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Citation de nadejda


Ma silhouette se détachait sur une terre et un ciel enfin libres. Plus rien. Un désert de débris.
(…) Je tournais les pages, la page ; et sur cette dernière, d’un grand blanc à piéger le temps, il n’y avait plus rien d’écrit. Je fixais en grand angle cette espèce de mort et de disparition dans le dépouillement. Loin.
Loin du Bosphore et des scintillements de la mer de Marmara encore aux portes de l’Europe ; loin, après Trabizon, la mer Noire, et les ultimes âpretés des montagnes turques ; loin après Babol-Sar, ses plages molles et rases de la mer Caspienne, son hôtel blanc tchékhovien aux hautes baies ouvertes sur un ciel diaphane et gris qui étendait sur une mer tout aussi grise ses airs d’aquarelles douces et fanées ; loin après Méshed et ses mosquées iraniennes enflammées ; loin après Hérat et ses murs blancs et bleus, et ses roses afghanes rouges fleurissant en gouttes de sang sur le bas-côté de la route le long de la « djouille », ce caniveau des rues et des irrigations, cette rigole à l’air libre à travers les villages, où l’eau court au bord des maisons, des chemins, vers les champs, vers l’aridité du monde, vers le dénuement, loin, comme un retour et un murmure vers des temps plus anciens, où tout fut déjà consumé et le sera encore, plus loin, où l’occident, fatigué de ses fausses prouesses et de ses vaines querelles, ne semble plus capable que de s’évaporer avec elles, comme une éternelle armée d’Alexandre qui s’entêterait, fantomatique, au fil des siècles, à revenir s’y dissoudre. p 11 12
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