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Critiques de Jean-Paul Sartre (832)
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La reine Albemarle ou le dernier touriste :..

Qui est-elle cette reine Albemarle qui, ici et là, pointe son nez dans le récit ? Est-elle la patronne des touristes ? Le saurons-nous jamais ? Perdue probablement dans les interstices de ce texte en fragments.



L'ouvrage commence par une visite à Naples et Capri : déjà Sartre analyse l'effet du mouvement du train sur son regard, sur les tableaux que lui offrent le paysage : la table est mise : Les fragments qui composent ce livre inachevé se présentent avant tout comme une analyse sous forme d'introspection lucide de l'expérience vécue en tant que touriste, avec sa culture historique et artistique, son œil politique aiguisé et sa sensibilité propre. L'homme Sartre visite et remplit son regard de tout sont art réflexif.



Vient ensuite la visite de Rome où se superposent les différentes périodes : antique, baroque et moderne… le rôle que le touriste fait jouer à la ville, les conflits sociaux, comment les arts du spectacle réinterprètent l'antique, comment ruines et même ossuaires sont réinterprétés pour le touriste, le badaud du XXe siècle…



Sartre dans ce livre nous partage surtout une vision très personnelle de la ville de Venise, non pas personnifiée comme elle peut l'être chez certains romantiques mais vécue dans ses évidences et ses contradictions : ruelles courtes et barrées, omniprésence de l'eau vibrante, molle mais corrosive sur laquelle repose la ville.



Que serait Venise sans ses artistes ? Alors Sartre nous offre une superbe analyse des peintures du Tintoret, toutes conçues comme espace, lumière et mouvement plus que comme représentation divine ou humaine; un espace où s'exprime l'angoisse d'un monde qui s'effondre (nouvelle cosmogonie, bouleversement de l'humanisme par la contreréforme) C'est bien évidemment le baroque qui frappe à la porte chez Le Tintoret.



Venise donne aussi à ce recueil de fragments inachevés sa forme labyrinthique: digressions, voies sans issues, retours en arrière, reprises ou tantôt envasement. Ce plan absolument involontaire donne à l'ouvrage une forme définitivement moderne ou plutôt post-moderne que ne désavoueraient pas les tenants du nouveau-roman. Le fragment étant probablement le dernier état d'une écriture en décomposition, ici certainement due à l'effet abrasif de la lagune sur les majestueux palais vénitiens.



Sartre ne finira jamais La reine Albemarle et en cela il sera bien le dernier touriste à écrire sur l'Italie… après lui, à mon avis, on aura affaire à ces guides du motard ou de toutes les couleurs, plus à de la vraie littérature de voyage.



Car rendre la vérité et la paradoxale splendeur de Venise avec des mots, sans une seule photo, voilà bien ce que notre philosophe existentialiste parvient à faire tout en ne pardonnant à la cité des doges aucun de ses péchés.



Mais qui donc était la reine Albemarle ?
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Le Mur

Dans ce recueil de nouvelles de Jean-Paul Sartre, Erostrate est celle qui m'a frappé le plus. Un homme inférieur, mais fou d'orgueil, donc plein de ressentiment, se demande comment il peut devenir célèbre. Etant incapable d'égaler les autres dans ce qu'ils ont de meilleur, il choisit de les surpasser dans ce qu'ils ont de pire. C'est l'illustration par l'action de l'homme du ressentiment de Nietzsche et Scheler. L'allusion à l'Antiquité est claire: Erostrate, inférieur, impuissant, jaloux, décide d'incendier une des sept merveilles du monde, le temple d'Artémis à Ephèse: c'est l'unique moyen qu'il puisse trouver de se rendre célèbre. Erostrate sera torturé, condamné à mort et on interdira de jamais prononcer son nom. Evidemment, s'il avait été un poil plus malin, Erostrate aurait joué les pompiers pyromanes et aurait proposé de reconstruire en plus beau le temple d'Artémis...
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Huis clos - Les mouches

C'est avec "Huis clos" que j'ai découvert le théâtre de Sartre-assez récemment, d'ailleurs. Je connaissais déjà son autobiographie, "Les Mots" et j'avais abordé sa philosophie avec "L'existentialisme est un humanisme".

Dans "Huis clos", Sartre souhaite de toute évidence nous transmettre le sentiment de l'absurde ( tiens, ça ne vous rappelle pas quelqu'un, ça ? ), au sens philosophique du terme : trois personnages se retrouvent dans une pièce, pleurent, parlent, bougent continuellement, mais non, non, rien ne réussit à remplir une existence inessentielle qu'ils ne remplissent pas par eux-mêmes ( Je rappelle que, selon Sartre, l'idée d'une existence dont le cours serait en lien avec un plan prédéfini ainsi que l'idée d'une nature humaine sont fausses ; par conséquent, le cours de l'existence est inessentielle ( oui, je sais, c'est un pléonasme ) et l'unique essence possible de celui-ci doit être créée par l'existant lui-même ).

Une pièce passionnante, bien écrite, subtile, intelligente, qui ne laisse pas indifférent !...
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Huis clos - Les mouches

Garcin, Inès et Estelle se retrouvent ensemble en enfer. C'est une sorte d'hôtel, dont ils occupent une pièce. Au début, chacun rechigne à expliquer aux autres pourquoi il se retrouve en enfer : une erreur, forcément. Et peu à peu, les langues se délient. Les masques tombent. Et les personnages s'enchaînent eux-mêmes les uns aux autres, compromettant toute chance que l'un deux puisse en sortir.

Des messages, il y en a plusieurs dans cette pièce. Le plus connu, évidemment, l'enfer c'est les autres. Mais aussi "Tu n'es rien d'autre que ta vie", seuls les actes comptent, pas les intentions.

Huis clos, c'est une succession de triangles de Karpman, même si cette notion était encore inconnue à l'époque de Sartre, qui débouche sur une monstrueuse impasse, le désespoir et l'impuissance d'être pris au piège résumés dans la dernière phrase : "Alors, continuons..."
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Huis clos - Les mouches

Je ne reviendrai pas sur l'histoire elle-même de la très célèbre pièce Huis clos et de ses trois personnages enfermés dans un salon, en enfer.

Dans Les mouches, Sartre reprend la légende de l'assassinat de Clytemnestre et Egisthe par Oreste, soutenu par sa soeur Electre. Inutile, là encore, de revenir sur la trame de l'histoire.



Au moment d'écrire ma critique, je suis bien embêtée.

Ce n'est pas que ce livre ne m'ait pas plu, loin de là. Seulement, au vu de la réputation notamment de Huis clos, je m'attendais à quelque chose de plus... transcendant. Certes, cette pièce va bien au-delà du fameux "L'enfer, c'est les autres" et offre des nombreuses pistes de réflexions personnelles mais, tout de même, je dois avouer avoir été un peu déçue. Peut-être est-ce le lot de nombreux grands classiques dont on a entendu les louanges depuis des années, quand on les découvre enfin.



Challenge ABC 2017/2018
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Les Mains sales

Drame en sept tableaux dont l'action se déroule dans un pays fictif de l'Europe de l'Est pendant la guerre de 39/45. On y trouve beaucoup d'introspection, de psychologie et naturellement de la politique puis qu'il est question de l'URSS et du Parti Communiste. Le duel bourgeoisie-aristocratie et gens du peuple n'est pas absent non plus. La lutte des classes n'est pas ici un cliché de même que l'affrontement intellectuels contre prolétaires.

Une pièce de théâtre que j'ai lue plutôt comme un roman, compte tenu de l'épaisseur du livre, et en règle générale de la longueur des tirades. La compromission et les trahisons ne sont pas absentes non plus... comme très souvent en politique.

Bonne découverte d'une oeuvre encore actuelle.
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Huis clos - Les mouches

« Huis clos » ou comment « Loft story », « Secret story » et compagnie n'ont rien inventé.



Pour Jean-Paul Sartre, l'enfer se résume à une pièce où se retrouvent enfermées pour l'éternité trois personnes qui ne se connaissent pas : Garcin, un journaliste ; Inès, une ancienne employée des Postes, lesbienne ; et enfin Estelle, la femme d'un vieil homme riche. Au fil de pièce, nous découvrons pourquoi ces personnes sont en enfer et comment chacune se cache derrière le masque de la mauvaise foi. Nous assistons également à leurs échanges où la violence, l'humour, le désespoir et la révolte se disputent. Une pièce, trois personnes, trois canapés, et à tout jamais, le regard de l'autre sur soi, pour l'éternité.





La fameuse citation de Sartre « L'enfer, c'est les autres » prend dans cette pièce toute sa dimension. Je ne reviendrai pas sur les débats qui se sont enflammés sur cette réplique. Je retiens juste de cette célèbre pièce la manière dont Sartre nous révèle à nous-mêmes à travers autrui. Généralement, on prend conscience de nous-mêmes par la vision de nous-mêmes que nous renvoient les autres. le jugement des autres nous façonne et pèse sur nous. Se délivrer de ce jugement se résume à accomplir notre liberté d'homme. Nous ne sommes en effet libres que si nous nous affranchissons du regard des autres, regard prenant sans lequel souvent nous n'existons pas. Tandis que continuer à subir l'autre révèle notre lâcheté et devient notre enfer. Pour les personnages de Sartre, il est donc trop tard. Ils sont morts et condamnés à subir cette relation à l'autre.



Une pièce très courte, simple et directe, qui se lit d'un trait.

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Huis clos - Les mouches

Après leurs morts, deux femmes et un homme se trouvent enfermés ensemble dans une chambre sans issue. Ils sont dans leurs « vies après la mort », ils ont abouti leurs au-delàs individuels. Les trois défunts récents ne se connaissaient pas pendant leur vie vivante à terre. Maintenant, après leur déces, ils doivent rester dans cette chambre pour l’éternité.



Ils montrent des sentiments individuels de culpabilité et de colère. Ils se querellent, l’un avec l'autre, et ils ne s'entendent pas bien. Après avoir compris l’état désespéré de cette situation, c’est l’homme qui finalement prononce le texte avec cette expression connue : « Alors, c'est ça l'enfer. Je n'aurais jamais cru... Vous vous rappelez : le soufre, le bûcher, le gril... Ah ! quelle plaisanterie. Pas besoin de gril : l'enfer, c'est les Autres. »

C’est une pièce de théâtre très simple sur le thème de l’existentialisme qui est beaucoup plus compliqué (au moins pour moi !). La pièce de théâtre présente la même ambiance comme le livre « Les yeux sont faits » du même auteur. C’est une ambiance vieux jeu à laquelle je suis vraiment attaché ; des scènes en noir et blanc des années quarante et cinquante du dernier siècle.



Après avoir lu cette petite pièce de théâtre, j’ai aussi regardé le film « Huis Clos » de Jacqueline Audry (il date de 1954 et il est disponible sur YouTube). J’aime regarder ces vieux films en noir et blanc de cette époque et j’aime surtout ces « combinaisons littéraire » du livre et film correspondant. Alors, j'ai passé un bon après-midi.
Lien : http://nebulas-nl.blogspot.n..
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La P... respectueuse - (suivi de) Morts san..

La P....respectueuse , la pièce théatrale de Jean-Paul Sarte ( Poulou pour Simone

Beauvoir ) est une lecture qui ne m ' a pas ni marqué ni attiré Les pièces de théatre

dans un livre, généralement, ne m 'interessent pas tellement .Je suis réfractaire à ce

genre de littérature .Une pièce de théatre se joue dans une salle de théatre .Car on

voit les acteurs évoluer devant nous .Dans la pièce : on voit et écoute les acteurs, on tient compte du jeu des comédiens, l 'importance des costumes, du décor, ,

l 'éclairage, les accessoires etc....Donc , je ne peux donner un avis sur cette pièce .
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L'Existentialisme est un humanisme

Je reste mitigée en achevant cette conférence sur l'existentialisme donnée par Sartre en réponse aux critiques qui lui étaient faites. Trop peu connaisseuse de sa philosophie et de la philosophie en général, l'ouvrage ne m'ayant pas marqué, je ne m'aventurerai pas à remettre en cause ce grand esprit.

Cependant, je trouve bien triste que le hasard tienne dans la pensée existentialiste si peu de place comme élément déterminant de nos vies. Ou bien le hasard serait-il partie prenante de la pensée existentialiste en tant que choix de ne pas s'engager? Mais je m'embarque là dans quelque chose d'un peu... capilotracté... car Sartre a bien précisé que l'existentialisme était une philosophie de l'action, et se soumettre au hasard, bien que cela fasse un bien fou de temps en temps, c'est rester passif face à sa responsabilité d'homme libre. Après tout pourquoi pas? Car si un quelconque dieu ne nous conditionne pas, nous sommes tout de même un brin conditionnés, en société, par l'acte d'autrui et, il faut bien l'avouer, par le hasard et la nature.

C'est probablement une conséquence de la vulgarisation que Sartre a choisi pour clarifier et établir des distinctions de la pensée existentialiste auprès de l'élite et de la "non-élite" (l'esprit du professeur remonte ici et est d'ailleurs efficace dans l'ensemble...), mais j'ai l'impression qu'il prône un contrôle parfait de nos vies que je trouve un peu dommage. C'est en tout cas la prinicpale objection que j'ai à faire (si tant est qu'elle soit valable au vu de la vulgarisation de cette pensée).

Néanmoins, on ne peut effectivement nier, après avoir lu cet Existentialisme est un humanisme, que cette pensée est profondément optimiste, puisque l'homme possède toujours la possibilité de choisir et est hors de tout déterminisme. Paradoxalement, si je suis très attirée par la puissance du hasard, je suis aussi séduite par cette idée, qui est en fait bien rassurante.

En bref, je ne suis pas une grande existentialiste, mais (et je n'en suis pas fière) j'y pioche ce qui m'arrange dans le sens où ça m'arrange étant donné que je n'ai pas tout compris dans les moindres détails. Comme moults petites gens de la vile roture, probablement...

Les romans basés sur cette pensée sont peut-être des compléments efficaces qui permettent de prendre position à partir de cas concrets. La Nausée, principalement, pourrait donc être un bon moyen de l'appréhender autrement.
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La Nausée

L'existentialisme sartrien en pratique, comme quoi, l'art romanesque est tout aussi apte à la philosophie que l'essai. Ce roman, sous la forme d'un journal et même du genre policier, nous conte l'investigation à laquelle s'adonne Roquentin sur les origines de cette nausée. Une « maladie » existentielle, ce n'est rien de moins que la prise de conscience de la contingence qui prend les allures d'une névrose. Cette prise de conscience de l'infini des possibles, de notre liberté, une condamnation qui s'exprime à travers l'angoisse existentielle.



Antoine Roquentin, c'est un peu la personne désabusé par la vie, célibataire, ne trouvant plus de sens à rien. Ne supportant plus cette bourgeoisie factice, cette vie d'idoles mensongères et de voyage sans intérêt, il s'éloigne du monde et plonge dans la solitude. Il n'est plus reconnu par les autres, son rapport aux objets et au monde change, il ne ressent plus rien à part cette nausée, une nausée qui est un peu comme son seul lien à la réalité.



Un lien entamé par son travail, il souhaite écrire une biographie sur M. de Rollebon. Un travail qui détruit ce lien, il contemple le flou factuel qui entoure notre vie, l'échec de la recherche de la vérité sur ce personnage historique. Une recherche qui s'exprime à nouveau par la contingence de l'existence, considérée comme l'absence de raisons rationnelles dans la détermination de ce qui existe ou non.



Ce qui mène Roquentin à finalement rejeter la notion même de passé. A la fin, seul l'écriture d'un roman permet de lui faire accepter la vie. L'art comme but, d'autres ont été plus loin, englobant l'imagination et tout support qui permet de la partager ou de créer. de toute manière, c'est une réponse à la vie qui n'a pas attendu Sartre pour être découverte. Peu novateur mais plaisant à lire même si certains passages sont ennuyeux...
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Les mots

J'avoue, je n'ai jamais lu Jean-Paul Sartre et même si je l'ai abordé d'une façon détournée avec Simone de Beauvoir en particulier dans Les Mandarins (Tome 1 et 2) puisqu'elle s'est inspirée de lui et d'Albert Camus pour ses deux principaux personnages, je ne connais rien de sa plume, de son univers.



J'ai pensé que le découvrir à travers une autobiographie était une première étape qui m'inciterait peut-être à le lire à travers ses œuvres. Scindé en deux parties  "Lire" et "Ecrire" tout cela m'inspirait beaucoup car je suis toujours intéressée par tout ce qui touche à la lecture ou l'écriture surtout de la part d'un écrivain.



Avec Les mots, l'auteur se penche sur son enfance (jusqu'à environ 15 ans mais principalement sur sa petite enfance jusqu'à 9 ans) auprès d'un grand-père maternel, Karl, professeur d'allemand, qu'il aimait et admirait et qui fut un père de substitution puisqu'il a perdu le sien très tôt, et sa mère, Anne-Marie, femme effacée qui trouva refuge auprès de ses parents après son veuvage et qui vivait sous la coupe de ce grand-père à la très forte personnalité.



"Un père m'eût lesté de quelques obstinations durables  faisant de ses humeurs mes principes, de son ignorance mon savoir, de ses rancœurs mon orgueil, de ses manies ma loi, il m'eût habité ; ce respectable locataire m'eût donné du respect pour moi-même.  Sur le respect j'eusse fondé mon droit de vivre . (p73)"



J'ai découvert sa filiation du côté maternel avec Albert Schweitzer (sa mère était sa cousine), qu'il était fils unique, aimé, choyé et cela se ressent tout au long de ses souvenirs. Il faisait l'objet de toutes les attentions, on fondait sur lui tous les espoirs. On avait pour lui de grandes espérances et très tôt il s'est plongé dans la lecture, vivant milles aventures avec entre autre Pardaillan comme héros. Mais il le reconnaît lui-même, il voulait  être à l'image de ce que l'on attendait de lui et comme il était déjà très intelligent et réfléchi, il a su faire en sorte de correspondre ou de donner parfois l'illusion de correspondre aux attentes.



Mais j'ai été agacée par le manque d'humilité de l'homme, avec un moi surdimensionné, lui, lui, lui et même s'il s'agit d'une Autobiographie, le ton parfois condescendant, les circonvolutions pour retracer son parcours de future grande plume de la littérature française m'ont  parfois ennuyée voire agacée. Certes il se moque parfois de l'enfant qu'il était, s'amusant de ses supercheries mais j'ai trouvé que parfois il s'appesantissait trop.



La première partie "Lire" est agréable et très accessible, on y découvre sa famille, ses origines, ses lectures, ses relations assez difficiles avec les autres mais quand on passe à la partie "Ecrire" cela part un peu dans tous les sens (pour moi). J'ai eu beaucoup de mal à suivre ses pensées, alternant imaginaire et réalité, apparence et vérité, parfois les époques, jouant souvent un double jeu que ce soit auprès des siens mais aussi auprès des autres enfants qu'il fréquentait.



"Exister, c'était posséder une appellation contrôlée, quelque part sur les Tables infinies du Verbe ; écrire c'était y graver des êtres neufs ou - ce fut ma plus tenace illusion - prendre les choses, vivantes, au piège des phrases ; si je je combinais les mots ingénieusement, l'objet s'empêtrait dans les signes, je le tenais (p149)"



J'ai par contre aimé l'écriture, très belle, dans laquelle on sent que l'auteur pèse chaque mot pour exprimer très exactement sa pensée, son ressenti, la situation mais sans que cela me paraisse toujours très clair. Et c'est peut-être cela qui a gêné ma lecture, à trop vouloir analyser le pourquoi du comment, retrouver la source de ses meurtrissures (sa petite taille, son strabisme), il va et revient sur tout ce qui l'a constitué avec parfois beaucoup de distance et de temps en temps malgré tout de l'humour.



A la fin de cette autobiographie écrite au soir de sa vie, il ne peut éviter de jeter un regard sur sa propre mort, sa propre disparition mais restant vivant à travers son œuvre



"... Pour renaître il fallait écrire, pour écrire il fallait un cerveau, des yeux des bras ; le travail terminé, ces organes se résorberaient d'eux-mêmes : aux environs de 1955, une larve éclaterait, vingt-cinq papillons in-folio s'en échapperaient, battant de toutes leurs pages pour s'aller poser sur un rayon de Bibliothèque nationale. Ces papillons ne seraient autres que moi. Moi : vingt-cinq tomes, dis-huit milles pages de texte, trois cents gravures dont le portrait de l'auteur. Mes os sont de cuir et de carton, ma chaire parcheminée sent la colle et le champignon, à travers soixante kilos de papier je me carre, tout à l'aise. Je renais, je deviens enfant tout un homme, pensant, parlant, chantant, tonitruant, qui s'affirme avec l'inertie de la matière. On me prend, on m'ouvre, on m'étale sur la table, on me plisse du plat de la main et parfois on me fait craquer. Je me laisse faire et puis tout à coup je fulgure, j'éblouis, je m'impose à distance, mes pouvoirs traversent l'espace et le temps, foudroient les méchants, protègent les bons. Nul ne peut m'oublier, ni me passer sous silence : je suis un grand fétiche maniable et terrible.(p159)"



Pour rédiger cette chronique, j'ai relu certains passages et quand on les prend isolément, on est ébloui par la beauté et la précision de l'écriture, par la profondeur des sentiments évoqués et qu'il faut rapprocher du philosophe qu'il était. 



L'écriture m'a plu par contre l'homme m'a à la fois agacée par cet orgueil qui transpire souvent mais résultat peut-être de l'éducation reçue et "attendrie" par l'honnêteté de reconnaître que finalement il n'a été que le  produit d'un milieu bourgeois où il a beaucoup joué un double jeu pour devenir, je dois l'avouer, une sacrée plume...
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Vérité et existence

"Vérité et existence" est un passionnant texte philosophique de Sartre.

Le célèbre philosophe français nous y expose ses idées sur le savoir, l'ignorance, la volonté d'ignorer, la façon de savoir, etc. Et décidément, Sartre est un penseur passionnant !...

Avec une logique implacable et parfaite, dans un texte juste et libérateur, Sartre analyse avec lucidité les mécanismes qui poussent à l'ignorance ou au savoir et les mécanismes qui encouragent ladite ignorance.

Un coup de maître, un texte libérateur !...

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Huis clos - Les mouches

Garcin, Inés et Estelle sont morts et se retrouvent dans une pièce meublée de trois canapés et d'un bronze et une cheminée. Il fait chaud et c'est l'éternité, l'enfer. Chacun va défendre son innocence, son incompréhension à être projeté dans cet enfer. Puis, confrontés à eux-même dans cet espace confiné, ils dévoilent peu à peu leurs fautes et leur caractère. La relation triangulaire des personnages montrent leur faiblesse, leur exaspération, les alliances qui se font et se défont. Le ton monte crescendo et les protagonistes sont confrontés à eux-mêmes dans le regard de l'autre.



Sous forme de pièce de théâtre, Sartre décrit merveilleusement bien la condition humaine. L'enfer c'est les autres, une vision de soi-même au travers du regard de cet autre auquel on ne peut échapper et qui parfois est bien plus puissant que toutes les souffrances physiques.
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Le Diable et le bon Dieu

Cette pièce se passe dans une Allemagne pseudo-historique, au tout début du protestantisme, à l'époque où l'Eglise catholique plutôt riche affrontait des protestants populistes et exaltés. Le personnage principal, Goetz, est au début méchant et fier de l'être, qui défie Dieu, et après qu'on lui a dit que c'était plus difficile, il décide de faire le Bien, sur un pari... Mais il y a plein de personnages, et tous sont confrontés à la relativité du bien et du mal, tous sont forcés de "pactiser", de faire des compromis, de s'interroger sur ce que sont exactement le bien et le mal, dans un cadre personnel ou politique, et surtout sur le rôle de Dieu et du diable là-dedans.



J'ai donc beaucoup aimé. Les réflexions sont très interessantes, mais les personnages ne s'effacent pas pour autant derrière les idées : ils ont de la présence et leurs confrontations ont beaucoup de force.

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Qu'est-ce que la littérature ?

Jean-Paul Sartre (1905 - 1980) est le représentant français du courant existentialiste, dont l'œuvre et la personnalité ont eu un impact considérable sur la vie intellectuelle et politique de la France de 1945 à la fin des années 1970. Il est connu aussi bien pour son œuvre philosophique et littéraire qu'en raison de ses engagements politiques, d'abord en liaison avec le Parti communiste, puis avec des courants gauchistes dans les années 1970. [cf son article sur wikipédia].



Écrivain prolifique, il publie pour la première fois en 1947 son essai Qu'est-ce que la littérature? dans la revue "Les Temps modernes" dont il est le fondateur et le directeur. Il est ensuite repris un an plus tard par Gallimard.



Pour présenter très sommairement de quoi traite cet ouvrage, je dirai qu'il s'agit d'un manifeste sur la littérature engagée, où il aborde les questions de ce qu'est qu'écrire, pourquoi et pour qui.



Quand on s'est intéressé même superficiellement à la critique littéraire et qu'on en vient à découvrir cet essai, on peut être dérouté par la banalité des remarques de Sartre sur la littérature. Passer après ma lecture de Notes et Contre-notes d'Eugène Ionesco et Le théâtre et son double d'Antonin Artaud ne lui a pas fait de bien. Les théories des deux dramaturges apparaissent tellement révolutionnaires, originales et délurées que Sartre peine à vraiment intéresser tant son propos paraît évident. Il n'écrit que des théories déjà pensées. Cela ne veut pas dire pour autant que ce n'est pas intéressant. Il repose au contraire les bases des théories d'une littérature engagée et surtout réaffirme l'importance de l'écriture dans la société. Ça m'a simplement parut faire pâle figure à côté des deux autres essais précédemment cités.



Il s'agit bien évidemment d'un must-read quand on s'intéresse aux théories littéraires. Sartre pose les bases de tout ce qui a par la suite était contesté, revendiqué, extrapolé. On ne peut donc pas raisonnablement penser appréhender la critique littéraire sans l'avoir lu !


Lien : http://mariae-bibliothecula...
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Les mots

Sartre raconte son enfance et comment à travers la découverte des livres et des mots il a compris sa vocation pour l'écriture. Un livre plutôt intéressant qui se lit rapidement. Il y a notamment beaucoup de références à sa famille et la manière dont ils l'ont poussé vers l'écriture
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Huis clos - Les mouches

Ces deux pièces sont deux chefs d'oeuvre d'une nouvelle facette de l'oeuvre de Sartre, son théâtre. Les Mouches sont plus complexe, reprenant les mythes de l'antiquité et symbolisant à l'extrême les situations. Des mouches tournent autour du personnage principal et on comprendra à la fin pourquoi. Huis clos est plus célèbre et de meilleure qualité, car plus facile à lire. L'histoire est savoureuse, faire se rencontrer en enfer trois personnages que tout éloigne et les obliger à cohabiter, c'est assez truculent. On pense au théâtre de l'absurde, à Godot mais on est ici en enfer, et les autres n'y sont pas pour rien. Encore deux pièces d'expression existentialiste, restées célèbres pour leurs citations et leur histoire et qu'il faut avoir lues pour comprendre le vingtième siècle.
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Huis clos - Les mouches

« Alors, c’est ça l’enfer. Je n’aurais jamais cru… […] l’enfer, c’est les autres ».



Pièce de théâtre en un seul acte avec trois personnages principaux, je n’avais encore jamais lu ce texte, même si je connaissais l’une des répliques devenue culte « L’enfer, c’est les autres ».



Ces trois personnages sont condamnés pour l’éternité à une sorte de purgatoire, jugés pour leurs actes.

Cette promiscuité forcée et insupportable, dans une pièce fermée, va conduire les trois damnés à se révéler…



Il m’a été difficile d’en écrire une critique, voici un aperçu de mon ressenti.



On savoure leurs réparties où chacun tente d’en savoir un peu plus sur l’autre, et l’on perçoit tout le cynisme dont l’auteur use à merveille dans ces dénonciations.

L’auteur explore les notions de responsabilité individuelle quant aux actes de tout un chacun, leurs conséquences, le jugement des autres, la solitude à laquelle chacun se retrouve confrontée, la tolérance face aux différences, la relation à l’autre.

Une réflexion sur l’oubli et sur la mort.



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Les mots

Quels mots choisir pour parler du livre « Les Mots » de Jean-Paul Sartre?

Le livre parut en 1964 et nous plonge non seulement dans le passé de l'auteur dont il dit qu'il en reçut l'enseignement par son grand-père mais aussi dans le passé qu'il représente philosophiquement.

On peut y découvrir ce qui le fit et ne le fit pas, la genèse de son avenir par la lecture et l'écriture.

Il y a certes quelques redondances qui s'avèrent nécessaires dans la compréhension de son évolution subtile.

De l'enfant solitaire, adulé en famille sans s'y reconnaître pleinement au très jeune adolescent, une dissection des émotions et des réflexions qui le bâtirent montre un parcours singulier où se trament toutes les idées de l'imaginaire d'une intelligence précoce et une analyse pertinente de ce qu'est ou devrait être un écrivain.

On voyage cérébralement avec lui, il nous manoeuvre avec des allers-retours qui ne sont jamais innocents et pourraient sembler ardus.

Puis des phrases lucides, des beautés apparaissent qui éclairent tout le récit.

L'auteur montre l'enfant qu'il fut, qui donnera l'homme qu'il semble être ou tente encore cinquante ans après de devenir.

Un cheminement nécessaire pour découvrir cet auteur qui a réussi ce que son double lui promettait : l'existence posthume.

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