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Critiques de Jean Paulhan (26)
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Georges Navel ou la seconde vue

Emprunté à la Réserve Centrale des Bibliothèques de la Ville de Paris- fin octobre 2022



**Lecture des plus riches pour les curieux et les passionnés de l'oeuvre ainsi que du parcours très atypique de Georges Navel....



Relisant les écrits de Georges Navel, grâce à une soirée littéraire dans une librairie montmartroise, avec l'écrivain Patrick Cloux (****ayant d'ailleurs participé à cette publication) des discussions à bâtons rompus... et le nom de cet écrivain a été "re-nommé" avec des partages enthousiastes de nos souvenirs de lecture de son texte le plus connu, "Travaux"...



Prise dans l'élan de cette soirée, J'ai été faire des recherches supplémentaires, pour tenter de dénicher sa Correspondance avec Groethuysen, "Sable et Limon", que je n'ai jamais lue... et qui semble très précieux de lire...



Et...chemin faisant , dans mes prospections, .j'ai découvert cette publication, exclusivement consacrée à cet écrivain-ouvrier que j'ai aussitôt demandée à la Réserve centrale du réseau des Bibliothèques de la ville de Paris...



En dépit de ses 40 années passées (1982) depuis sa publication, cet ouvrage est passionnant à plus d'un titre, car ils nous offre différentes contributions d'auteurs , comme Danièle Sallenave, Daniel Rondeau, , Jean Paulhan, Maurice Nadeau, Patrick Cloux.... et en parallèle des extraits de Correspondance, avec Jean Giono, Groethuysen, etc.





" Chacun son royaume " par Jean Duvignaud



(...) Navel raconte comment le philosophe Bernard Groethuysen lui apprit que l'écriture était une chose grave, pas seulement un exercice de voltige, mais la seule manière d'approfondir et de prolonger le travail de ses mains. Or, la lenteur même du maniement des outils et la répétition des gestes dont, comme le montrent les chants anciens du travail, générateurs de poésie. Et le sage savait que la méditation métaphysique était comme le labeur social, un ressassement éternel. (...)

Jean Giono l'a senti qui, dans sa préface, appelle Navel un " Hésiode syndicaliste ": ici le poète tente de trouver ce qui justifie la vie sans cesser de plonger dans la vie la plus simple."



Une bibliographie, des photographies, ainsi que des fac-similés de lettres , augmentés de notices biographiques succintes sur les "contributeurs"....complètent cet ouvrage.



Une mine de renseignements: j'ai ainsi appris qu'il avait été l'ami de Jean Giono, qui l'a soutenu et encouragé dans son travail "d'écriture", qu'il a croisé, rencontré, sympathisé avec bon nombre d'acteurs du monde littéraire, et d'auteurs sensibles à la "Littérature dite prolétarienne" , comme Henri Poulaille (*** pas de réduction rapide pour Navel, car sa plume et ses idées, sont "inclassables"...sortent des chemins habituels)



J'achève ce billet quelque peu "décousu" par cet extrait très significatif et éclairant : "Navel au débotté par Alain Bourdon



(...)Mais il y a plus merveilleux ; en maniant le marteau, la faucille et même en tirant l'aiguille, il arrive qu'un miracle vous délivre de la solitude. Sous l'effort patient se dévoile un dénominateur commun à tous les hommes qui peinent et l'on s'aperçoit que se crée entre eux un lien universel, émouvant, mystérieux, chaque fois que quelqu'un se livre à sa tâche humblement. " Il s'est passé quelque chose d'extraordinaire en moi ces temps-ci, confie Georges Navel à son ami Groethuysen...c'est en faisant des besognes de femmes qu'un monde s'est révélé à moi. La dernière fois ce fut en me levant tôt pour raccommoder mes pantalons. J'ai découvert qu'en n'ayant plus d'âme propre, tout à coup on pouvait comprendre toute l'âme du monde, que ce fût celle des femmes, les âmes vivantes et les âmes mortes, celles des Chinois et des Arabes, et celles des civilisations mortes. "

Vivre n'est pas banal, quand on vit dans l'oubli de soi."



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Correspondance (1918-1962) : André Breton / J..

C'est drôle de lire entre les lignes. (Si tant est que cela soit possible, avec ces deux là..)

Dans son mystère, Breton peut passer pour un hypocrite au moment où il se livre le plus.

Peut-être parce qu'il aime trop le faire et avec trop de talent, de charme.. pour être toujours pris au sérieux

Paulhan, jusque dans son hommage, semble doucement lui reprocher cet amour de l'ombre qui le précède, même, dans sa manière (bien à lui) d'éclairer



S'il se met tout à coup à briller, c'est presque malgré lui et chacun est suspendu un moment, dans son sillage.. Mais cela ne paraît pas l'arrêter, lui, nulle part



C'est un lion.

Et en tant que tel, toujours supplanté par son image ; l'image du lion (son autorité) est beaucoup plus forte que le lion, lui-même.



Je ne sais pas quelle sorte d'animal est Paulhan, par contre

Est-ce pour cela qu'il n'y eut jamais de "fable" entre les deux ?

Il semble que malgré une estime réciproque ; l'amitié à proprement parler, si elle a existé, a été aussi fort empêchée par les deux hommes..

Qui ont chacun la politesse de ne pas se l'expliquer

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Guide d'un petit voyage en Suisse

Invité en Suisse juste après la guerre, Jean Paulhan traverse ce pays montagneux en train et nous raconte avec humour, auto-ironie, et presque envie les spécificités locales, comme dans les palaces suisses, ce détail prosaïque : la brosse de chiendent dont il se demande « s'il fallait [s]'en frotter le dos après le bain ou simplement frotter la baignoire ». Ce ne fut pas sans me rappeler cette autre confrontation culturelle et littéraire entre l'Occident et la Roumanie que Mircea Cartarescu évoque sur un ton similaire, bien qu'un peu plus amer dans Frumoasele străine (Les belles étrangères). Les deux semblent avoir été renvoyés chez eux « tout aussi gentiment » qu'on les avait faits venir.
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Les hain-teny merinas : poésies populaires ma..

Jean Paulhan a 29 ans lorsqu’il publie son premier livre, « Les Hain-teny merinas » (1913), recueil de poésies populaires qu’il a traduites et étudiées au cours d’un séjour de deux ans à Madagascar.

Mais qu’est-ce exactement qu’un hain-teny, dont le sens littéral est « science des paroles » ? Il s’agit d’un texte proverbial et poétique (proche du pantoun malais), dont la signification est souvent obscure et le thème presque toujours amoureux. Généralement, les hain-teny se récitent en public, lors d’une veillée, et miment un débat amoureux entre un homme et une femme. Beaucoup de ces poèmes sont très beaux, très étranges, même si, comme le montre Paulhan, leur sens n’est pas toujours facile à démêler.

Et c’est en cela que ce livre me semble important : bien avant Roman Jakobson, Jean Paulhan montre en effet qu’en poésie, la fonction esthétique du langage prime sa fonction informative, au prix, parfois, d'une certaine obscurité ; il met également en évidence l’importance des phénomènes de répétition (assonances, anaphores) et de parallélisme, ce que Jokobson ne théorisera que plusieurs années plus tard ; enfin, en même temps que Blaise Cendrars, il n’hésite pas à supprimer la ponctuation dans la version malgache des hain-teny.

Vu du point de vue des Malgaches, ce livre a aussi fait date. Il a permis de réhabiliter un fonds poétique national, que l’élite christianisée s’était mise à mépriser, à cause de son contenu un peu leste. C’est ainsi que les plus grands poètes malgaches, de Jean-Joseph Rabearivelo à Flavien Ranaivo, ont fait du hain-teny l’une de leurs formes poétiques privilégiées.

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Le Tarot de Marseille

Très beau livre, synthétisant le savoir ancestral sur la symbolique et la pratique du Tarot, et pas seulement les atouts mais aussi les tetes et les cartes mineures.

Il manque toutefois une vision historique et humaine, une interprétation plus en profondeur de la symbolique, d'un jeu construit par plusieurs civilisations et sur de nombreux siècles.

Il reste que, au moins pour les atouts, ce guide est tout à fait intéressant, et propose l'indispensable pour pouvoir tirer des cartes, uniquement au travers de leur signification, mais en dehors des formes plus sophistiquées de tirage. J'ai découvert le tarot grâce à mon épouse, et sous réserve de ne pas vouloir faire dire aux cartes ce qu'elles ne disent pas, c'est à la fois très étonnant, très pertinent et très amusant.
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Les fleurs de Tarbes, ou, La terreur dans l..

Ces phrases au début de l'essai : " On voit, à l’entrée du jardin public de Tarbes, cet écriteau : IL EST DÉFENDU D’ENTRER DANS LE JARDIN AVEC DES FLEURS A LA MAIN. On le trouve aussi, de nos jours, à l’entrée de la Littérature. Pourtant, il serait agréable de voir les filles deTarbes (et les jeunes écrivains) porter une rose, uncoquelicot, une gerbe de coquelicots."

Tout est dit dans ces quelques phrases..

Le mot "Terreur" est un mot qui fait peur, qui réveille le souvenir des guillotines. Paulhan dénonce le terrorisme d'Etat qui consiste à décider quelle littérature est bonne, laquelle est mauvaise.
Lien : http://www.poesie-sur-seine...
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Correspondance 1944-1968 : Paulhan / Belava

Jean Paulhan a eu de nombreuses correspondances: Giono, Saint John Perse, Ponge; ici, c'est avec mon beau-père qu'il s'entretient; ce dernier a besoin d'être reconnu que ce soit en poésie ou en philosophie et Paulhan peut l'aider. Peu à peu une belle amitié se déroule.

Il est question de poésie, de littérature, de philosophie et de peinture: les deux hommes se lisent avec attention et Yvon Belaval propose une explication approfondie de l'oeuvre de son protecteur.

Je me replonge dans cet univers à la suite de questions posées par une inconnue qui cherche à connaître l'homme; il y a peu de détails qui transparaissent dans ces échanges ardus. Mieux vaut lire la revue Autrement où il se livre un peu.

Je l'ai connu comme prof de fac à Lille en 64/65, retrouvé à la Sorbonne puis il m'a fait rencontrer son fils et nous nous sommes mariés en 67; j'ai fréquenté Yvon jusqu'à sa mort en 88; un homme passionnant mais difficile à cerner, avec beaucoup de cordes à son arc!
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Correspondance 1925-1944 : Nos relations so..

169 lettres d'une correspondance échangée entre Pierre Drieu la Rochelle et Jean Paulhan de 1925 à 1944.

Des lettres écrites en lien avec l'édition, la littérature et la N.R.F. dans une période française bouleversée et meurtrie.

Les deux hommes échangent sur les textes à faire paraître dans la revue, sur les avis de l'un ou de l'autre sur les écrits des auteurs. Nous sommes les témoins d'une cordialité et de désaccords (littéraires, politiques).

La politique et l'histoire sont en toile de fond et ont inévitablement une importance en ce temps de guerre mondiale.

Outre les lettres, beaucoup d'annotations qui expliquent le contexte où donnent des renseignements sur les auteurs évoqués.



Ce qui marque est la politesse et la cordialité, la déférence même, surtout, dirais -je, lorsque l'on n'est pas d'accord. Le temps nécessaire à l'écriture, à l'envoi non immédiat permet forcément d'être mesuré et de prendre du recul. Le ton y est et nul besoin d'agiter le drapeau de la vulgarité ou de la méchanceté.



Vers la fin, je n'avais plus besoin de voir qui écrivait à qui : j'avais bien intégré le style de Drieu la Rochelle et le repérais d'emblée.



J'ai bien aimé suivre leurs échanges mais ce qui m'a bouleversée furent les lettres testamentaires de Drieu la Rochelle à la fin Très émue.



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Correspondance 1919-1968

Gaston Gallimard et Jean Paulhan sont des personnages que nous connaissons bien, mais des personnes que nous méconnaissons. Ce couple célèbre de l'édition a fait couler tellement d'encre que leur masque nous est plus familier que leur visage. Par chance, les deux hommes nous ont laissé une correspondance de la plus belle eau, qui court sur près de cinquante années. Gaston Gallimard a ôté son nœud papillon, Paulhan sa veste grise : nous découvrons, avec ces deux hommes en bras de chemise, les dessous de la NRF. Rien de plus vivant ni de plus déconcertant parfois que cet échange fait de pièces et de morceaux : on y trouve à la fois des billets griffonnés et des lettres ouvragées, des années blanches et des années noires, des déclarations d'amitié et d'impôts. Paulhan et Gallimard travaillaient ensemble et se voyaient facilement ; leurs lettres sont le plus souvent familières, sans façon. Et souvent sans suite puisqu'elles appellent ou prolongent une conversation, à la faveur d'une maladie, d'un voyage ou d'un dimanche.

Cette correspondance à bâtons rompus, où Claude Gallimard va prendre peu à peu sa part, fut avant tout professionnelle. Mais c'est une bien curieuse profession, qui serait plutôt de l'ordre de la profession de foi. Paulhan estimait en effet que sa «vie véritable» avait commencé le jour où Gaston Gallimard était venu, avec Jacques Rivière, lui proposer d'entrer à La NRF. Gallimard invoquera aussi l'ami disparu pour sceller leur alliance : «Depuis la mort de Jacques Rivière, la NRF, la maison, c'est vous et moi.»
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Histoire d'O, précédé de : le bonheur dans l'es..

J'ai voulu me lancer dans cet ouvrage en audiolib, mauvaise idée.

Déjà la préface a été d'un ennui mortel, j'ai voulu tenir bon pour attaquer sans a priori la suite.

Le début m'a plut, une histoire d 'amour sur fond d'esclavagisme sexuel.

Le problème c'est que ca ne décolle pas, c'est plat, la narration est lente, j'aurais pu comparer cela à une berceuse.

J'ai abandonné aux trois quart voyant que ca ne m'apporterait rien de plus.
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Correspondance 1919-1968

Ainsi que l’observe Laurence Brisset qui, remarquablement, assure, présente et annote leur correspondance qui s’étend sur un demi-siècle, "Gaston Gallimard et Jean Paulhan sont des personnages que nous connaissons bien, mais des personnes que nous méconnaissons. Ce couple célèbre de l’édition a fait couler tellement d’encre que leur masque nous est plus familier que leur visage". Par chance, poursuit-elle, les deux hommes nous ont laissé une correspondance "de la plus belle eau".
Lien : http://www.lalibre.be/cultur..
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La peinture cubiste

Un livre qui a le mérite d’être pédagogique, si tant est que le lecteur veuille bien consentir quelques efforts d’attention. Sans aucun étalage de connaissances ostentatoire et inutile, Jean Paulhan ne tombe ni dans la glorification facile et ébahie des peintres cubistes, ni dans l’éreintement systématique de ceux qui les dénigre. Il s’agit pour l’auteur de donner un cadre qui permette de s’exprimer sur l’art moderne, l’inscrire dans une histoire de l’art. Sans être particulièrement disert sur ce sujet, on sent que Jean Paulhan redoutait que la peinture moderne devienne une affaire réservée aux pseudo-spécialistes, éloignée du grand public. Il lui arrive de partir dans des digressions assez amusantes à lire sur son expérience personnelle ou sa vie domestique et lorsque qu’il évoque son voisinage, voici ce qu’il dit à propos d’un antiquaire : « Et de quoi vit-il ? Il m’a confié qu’il avait pour acheteurs d’autres antiquaires, qui, à leur tour, je suppose… C’est un étrange métier, qui semble vivre de son propre fonds. Imaginez-vous un boulanger qui n’aurait pour clients que d’autres boulangers ? Un littérateur qui ne trouverait, pour goûter ses livres, que d’autres littérateurs ? (on voit cela d’ici. Ce serait effrayant.) » On voit bien le principe, de mieux en mieux, j’ai l’impression… Bref, Paulhan veut redonner confiance à « l’homme de la rue » - ainsi qu’il se plaît à le nommer -, car la peinture moderne s’adresse peut-être plus à lui, à son expérience immédiate, qu’aux manipulateurs de concepts.

Et voici donc l’axe principal sur lequel s’appuie cet essai : Tout peut se résumer à une question d’Espace et de Vérité. Le cubisme a d’abord été une œuvre de destruction et presque d’anéantissement. La destruction de l’espace tel qu’il était envisagé depuis la Renaissance, c’est-à-dire celui de la perspective, du trompe-l’œil. C’est une remise en cause de la géométrie euclidienne - en particulier de la troisième dimension -, issue d’un choc face à l’étrangeté d’être au monde. La quête menée par le cubisme a donc été une quête de vérité de l’espace. Il n’est pas une irréalité mais la vérité. Il n’est plus une représentation mais une présentation. Paulhan parle d’un « espace avant les raisons ».

Envisager la peinture moderne sous cet aspect me parait un excellent moyen de l’inscrire dans l’histoire de l’art, sans y mettre un point final. Je suis plus réservé sur certaines échappées métaphysiques qu’en déduit l’auteur et sur une autre notion qui lui tient à cœur, celle du mystère, de l’indicible, la notion du Sacré. Il rapproche l’art moderne du zen ou de la mystique qui tout en se passant de raisons, et même en s’enfonçant parfois dans une totale absurdité, arrivent à réconcilier l’homme et son monde. J’ai beaucoup songé à Walter Benjamin et la fameuse perte de l’aura qu’il développe dans « L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique ». Au fond les deux auteurs sont d’accord, la reproduction est un phénomène qui détruit le sacré. Parmi quelques dictons cités par Jean Paulhan et propres aux peintres modernes selon lui, on trouve : « Produire, plutôt que reproduire », il entend par là que la peinture classique avec ses perspectives savantes est une reproduction de la nature ou de quoi que ce soit d’autre (quelque chose de contaminé par les idées), alors que la peinture moderne libérée des conventions classiques est une véritable production. Ce mot de reproduction utilisé par Jean Paulhan n’a donc rien à voir avec la reproduction mécanisée dont parle Benjamin. Et pourtant il est étonnant qu’ils s’entendent sur le fait que la reproduction, dans toutes les acceptions du terme, dans toutes ses techniques, est un phénomène qui finit par détruire le caractère sacré ou l’aura.

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Histoire d'O, précédé de : le bonheur dans l'es..

Ayant voulu tenter ce livre à la réputation sulfureuse, j’ai choisi cette édition au hasard, et j’ai bien mieux apprécié la préface de Jean Paulhan au roman lui-même.

La préface est une sorte d’essai de Paulhan qui m’a interpellé par sa construction.

Il ouvre son exposé sur une revendication d’anciens esclaves fraichement libérés, qui se révoltent pour que leur ancien maitre les reprenne en esclavage. Etre esclave demande de s’abandonner totalement à son maitre, sans avoir à réfléchir ni à prendre de décision. Paulhan compare le danger de leur cahier de doléances, aux dangers d’autres genres de livres…les érotiques. Et cette fois, il entre dans le vif du sujet, dans la critique d’Histoire d’O. Il y donne surtout une certaine vison de la femme…sa vision.

« Sans doute l’Histoire d’o est la plus farouche lettre d’amour qu’un homme ait jamais reçu ». C’est une manière de voir les choses. Mais est-ce faire preuve d’amour que de fouetter une femme au sang, la marquer au fer rouge comme un animal de troupeau, et la percer et la ferrer ainsi, pour mieux l’abandonner ensuite ? Pour O, sa soumission complète montre son amour inconditionnel pour l’homme qui l’a choisie, quitte à préférer la mort que son départ.

L’héroïne attire, on comprend très vite que sa soumission sera de plus en plus complète, de plus en plus absolue, mais on espère toujours qu’elle aura un sursaut de révolte . En vain.



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Mescaline 55

Cette édition est riche et intéressante malgré une préface un petit peu longue à lire. Elle aide tout de même à comprendre le contexte et à se familiariser avec le produit. Il faut s'accrocher, cela vaut le coup ! En effet, les lettres, les poèmes et les textes donnent à voir trois expériences bien distinctes d'une même substance : la mescaline. Edith Boissonas exprime son angoisse, son vide intérieur lors de la prise ce qui la mène, au moins au départ, à lutter contre le produit. Jean Paulhan, quant à lui, décrit une experience positive et agréable mais avec un intérêt artistique peu développé. En revanche, Henri Michaud, habitué à ce genre d'expérience, se sert de la substance et de son auto-observation comme matière artistique. La lecture transporte donc le lecteur dans la réalité altérée des auteurs ce qui est très intéressant.
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Histoire d'O, précédé de : le bonheur dans l'es..

. Ce livre a été controversé depuis sa publication en raison de son contenu BDSM et donc de ses thèmes de soumission et de domination.



Il est possible de le voir sous deux angles différents.

Ce livre est une œuvre littéraire provocante qui explore les désirs et les limites sexuelles de manière artistique, ou sinon c'est aussi une représentation de la soumission féminine et des pratiques BDSM sans consentement clair.

En prenant en compte le contexte culturel et l’évolution des discussions sur la sexualité et la féminité depuis la publication du livre on peut voir “L’Histoire d’O” comme une œuvre clivant mais qui a joué un rôle dans l’ouverture du dialogue sur les tabous sexuels à l'époque, mais il permet aussi à l'heure actuelle de suscité des débats sur la manière dont il traite la question du consentement et de la liberté sexuelle.



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Le Marquis de Sade et sa complice ou les re..

Pas indispensable.

Le plus intéressant est la retranscription de la déposition au juge. Pas pour ce que dit Paulhan mais pour les questions du juge, bien conservatrices comme il faut.

Toutefois, je ne résiste pas à citer cet échange:

Paulhan: (...) J'ai connu une jeune fille qui est entrée au couvent après avoir lu les œuvres de Sade (...)

Président: Vous trouvez que c'est un mauvais résultat que d'être entrée au couvent ?

Paulhan: Je constate que c'est un résultat.

Cet humour reste visible dans les essais, qui sont somme toute assez classiques.
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Fautrier l'enragé

Qu’est-ce la critique d’une œuvre ? Jean Paulhan semble répondre à cette question dans Fautrier l'enragé.

Pour défendre l’œuvre de Fautrier, Paulhan reprend une argumentation méthodique. Il définit la critique picturale.

A l’heure où le musée d’art moderne de la ville de Paris expose les œuvres de Fautrier qui ne laissent pas insensibles, le livre de Paulhan nous éclaire sur les toiles les plus sombres, sur l’évolution picturale de cet artiste.

De manière succincte mais significative, il dévoile la technique de Fautrier. Il analyse avec le plus d’objectivité possible ses toiles et les thèmes qui lui sont chers.

Et pour finir, il nous parle de l’homme ; un homme avide de perfection.

A lire avant d’admirer les œuvres !

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Mescaline 55

On est loin des délires psychédéliques de la prochaine génération hippie. Mais la faculté qu'ont ces trois écrivains de s'auto-observer est une date dans l'histoire clinique de la littérature. A consommer donc sans modération.
Lien : http://rss.nouvelobs.com/c/3..
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Histoire d'O, précédé de : le bonheur dans l'es..

Malgré l'horreur du sujet, l'héroïne fascine complètement le lecteur...
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Correspondance 1919-1961

Critique de David Kleczewski pour le Magazine Littéraire



« Je t'en supplie change d'encre. Celle-ci est trop pâle, illisible », peste le directeur de La Nouvelle Revue française, Jean Paulhan. Un motif de discorde, un de plus, dans la relation affectueuse - et tumultueuse - qu'il entretient avec son ami et collaborateur, le peintre cubiste André Lhote. Les quelque cinquante années de correspondance réunies ici dévoilent la personnalité difficile de Lhote, volontiers élogieux à l'égard de ceux dont il apprécie le travail, mais d'une sévérité proportionnelle lorsqu'il est déçu. Ainsi fustige-t-il « cet ivrogne de Bernouard », maquettiste talentueux et piètre organisateur d'une soirée de commémoration ratée en l'honneur de Jacques Rivière, un ami commun de La NRF. « S'il y a disciple, et ingrat et raté, c'est bien lui », estime aussi André Lhote au sujet du peintre Balthus, « ce copieur de tout le monde ». D'une manière générale, Lhote ne se montre toutefois pas hermétique aux autres courants de la peinture ou aux mouvances intellectuelles qui lui sont éloignées. Mais il a plaisir à en débattre avec Paulhan. Et de ces discussions, presque ininterrompues et souvent houleuses, se dessine un véritable panorama des grands courants de la pensée intellectuelle et artistique qui ont marqué le xxe siècle. Le directeur de La NRF y accusant souvent son correspondant favori d'être injuste, même si ses lettres s'achèvent presque toutes d'un tendre « Je t'aime bien.
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