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Critiques de Jean-Pierre Dupuy (19)
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De quoi avons-nous peur ?

Ouvrage collectif divisé en chapitres. Historiens, philosophes, écrivains, comédien, artiste, parlent de ce que la peur représente, sa place en chacun de nous ou au sein d'une société; d'où vient-elle, par qui vient-elle, pourquoi est-elle véhiculée ou pourquoi est-elle si présente.



Le sujet me semblait intéressant mais certains chapitres étaient difficiles à ma compréhension et donc rébarbatifs. Par contre, j'ai bien aimé les passages où un artiste de cirque parle de son métier, et un chapitre dans lequel l'auteur fait référence à de nombreux films de cinéma. C'était plus concret.
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Lettres à Alan Turing

Un superbe ouvrage avec un concept original qui est l'envoi de lettres par des spécialistes en informatique à Alan Turing, le père de l'informatique ! Tous les sujets de la société et de la science moderne ont été évoqué. Un excellent livre que je recommande à toutes et à tous.
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Pour un catastrophisme éclairé





I – FIN D’UNE CONCEPTION TRADITIONNELLE DU DEVELOPPEMENT :

- La pensée de l’environnement ne se réduit pas à l’économie de l’environnement : la dimension éthique et politique ne peut être négligée.

- Le mode de développement grâce à une énergie abondante et bon marché n’est plus possible,

- L’appel à la démocratie a trop servi d’alibi à l’absence de réflexion morale,

- La logique sacrificielle et le fondement mathématique ne sont pas des réponses,

- Les trop grands systèmes induisent contre productivité et perte de sens,

- le savoir prédictif remplace les effets inconnus des bonnes intentions,

- la responsabilité individuelle dans la globalisation se révèle insuffisante,

- La mystification ne peut plus faire passer pour naturel un mal politique.



II – CONSTATS PRELIMINAIRES A UN CATATROPHISME ECLAIRE :

- la sécurité est fille de la peur,

- la dissuasion est imparfaite et son auto réfutation échappe,

- le temps de l’histoire n’est plus le rétroviseur mais le futur qui guide,

- la précaution inutile : se confond avec la prévention d’un danger avéré,

- l’excès de notre puissance sur notre capacité à prévoir,

- l’obstacle n’est pas l’incertitude du pire mais le fait de ne pas y croire,

- le savoir ne fonde plus la crédibilité du danger,

- l’évolution créatrice se double d’une évolution destructrice,

- la finitude de notre nature au même plan que l’état des connaissances,

- l’effort scientifique seul ne saurait combler le fossé des apories,

- l’obligation de savoir se heurte à l’impossibilité de savoir,

- la gestion du risque revient à gérer ce que nous ne pouvons pas savoir,

- l’autonomie de la technique supplante la décision de l’homme,

- les dynamiques des systèmes s’auto renforcent dans leur direction,

- Les frontières des intelligences artificielles et humaines se brouillent,

- La mystification fait passer un mal naturel pour une aliénation.



III - ARGUMENTS POUR EN FINIR AVEC LES VRAIES-FAUSSES MESURES DU RISQUE:

1- La complexité des écosystèmes rend dérisoire le calcul « coûts -avantages » des experts techniques parce que loin des seuils de risques. La sérénité comptable et raisonnable des gestionnaires de l’équation du MINIMAX (minimum du risque maximal) participe à la résignation à l’intolérable. La rationalité procédurale n’est pas séparable de la rationalité substantielle.

2- Les systèmes techniques créés pas l’homme substituent à l’infini le naturel par l’artificiel et la production autonome et libre par la production monopolistique et instrumentale, d’où le principe structurel d’écarts et de fluctuations non prévisibles par les théoriciens économistes et assureurs des hasards solvables.

3- Un état de chose dépendant d’un savoir futur revêt un caractère définitivement imprédictible et le savoir prévisionnel restant en deçà du savoir technique, se pose le problème éthique de la maîtrise de soi face :

a. au pouvoir excessif des sciences et techniques

b. et au mythe empoisonné du partage équitable d’une volonté de puissance grisante mais illusoire.

4- Cependant la probabilité en matière de catastrophe ne saurait être une « survenance » irrationnelle, subjective ou psychologique telle que le pari, la bonne fortune ou la question de chance, et donc une justification rétrospective. Le jugement probabiliste doit se fonder en amont sur le terrain de l’objectivité sociale et politique, combinant analyse du voile de l’ignorance et fortune morale.





IV- PROPOSITION D’UN CATASTROPHISME ECLAIRE

Au vu de la puissance technologique et scientifique déjà en place, le destin contemporain a le statut d’une erreur, d’un accident qu’il nous est loisible de ne pas commettre. Nous sommes en effet embarqués dans une bombe à retardement et il ne tient qu’à nous que son explosion inscrite comme une fatalité peu probable, ne se produise pas.





Pour éviter ce suicide autoprogrammé de l’homme par l’homme, la futurologie scientifique et la méditation sur les fins de notre civilisation permettraient d’obtenir une image de l’avenir suffisamment repoussante et suffisamment crédible pour déclencher les actions qui empêcheraient sa réalisation, à un accident près.



A défaut de disposer d’observateur divin ou de calculateur infini, cet aléa est hors de portée de notre esprit. Paradoxalement, ce « raté » inconnaissable, non quantifiable, rarissime et futur, offre une marge de manœuvre, celle de la vigilance permanente.



Dans la situation de destruction mutuelle assurée, faire comme si nous étions la victime tout en gardant à l’esprit que nous sommes la cause unique de ce qui nous arrive est la condition nécessaire de notre salut. Faire « comme si » la cause du mal était exogène pour s’éloigner de nos choix endogènes de développement.



La catastrophe devient alors un projet volontaire, celui d’un avenir tenu pour fixe mais dont on ne veut pas, et contre lequel l’anticipation, l’actualisation, la coordination sont des composantes fondamentales et des conventions qui engagent notre destinée.



La fonction performative de l’énonciation contemporaine d’une catastrophe inéluctable diffère de la prophétie antique comme accomplissement eschatologique : on projette une catastrophe pour que, par notre action rétroactive, elle ne s’accomplisse pas. La posture catastrophiste prévoit réellement l’avenir dans le seul but de le changer.



⇒ Résultats d’activités de prédiction et de simulation comme des signaux avant-coureurs à partir desquels trouver des solutions et des issues.



De ce stratagème de négation de cet évènement négatif, l’autodestruction, résulte l’évènement positif – la vie- .



Patricia JARNIER

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La catastrophe ou la vie

Une recension très favorable m’a conduit à la lire ce livre. Le point de vue d’un philosophe (professeur à Stanford) avec une très solide formation scientifique (ancien élève de Polytechnique) me manquait, ou du moins, le croyais-je, dans le maquis des innombrables ouvrages et articles qui abordent la question essentielle, et devenue lancinante avec la crise du Covid, des choix que la puissance publique, mais aussi les individus, sont parfois conduits à faire dans des situations qui mettent en cause la vie et la mort, et où, comme toujours, et encore davantage dans ces périodes de crise sanitaire, il est impératif de décider même quand on a peu d'éléments de connaissance pour guider la décision.

Quelle déception ! Que l’auteur soit obsédé par le risque de sa propre mort, qu’il perçoit nécessairement assez proche compte tenu de son âge, et que cela le conduise à refuser toute distinction entre "vie purement biologique" et vie au sens plein du terme, cela peut se comprendre ; mais que cela lui fasse trop souvent abandonner une approche d’argumentation au bénéfice (si on peut dire!) d’une mise en cause morale (au sens dégradé malheureusement trop souvent utilisé de ce terme) des arguments de ceux qui ne partagent pas son point de vue, cela ne peut que décevoir quiconque attendait bien autre chose de la part d’un de ces quelques philosophes des sciences qui sont vraiment versés dans ces dernières : le raisonnement d’économistes sur la valorisation statistique de la vie l’"écœure", et du reste, il étale son mépris pour la profession d’économiste et sa "vulgarité" ; telle autre position est moralement inadmissible, car trop proche de celle des proches de Trump (et quand ces mêmes personnes disent qu’il fait beau, faut-il renoncer à voir le soleil briller?).... on pourrait multiplier les exemples de tels jugements expéditifs vis à vis de positions exprimées pourtant par des personnes connues pour leur sens de l'analyse des réalités sociales et économiques.

Et cette façon de refuser tout raisonnement conduisant à faire des choix, des tris, dans des circonstances qui pourtant y obligent, le conduit à refuser de se placer dans ce type de situation. Il va jusqu’à prendre l’exemple d’un médecin qui, devant le manque de respirateurs par rapport au nombre de patient qui en auraient besoin, "se débrouille" avec des bouts de ficelles (sans nous dire le résultat concret, en terme de santé des patients, de cette attitude), comme si c’était la solution à ce type de situation cornélienne ! Et ce tour de passe-passe lui permet de rester sur son Olympe moral de celui qui refuse de se salir les mains et de choisir, en cas de nécessité, ce qu’est la solution la moins mauvaise, et traine moralement dans la boue ceux qui tentent de trouver des raisonnements pour y parvenir. 

Bref, on s'attendait à être guidé dans ces réflexions angoissantes, par un scientifique devenu philosophe, et on ne trouve que des imprécations.

On ne termine cependant pas le livre avec le sentiment d’avoir totalement perdu son temps, car l’auteur, dans sa volonté de bien faire valoir ses bases scientifiques, nous fait découvrir des aspects importants qu’il est utile d’avoir en tête quand on aborde ces questions redoutables, comme la tendance que nous pouvons avoir à minimiser a postériori un danger que l’on a réussi à éviter, et donc à critiquer le coût des mesures qui ont conduit à le surmonter, et quelques autres paradoxes qu’il est bon de connaître, sur la nature de la vie et des processus qui la déterminent.



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Pour un catastrophisme éclairé

Je ne pense pas avoir tout compris, même en relisant plusieurs fois certains passages. C'est un livre qui se diffuse. Il faut y revenir pour bien en absorber tous les savoirs.

Au fur et à mesure des chapitres, on y découvre les angles morts de la pensée humaine, on appréhende les outils qui nous permettent de les dépasser. Tout cela au service d'une cause, comment agir face à la catastrophe qui s'annonce. Une question dont l'importance se fait chaque jour plus prégnante.
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La guerre qui ne peut pas avoir lieu

Que dire de cet essai ? Soit, je n'ai pas vraiment compris le propos, soit la démonstration de l'auteur est incompréhensible pour le plus grand nombre (je reviendrai sur la conséquence pratique de ce dilemme).



Partons de la conclusion, les deux dernières phrases : « Oui il est possible de donner des fondements rationnels à l'efficacité de la dissuasion nucléaire. Et cette conclusion est épouvantable ». Voilà un jugement définitif, sauf que le fondement en question est le « théorème » suivant : « Ce qui fait que la dissuasion nucléaire a marché, et peut encore marcher, est l'indétermination de l'avenir dans une conception du temps qui fait de l'avenir un avenir nécessaire ». Pour le paraphraser sur la base de ma compréhension, je dirai l'avenir est écrit, mais nous est pas révélé. Me voilà bien avancé.



Je suis partagé sur ce livre, il apporte énormément d'information historique et théorique sur l'histoire des « dissuasions nucléaires ». La première partie est facile à lire et d'une certaine manière jubilatoire : enfin des paroles sensées sur un sujet essentiel qui a disparu des préoccupations presque quotidienne de ma génération (X) après la chute du mur du Berlin. Comme si la chute de « l'ennemi idéologique » de « mon camp » avait effacé les gigantesques stocks d'armes même réduit de moitié après les miraculeux accords des années 80 et 90.



De cette première moitié, j'ai conclue qu'il faut lire Ellsberg (non traduit en français) (1). Il faut comprendre que pour justifier l'impensable il fallait rationaliser l'irrationnel, et en même temps, pour crédibiliser la dissuasion il fallait irrationaliser le rationnel. C'est là tout le paradoxe de l'équilibre de la terreur.



Le troisième quart est plus ardue, mais donne encore une mine d'information et d'explication sur la justification, ou non, des différentes formes de dissuasions nucléaires.



Le dernier quart est à la fois extrêmement ardue et spéculatif. Sur la base d'une démonstration métaphysique, qui m'a rappelé un peu l'interprétation transactionnelle de la mécanique quantique (2), l'auteur pose plusieurs hypothèses ad-hoc sur la nature de la réalité et du temps. Bien que le propos est globalement compréhensible, la démonstration est complexe, l'ensemble forme une théorie peu accessible et finalement peu opérante, jusqu'à la conclusion finale énoncée plus haut.



Un exemple de cette théorie, il semble exister qu'une seule ligne temporelle qui lie la cause et l'effet dans les deux sens : en gros l'un « défini » l'autre de manière nécessaire en fixant « un point fixe » (x=f(x)). Cette formulation qui a pris un sens et un formalisme mathématique dans l'ouvrage ne m'est pas inconnue. Et j'ai pu décelé là un point faible dans son raisonnement : l'existence d'un point fixe ne signifie pas que le système converge vers lui, elle peut même mener au chaos (cf. suite logistique (3)). Bref, je n'étais plus certains que l'auteur maîtrisait son sujet, pour ma part je ne maîtrise pas le sien.



Je n'affirme pas que la théorie fumeuse, j'avoue seulement mon incompétence. L'ensemble n'est pas claire et mal vulgarisé. Ce qui m'amène au point dur, sa théorie est inopérante : si je suis, moi le quidam, incapable de comprendre sa démonstration et sa conclusion, que dire de ceux qui justement planifient la dissuasion nucléaire. Je ne suis pas sûr les généraux, les ingénieurs de l'armement, les politiques en charges soient tous verser dans la métaphysique pour en tirer une leçon.



Le livre n'est pas vain, mais il semble passer à coté de deux concepts peut-être plus opérant. le premier est vaguement évoqué dans la conclusion : le concept MAD (acronyme anglais de destruction mutuelle assurée – qui veut dire aussi « fou ») est désormais un mème : une idée autonome et irréfutable qui hantera les esprits même s'il n'y a plus d'armes nucléaires. le second n'est pas traité même si le mot « religion » est prononcé une fois en introduction de la quatrième partie. Il ne semble pas possible de démontrer l'efficacité de la dissuasion (même si l'auteur conclue l'inverse) sur des bases rationnelles : c'est une question de foi. Il faut croire à la dissuasion pour être « soulagé » de ses maux moraux.



La doctrine de la dissuasion, rationaliser l'irrationnel & irrationaliser le rationnel, est la même que le fondement de la plupart, sinon de toutes, les religions. Elle permet de faire cohabiter des affirmations incohérentes entre elles (les fameux mystères de la religion), et promet une récompense au bout : le paradis pour les justes et les dévots, la paix éternelle pour les nations nucléaires. La foi n'engage que ceux qui y croient.



L'argument massue, a posteriori, des croyants de la dissuasion est que nous sommes en paix depuis 1945. Ils oublient à la fois toutes les intentions « d'en finir » - y compris Bertrand Russel (4) -qui ont émaillées la guerre froide, et les quasi-accidents qui ont faillies mener à la catastrophe. Sauf qu'il y a peut-être une autre explication à cette longue période de paix.



Ce n'est pas la première fois que le monde a vécu presque un siècle (presque) sans guerre (dans le monde occidental) : il y a un précédant, le long XIXème siècle (1815-1914). Au cours de cette époque le monde préférait le commerce et la mondialisation des échanges. La paix c'est mieux pour faire du commerce. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas eu de violence, mais c'était « à l'extérieur » dans ce vaste mouvement de colonisation et d'expansion des terres – dans un modèle économique encore très agraire, où la richesse était au premier ordre une fonction de la surface et de la population. C'est lorsque la quantité de terre colonisable tendait vers zéro, et lorsque l'industrie montante demandait une nouvelle forme d'économie – basée sur l'énergie et les ressources minières – que le mouvement de mondialisation c'est arrêté. le monde entrait en crise dans une gigantesque guerre de 30 ans : 1914-1945. Depuis, las bases énergétiques étant fixées (pétrole) ont est entré dans une phase de la mondialisation avec son corollaire la paix.



D'aucun disent que cette phase de mondialisation est en train de se terminer : aura t'on une nouvelle poussé de fièvre guerrière ? Cette hypothèse est en effet épouvantable avec l'arme nucléaire.



P.S. : pour les geek, outre le célèbre docteur Folamour, deux films éclairant sur la dissuasion nucléaire

- Wargames (1983) sur les représailles sur alerte (https://fr.wikipedia.org/wiki/Wargames_(film)), une scène savoureuse où un planificateur utilise les principes de la dissuasion pour dissuader le général de lancer les missiles

- By Dawn's Early Light (1990), sur la dévolution - (https://en.wikipedia.org/wiki/By_Dawn%27s_Early_Light) film difficile à trouver



(1) https://www.babelio.com/livres/Ellsberg-The-Doomsday-Machine/1029584

(2) https://fr.wikipedia.org/wiki/Interpr%C3%A9tation_transactionnelle_de_la_m%C3%A9canique_quantique

(3) https://fr.wikipedia.org/wiki/Suite_logistique

(4) https://fr.wikipedia.org/wiki/Bertrand_Russell

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L'invasion pharmaceutique

L'invasion pharmaceutique / Jean-Pierre Dupuy, Serge Karsenty. - 2ème édition complétée et mise à jour



Date(s) : 1977

Paris : Éditions du Seuil, DL 1977



Pourquoi donc les médicaments sont-ils devenus les meilleurs alibis de notre médecine ? Parce que les malades demandent ce que les techniques médicales ne peuvent donner ; parce que les médecins ne savent plus comment démontrer leur désir d'efficacité ; parce que les laboratoires pharmaceutiques préférent se concurrencer dans la pseudo-innovation plutôt que de se risquer dans la vraie recherche. Dans ce système à trois acteurs, chacun est prisonnier de la solution que lui imposent tout à la fois les deux autres et des institutions sociales conservatrices. Les solutions proposées par les auteurs pour briser la logique vicieuse de l'institution médico-pharmaceutique sont plus que jamais d'actualité au moment où paraît cette nouvelle édition. [4e de couv.]
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Pour un catastrophisme éclairé

Une nouvelle approche de notre rapport aux catastrophes, voilà ce que propose l'auteur dans ce livre. La tâche est immense et difficile et l'auteur arrive à nous en donner quelques esquisses en à peine 200 pages. Sa thèse du catastrophisme éclairé est simple dans son énoncé : il s'agit du donner un poids suffisant à un avenir détestable en vue de déclencher une action préventive. Ce poids donné à l'avenir passe par une exploration des notions de destin, de prévention, de précaution, de possibilité et de causalité. L'analyse de l'auteur est serrée mais peut-on être convaincu par son propos? Le renversement métaphysique de notre rapport à l'avenir que l'auteur demande est d'une telle ampleur que l'application concrète du catastrophisme éclairé pourrait en pâtir. Cela semble être le cas quand on voit l'auteur critiquer les détournements qui sont faits de sa théorie par les collapsologues. Un ouvrage qui amène en tout cas à la réflexion.
Lien : https://medium.com/@palex.je..
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Petite métaphysique des tsunamis

Jean-Pierre Dupuy analyse les grandes catastrophes de l'histoire,  du séisme qui a provoqué le tsunami et l'incendie de Lisbonne en 1755 à celui de 2004 en Indonésie, de l'holocauste ou la Shoah - deux fois mal nommé, sacrifice à un Dieu ou catastrophe naturelle - aux attentats du 11 septembre 2001 à Ground Zero - de même mal nommé, terme signifiant l'épicentre d'une explosion de tout type même naturel, et aussi utilisé en 1945 lors du premier essai d'une bombe atomique au Nouveau Mexique - de Hiroshima et Nagasaki au réchauffement climatique et protocole de Kyoto. Le vocabulaire détourné n'est pas anecdotique car il explique déjà la difficulté de l'homme à considérer ces événements de manière juste.



   Quel rapport donc entre ces catastrophes ? La vision qu'en ont les hommes et l'explication voire la justification qu'ils en donnent : réaction de la nature, punition de Dieu, pur hasard, mal causé par l'homme. Jean-Pierre Dupuy tente d'expliquer notre aveuglement ou du moins notre impossibilité à réagir de manière adéquate aux catastrophes inévitables de l'avenir pourtant bien réelles et prévisibles. "L'avenir n'est pas moins nécessaire que le passé. "Après-demain, le déluge sera quelque chose qui aura été" ". "Les générations ne sont pas égales du point de vue moral. La nôtre et celles qui suivront ont un statut moral considérablement plus élevé que les générations anciennes, dont on peut dire aujourd'hui, par contraste avec nous, qu'elles ne savaient pas ce qu'elles faisaient."



   L'auteur éclaire le propos par les philosophies de Saint-Augustin, Leibniz, Voltaire, Rousseau, Günther Anders et Hannah Arendt afin de proposer une réponse satisfaisante à cette incohérence ou "thoughtlessness", courte vue, irréflexion. Le mal créé par l'homme est tellement élevé qu'il ne peut être expliqué par la raison ou les raisons, le pourquoi : il est devenu systémique. 



   L'arme nucléaire est intrinsèquement immorale. "L'Amérique s’investissant elle-même de déterminer sinon le meilleur des mondes possibles, du moins "le moins pire"
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Aux origines des sciences cognitives

Nous sommes en mars 1946. Les plus grands esprits du XXe siècle (John von Neumann, Norbert Wiener, Warren McCulloch, Walter Pitts...) se rassemblent à l'hôtel Beekman de New York avec la détermination de construire une science de la pensée qui résoudrait enfin le vieux problème de l'esprit et de la matière. Ils partagent deux convictions : l'esprit fonctionne comme une machine et les lois de la physique permettent d'expliquer le fait que la nature nous apparaisse pourvue de sens. Forts de ces convictions, ils initient un mouvement transdisciplinaire – la cybernétique – qui a jeté les bases des sciences cognitives et de l'intelligence artificielle. Ceux qui pensent que les sciences cognitives sont nées avec l'avènement des ordinateurs seront surpris !



Jean-Pierre Dupuy (qui est l'un des architectes des sciences cognitives en France) reconstruit ici ce moment historique. Avec clarté et précision, il retrace les débats et la genèse des concepts. Il montre comment des idées ambitieuses et novatrices développées dans le sillage de la réunion de New York ont préfiguré certains des plus grands développements de la pensée par la suite. Cette contextualisation éclaire en effet directement les controverses actuelles entre cognitivistes et connexionnistes, éliminativistes et wittgensteiniens, fonctionnalistes et anti-réductionnistes. Les cybernéticiens ont aussi ouvert la voie au développement de la théorie du chaos, de la théorie de la complexité, et de toute une série d'autres percées scientifiques et philosophiques majeures.



Hélas, la génération suivante de chercheurs en science de l'esprit a ignoré le travail de ces pionniers. Jean-Pierre Dupuy regrette que la cybernétique n'ait pas fait alliance à l'époque avec la phénoménologie, et souligne les nombreux échecs du paradigme cognitiviste (qui, irrigué par ce courant adverse qu'est la philosophie analytique de l'esprit, est devenu dominant dans la recherche en sciences cognitives). Ce rendez-vous manqué avec la phénoménologie, et cet oubli de leur ancêtre cybernétique par les sciences cognitives actuelles, voilà qui, selon Dupuy, a dramatiquement retardé le développement d'une théorie scientifique de l'esprit. Si la rancune de l'auteur envers les cognitivistes est à couper au couteau, il n'en ressort pas moins un livre d'histoire de la pensée d'un immense intérêt.
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De quoi avons-nous peur ?

Quinze intellectuels et artistes réfléchissent à nos peurs face à la menace terroriste, à la menace écologique, et à la menace nucléaire.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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Lettres à Alan Turing

Des célébrités relatives (en sciences, ou des philosophes ou auteurs qui ont abordé des sujets en rapport avec l'oeuvre de Turing) lui envoient une lettre.



J'ai commencé le livre avec enthousiasme, mais j'ai été assez vité déçue. Je m'attendais à quelque chose de vibrant d'émotion, devant des gens exprimant leur admiration, leur empathie, peut-être leur déception sur certains points, devant l'homme célèbre. Je m'attendais à un peu d'humour aussi. Je n'ai eu ni l'un ni l'autre. Est-ce un choix éditorial, ou un choix des auteurs ? J'ai trouvé presque toutes les marques d'admiration convenues et froides.



Heureusement, plus tard, quelques lettres sont venues modifier cette mauvaise idée que je m'étais fait, en particulier celle de Sylvie Lainé. J'ai aussi beaucoup apprécié les trois "lettres" qui sont en fait des oeuvres de fiction épistolaire. Mais globalement, la plupart des lettre sont assez égocentriques, avec les gens qui expliquent comment Turing a influencé leur oeuvre, et ce qu'ils en ont tiré, ce qu'ils ont fait avec. Certains de ses articles sont intéressants scientifiquement (de façon étonnante, c'est le cas de celle du directeur scientifique de L'Oréal, j'avais un mauvais a priori contre), ou philosophiquement. Mais la plupart consistent à expliquer leur vision de l'oeuvre de Turing (certains lui font la leçon et expliquent qu'il n'est pas allé assez loin ou qu'il a eu tort), leurs opinions en général (avec parfois des "je suis sûr que tu serais d'accord avec moi", explicites ou implicites, que j'ai trouvé de mauvais goût), et globalement... je ne sais pas ce que je voulais. Bien sûr, dans une lettre, on parle de soi. Bien sûr, on ne peut pas essayer de nouer une vraie connexion avec quelqu'un qui est mort, et on s'adresse effectivement au public. Mais j'ai l'impression que dans de trop nombreux cas, ce message adressé au public était surtout "regardez comme je suis brillant".



Aussi, la vision de l'homophobie qui se dégage de ce livre, comme quelque chose qui est dans le passé, ou quelque chose qui est exclusivement anglais, me fait me demander dans quel monde vivent ces gens, ou s'ils sont tous hétérosexuels. Dans ce cas, autant ne rien mentionner sur l'homosexualité de Turing, s'ils ne font pas l'effort de comprendre.



Peut-être ce livre n'est-il pas destiné aux fans de Turing comme moi, mais aux gens qui le connaissent peu. Peut-être le sujet du livre n'est-il pas Turing lui-même, mais son influence sur la pensée moderne. Dans ce cas, ces lettres seraient presque plus des documents qu'une oeuvre. Peut-être, si j'avais pris l'ouvrage avec cette distance, l'aurais-je plus apprécié.



Enfin voilà. Une déception globale, même si vu l'hétérogénéité des textes et le grand intérêt de certains, je ne peux pas dire que je regrette d'avoir lu.



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Où va le monde ?

L'étude -un peu fataliste- de l'avenir de notre système, aussi bien au niveau économique, écologique, sociale... donne envie de se pencher sur d'autres systèmes basés sur l'échange, le don et la décroissance. Ce livre est un bon début pour comprendre qu'il est indispensable de trouver une alternative durable au système vieillissant qui nous mène droit dans le mur.
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L'avenir de l'économie

[De] questions simples, Jean-Pierre Dupuy tire une quantité de réflexions stimulantes, parfois ardues, qui contrarient beaucoup des interprétations rapides de la crise.
Lien : http://www.lemonde.fr/idees/..
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La catastrophe ou la vie

Beaucoup de "(très) vieux sages" ont été écrits sur la pandémie de SARS-Cov-2. C'est le cas de Jean-Pierre Dupuy, 80 ans. Comme tous les autres "vieux sages", il aurait été préférable qu'il n'écrive pas. Cet ouvrage permet à l'auteur de se mettre sur un piédestal tout en insultant la bêtise de ceux qui ne pensent pas comme lui et de culpabiliser les jeunes en les déclarant coupables de la propagation du SRAS-Cov-2. En réalité, Jean-Pierre Dupuy est d'une hypocrisie hallucinante : il donne des leçons de vie et de comportement juste pour sauver ses fesses. Il n'accepte pas qu'un corps de 80 ans (son corps) a un risque plus élevé de mourir ou d'être malade, en dépit des progrès de la médecine et des sciences et considère donc comme normal que tout le monde s'arrête de vivre pendant 3 ans pour le sauver, lui le grand penseur. Il poursuit son hypocrisie en faisant semblant de ne pas comprendre les arguments de ceux qui prônent la vie en tant que vie biographique, faite d'expériences, de souvenirs, d'émotions, de partages, plutôt qu'une vie dans laquelle le corps fonctionne, certes, mais en étant isolé et privé de tout ce qui fait de l'être humain un être humain vivant, c'est-à-dire pouvant écrire des mémoires, pouvant produire de l'art, etc. Enfin, Jean-Pierre Dupuy, mathématicien de formation, se dit scientifique car expert en mathématiques. On a beau le répéter mais il faut apparemment encore le faire : les mathématiques ne sont pas une science (elles n'expliquent pas le monde qui nous entoure) mais juste un langage qui permet de formaliser simplement des calculs et liens logiques. Parce qu'il est mathématicien, Jean-Pierre Dupuy laisse entendre qu'il comprend et maitrise tout sur les virus. A la lecture de son ouvrage, on comprend que ce n'est pas du tout le cas car il n'admet pas que le hasard, l'aléatoire, gouverne le vivant et les virus (dont la nature de non-vivant est plus que remise en cause avec la découverte des grands virus et des virus de virus). Bref, un ouvrage à éviter (sauf vous êtes adepte de Michel Onfray, qui est dans la même veine narcissique, hautaine et méprisante)
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La guerre qui ne peut pas avoir lieu

Jean-Pierre Dupuy revient sur l’actualité de la menace nucléaire dans le droit fil de ses travaux sur le « catastrophisme éclairé ».
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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Lettres à Alan Turing

Ce livre regroupe vingt-trois lettres écrites par des professeurs, ingénieurs, philosophes (...) qui ont été amenés à travailler de près ou de loin sur les travaux d'Alan Turing. Pour ouvrir et clôturer cette ouvrage, on retrouve également un prologue, une petite chronobiographie de la vie d'Alan Turing, les résonances qu'ont eu ses travaux (biographies, films, essais etc...) mais aussi une petite présentation de chacun des auteurs réunis dans le livre. 



Les lettres sont toutes assez originales et sont toutes construites de façons très différentes. Certaines vont s'adresser à Alan Turing en utilisant le vouvoiement tandis que d'autres vont utiliser le tutoiement, dans certaines, l'auteur va discuter directement de ses travaux en comparant les résultats de Turing à la réalité 50 ans plus tard, dans d'autres les auteurs vont écrire une lettre fictive (par exemple, la lettre "Theoreo ! Je vois !" de Nazim Fatès m'a bien plu car très originale). Les lettres de Sylvie Lainé "Ne croquez pas cette pomme, Alan !" et de Gérard Berry "Un géant de création et de simplicité" sont également très intéressantes et plaisantes, ce sont celles qui ont le plus retenu mon attention dans ce livre.

N'étant pas spécialiste du sujet, j'ai appris à travers ces textes, de nouvelles choses concernant les travaux d'Alan Turing, notamment au niveau de la biologie et des mathématiques (je ne savais pas qu'il avait travaillé sur autant de sujets!).

Je m'attendais à plus d'humour ou à la découvertes de petits secrets concernant Alan Turing, mais ces lettres restent tout de même très focalisés sur ses travaux plus que sur le personnage. Cependant, cet ouvrage reste accessible au grand public et donc pas besoin d'avoir un doctorat en mathématique pour prendre du plaisir à le lire. Il y en a pour tous les goûts et, si vous connaissez un peu Alan Turing et appréciez ses travaux, ce livre est intéressant sans être trop lourd.



Je remercie Babelio et les éditions Thierry Marchaisse pour cet envoi dans le cadre de la Masse Critique de septembre.
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Lettres à Alan Turing

Ce livre m'a été offert dans le cadre de l'opération masse critique. Dans cet ouvrage des scientifiques, des écrivains et des philosophes se sont prêtés à l'exercice d'écrire une lettre à Alan Turing, connu comme l'un des précurseurs de l'informatique moderne et casseur du code de la machine allemande Enigma. L'idée est originale et plusieurs lettres m'ont appris des choses intéressantes et pas uniquement sur la vie d'Alan Turing. Malheureusement, et c'est inhérent à ce genre d'exercice, l'ensemble reste assez répétitif, malgré les efforts certains que chaque auteur a entrepris pour différencier sa prose de celle de ses collègues. Pour conclure, je dirais que les aspects positifs l'emportent tout de même sur les négatifs.
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L'avenir de l'économie

Plaidoyer remarquable pour une réhabilitation de la politique comme vision choisie et commune de l'avenir.


Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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