche nain au saint-bernard. Ce sont des groupes de chasseurs-cueilleurs qui l'ont domestiqué, de manière certaine autour de -10000 ans, dans tout le nord de l'Eurasie, du Japon à l'Angleterre, mais aussi au Proche-Orient - mais peut être bien avant : on en discute. Le cas du chien prouve que la domestication n'a pas toujours été un processus de prise de contrôle brutale sur une espèce animale. Les meutes de loups et les groupes d'hommes chassaient de la même façon : en bande. Leur association a rendu la chasse plus efficace.
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