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Citation de christinebrignon


Il prit plusieurs trucs dans les fontes, réintégra la maison, posa ses provisions sur la table de la cuisine. Puis il gratta avec précaution une allumette sur l'entablement rugueux de la fenêtre. C'était un produit plus que précieux, impossible à fabriquer. Quand il n'y en aurait plus, il n'y en aurait plus. Il alluma la mèche de la bougie et la posa sur la table. Des hordes de bestioles, attirées par la lueur ou son odorante présence charnelle, pullulaient dans l'atmosphère, mouches, moustiques, éphémères à la queue bifide, papillons blanchâtres. Il remplit d'eau une casserole trouvée à côté de l'évier, y jeta deux poignées de riz, retira les rondelles de fonte d'un des trous du fourneau, ramassa le livre à couverture jaune, s'esquinta un peu plus les ongles pour décoller les pages soudées qu'il froissa par paquets agglutinés pour les fourrer à mesure dans le fourneau. Il ajouta par-dessus quelques brindilles. Mais il faudrait plus de bois et il n'y en avait pas. Alors il saisit l'une des chaises, l'abattit contre un mur encore et encore. Son ombre narquoise répétait tous ses mouvements, avec l'exagération propre à ce genre de double sadique. La chaise se démantibula peu à peu, il enfila dans le fourneau le dessus en paille effilochée, ajouta un par un les fragments du dossier et des pieds, remit en place les cercles de fonte, ouvrit le portillon, bouta le feu au papier avec sa bougie. Il soufflait, son cœur cognait, le point rougi tenaillait sa viande sous l'épaule gauche, son bras droit lui faisait mal, et ses reins. Dans le foyer, le feu ronfla avec bonne humeur. Ça avait l'air de marcher.
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