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Citations de Jean Rolin (139)


En repassant devant le Strip-Tease, je me rappelai que cela faisait longtemps que je n’avais pas eu d’activité sexuelle et je me promis d’y remédier prochainement.
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Comme chaque soir, Miro est sorti promener son chien noir, Lourie, une vieille chose toute pétante et baveuse que les explosions font couiner de frayeur. Exclusivement nourri, à cette époque, de maquereau portugais périmé que Miro reçoit au titre de l’aide humanitaire, Lourie a le souffle d’une hyène, et la nuit, quand il traque ses puces, il imprime un tel branle à son corps flasque, surchargé de peau et de plis, qu’il en tire des sonorités aquatiques, comme si, en train de se noyer, il se débattait furieusement dans l’eau d’une mare. Au demeurant, Lourie est une créature attachante, et sans lui, sans le grattement de ses griffes sur le plancher, sans les poils qu’il laisse en abondance sur tous les sièges, l’appartement perdrait une partie de son charme. p 117
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Le 1er novembre 2018, jour de la Toussaint, j'ai pour la première fois poussé la porte du café Mekan, rue du Cloître-Saint-Spire, au pied de la cathédrale. Auparavant, j'avais été longuement me promener dans Corbeil et, par la rue Emile-Zola, jusqu'au quartier des Tarterêts et jusqu'à l'autoroute la Francilienne qui marque la limite nord de celui-ci. En chemin j'avais visité celle des épiceries Château-Rouge - Corbeil en compte au moins trois - située à l'angle des rues La Fayette et Emile-Zola, qui faisait ce jour-là une promotion de tilapia à 3.90 euros le kilo et de cuisses de poulet halal à 14.50 euros le carton de dix kilos je m'y étais interrogé sur l'identité du leader en tenu léopard, le visage grêlé, coiffé d'une casquette, dont le portrait trônait dans la vitrine.
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Sitôt en ville nous nous sommes arrêtés pour boire un verre dans le premier café que nous ayons rencontré. Ce café n'avait pas de nom, ou du moins pas d'enseigne. Quelques tables étaient disposées en terrasse. A l'intérieur, des clients plutôt jeunes, aux allures d'étudiants, jouaient au billard sous un poster représentant Karl Marx à bicyclette (avec cette légende en français) : "Est-ce que l'avenir est déjà venu ?"
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C'est au début du mois de décembre que Daniel et sa compagne, Michèle, ayant été localisés à Pantin où ils campent dans un véhicule abandonné, sont recueillis par Robert Lepieux dans son propre pilier. D'obscures controverses opposeront par la suite Gérard et Robert au sujet de leurs mérites (et de leurs torts) respectifs dans cette opération de sauvetage : considérons que Gérard en a pris l'initiative et que Robert l'a menée à bien, sans doute avec le concours de Norbert, "le banquier", et peut-être de Karl, le type jeune qui n'a pas son pareil pour forer des trous dans le béton et bricoler des raccordements sauvages aux réseaux d'eau ou d'électricité.
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Et il cite à ce sujet une phrase de Michelet soulignant que c'est seulement leur petite taille qui nous rend indifférents à la souffrance des insectes.

( p.69)
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Peut-être est-ce dans le catalogue d'une exposition sur les îles de la Seine, accueillie en 2016 par le pavillon de l'Arsenal, que j'ai lu cette information, à propos de l'île Saint-Denis, comme quoi elle était peuplée autrefois, au moins en partie, de lavandières et de scaphandriers, ces derniers employés à la pose de câbles ou de canalisations dans les profondeurs de la Seine. Ainsi Ravachol, qui lui-même y habita quelque temps au numéro 2 du quai de la Marine, au lieu de rater des attentats et de périr sur l'échafaud – le couperet tombant, nous assure-t-on, au moment précis où il vient de s'écrier « Vive la Ré... », de telle façon qu'un doute subsistera toujours sur le point de savoir s'il s'agissait de la République ou de la Révolution, bien que la seconde de ces hypothèses soit de loin la plus vraisemblable - , ainsi Ravachol aurait-il pu couler dans l'île Saint-Denis des jours tranquilles, entre une épouse lavandière et deux ou trois beaux-frères scaphandriers.
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On nous dit : les voyages, ah ! les voyages ! Et celui qui revient se donne l'air d'avoir beaucoup à dire. Mais sitôt que l'on a fait seul le tour d'une ville étrangère, que l'on a observé ce qui plus particulièrement y rendait les femmes attrayantes, s'étant heurté à cette vieille imposture de les aborder gracieusement, sans faire le sagouin, pour laquelle on se trouve ici, du moins, l'excuse de la langue, on tourne en rond, on s'assoit sur un banc, on essaie deux ou trois débits de boisson, on grimpe sur la hauteur, s'il s'en trouve une, on redescend, enfin c'est inouï ce que l'on peut s'emmerder.
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Ainsi, à l'insuffisante clarté d'une lampe d'un modèle ancien, découpant un grêle cône de lumière au sein d'une masse d'ombre de plus en plus compacte au fur et à mesure que l'heure tourne, ainsi m'appuyais-je la lecture de l'oeuvre inachevée du général Bonnal : trois volumes in-quarto publiés à la veille de la Première Guerre mondiale et consacrés à La Vie militaire du maréchal Ney, duc d'Elchingen, prince de la Moskova. Enfin, lire est une façon de parler ; je les parcourais, distrait souvent, car il était assez chiant, le genéral Bonnal.
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Alors que je suis abîmé depuis près d'une heure dans la contemplation de ce spectacle (1) , "so lovely" , écrit Livingstone, que les anges doivent suspendre leur vol pour s'en délecter, je vois avec consternation surgir à quelques pas de moi une créature absolument détestable, une femme que l'on dirait née de l'imagination de quelque auteur boulevardier et misogyne, et dont je m'étais émerveillé, hier soir, à l'hôtel, que son mari pût subir aussi placidement ses incessantes avanies. Or cette espèce de carabosse envuitonnée , en dépit des regards haineux et menaçants que je lui lance dans l'espoir de la faire fuir, s'obstine et vient se planter au-dessus du gouffre en ce point précis que les cartes désignent comme "danger point". L' à-pic est ici de plus de cent mètres. Comment peut-elle être assez sotte pour ne pas se rendre compte que dans ce lieu absolument désert, sans témoin, il suffirait d'un geste maladroit, et bien entendu involontaire, de ma part, pour restaurer la magnificence de cette scène que m'a gâchée son intrusion, et faire le bonheur d'un mari ?

(1) Les chutes du Zambeze.
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C'est dimanche dans le delta, sur la route de Mahmoudia, là où les dernières collines de la Dobroudja surplombent le bras de Sfântu Gheorghe. Sur la gauche de la route, en bordure d'un champ incliné qui vient d'être moissonné, sont éparpillés des carrioles attelées d'ânes ou de mulets. À mi-pente de la colline, autour d'une petite scène où le prêtre officie parmi des icônes portatives, et tout un bric-à-brac qu'un œil profane pourrait identifier comme du matériel de camping, quelques centaines de paysans et de paysannes, âgés pour la plupart, s'agenouillent dans le chaume, se relèvent, s'agenouillent de nouveau, entonnent des cantiques, lèvent haut de lourdes bannières qui claquent au vent comme des oriflammes.
Quand la messe se termine enfin, la plupart des carrioles, où se sont entassés pêle-mêle les fidèles, leurs bannières et leurs icônes, reprennent la route en dur, dans un grand raclement de roues cerclées de fer, en direction de Mahmoudia, mais quelques-unes s'engagent sur une piste à peine visible qui, parmi des prairies à moutons, rejoint la berge du Danube.
("Au pays des mille et une horreurs", "Le Figaro", 5 juillet 1990)
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Au moins dans un premier temps, la vue que l’on découvrait de la fenêtre, au troisième étage de l’hôtel Première Classe, sur le champ de maïs, la station-service et le parking du Kanibalus, la façade scandée de grêles colonnes de l’hôtel Parthénon, et au loin sur les toits du Léon de Bruxelles (tuiles vertes) ou du Buffalo Grill (tuiles rouges), cette vue avait dû lui [à l’officier ghanéen] paraître assez exotique, tandis que, quant à moi, et quand bien même on en aurait retiré les curés morts, comme cela se ferait nécessairement un jour ou l’autre, je la trouvais principalement déprimante.
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Et n’est-ce pas un meuglement déchirant, exprimant toute la détresse de l’abandon, que le narrateur vient d’entendre, s’élevant des bois nus qui couvrent les deux versants de la vallée ? Mais il est trop préoccupé par son avenir immédiat pour se soucier durablement de la solitude du bétail. Et puis de quel secours pourrait-il être à un veau, lui qui n’a pas été capable, depuis qu’il a pris la route, de prêter assistance à un seul de ses semblables ? Il lui revient en mémoire une fable japonaise (ou chinoise ?) dans laquelle un moine errant, entendant un enfant vagir dans les roseaux qui bordent un étang, cède d’abord à la tentation de lui porter secours, avant de se reprendre et de passer son chemin. Car s’il ne sait pas, le moine errant, ce qui est bon pour lui-même, comment pourrait-il savoir ce qui l’est pour l’enfant, et s’il ne lui convient pas de se noyer ?
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De nuit, ce décor invite au crime avec une telle insistance qu'il ne viendrait à personne l'idée de s'y aventurer sans nécessité
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Je ne la décrirai pas, ou très peu – j’aurai le sentiment de trahir quelque chose –, et il faudra par conséquent que le lecteur me croie sur parole, et qu’il prête à Wendy, selon sa fantaisie, les traits que doit revêtir à ses yeux une fille irrésistible…
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« Il est possible qu’en entrant dans cette église vous entendiez l’appel de Dieu, par contre il est peu probable qu’il vous contacte par téléphone : merci de rallumer votre portable en sortant. »
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Assis sur ce banc, écoutant glouglouter dans leur fuite des créatures aquatiques (ou amphibies) dérangées par mon arrivée, je pensais au gag -un classique- du type qui s'assoit sur un tronc d'arbre et découvre, trop tard, qu'il s'agit en fait d'un crocodile, et je me disais que ces derniers ayant la réputation de vivre vieux, il s'en trouvait encore probablement, dans la mangrove, qui avaient été témoins de la bataille, et peut-être avaient saisi cette opportunité d'introduire un peu de variété dans leur alimentation.
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Ainsi le narrateur, dans les mouvements désordonnées qu'il décrit à l'intérieur de la poche, soi-disant à la recherche du fils, bien qu'il donne parfois l'impression de ne pas s'en soucier plus que ça, ainsi le narrateur est-il de retour à son point de départ et (...) s'est fait au moins deux réflexions, l'une et l'autre de portée générale, au sujet de la guerre. Premièrement, que le coeur de celle-ci, indépendamment de l'ampleur des combats ou de leur intensité, peut être envisagé comme un certain volume d'air à l'intérieur duquel des morceaux de métal, de poids et de formes variables, volent en tous sens à la recherche de chairs à déchiqueter et d'os à rompre. Deuxièmement, que là où la densité de tels fragments, si on essaie de se la représenter, devient mentalement acceptable - par exemple , là où peuvent exploser de temps à autre une roquette ou un obus de mortier, mais où il n'en tombe pas à tout instant-, même si elle continue d'entraîner un risque vital bien supérieur à celui que l'on serait prêt à affronter en temps de paix, l'activité humaine se poursuit, ou reprend, presque comme si de rien n'était.
On observe que des gens, souvent des personnes âgées, cultivent leur petit jardin (...) que d'autres vendent de tels produits - fruits, légumes, oeufs de poule ou fleurs coupées - à même le trottoir ainsi que des produits ne nécessitant qu'une activité limitée de transformation, tels que des tartes, des pizzas ou des sorbets de fabrication domestique, et que certains, poussant le bouchon un peu plus loin, promènent leur chien, jouent de la flûte ou font de la gymnastique aux échos peu lointaine des échanges de tirs.
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Dans le premier bar où nous nous sommes arrêtés, en dépit de ma volonté de ne pas boire, j'ai avalé plusieurs bourbons en m'efforçant d'expliquer à M., l'administratice du théâtre, le sens toujours dérobé, absolument insaisissable, de ma démarche littéraire ambulatoire, dans laquelle notre rencontre s'inscrivait parmi d'autres hasards arrangés
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En approchant de la place Gambetta, alors que je viens de franchir la voie ferrée désaffectée au-dessus de laquelle se dressent sur la droite les friches de l'usine Cail, et plus loin, à la sortie de la ville en direction de Douai, le sommet verdâtre, couleur de cuivre oxydé, du terril de la fosse Renard, j'observe une fois de plus qu'aussi déliquescente que soit l'économie d'une ville, ausi élimé son tissu social, on est presque sûr d'y rencontrer tout d'abord plusieurs entreprises de pompes funèbres, puis au moins autant de salons de coiffure, sans doute parce que la délocalisation de ces deux activités se heurte à des difficultés provisoirement insurmontables
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