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Citations de Jean-Pierre Lemaire (34)


Je suis
ce cri d'enfant
d'oiseau
Ce nuage
accroché dans les arbres
Je sors pour étendre
le linge de la nuit
d'une étoile à l'autre
et j'oublie mes bras
sur le plus haut fil.
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L'autre message

Quand il a lu le dernier mot
il cherche encore au creux de l'enveloppe
autre chose, un signe impalpable,
plus fin qu'une épingle, un souffle
qui serait parvenu clandestinement
ici, loin de la mer, comme des grains de sable
recueillis au fond d'un soulier obscur.


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SOUS-BOIS

Le rayon invisible sous les sapins
illumine au ras du sol une feuille
un terrier peut-être, une campanule
une pierre à mica tachée comme une truite
et le cœur se tait, traversé aussi
par ce mince rayon qui éclaire les choses
plus bas que ses questions, dans une paix sans mots.
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Jean-Pierre Lemaire
Bouche d’or
     
Deux fois par jour, le matin et le soir,
le soleil se met à notre hauteur
et parle doucement aux arbres, aux maisons,
aux hommes, tel un père, une mère patients
à un enfant boudeur. Puis il se relève
pour vaquer dans le ciel à ses occupations
comme nous vaquons sur la terre aux nôtres.
Quand vient le crépuscule, assis à l’horizon,
il attend le récit de notre journée
mais nous ne pensons plus déjà qu’au lendemain.
Tu as vécu distrait. Alors, aujourd’hui,
reste un peu plus longtemps l’oreille à la hauteur
de sa bouche d’or ; écoute son murmure.
Il a peut-être encore une chose à te dire
pour la dernière fois. Parle-lui aussi.
     
Revue Incertain regard no 17 - Hiver 2018.
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ANNONCIATION

Dieu
si petit en moi
hors de moi si grand.
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Jean-Pierre Lemaire
Un violon infime au fond du ciel
joue si doucement
qu'on ne l'entend pas
Suspendus à ce fil inaudible
les moineaux dans la pinède
le bruit du vėlomoteur
et les blancs du poème
sont du même monde.

(" Le pays derrière les larmes")
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Jean-Pierre Lemaire
Le temps referme les blessures
si lentement qu’y poussent

la fleur du romarin,
une langue étrangère,

des amis imparfaits, des ennemis lointains
et la divine patience,

graine de foudre qui refend
le cœur colmaté.
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Je change l’eau du lilas, dit-elle
mais en réalité
quelque chose d’autre en fait une fontaine
Lumineusement
je n’y suis pour rien
Peut-être, cachée dans le vase
la main invisible
qui n’a cessé de me l’offrir ?
     
p. 76
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Nous voici doucement déposés
par le jusant du jour
un peu plus bas
au niveau muet des meubles
des pieds invisibles des chaises
de la petite table
où brille le vase aux clefs
l'oreille à la hauteur de la pendule noire
qui picore un temps frugal
émietté pour elle
dans la paume du silence
Serait-ce que d'habitude
nous marchions légèrement plus haut
et que c'était cela
justement
être vivants ?
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«  De ta chaise longue,
tu regardes sans voir derrière tes lunettes
les pissenlits grillés par la canicule,
le Mont Blanc au bout du pré
comme un bien de famille
et quand il fait plus frais ,
le soir tu entends
le cri fusant des hirondelles
qui ont fait leur nid à l’abri du volet ;
miettes du monde
que le poème aussi recueille
en vain pour toi qui ne lis plus » ……
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Jean-Pierre Lemaire

Un rayon du soir traverse le pré ,
éclairant une file de pissenlits:
petite procession aux têtes enfantines,
vives, ébouriffées, chacune penchant
d'un côté ou de l'autre,et sages cependant,
comme il convient à l'heure solennelle.
Les autres fleurs du pré regardent, immobiles
Eux seuls paraissent aller quelque part,
croisent un merle. Et tu voudrais les suivre.

(" Le pays derrière les larmes")
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Devant le guichet il s'arrêta…


Devant le guichet il s'arrêta, intimidé
comme à l'avant-dernière case
d'une grande marelle. Au-delà
avec les balances, les ailes
on passait la mer
Lui ne partait pas
Dehors, les voitures toutes jaunes
Elles ne prenaient pas les gens
Seulement les lettres, les mandats
Parfois, clandestinement
l'ombre de leur main droite

//édition La Dogana, 1981
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BIRKENAU


Pissenlits entre les baraques
de brique sombre.
Les mêmes fleurs dehors,
dans la campagne polonaise,
et ici, le long des rails
qui s’arrêtent plus loin
face au ciel, aux ruines,
au rideau de peupliers,
sur le sol de cendre humaine.
Chacun marche courbé,
cherchant en lui-même
la fleur qui manque,
ici et dehors,
celle que le printemps
attend de lui seul.
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Le soleil éclate en milliers de graines
qui pétillent sur les toits,
dans les plis de la mer,
les cheveux fins des poivriers,
les rêves des gens qui partent au travail.
Pendant la journée, il semble inépuisable.
Le soir, il est vide.
Les gens rentrent chez eux,
regardent la ville en fermant leurs volets :
dans quelques jardins
poussent des arbres d'or.
(Figure humaine)
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AVEC LE TEMPS

MONT-BLANC


La montagne s'approche
comme avant la pluie.
Elle tremble
au dessus de la corbeille de roses.
Elle va bientôt fondre.
C'est un visage
impassible qui pleure
les entrailles neigeuses
de la pitié de Dieu.
Si nous étions des saints
nous recevrions toute l'avalanche.
Nous ne sommes pas prêts.
Elle soupire seulement.
Nous aussi, laissés
tandis que les prés reviennent à leur place
avec un cœur un peu plus large.

p.241
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PATIENCE


On n’aperçoit jamais que l’envers de la nuit
l’aiguillée minutieuse, imprévisible des étoiles
cousant peut-être les poches du ciel
ou le bouton unique du soleil
L’endroit, dit-elle, est encore plus beau
C’est un autre jour
On le verra quand tout sera fini
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VISITATION


Je suis partie vers le haut pays
en hâte et en paix. Celui qui m’habite
me donne le repos et le mouvement.
Je suis arrivée à l’heure où les montagnes
penchent la tête sur leur poitrine
retrouvent leur cœur à travers le labyrinthe
le chaos des rocs. Dans l’air doré du soir
recueillies, elles se parlent à elles-mêmes
et plus librement les unes aux autres
veillant sur les villages. Telle fut aussi
notre conversation avec Élisabeth
chacune attentive à l’enfant qu’elle portait
et comme transparente, ouverte à la promesse
qui tressaillait en elle et grandissait en moi
fruit lumineux de l’attente enfouie
dans la tristesse, le sommeil de tous.

p.58
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Nous n'avons pas trouvé le défaut de l'été
de la montagne grise ou du ciel trop bleu.
Nous arrivons au bout des journées sans connaitre
l'intérieur du temps. Avant de partir
nous prenons dans la main une pierre, une fleur
distraitement, et voici la montagne
le ciel soudain prêts au premier échange
notre corps capable de recevoir
leur chaleur mystérieuse en diffusant la sienne.
Nous n'emporterons pas la pierre ou la fleur.
Nous levons les yeux vers le paysage
trop tard familier, craignant que notre vie
ne nous apparaisse un jour impénétrable
quand chaque moment tenait dans notre main.

(extrait de "Le défaut de l'été") - p. 214
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ART POÉTIQUE


Le monde revient chercher ses couleurs
ses voix fanées au fond de tes poches
et tu les défroisses l'une après l'autre
le rose des labours un matin d'avril
le jaune du colza couvant sous la brume
la langue intraduisible de l'horizon
comme un prestidigitateur lui-même surpris
par ses foulards, ses cartes, ses colombes

p.93
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Paroles d'amis, paroles consolantes,
nuages qui font frémir la balance
où pèse la terre.

(p.22)
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