Tour de voiture
Belle lune de Mariampol ! Sur la lisière
de chaume, ma petite cité,
derrière les baraques
elle monte,
lourde, pesante et comme
parfois retombant un peu. Ainsi va
le marchande de chevaux, il achète
pour sa mère un foulard à frange.
Le soir,
tard,
ils ont chanté tous les deux. Nous sommes
rentrés chez nous en traversant la rivière,
sur le bac on entendait, comme l’eau,
passer, légers, des mots échangés
de gens se hélant, s’appelant –
nous l’avons entendue longtemps
au-dessus de la ville
là-haut dans les clochers, nous l’avons entendue,
la lune juive. Elle est
comme dans le coin du jardin la petite
herbe de larmes et de baisers
la rue * odorante, nos filles
la cueillent.
Viens, Joneleit, ne perds pas
ton foulard. Les vieux dorment.
Encore une nuit,
qui a fini de chanter.
* : plante aromatique et médicinale
//Johannes Bobrowski (1917 – 1965)
/Traduit de l’allemand par Jean-Pierre Lefebvre