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Citation de enkidu_


Ce que je préférais dans cette vie : flotter parmi mes instincts et mes émotions sans me fixer nulle part. De ce nomadisme mental et sentimental, j’avais tiré, expérimentalement, quelques règles d’existence : je tenais l’amour à distance, je croyais au plaisir, je rencontrais rarement le bonheur. Quant à la joie, je n’en avais qu’une connaissance de seconde main. Ce que j’en devinais (à travers mes brefs moments de béatitude, de plénitude, de quiétude) ne me disait rien qui vaille. Je vivais, sur tous les registres, dans le précaire et le provisoire.

Ces déterminations physiologiques et spirituelles avaient fait de moi un individu instable et, malgré les apparences, inutilisable par la société. Je pouvais être conservateur le matin et progressiste l’après-midi, vertueux un soir et immoral le lendemain, fidèle et infidèle, courageux et lâche à la fois. Je pouvais souhaiter sincèrement l’épanouissement du genre humain avant d’envisager, sans m’en lamenter, l’apocalypse qui en hâterait l’extinction. Ce régime paradoxal, m’écartelant entre le haut et le bas, le Bien et le Mal, m’avait, à la longue, façonné de travers. De loin, on me percevait comme un individu calculateur. De près, je n’étais qu’un assemblage d’indécisions, de volte-face, d’impatiences, de remords. Des personnes de confiance me conseillaient parfois de lâcher prise. Je m’y efforçais de mon mieux.
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