D'où ce besoin de publier notes, journaux intimes, souvenirs d'enfance. On sait bien, au fond, que c'est là, face à sa propre vérité, à sa plus ou moins grande audace dans le dévoilement, à sa virtuosité dans la confession, qu'un écrivain joue, à la vie, à la mort, son œuvre.
Avec beaucoup de travail, on peut produire une masse aussi impressionnante que "Les travailleurs de la mer". Mais "Choses vues", non. Il faut l’essentiel, ce qui ne s’acquiert pas: l’œil, l’oreille, le toucher. Le style. Ou, comme dit Beckett, la manière.
(14 juillet 1956 - Vence, p.97)