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Citation de lecassin


Ils se baignaient vers midi, Pierre revenait déjeuner au manoir. L’après-midi, quand ils ne retournaient pas tous les trois sur la plage, ils se promenaient dans la lande, toujours tous les trois, et entre les fougères que l’été commençait à brunir, le mince sentier des douaniers les emmenait vers quelque cap, Olivier, puis Anne, puis Pierre, au-dessus d’une mer lisse, glacée de soleil, et ramenai dans le soir leurs pas absorbés, silencieux, leurs visages baissés. Olivier, puis Anne, puis Pierre, jusqu’à la barrière blanche où ils se séparaient. Depuis que Louise, la domestique des Aldrouze, était revenue de Quimper où elle avait passé huit jours dans sa famille, Anne pouvait dîner presque chaque jour chez Pierre. Olivier restait seul, le soir, à l’attendre, assis dans le salon, tournant les pages d’un livre déjà lu, écoutant le silence auquel seul un chien répondait, dans la campagne fourmillante de nuit. Soudain un bruit montait, feutré, régulier et doux, s’épanouissait dans un crissement de gravier, trois petites notes claires tintaient contre les marches du perron, la porte s’étirait en grinçant – puis, durant une prodigieuse seconde tout s’arrêtait – et aussitôt elle était là, debout dans la lumière, et sa voix seule emplissait la pièce. « Tu n’es pas encore couché ? » Il avait attendu trois heures pour entendre cette phrase unique.

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