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Critiques de Jean Racine (761)
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Phèdre

Cette pièce ? Quel style, mes aïeux ! quel style !

Quel superbe dompteur de vers indociles !



À l'aide ! à l'aide ! Les vers me dévorent !

Ils m'habitent, ils me creusent mais je les adore.

Ils durent emprunter l'allée connue de moi

Qui conduit du livre jusqu'à mon tendre émoi.



Aux armes ! aux armes ! On veut m'assassiner !

Mieux qu'une flèche que je ne puis dessiner,

Mieux qu'une lance, mieux qu'un glaive, trépasser

Aux charmes de ce style, sans jamais m'en lasser.



Encore ! encore ! Mon âme crie : « Encore ! »

Et mon cœur que mon corps ne sait plus guère enclore

S'avoue si bien vaincu par le stylet du style,

Que le roc de sa chair est devenu ductile.



Vous me voyez figer, mon corps s'enracine

Si vous coupez mes ailes, si vous m'ôtez Racine.

À Paris, au pays de France, au français,

Les vers de Racine, les tragédies qu'on sait,

Manqueraient autant qu'Eiffel et sa tour d'acier

Si par malheur, vous les lui retirassiez.



La pièce, lue jadis et jadis aimée,

Et encore lue ce jour et ce jour, adorée...

Assez parlé ! Quel décor ? quel scénario ?

Pas de scène à New York, aucune scène à Rio.



Ici, Phèdre, follement, aime Hippolyte,

Le fils du grand Thésée, son légitime époux,

Lequel vieux héros n'enflamme plus le pouls

De sa compagne, dont l'amour se délite.



Redoutant que son inclination la trahisse,

Phèdre s'ingénie à éloigner son beau-fils.

Elle met toute sa haine et tout son art ici.

Hippolyte, lui, ne rêve que d'Aricie.



Soudain, la nouvelle dit que Thésée est mort.

Phèdre alors pense qu'elle peut aimer sans remord

Et se déclare, sans pudeur hypocrite,

Au très sombre et très vertueux Hippolyte.



Stupeur, horreur, tout cela le laisse interdit,

Il n'arrive pas à croire qu'on le perdît

Pour un amour faux et qu'il n'a point consenti.

Serait-ce donc vrai tout ce qu'elle a ressenti ?



Quoi ? Qu'annonce-t-on maintenant ? Voilà Thésée ?

« Bonjour ma femme, mon fils. Quoi ? Vous vous taisez ? »

Quel étrange accueil, remarque le vieux héros.

Quelles foudres ? Quels dommages collatéraux

Attendre de Thésée lorsque la fourbe Œnone

Lui dira des mensonges avec l'air des nones ?



Qui croira-t-il mieux, de son fils ou de Phèdre ?

Lequel de ces êtres aura-t-il peur de perdre ?

C'est ce qu'à présent je ne veux plus vous dire ;

Je vous veux laisser jouir, vous la laisser lire.



Et des critiques en vers, peut-être je vous lasse,

La dernière, je crois, était pour Ruy Blas.

Rassurez-vous cet avis creux, cette glose,

Cette fantaisie n'est vraiment pas grand-chose.
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Iphigénie

J'ai du mal à penser de cette Iphigénie

Qu'elle brille et, mieux, qu'elle touche au génie !

Oh ! Si vous saviez ce qu'elle me bassine

La molle tragédie de notre ami Racine !

Pourquoi ? Me direz-vous. Pourquoi ? Eh bien c'est là

Qu'il me faut confesser mon dégoût des mets plats,

Gentils, conciliants, irrévocablement

Moraux, probes et droits, si lisses, franchement

Qu'ils confinent, pour moi, au telenovela !

Une tragédie ? Ça ? Non, un soap opera.

Alors, voilà un roi, le Grec Agamemnon,

Qui voudrait guerroyer, faire entendre son nom

Jusqu'aux remparts de Troie. Il rameute en ce sens

Tous les rois d'alentour, sans soucis de dépense :

Ulysse, Achille… bref tous les grands noms sont là,

Armés jusqu'aux dents et même beaucoup plus bas

Ils sont là, ils sont prêts, c'est l'heure de partir,

Mais ni vent, ni Dieux, n'y veulent consentir.

Que faudrait-il alors pour qu'ils le tolérassent ?

Immoler une fille — et pas qu'une connasse —

Il faudrait qu'elle fût fille d'un roi du même nom

Que le boss des boss et qui, bien sûr, dira non.

Mais l'oracle est formel : « C'est ça ou rien, mon pote. »

« Quoi ? s'étrangle le roi, être pire que Pol Pot ?

Je ne peux, je ne dois. Tant pis, je renonce. »

Quand Ulysse apprend ça, vite il le semonce :

« Mais, vous n'y pensez pas, mon cher Agamemnon,

Que diront Achille et les gars du même nom

Quand ils apprendront que pour sauver la pucelle

Vous pliez les genoux et faites votre selle ! »

« C'est ma fille, c'est mon sang, aussi je m'ingénie

Si je peux éviter qu'on tue Iphigénie,

Je la retiens loin d'ici et j'attends. »

« Inutile, mon cher roi, car il n'est plus temps.

En effet, c'est elle que j'aperçois ici. »

« Ah ! Diable ! Satan ! Méchante prophétie ! »

La jouvencelle endimanchée, ignorant tout,

Se réjouit en Aulis de pouvoir prendre époux.

Et quel époux, vous dis-je, rien moins qu'Achille.

Auprès du prodige, elle se sent tranquille,

Et pourtant, oui, pourtant… Elle l'a vu dans les yeux

De son père chéri : un aveu périlleux.

Elle n'ose saisir, cherche des excuses

À celui que, pourtant, les indices accusent.

Achille aussi sent bien que se prépare un loup,

Or, lui aimerait bien pouvoir tirer son coup

Avec la demoiselle, alors il interroge

Son futur beau-père : « Je pense qu'on déroge

Aux élémentaires lois du respect moral

Et c'est donc pour cela qu'auprès de vous je râle :

Pensez-vous qu'on puisse ainsi du grand Achille

User et offenser sans se faire de bile ? »

C'est tendu, je vous dis, ça sent l'hémoglobine

Et c'est là que Jeannot nous sort de son chapeau

À la brave fillette, une horrible copine,

Sur le front de laquelle flotte comme un drapeau

Où l'on lit en grosses lettres : « Vile salope »

Sortez les violons et le pathos galope…

Pour moi, beurk, mais c'est le contrat tacite

À plus ou moins toutes les bonnes tragédies :

En effet, faut que ça saigne, décapite,

Trucide, lamente, chiale et expédie.

Faut que ce soit injuste et plutôt révoltant

Faut de l'innocent, qu'on trouve ça dégoûtant

Qu'on veuille se lever, se battre nous aussi…

Alors que reste-t-il si gagnent les gentils,

Si même on épargne la maman de Bambi ?

Un jus de courge, une bouillie de salsifis…

En tout cas tout ce qui me gonfle et m'ennuie,

Rien à voir avec l'original d'Euripide :

Tous les héros ici, je les trouve insipides.

J'admets, c'est sûr, je ne suis pas hyper polie,

Je secoue l'idole et je beugle : « Remboursée ! »

Car, même en terme de langue, il me manque

Un quelque chose, et ce n'est pas la panacée

Si je la compare avec celles qui me marquent :

Point de ces envolées sublimes qui chantent

Encore à mes oreilles, ces vers qui me hantent,

Qui frappent les esprits, que dis-je, sont la vie…

Mais inutile que je vous indispose

Car vous savez que ce n'est là que mon avis

C'est-à-dire, comme toujours, pas grand-chose.
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Britannicus

Britannicus est probablement, des pièces de Jean Racine, ma favorite. Les ingrédients de cette recette de qualité : un somptueux méchant, deux beaux machiavéliques, un brave muselé, deux tourtereaux au nid le tout revenu dans un fond d'histoire antique.



Ajoutez à cela amour et politique, rythme et poétique et vous aurez l'exemple canonique d'une magnifique tragédie. Alors, bien sûr, tout comme on peut ne pas aimer le safran, l'ail ou le melon, on peut ne pas aimer du tout ce type de pièce, ce style d'écrit, mais dans ce type et dans ce style, avouons que c'est du grand art.



Et d'ailleurs, rendons à ces arts ce qui appartient à Racine : la dramaturgie et le lyrisme. Ce n'est pas un champion de la formule fracassante comme peut l'être Corneille, mais quel verbe mes aïeux ! quel niveau ! quel style ! quelle homogénéité d'ensemble ! quelle construction !



Britannicus peut être perçu comme le pendant français de MacBeth avec dans le rôle titre Néron. Comme pour la tragédie de Shakespeare, le point central en est le basculement du souverain de l'intérêt général vers l'intérêt particulier, la chute du statut de chef d'état, père de la nation à celui de vulgaire tyran ou dictateur.



Comme chez Shakespeare, même si les ferments du mal sont en germe et très présents chez Néron, il faut un catalyseur : c'était Lady Macbeth là-bas, c'est Narcisse ici, c'était le truchement des événements là-bas, c'est l'amour pour Junie ici. La mécanique est la même à la différence que le titre là-bas est MacBeth, c'est-à-dire qu'on s'intéresse plus particulièrement au héros maléfique, c'est Britannicus ici, c'est-à-dire la principale victime du souverain ayant basculé dans la tyrannie et l'horreur.



Britannicus est un personnage assez insipide et naïf mais vis-à-vis duquel l'auteur parvient à nous faire ressentir beaucoup d'empathie parce qu'on le sent fragile, parce qu'on constate qu'il a subi beaucoup d'injustices, parce qu'il ne pense pas à mal et qu'il se montre prêt à pardonner à ses oppresseurs. Dans le fond, il est un peu couillon, mais on l'aime bien, on le chérie, on a envie de le dorloter, un peu comme le chiot boiteux d'une portée qui se fait toujours avoir et qui regarde les autres manger dans sa gamelle, la larme à l'œil.



L'autre personnage fantastique de Britannicus c'est bien évidemment Agrippine, la terrible mère de Néron ; celle-là même qui par ruse et vilenie s'est glissé dans les bras de l'empereur Claude et l'a manipulé, l'a usurpé, l'a plus ou moins castré et finalement, l'a assassiné. Le tout dans le dessein de placer son propre fiston, Néron, à la tête de l'empire, en lieu et place du légitime prétendant, Britannicus.



Elle espère qu'elle pourra castrer son fils comme elle a castré son mari, mais…, mais…, les chiens ne faisant pas toujours des chats, Néron tient bien plus d'elle qu'elle ne le souhaiterait.



Il faut certainement dire quelques mots encore de Burrhus et de Narcisse, respectivement gouverneurs de Néron et de Britannicus. Racine aime bien les compositions symétriques inversées. Il avait déjà fait le coup dans Andromaque ; il récidive ici.



En deux mots et très schématiquement cela donne : Néron (illégitime, immoral, fort, méchant, etc.) vs. Britannicus (légitime, moral, faible, gentil, etc.) et Burrhus (fidèle, honnête, soucieux du peuple, etc.) vs. Narcisse (traître, hypocrite, impitoyable, etc.) et l'on obtient dans la balance l'inéquation suivante :

NÉRON + BURRHUS > BRITANNICUS + NARCISSE, d'où le résultat final. Les 2 B sont BattUS et les 2 N sont les Nantis (ou les Nababs).



Cependant, vous conviendrez avec moi que j'ai commencé en vous parlant de poésie, de lyrisme et que j'en suis arrivée à de la mathématique ; c'est désolant, désespérant et je m'en excuse. Il me faudrait encore dire deux ou trois mots de Junie, expliquer le rôle purement fonctionnel d'Albine, méditer sur l'ambition d'Agrippine mais c'est comme d'expliquer la composition et la construction musicales : ça casse l'émotion qu'on éprouvait pour le morceau et en fin de compte, ça gâche un peu le plaisir.



Donc, jouissez sans théorème, vibrez sans connaître la formule, savourez sans chercher à trouver l'inconnue de l'équation car ceci n'est qu'un malheureux avis, sujet aux erreurs de calcul, c'est-à-dire, bien peu de chose face à l'émotion, d'un texte, d'une langue, d'une représentation.
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Phèdre

Je ne me lasse pas de lire et de relire cette pièce de Racine, que je considère comme étant le plus grand écrivain français de tragédies. Il met en scène une femme amoureuse de son beau-fils. Si le sujet est tabou, Racine voulait ainsi prouver qu'un grand dramaturge pouvait faire passer le pire des meurtriers en victime. Il va ainsi s'attacher à la psychologie des personnages. Phèdre, "fille de Minos et de Pasiphaé" (tout est dit par cet admirable vers : petite-fille du Soleil, elle ne peut déroger aux valeurs et aux règles) est délaissée par son mari, Thésée qui, soit dit en passant, part en guerre tous les quatre matins et a plus de maîtresses que de jours dans la semaine. Celui-ci a un fils, Hippolythe, né d'une première union avec une Amazone. Phèdre s'est attachée à le rejeter, à être odieuse avec lui afin que Vénus lui ôte ce cadeau empoisonné de son cœur. Mais elle se meurt, soucieuse de cette faute indigne de son rang. Elle se confie à Œnone, sa nourrice et confidente. Lorsque le bruit court que Thésée est mort, Phèdre ne peut s'empêcher de dire ses sentiments à son beau-fils. Alors qu'on pouvait s'attendre à une réaction violente de sa part, ce dernier se montre peu dynamique et prend seulement la décision de partir. On voit déjà qu'il n'est qu'au second plan pour le dramaturge. Toutes ses répliques convergent vers le "excusez-moi". De ce fait, le lecteur ou le spectateur aura de l'empathie envers Phèdre, dont le pathos arrive à son apogée. Soudain, coup de théâtre, on annonce que Thésée est revenu à la vie (dans les tragédies classiques, les Dieux manipulent les humains. Il n'est donc pas rare qu'il y ait ainsi des résurrections). Phèdre est perdue : elle a avoué son amour et imagine bien que son mari va l'apprendre. Œnone, qui brille par sa dévotion, encourage sa maîtresse à mentir et à inverser les rôles. Ce que ne peut faire Phèdre...



Racine a emprunté ici le sujet à Euripide et ne s'en est pas caché. Mais il a transformé la pièce. Ainsi, Phèdre n'apparaît pas comme odieuse car elle ne semble pas maîtriser la situation : ce n'est pas par sa propre volonté qu'elle est tombée amoureuse mais par celle de Vénus. Hippolyte a une grandeur d'âme (chez Euripide, on laissait entendre qu'il avait abusé de sa belle-mère). S'il se laisse faire, c'est pour ne pas accuser sa belle-mère du "crime". Racine met en relief les faiblesses des uns et des autres : dues à l'amour pour l'une, à trop de gentillesse pour l'autre. Finalement, seul Thésée ne remporte pas l'adhésion de la lectrice que je suis. Il apparaît plus ici comme un rustre que comme un guerrier valeureux. Là encore, les faiblesses apparaissent : il peut aller se battre contre tous les monstres de la terre, toute la ville ne parle que de ses conquêtes amoureuses et le fustige...



Avec un style inimitable, des règles contraignantes et une poésie flamboyante, Racine a su mettre en scène un thème qui, finalement se résume à peu de choses : une belle-mère qui, en cachette, est amoureuse de son beau-fils et qui sera punie non pas d'être passée à l'acte mais seulement de sa mauvaise pensée. Quand on pense qu'il doutera de sa pièce ! Il écrira dans la préface : "(...) je n'ose encore assurer que cette pièce soit en effet la meilleure de mes tragédies. Je laisse aux lecteurs et au temps à décider de son véritable prix." Chapeau bas, Monsieur Racine ! Quelques siècles plus tard, nous nous délectons encore de vos vers !


Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Bérénice

Cette pièce a une petite histoire et cette petite histoire me semble intéressante à retracer rapidement avant que de parler plus spécifiquement de la pièce en elle-même. Projetons-nous au mois de novembre 1670 au moment de la création de Bérénice : Racine est alors un fringant jeune homme de trente ans, très à la mode et qui vole de succès en succès.



Pierre Corneille, soixante-quatre ans (c'est très vieux pour l'époque), est au pinacle des auteurs tragiques mais c'est une gloire du passé, ses grands succès, Le Cid, Horace, etc. datent de trente ans auparavant (Le Cid fut créé presque trois ans avant la naissance de Racine). Il a certes du prestige mais il est passé de mode.



Ajoutons à cela que l'Hôtel de Bourgogne et le Théâtre du Palais-Royal, les deux principales scènes parisiennes d'alors, se tirent une bourre pas possible pour essayer d'écraser son concurrent. Le hasard faisant que des gens de l'Hôtel de Bourgogne furent au courant que le grand Corneille, sous contrat avec le Palais-Royal, préparait une pièce sur les amours de l'empereur romain Titus et de la reine de Palestine Bérénice, ceux-ci s'empressèrent de commander à Racine une tragédie sur ce même thème.



Sachant que papy Corneille n'avait plus besoin de travailler rapidement et que l'autre s'est fait un devoir de le coiffer sur le poteau, c'est donc Racine qui présente sa pièce en premier, l'intitulant Bérénice — titre que Corneille avait pressenti pour sa pièce — obligeant ce dernier à changer son titre en Tite et Bérénice pour sa propre pièce qui sort tout juste une semaine plus tard dans le théâtre concurrent.



L'histoire retient donc une victoire totale de Racine, pigeonnant son aîné, et remportant plus de succès que celui-ci. Cet état de fait poussent beaucoup à considérer l'œuvre de Jean Racine comme très supérieure à celle de Pierre Corneille. Mais, m'étant aventurée à comparer ces deux pièces, je ne partage pas du tout cet enthousiasme unilatéral.



Certes je ne suis pas là pour comparer les deux œuvres qui d'ailleurs se répondent et se complètent bien plus qu'elles ne se marchent sur les pieds. Mais je ne vois nulle part où la versification racinienne serait tant supérieure à celle de Corneille ni en quoi sa gestion de l'intrigue surclasserait celle de son aîné. Je crois plutôt à un effet de mode qui fait long feu, sachant que les effets de mode de 1670, vus de notre fenêtre de l'an 2015, ont un petit quelque chose de risible.



Bérénice est donc, selon moi une très bonne tragédie, pas la meilleure de son auteur, pas la moins bonne non plus, un bon cru mais pas davantage. L'écriture de Racine reste un vrai bonheur et j'encourage vivement ceux qui n'ont jamais goûté cette écriture à, ne serait-ce qu'une fois, venir y poser leurs lèvres afin d'en mesurer l'arôme.



Titus est un empereur romain du Ier siècle de notre ère et Bérénice, la petite fille du roi Hérode de Judée. Si la presse people avait existé à l'époque, nul doute que Titus aurait éclipsé même jusqu'à la famille princière de Monaco tant les lumières de son règne, tant les légendes qui l'accompagnent sont nombreuses et romantiques.



Voilà un débauché qui devint vertueux à la mort de son père Vespasien et qui, subitement investit d'une moralité nouvelle liée à sa prise de pouvoir dans l'Empire se transforme en homme vertueux. Lui qui aimait une Juive et qui ne s'en cachait pas, lui qui l'adorait, pour l'amour de Rome, préfère sacrifier son amour que de déplaire à son peuple, etc., etc., je vous laisse consulter si le cœur vous en dit une biographie du Titus en question.



Voici cependant, un remarquable sujet de tragédie : un amour véritable et réciproque, devenu impossible sans l'entremise de personne autre que Rome elle-même et la charge d'empereur. Un empereur aux abois, une reine étrangère chargée de fantasmes exotiques bafouée pour raison d'état. Le menu est prometteur…



Ajoutons à cela le rôle — loin d'être mineur — d'Antiochus. Celui-ci est également roi, dans un petit royaume contigu de celui de Bérénice ; il brûle d'amour pour elle depuis belle lurette. Il est le fidèle serviteur de Titus, il aime Bérénice dans l'ombre sans jamais lui en faire, mais il commence à en avoir assez de tenir la chandelle alors il vient faire ses adieux à Bérénice en lui confiant une dernière fois qu'il l'aime, qu'il l'adore et que bien plus encore…



Mais Bérénice est ailleurs, vous pensez bien : un empereur qui l'aime et qu'elle aime doit lui faire sous peu une demande en justes noces, alors, vous imaginez ce qu'elle s'en tamponne des états d'âme d'Antiochus, même si c'est un bon ami : au revoir, portez-vous bien et à un de ces jours.



Antiochus en a le cœur dévasté mais Titus, en confident, lui avoue qu'il ne pourra demeurer avec Bérénice et qu'il lui demandera donc de repartir chez elle, en lointaine Palestine. Il le charge même d'une redoutable besogne : aller lui annoncer que Titus la quitte et qu'elle en sera quitte pour un aller simple direction Jérusalem.



En somme, résumons-nous : Antiochus aime Bérénice, mais elle n'en veut pas ; Titus aime Bérénice mais il n'en veut plus ; Bérénice aime Titus qui l'aime aussi mais qui l'envoie paître… vous voyez ce que je vois ? Eh oui, si mademoiselle Bérénice avait le bon goût de tourner la barre à 180° et d'aller lorgner du côté d'Antiochus, tout se goupillerait bien. Alors ?… alors ?…



Alors je vous laisse le soin de découvrir le fin mot de la pièce par vous même et me dépêche d'ajouter que cette critique un peu tirée par les cheveux (pas la chevelure de Bérénice, qui elle est une homonyme et était reine d'Égypte au IIIème siècle avant J.-C.) ne représente que mon avis, c'est-à-dire, très peu de chose.
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Andromaque

(CETTE CRITIQUE CONCERNE RACINE, merci de ne pas la fusionner avec celle d'Euripide comme cela s'est déjà produit deux fois !)

Ô magie du verbe et de la belle langue,

Qu'il est bon, qu'il est suave par moments de

S'adonner à ton jus, doux comme la mangue,

Et un tel délice qu'on en redemande.

Contre les maux, il n'est point de médecine

Meilleure, et donc, merci Monsieur Racine.

L'Andromaque de Jean Racine est bien différente de celle d'Euripide. En effet, il battit une composition parfaitement symétrique : quatre personnages, quatre conseillers ; quatre hommes, quatre femmes ; deux amants refoulés, deux femmes qui brûlent d'amour.

Ah ! c'est là que la symétrie se rompt, car l'une de ces amantes, Hermione, est la légitime, elle est amoureuse de celui qui devrait être son époux et qui, sous ses yeux la place en position d'amante refoulée, elle aussi, ce qu'Andromaque n'est pas, puisque son amour à elle, a connu le trépas sous l'épée d'Achille, le père de Pyrrhus (il est aussi appelé Néoptolème, notamment chez Euripide).

Évidemment, une fois encore, c'est un peu mieux si l'on connaît au préalable un peu L'Iliade d'Homère ou du moins les principaux traits de la Guerre de Troie et de ses suites, dont Andromaque est un « butin » de vainqueur pour Pyrrhus, lui qui a mis à mort le vieux roi de Troie Priam, père d'Hector, le premier mari d'Andromaque.

L'angle d'attaque que choisit Racine, je le rappelle : Oreste aime Hermione qui ne l'aime pas, Hermione aime Pyrrhus qui ne l'aime pas et Pyrrhus aime Andromaque qui ne l'aime pas, place le couple Hermione-Pyrrhus au centre d'un balancement digne d'une grande marée d'équinoxe entre deux points qui eux ne varient guère, Oreste d'une part et Andromaque de l'autre. Ici, c'est donc l'amour et la fulgurance des sentiments qui constituent le fer de lance du drame tandis qu'Euripide mettait le doigt sur le risque de conflit entre les nations que cette histoire d'amour mésamour entraînait.

Andromaque joue un petit rôle, quantitativement, et ce n'est pas sur elle que l'objectif, que l'analyseur de sentiments est braqué.

Pourquoi la pièce s'appelle-t-elle Andromaque, alors ? Parce que c'est elle qui tient tout le jeu dans sa main. de son acceptation ou de son refus de l'amour de Pyrrhus découlera une cascade de conséquences, entraînant le mouvement de va-et-vient de Pyrrhus et d'Hermione, scellant ainsi le destin d'Oreste.

Ce faisant, l'élément de construction de la tragédie qui touche au génie est bien évidemment l'entremise du fils d'Andromaque. C'est sur ce maillon que vont s'exercer toutes les pressions. Tout d'abord c'est lui qui relie Oreste et Andromaque puisqu'au début du drame, Oreste vient réclamer, au nom des tous les Grecs, la vie du fils d'Hector, dernier rameau de la terrible Troie.

Ainsi, ce fils se transforme en moyen de pression fabuleux pour Pyrrhus dans son difficile travail de persuasion d'Andromaque. Faudra-t-il pour elle sauver son fils en aimant Pyrrhus et ainsi trahir son époux défunt Hector ou au contraire rester fidèle à ce héros, quitte à sacrifier son fils ?

Je vous avouerais que ces questions ne sont pas de celles qui me passionnent le plus. Pour moi, l'intérêt d'Andromaque ou de n'importe quelle autre pièce de Racine, l'immencissime intérêt, dis-je, c'est la langue, LA langue, le maniement du français comme on le rêve et qui sonne à merveille et qui touche à la magie. Mais, une fois encore, tout ceci n'est que mon avis, c'est à dire, pas grand-chose.
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Phèdre

"Ah ! cruel, tu m'as trop entendue !

Je t'en ai dit assez pour te tirer d'erreur.

Eh bien ! connais donc Phèdre et toute sa fureur..."



Déclamer ces vers éternels sur une scène de théâtre,vivre cette passion amoureuse d'une Phèdre qui déclare sa flamme au jeune Hippolyte quel moment transcendant! Aucune femme ne dira jamais aussi bien les affres d'un amour impossible et sans retour.Une Phèdre si lucide,si déroutante,si humaine et pourtant si courageuse dans son suicidaire aveux de ses transports amoureux.

Amoureuse de l'amour qui la détruit,qui la fait souffrir au point de sacrifier tout son être à une soumission extrême:celle d'afficher son désir de fusion à un être qui refuse de la faire exister.Une obsession amoureuse qui n'a pas d’égale,un autisme qui l'enferme dans ce tsunami affectif qui la ronge,la blesse,la maltraite.Seul face à elle-même et à ce sort inéluctable d'aimer un être vide de toute substance passionnelle.Son feu d'amour s'auto alimente du refus de l'objet de sa quête,elle se fane,se délite jusqu’à devenir une immense étendu de larmes et de souffrance.Une héroïne tragique si humaine!



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Phèdre

Phèdre ou le destin ô combien tragique d'une femme amoureuse de son beau-fils...



Phèdre est une héroïne particulière ; en effet, partagée entre son amour passionné pour Hippolyte, le fils de son mari Thésée (célèbre héros de l'Antiquité), et son rôle de Reine qu'elle se doit d'honorer, elle s'appuie sur sa confidente Oenone pour vaincre son chagrin. Une confession de son amour pour Hippolyte est ainsi inévitable :

"Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ;

Un trouble s’éleva dans mon âme éperdue ;

Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler ;

Je sentis tout mon corps, et transir et brûler."

Malheureusement, des évènements terribles vont s'abattre à la fois sur la pauvre Phèdre et le bel Hippolyte, les entraînant vers une seule issue possible...la mort.



Phèdre, bien que coupable de son amour incestueux, est aussi innocente aux yeux du lecteur, comme le prouve la dernière scène ô combien intense, mettant en scène une Phèdre devenue une héroïne sublime, au fil des péripéties.



J'ai toujours beaucoup aimé le style de Racine, ses vers en alexandrins toujours aussi splendides à lire, et ses histoires antiques qui permettent de découvrir le destin d'un personnage inoubliable. Tel est le mythe de Phèdre, qui a marqué l'histoire du théâtre puisqu'il est encore aujourd'hui l'une des pièces les plus jouées sur scène, et bien évidemment, l'une des plus célèbres au monde, ou, du moins, en France...



A lire !!







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Andromaque

Autant Andromaque est droite dans ses bottes, autant les autres protagonistes de ce drame racinien pourraient mentionner:"C'est compliqué"sur leur statut FB!

Qu'il est doux de lire des vers quand tout s'agite autour de vous...

Andromaque veuve inconsolable d'Hector est aimée de son geôlier Pyrrhus, roi d'Epire. Pyrrhus se damnerait pour obtenir le cœur d' Andromaque alors que sa promise, Hermione lui est tout acquise. Oreste, dépêché en Epire par l'armée grecque arrive comme un chien dans un jeu de quille, amoureux éperdu d'Hermione, il espère ramener sa belle et ne verrait pas d'un mauvais œil un rapprochement entre Andromaque et Pyrrhus.

Mais bien entendu tout cela va tourner vinaigre, foin de tragédie.

La seule à manifester avec constance son amour pour son défunt époux Hector est Andromaque. Pyrrhus, pris entre son devoir de prince et ses élans amoureux tergiverse en permanence.

Les vers de Racine sont un pur régal, je crois encore entendre la voix de mon professeur de français, Mme Meunier nous faisant la lecture, comme à de jeunes enfants, bonheur à l'état pur...

L'opuscule s'accompagne de précisions fort intéressante sur la genèse de l'oeuvre. Petite anecdote, le dernier acte a été modifié, Racine ayant supprimé l'intervention d'Andromaque qui ne rajoutait aucun effet dramatique.

Une héroïne très discrète puisqu'elle dit fort peu de vers, au service d'une œuvre intemporelle sur le tourbillon des sentiments!

Chacun pour soi est reparti dans le tourbillon de la vie.... Enfin presque...
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Andromaque

Je ne vais pas prétendre proposer un avis analytique et érudit du chef d’œuvre de Racine, je ne le peux pas, je me contenterai de livrer quelques impressions de lecture.



L’argument est connu, « Oreste aime Hermione, qui aime Pyrrhus, qui aime Andromaque, qui aime Hector, qui est mort ». Ce qui m’a frappée en premier lieu à la lecture de la pièce c’est la peinture de la passion amoureuse. Les personnages livrent leur ressenti sans fard, sans pudeur et ce qui éclate à la face du lecteur c’est la violence des sentiments. Dans « Andromaque » l’amour, loin de rendre meilleur, rend celui qui l’éprouve cruel et égoïste, même vis-à-vis de l’être aimé. Ainsi peu importe à Pyrrhus qu’Andromaque ne cède à ses désirs que pour sauver son fils. Tout comme les sentiments d’Hermione à l’égard de Pyrrhus oscillent entre amour et haine.



Quand je lis une pièce, j’aime essayer de l’imaginer sur scène. Pour « Andromaque » j’ai imaginé une mise en scène épurée, dépouillée à l’extrême, pas ou peu de décor, pour laisser toute la place au texte. Parce que, bien sûr, il est là le véritable point fort de la pièce. Le texte est simplement sublime. Les vers sont d’une beauté étourdissante tout en étant d’une totale fluidité. J’ai été surprise en découvrant combien ça se lisait facilement.



Récemment, j’avais voulu me frotter à du théâtre contemporain et j’avais lu une pièce de Reza. Je n’avais pas aimé ma lecture. J’avais tout particulièrement été gênée par la médiocrité des dialogues. Certes ils sonnaient vrais mais qu’ils étaient déplaisants à lire. Aucune poésie, aucun jeu avec la langue. C’était moche. Je m’étais alors dit que le théâtre contemporain n’était pas pour moi (même si je veux bien croire que certains auteurs proposent des choses intéressantes) et que le théâtre classique correspondait plus à mes attentes. « Andromaque » confirme cette impression. Avec cette langue si belle, j’ai retrouvé ce que j’aime quand je lis du théâtre.



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Bérénice

On a beau se dire qu'aujourd'hui l'affaire serait expédiée en un quart d'heure tout au plus, trois ou quatre mots suffiraient, cependant ces choses sont exprimées dans la belle langue de Racine et il faut cinq actes d'une tragédie pour y parvenir.

Ces choses, mais quelles sont ces choses si difficiles à dire, pour lesquelles il faut user de l'élégance des mots et du souffle d'une tragédie pour les clamer ?

Car derrière le rideau de cette intrigue, nous avons bien à faire à une tragédie, même si Racine nous évite du sang sur les murs, des cadavres qui jonchent le sol, la seule violence ici présente est celle des passions exacerbées...

Donc, résumons cette histoire de billard à trois bandes puisqu'il s'agit d'un triangle amoureux...

Bérénice aime Titus, qui aime Bérénice. Antiochus aime Bérénice, mais la réciproque n'est pas vraie. Elle lui voue seulement une amitié, tandis que lui continue de l'aimer secrètement.

Hélas ! Tous les chemins de l'amour ne mènent pas à Rome.

Titus vient de succéder à Vespasien en tant qu'empereur sur le trône romain, mais celle qu'il aime est reine de Judée et les lois de Rome empêchent cette union, non pas qu'elle soit juive mais parce qu'elle est reine et étrangère.

Or Titus se dérobe au dernier moment pour avouer à Bérénice que leur amour sera sacrifié sur l'autel de la raison d'État.

Titus confie alors à son allié et confident, Antiochus lui-même roi, du royaume de Commagène, la charge d'aller dire à la belle son impossible mariage et de la ramener illico presto dans son royaume de Palestine.

On a beau être empereur de Rome, avoir fait toutes les guerres pour protéger l'empire, on n'est guère téméraire pour regarder la femme qu'on aime depuis cinq ans, l'affronter dans les yeux, craindre ses larmes et lui avouer que, désolé chérie ! les contingences politiques, tu sais ce que sait, elles imposent des devoirs qui ignorent le coeur. Allez ! Fais ta valise et surtout, pas de scandale !

On a beau être empereur, on n'en mène pas large dans certaines situations ! Quel comble pour un personnage de la stature de Titus, de ne pas savoir poser des actes ! Il lui en faudra quatre pour le lui dire !

La décision est sans doute déjà prise et le dilemme n'est peut-être pas de savoir si Titus va renoncer ou non à Rome pour le coeur et les beaux yeux de l'aimée, mais plutôt tout au long de la tragédie : comment, bon sang, vais-je le lui annoncer ? Comment trouver les mots pour se dire qu'on se quitte pour jamais ?

La faiblesse, la lâcheté de Titus l'auront donc conduit à attendre quatre actes pour déclarer l'impossible mariage et en passant par des biais tortueux. Bérénice s'en indigne bien sûr, elle a raison de lui rétorquer qu'il connaissait les lois de Rome lorsqu'il l'aima la première fois, c'était il y a cinq ans... C'est vrai, quoi !

D'autres pour le coeur de Bérénice auraient renoncé à l'Empire.

Les exemples célèbres sont multiples, ne serait-ce que celui du roi Edward VIII qui abdiqua pour pouvoir épouser la belle roturière américaine Wallis Simpson.

On connaît aussi des souverains qui ont su s'en accommoder. Si l'on observe un éventail large, au hasard depuis Louis XIV jusqu'à François Mitterrand, les exemples sont nombreux... Mais peut-être ainsi Titus dans sa bonté a su protéger Bérénice d'un autre mal plus dévastateur : les affres de la jalousie d'une maîtresse qui serait demeurée terrée dans l'ombre.

Et alors, je me suis demandé si Titus aimait vraiment Bérénice. Qu'en pensez-vous ?

On pourrait se dire que tout ceci va jouer en faveur d'Antiochus, que son heure est enfin venue. Mais il ne suffit pas que Rome dise non à cette union et congédie Bérénice en Palestine pour qu'aussitôt la belle souveraine saute au cou d'Antiochus. Et puis, ce serait un amour misérable ! Mettez-vous un instant à la place de l'un et de l'autre... !

J'ai découvert dans les vers de Racine une langue somptueuse, mais j'ai trouvé qu'il y avait autre chose chez ce poète tragédien : un art subtil dans cette attente de l'aveu ultime, un suspense qui tient le spectateur en haleine dans ce conflit entre le devoir et le coeur, entre la passion et la raison...

Je me suis laissé imprégner par cette langue sonore, sensuelle, déroutante au début de ma lecture, inhabituelle pour moi. J'y suis revenu à plusieurs reprises, je revenais sur certains fragments du texte pour le simple plaisir de les relire. J'ai aimé ces vers sublimes qui s'entrechoquent, au risque de se briser, dans les vertiges et les déchirements de la passion amoureuse, qui se nouent et se dénouent dans un équilibre sans cesse fragile. C'est comme un chant incantatoire... Et comme c'est du théâtre j'essayais d'imaginer les gestes, les regards, les bouches, les corps qui pouvaient habiter cette émotion. Corps tendus qui tremblent, ployés, déployés, qui brûlent...

J'ai eu un faible pour ce pauvre Antiochus, en souvenir peut-être des quelques fois où j'ai dû tenir la chandelle moi aussi... Mais je vous parle d'un temps... Antiochus est le personnage que je préfère, c'est le plus respectueux, le plus intègre, bien que les autres au fond n'aient rien à se reprocher, son amitié est fidèle à l'un comme à l'autre... Il est touchant, figure tragique de cette pièce, au rôle si ingrat, sans lui les deux autres personnages n'existeraient sans doute pas de la même manière, mais je dis cela, hein ?!

Mais plus que tout, j'ai aimé Bérénice. Bon un troisième qui l'aime, me direz-vous ? On n'est plus à cela près. Mais voyez-vous, ceux qui me connaissent savent que je tombe vite amoureux des personnages féminins atypiques, en marge de l'ordre établi par les hommes, que je rencontre dans mes lectures.

Je l'ai aimée malgré ses plaintes et ses larmes à n'en plus finir, malgré les chantages qu'elle exprime, malgré son désir de dominer... Mettez-vous à sa place dans cette trahison indigne et douloureuse qu'elle subit... Elle est pour moi l'Orient, l'étrangère, celle qui ne trouvera pas sa place, celle qu'on répudie, qu'on ramène chez elle comme devenue une intruse... Vous imaginez le comité d'accueil à l'arrivée là-bas chez son peuple qui s'est fait massacré par Titus qui l'a aimée et qu'elle a aimé pendant cinq ans ! Non, impossible... Alors j'ai imaginé une Bérénice en exil sur les routes... Personne n'en a jamais parlé, personne ne s'est inquiété de savoir ce qu'il a pu advenir d'elle...

Peut-être cela a-t-il fait l'objet d'une autre histoire, d'un autre récit... Qui sait ?
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Phèdre

Phèdre est amoureuse d’Hippolyte qui lui est amoureux d’Aricie. Phèdre est l’épouse de Thésée, père d’Hippolyte, amours interdites. Thésée a tué les frères d’Aricie, amours impossibles. Thésée est déclaré mort, Phèdre déclare son amour à Hippolyte qui en est horrifié. Thésée revient, Phèdre prend les devants et accuse Hippolyte de ce qu’on appellerait aujourd’hui des comportements inappropriés. Hippolyte est bien trop loyal, et les dieux s’en mêlent. Ils exaucent le souhait de Thésée, alors même qu’il apprend la vérité et regrette son vœu.

Une tragédie où les humains veulent bien faire, mais ne cessent d’empirer les choses. Pour finir, ils se heurtent à la décision des dieux, qu’ils soient loyaux ou manipulateurs. Écrits en alexandrins magnifiques, une pièce à savourer.

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Andromaque

Cette troisième pièce de Racine est le véritable point de départ de sa carrière.

Cette tragédie en vers de cinq actes crée au Théâtre de Bourgogne en 1667 introduit dans le drame une violence alors inconnue dans un Théâtre mené auparavant surtout par Corneille.

Oreste, envoyé des grecs à Buthrote, réclame à Pyrrhus, roi d' Épire, que lui soit livré Astyanax, le fils de la troyenne Andromaque.

Pyrrhus, délaissant Hermione sa fiancée, aime passionnément Andromaque.

Il impose à celle-ci le mariage comme prix de sa liberté.

Oreste déclare alors sa flamme à Hermione qui le repousse, avant de se raviser car Pyrrhus vient, une nouvelle fois, de l'humilier.

Oreste pense à enlever Hermione, avec la complicité de son ami Pylade.

Andromaque, pour sauver son fils, accepte d'épouser Pyrrhus mais se suicide après la cérémonie. Hermione demande à Oreste comme preuve de son amour qu'il tue Pyrrhus et se donne la mort.

Oreste, perdant la raison laisse la conduite du royaume à Andromaque, sa nouvelle reine.

C'est un drame violent et sombre de la passion et de la folie qui se joue sur le tombeau d'Hector. Le style de Jean Racine, toujours flamboyant et élégant, fait de cette pièce un morceau classique éternel.
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Phèdre

Mais quelle belle tragédie

Telle qu’on l’apprécie

Racontée par Racine

Et qui toujours nous fascine.



Phedre est l’épouse de Thesée, roi d’Athènes. Il ne cesse de partir en guerre et ainsi la délaisse. Elle s’est éprise de son beau-fils, Hippolyte, fils de son mari et d’une amazone mais elle a toujours voulu le cacher jusqu’au jour où elle a cru que Thesée avait succombé.

Sur les conseils de sa nourrice, Oenone, elle s’en va lui déclarer sa flamme inceste mais qui n’est pas réciproque car il est épris d’une amazone, Aricie.

Reviens alors le roi qui ne comprends pas ce qui se passe sous son toit car tout le monde l’évite. Oenone décide de porter secours à sa maîtresse et faire retomber la faute sur ce brave Hippolyte, qui n’a d’autre défense que d’avouer pour qui son cœur bat.

Mais entre le fils et la femme, qui Thesée croira-t’il ?



Jean Racine a une plume qui se veut captivante. Sa pièce de théâtre écrite toute en vers, en Alexandrins, se lit avec facilité et nous permet de nous attacher à certains personnages.

Phedre est attachante car malheureusement l’amour ne se contrôle pas et on ne choisit pas qui on aime surtout quand on sait que c’est mal. Et ensuite elle est agaçante quand elle ne dit pas la vérité à Thesée et qu’elle laisse Oenone accuser Hippolyte à sa place pour ne pas assumer sa trahison.

Hippolite est réellement quelqu’un de bien qui ne cherche pas à accuser la fautive mais préfère s’enfuir pour ne pas causer plus de tort.

Thesée est une personne trop impulsive qui ne prend pas la peine de réfléchir avant d’agir. Le premier ragot qui lui vient à ses oreilles, il le prend pour acquis et prend immédiatement des mesures drastiques. Son comportement va causer beaucoup de tort.



Entre amour, trahison et tragédie, nous sommes vraiment servis.

J’ai vraiment adoré cette histoire et elle se lit d’une traite. Un beau classique littéraire.
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Britannicus

Loin des grandes figures féminines issues des tragédies grecques telles qu'Andromaque, Iphigénie ou encore Phèdre, cette fois c'est dans la Rome de l'Antiquité que le célèbre Jean Racine est allé chercher l'inspiration pour son « Britannicus ». On reste bien évidemment dans le genre tragique avec cette pièce de 1669 relatant la triste fin du fils naturel de Claude, assassiné par son « demi-frère » Néron, qui commence alors tout juste à régner. Outre la figure de Britannicus c'est ainsi également à celle de l'empereur que s'intéresse l'auteur, et plus précisément au tournant qui révélera sa véritable nature : son amour pervers pour Junie, la femme de son demi-frère.



Généralement peu attirée par les auteurs dits « classiques » et encore moins par le théâtre, c'est pourtant avec toujours autant de plaisir que je me plonge dans les œuvres de Racine. Comme à son habitude, l'écrivain excelle dans le genre tragique et nous offre avec « Britannicus » ce qui reste à mon sens l'une de ses meilleures pièces. Néron, empereur rendu fou par un désir qu'il ne peut assouvir, Agrippine, mère castratrice et ambitieuse, Britannicus, victime de manigances politiques qui le dépassent..., sous sa plume ce sont quelques-unes des plus grandes figures historiques de la Rome antique qui prennent vie et parviennent à nous émouvoir ou nous révolter. Une très belle œuvre, à lire et relire, sans aucune modération.
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Poèmes pour Laure

Pour conclure sa présentation, Daniel Moutote se questionne sur l'utilité de la poésie : "A quoi sert la poésie ? A rien et c'est tant mieux". Si elle sert à apprendre non pas à comprendre mais à aimer la vie avec toutes les richesses que la nature nous offre et que nous oublions trop souvent de regarder, à aimer les autres (en général en poésie, il est souvent question de déclaration d'amour à l'être aimé avec lequel on peut soit trouver la paix et le bonheur absolus soit au contraire, en ressortir blessé) et tout simplement à aimer tout court et à profiter de chaque instant présent.



Ouvrage trouvé au fin fond de ma petite médiathèque (celle dans laquelle je travaille), je trouvais dommage que celui-ci soit laissé de côté, oublié et plus attitré par l'objet en lui-même que je trouve très beau que par le titre, je me suis laissée tenter...juste pour le plaisir de lui redonner un peu vie et de pouvoir le partagée avec vous, chers lecteurs de babelio. Malheureusement, celui-ci m'a un peu déçu quant à son fonds. Je trouve que le préfacier et celui qui a réuni ces poèmes ici est un peu trop cruel envers certains poètes. Plus que cela, il ne prend même pas la peine d'approfondir plus ses propos qu'il passe déjà à un autre, sans réelle transition, comme l'on énumérerait une liste de courses et je trouve cela vraiment dommage. La vingtaine de poèmes qui sont présentés ici, sortis hors du contexte, sont certes très beaux (normal, ils ont été composés par nos plus grands poètes français me direz-vous mais je trouve cela bien dommage que l'auteur se soit arrêté aux poètes français uniquement mais si il avait réellement voulu faire une anthologie, ce n'est pas un ouvrage de 120 pages qu'il aurait fallu mais le triple et encore...en plusieurs volumes) mais sortis du contexte et sans explication aucune, je trouve que le lecteur parfois se perd, à moins qu'il ne soit sensible à toutes sortes de poésies et qu'il connaisse déjà les poètes en question (c'était loin d'être mon cas car si j'en connaissais une très grande majorité, les quelques autres n'étaient pour moi que des noms qui m'étaient familiers mais sans plus de détails).



Un ouvrage très beau donc sur l'objet livre mais que j'ai trouvé beaucoup trop succinct quant à son contenu et c'est fort dommage. Néanmoins, je ne regrette pas de l'avoir découvert et de l'avoir dépoussiéré pour vous le présenter ici ! A découvrir pour les plus curieux si ils tombent dessus par hasard (comme ce fut le cas pour moi) !
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Britannicus

Lire Racine, quelle lubie !

Pour beaucoup, le théâtre classique et plus encore les tragédies en alexandrins font résolument partie du passé et pas seulement du passé historique mais, plus proche d'eux, de leur passé d'étudiant.



Moi j'avais neuf ans quand je suis tombée sous le charme d'"Esther" que je faisais répéter à mon grand frère qui devait déclamer une réplique dans sa classe de collège. Fascinée par la langue et la musicalité des vers, c'est avec un plaisir tout aussi grand que je me suis plongée dans "Britannicus".



Une tragédie en cinq actes qui ne manque pas de panache. Sous l'empereur Néron, Rome lutte pour rester grande mais c'est sans compter sur les visées et complots des éminences grises ou encore sur la simple jalousie qu'inspire un heureux mortel lorsqu'il aime et qu'il est aimé de sa belle en retour.



Au-delà de l'histoire, c'est la beauté des vers qui m'enchante. La solennité des paroles, si elle ne s'accorde pas avec notre temps, va comme un gant à ce décor antique. C'est grand, c'est beau, c'est immortel, c'est Racine !





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Britannicus

Néron est encore un jeune souverain frais émoulu sorti de l’école des Césars, une école probablement pas trop éloignée de Poudlard l’école des Sorciers chère à Potter, car ce brave jeune homme bien sous tous rapports va se faire contaminer par la mégalomanie paranoïaque de Voldemort.

Il gère donc son principat sans faire de vagues jusqu’au jour où il apprend que son demi-frérot Britannicus a craqué pour Junie, descendante d’Auguste en personne. Parano : cette situation risque de trop favoriser le frérot qui pourrait menacer son pouvoir. Donc il fait arrêter la jeune femme pour l’éloigner du frérot. Ironie du destin, il en tombe amoureux à son tour.

Là-dessus voilà que la mamma de Néron, Agrippine, s’en mêle. Si Junie approche trop prêt du fiston, elle risque fort de le libérer de son emprise de boa constrictor. Ni une ni deux elle se rapproche de Britannicus et lui promet de l’aider à retrouver Junie, façon de faire passer un message au fiston : « tu vois je t’ai fait roi, je peux te défaire aussi sec ».

La parano de Voldemort titille Néron. Il a tous les pouvoirs, il peut balayer large s’il veut. Mais il hésite car suivre les bons préceptes de Poudlard, honneur, dignité, compassion, etc. lui assurerait une place héroïque dans l’Histoire. Donc : place d’Infâme ou place de traitre. Il est conseillé dans un sens puis dans l’autre, change d’avis comme une girouette. Mais à la fin ce sera l’Infâme. Britannicus est empoisonné et Agrippine doit se tenir au garde-à-vous si elle veut sauver sa peau.



Bon j’ai résumé la pièce sur un ton badin mais c’est pour cacher mon admiration du style de Racine. Les vers sont pure musique sous l’œil et l’auteur capte et restitue à merveille les affres, angoisses ou doutes des cœurs amoureux.

Même s’il connaît son Tacite, Racine s’accorde quelques licences poétiques. Selon Tacite (on pourra lire aussi le Néron de Roger Caratini) ce n’est pas Junie dont le jeune Néron tombe amoureux mais d’une affranchie nommée Actée. Britannicus prend deux ans de plus afin que son amour pour Junie soit vraisemblable. Narcisse, qui joue le rôle d’un agent double travaillant pour Britannicus mais en fait pour Néron, n’a rien à faire dans cette histoire selon l’historien romain. Bah ! Du moment que l’on est averti dans les commentaires du livre (et dans les préfaces mêmes de l’auteur) il n’y a pas de mal.

Malgré tout, je ressens moins d’attrait pour cette pièce que pour Horace de Corneille. J’ai pour l’instant lu deux tragédies de chaque auteur et je préfère Corneille. Pourquoi ? Je pense que c’est parce que la romance (le style galant en vogue à son époque) de Racine prend trop le pas sur sa politique. L’équilibre passion-politique est mieux conservé chez Corneille, aboutissant aux situations qualifiées de cornéliennes. Chez Racine j’ai parfois l’impression de tomber dans le mélo.

Cela se joue sur un fil cependant.

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Iphigénie

Dans la littérature, il y a deux types de beautés ; la beauté d’une œuvre inachevée (comme les Pensées de Pascal, certaines œuvres de Mallarmé …) et la splendeur d’une œuvre qui a atteint un achèvement absolu comme les tragédies de Racine. Sa tragédie mythologique Iphigénie est un exemple de cette perfection.



Inutile de rappeler ici l’histoire, je suppose, très connue d’Iphigénie fille d’Agamemnon et fiancée d’Achille. Ce qu’il faut surtout mentionner c’est le plaisir de cette lecture que trouve un lecteur du XXIe siècle en l’abordant.



Différents types d’amours se battent ici dans cette pièce : l’amour filial d’Iphigénie envers son père et sa soumission volontaire (comme le fils du prophète Abraham), l’amour d’Achille et son dévouement pour sa fiancée, son amour pour la gloire, l’amour passion d’Eriphile, l’amour du devoir d’Agamemnon, l’amour maternel de Clytemnestre qui affronte son mari pour sauver sa fille.



La finesse de l’élaboration des caractères fait partie de cette perfection. On se trouve devant un roi pusillanime et indécis, une fille courageuse et forte, un fiancé brave et fidèle, des conseillers pleins de ruse.



Par ailleurs, cette pièce, dont le suspense est un élément essentiel dans sa trame, nous livre un dénouement qui bouleverse tout notre horizon d’attente et qui surprend plus d’un lecteur (surtout au siècle de Racine).

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Andromaque

Vous qui croyez que la raison l'emporte sur la passion, venez ici lire combien vous vous trompez !



Qu'est-ce qu'on est loin de Corneille, je trouve ! Chez ce dernier on voit souvent le devoir et la raison combattre à armes égales avec les passions. C'est ce déchirement entre deux forces antagonistes de même niveau qui est intéressant. Ici, le devoir n'est au mieux qu'un prétexte que les acteurs utilisent afin d'assouvir leurs passions. Il compte pour presque rien, comme une sorte d'anti-code bushido.



Oreste, fils d'Agamemnon, est envoyé par les Grecs auprès de Pyrrhus (connu ailleurs sous le nom de Néoptolème, fils d'Achille) afin de l'avertir de ne pas leur faire affront en épousant sa prisonnière, la troyenne Andromaque, veuve d'Hector. Pyrrhus doit assassiner le fils d'Andromaque afin que celui-ci ne vienne pas se venger dans l'avenir. Mais dans le fond il espère que Pyrrhus passera outre, car Pyrrhus est déjà officiellement attaché à Hermione, fille d'Hélène et Ménélas, et Oreste est frapadingue d'Hermione depuis toujours.

Hermione, elle, espère qu'Oreste réussira dans sa mission car elle est frapadingue de Pyrrhus.

Pyrrhus, lui, est foldingue d'Andromaque qui, disons-le, n'en a rien à cirer. Elle essaie seulement de le ramener à son devoir de ne pas toucher à son fils.

Bref que des passions unilatérales. Les enfants des héros de la guerre de Troie ne valent pas mieux que leurs parents.



Racine fait monter tous ces sentiments en mayonnaise. J'ai souvent eu l'impression d'avoir affaire à des ados qui se prennent ces émotions puissantes dans la face pour la première fois. Car dès que l'amoureux (Oreste, Hermione ou Pyrrhus) comprend qu'il n'a aucune chance d'être payé de retour, il change son fusil d'épaule et fait acte de cruauté afin de se faire haïr de l'être aimé. Cela vaut cent fois mieux que l'indifférence, que l'absence de sentiments à son égard. Et puis la force de leur amour les noie à nouveau et ils essaient de défaire ce que leur colère a provoqué.

A ce jeu il faut des perdants et des gagnants… ou alors carrément que des perdants, et c'est là qu'on tombe dans la tragédie. Seuls les Grecs sont satisfaits à la fin, je suppose.



Racine change un peu le mythe d'Oreste. Dans ce dernier les Érinyes – aussi appelées Furies –, ces déesses qui persécutent les parricides, commencent à poursuivre Oreste quand celui-ci tue sa mère Clytemnestre. Ici, ce ne sont que visions de folie qui lui apparaissent lorsque la plupart des acteurs ont passé l'arme à gauche. C'est à cause d'elles qu'il déclame à la fin : « Hé bien, filles d'enfer, vos mains sont-elles prêtes ? Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? ».

De fait la dimension mythologique est complètement oubliée dans cette pièce. Les hommes n'ont pas besoin que des Dieux interviennent pour les faire agir de manière irraisonnée. Ils se suffisent bien à eux-mêmes pour cela.

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