Malgré toutes les misères du siège, la puissante bande qui marche vers le rempart est chamarrée comme pour une fête. Les caparaçons bariolés, les cottes d'armes chatoyantes, les cimiers extravagants se déploient dans un faste de tournoi. Les longs écus marqués de barres, de bâtons péris et de bordures affichent qu'il s'agit de fils de grandes maisons : c'est la fine fleur de la noblesse d'Arches qui s'apprête à lancer l'assaut. Lorsqu'ils arrivent au bas des volutes poudreuses, les combattants mettent pied à terre, lancent les rênes de leurs montures à leurs écuyers, empoignent de longues épées ou de délicates masses à ailettes. Un grand chevalier caracole orgueilleusement au pied de la muraille, au risque d'être couché par un trait d'arbalète; son heaume orfévré est sommé par un cygne au col gracile, ses spallières et ses gantelets rutilent aussi fluides que du vif-argent, et sa puissante monture parade en une pavane arrogante. La cotte d'armes de l'insolent est ornée de couleurs prestigieuses : écartelées, d'azur au soleil de Leomance et de gueules aux tourelles rangées. Il s'agit des armoiries ducales : le lambel qui frappe le haut de l'écu signale seul qu'il s'agit de l'aîné des princes.
Montefellone