L'auteur Jean-Pierre Gorkynian nous rappe un extrait de son dernier roman TIREUR EMBUSQUÉ, finaliste au Prix littéraire des collégiens 2021.
www.lbrs.ca/2mET9Msw
http://memoiredencrier.com/tireur-embusque/
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Conception sonore: Jirafe
Montage: @studiobrw
@gorkynian
Vous n'avez pas le courage d'accepter que la violence existe. Vous la cachez. Exactement comme vous faites avec vos vieux. Parce que vous ne tolérez pas de les voir souffrir. Vous préférez qu'ils crèvent derrière des portes closes. C'est ça, pour vous, une société civilisée ?
Il est un monde parallèle au notre, m’a dit-il. Mystérieux, troublant, effrayant pour celui qui ne sait pas l’appréhender… chaque être humain est poursuivi par ses propres démons. Celui qui est possèdé perd son libre arbitre, et ce sont les démons qui agissent à sa place. Celui qui ne sait pas dialoguer avec eux est perdu. Complètement perdu.
Je suis né au pays de l’hiver, mais ma peau n’est pas blanche. Mon sang torréfié prend sa source dans le désert. Tôt mêlé à la neige, je voulais ressembler à ceux qui m’entouraient… Pourtant, à leurs yeux, je ne suis toujours pas tout à fait québécois. Ailleurs, je ne suis pas tout à fait Arabe.
Les massifs dunaires voguent d'un bout à l'autre du désert, sous l'orchestration des étoiles, et moi, je suis perdu dans leurs méandres. Quand la solitude devient insupportable, quand la violence que je vois est trop immonde, je m'échoue, en quelques clics, au pied de mirages dissipés.
Je me rappelle la gifle que je me suis prise sur la gueule quand j’ai dit à mon père que je voulais être écrivain… cette gifle avait quelque chose de définitif. Il n’avait pas quitté une vie de merde pour que je mène une vie de merde.
Mais on a beau avoir tout fait pour se soustraire aux balles, il arrive que le tireur soit plus proche que l'on croit. Et quand il appuie sur la détente, il est déjà trop tard.