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3.5/5 (sur 5 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Après des études en France et aux Etats Unis, Jean Soublin travaille en Amérique latine. Il vit successivement au Bahamas, au Mexique, en Argentine et au Brésil, puis en Espagne. Revenu en France en 1970, il représente, pour l’Europe et le Moyen Orient, un groupe brésilien industriel et financier. Il engage parallèlement une carrière littéraire et publie plusieurs romans.

Il quitte son activité professionnelle en 1992 pour se consacrer à la littérature. Il collabore comme critique littéraire à l’Express et, à partir de 1996, au Monde des livres. Il a été conseiller littéraire du Centre national du livre pour les Salons du livre 1998 et 2000.

Il pratique le tir à l’arc en compétition, et s’occupe de personnes sans domicile dans le XVIIIe arrondissement de Paris.
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Source : http://www.soublin.com/
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« […] A-t-il déjà travaillé ? Jamais. A-t-il de la famille ? Passons. Où dort-il en ce moment ? Dans une pièce en attente de travaux, ni eau, ni électricité, ni sanitaires, sans doute prêtée par une copine. Les femmes l'ont souvent tiré d'affaire, question de look […]. Un auteur qui feinte avec la pluie, qui résiste à la blanche et au rouge, qui garde la tête claire et haute... et parvient à se faire publier ? […]  […] Les curieux parviendront aisément au site de l'écrivain : efpe.free.fr, très élégamment conçu. Il s'y qualifie de "clochard français et écrivain parisien" […].  Conquête du désastre", dans la revue Mortibus No 2, est un texte plus politique et plus révélateur des frustrations, des rages de l'écrivain bouillonnant d'images qui sait qu'il crie dans le vide de la rue. Pour personne. […] Obscur et touchant, jouant comme un enfant triste avec les mots et les rêves, Mény (1965-2008) [alias de Frédéric Pontonnier], fils de deux toxicos, élevé par sa grand-mère, poursuit, vainement croit-il, un propos délibéré, travaillé, expressif et donc littéraire. […] » (Jean Soublin, dans : https://www.lemonde.fr/livres/article/2006/12/21/ecrire-et-crier-dans-le-vide-de-la-rue_848324_3260.html) « […] pourtant je suis clochard, clochard instruit, sans famille, moi j'ai la chance de m'être instruit, d'avoir dès le départ été projeté dans un tel fiasco que ça pouvait pas être pire dès lors que je restais vivant, ça m'a pris tout de même vingt ans de remonter le courant, aujourd'hui j'ai rien, mais ça va. J'aime bien la phrase on est jeté dans ce monde, mais on est pas de ce monde. […] » (FP Mény) « […] Répétitions incantatoires, polémiques, ellipses, interruptions, ruptures, où se mêlent inserts, maximes, aphorismes. La question étant de glisser à travers. Si je mets pas les guillemets, ils vont me tuer : « Dans les écrits du solitaire on entend l'écho du désert. » On ne peut pas dire qu'il ne s'est rien passé on ne peut pas faire mine ou faire comme avant... Je ne dis rien de précis juste de façon générale l'écriture et le problème de sa captation… » (FP Mény) 0:00 - 1er extrait 0:14 - 2e extrait 0:42 - 3e extrait 1:02 - 4e extrait 1:13 - 5e extrait 1:23 - 6e extrait 1:39 - 7e extrait 2:15 - 8e extrait 2:26 - 9e extrait 2:49 - 10e extrait 3:00 - 11e extrait 3:11 - 12e extrait 3:30 - 13e extrait 3:46 - 14e extrait 3:57 - 15e extrait 4:20 Générique Référence bibliographique : FP Mény, Conquête du désastre, Éditions Sulliver, 2008 Image d'illustration : https://www.facebook.com/FPMeny/ Bande sonore originale : Lacrymosa Aeterna Industry - Heart melt Heart melt by Lacrymosa Aeterna Industry is licensed under a CC-By 2.0 license. Site : https://lacrymosa.tuxfamily.org/?Eponyme-I-a-soundtrack-for-my-life #FPMény #ConquêteDuDésastre #LittératureFrançaise

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Citations et extraits (7) Ajouter une citation
J’écris sur un homme et je cherche à comprendre ce qu’il pense en certaine circonstance sur laquelle je m’expliquerai. Pour l’instant, je m’efforce de la situer, de le définir en lui attribuant quelques caractéristiques essentielles à mon propos. Je le regarde gravir une pente dans une contrée qu’il ne connaît pas. C’est un voyageur.
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Ludivine travaillait dans les bals. Évitant celui des Batignolles, son village, elle fréquentait surtout celui de la barrière de Clichy ou même, quand les soirées s'annonçaient tièdes, ceux de Saint-Ouen. Je la surveillais à l'écart, seul parfois, parfois entouré d'une demi-douzaine de mauvais garçons. Ils m'avaient accepté, m'ayant vu corriger un gandin de Chaillot que je soupçonnais de vouloir annexer Ludivine. Sans vraiment les aimer, j'avais adopté leur langage, leurs vêtements, leurs ruses.

Ma femme entraînait ses pratiques derrière des haies, en descendant vers Levallois. Quelquefois, prévenu par certains signes, je quittais la table, les hommes et leur linvé pour aller, comme je disais, poser des collets dans les garennes. J'y surprenais Ludivine avec quelque maraîcher qu'elle avait estimé riche. J'arrivais sur eux comme un renard puis, la lanterne soudain brandie, je les dévisageais longuement. Les louis venaient tout de suite : un regard de Chamoreau suffisait. Je porte assez d'horreurs en moi pour me faire obéir. Le miché détalait, Ludivine comptait l'argent et je méditais sur le désir et sur la peur. Puis, comme nous disions alors, je rentrais sorguer avec ma gerce.

Il ne fallait sortir le couteau que rarement et cela n'a tourné mal que deux fois : nous avons dû porter les corps jusqu'à l'embarcadère de Clichy, par les jardins.

Le jour, je m'occupais de mes bêtes pendant que Ludivine dormait ou rendait visite au notaire qui plaçait son argent. Avec mes derniers napoléons j'avais acheté cinq
chèvres, quatre blanches, la dernière plutôt jaune. Je les enfermais le soir dans une cahute de planches au bout du jardin de la Plichon. Au matin j'allais y retrouver les
senteurs et les gestes de mon enfance. Je les promenais un peu dans les terrains vagues puis, vers midi, nous descendions tous les six vers Paris.
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Ce qui restait du 512 avait dévalé la veille vers Genappe avec le sergent Chamoreau et le voltigeur Verbatim. « Passer la Dyle, criait-on, il faut passer la Dyle avant les Prussiens. » Seulement à Genappe, sur les huit heures de cette belle soirée de juin, il n'y avait pas que le 512 : il y avait toute l'armée. L'armée battue, brisée, affolée, qui s'en venait buter comme une bête malade sur le petit ruisseau grossi par les orages de la veille. La Dyle roulait plus d'un cadavre dans ses eaux brunâtres, les herbes de son fond avaient l'air traîtresses : pas de gué possible. Le petit pont de bois laissait passer les hommes par file de deux, sablier qui mesurait notre défaite.

Sur la rive s'amoncelait une cohue désordonnée où survivaient encore, malgré tout, des habitudes de discipline, des velléités de résistance. Dans l'armée qui sombrait les vieux réflexes jouaient encore. L'ennemi arrive, là, derrière ce bois, il va nous canonner une fois de plus, mais on salue toujours un colonel, fût-il en train de décamper dans une calèche pleine de malles et de femmes. Surtout, on colle aux camarades : nous sommes ainsi, nous, les soldats, quand ça va mal; plus disposés à mourir bêtement avec le régiment qu'à survivre isolés loin des sous-offs, des amis, de tout ce qu'on a, quoi !

P11
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Il n'y avait plus de 512. Nous avions pris les Prussiens de plein fouet, ils nous avaient brassés comme un malt, plus soucieux de briser les unités que de fracasser les
crânes. Verbatim et moi, indemnes tous les deux, nous marchions avec quelques camarades, un groupe de vélites, une poignée de dragons démontés. Un colonel de lanciers polonais nous avait rejoints, un grand blond, très jeune, à la voix terrible. Il savait à peine le français mais ses ordres, proférés dans un jargon informe, nous paraissaient si naturels, si — comment dire? - si désirables que nous nous sommes rangés bien volontiers sous son commandement.

Maigre troupe, abattue, disparate, mais armée toujours et très consciente du salut qui gisait quelque part devant nous comme du danger qui rôdait derrière. Même aujourd'hui je revois clairement son visage, à ce jeune colonel. Il nous a sauvé la vie.

Les Prussiens trottaient sur notre flanc. On les entendait, à cent mètres de nous, faire sonner leurs armes, jurer contre quelque haie, quelque fondrière. Ce cliquetis, ces invectives nous accompagnaient dans la nuit. Puis, à chaque demi-lieue à peu près, s'élevait une clameur sauvage soutenue par un roulement de timbales. Alors les Prussiens nous chargeaient, nous sabraient méthodiquement, traversant la route où ils laissaient un lit de cadavres avant d'aller tranquillement se reposer de l'autre côté. Comme à l'exercice.

Notre colonel polonais nous formait en demi-carré. Avec nos quelques baïonnettes, la pique de son ordonnance et le sabre des dragons, nous offrions sur cette chaussée de malheur un semblant de résistance. L'ennemi la dédaignait. Il nous contournait pour aller massacrer sans risque les éclopés qui ne s'étaient pas abrités derrière nous et tant de hurlements sauvages, inhumains, orchestraient ces
charges que les braves en déroute, désemparés, privés d'ordres, se couchaient, couraient en tous sens et gênaient nos pâles tentatives de manœuvres.

Le colonel polonais est mort à la quatrième charge, comme nous venions de passer Frasnes. Je me trouvais proche de lui. Malgré l'obscurité j'ai bien vu le Prussien
qui l'a abattu : la pelisse blanche luisait dans la nuit sur le dolman sombre et j'ai pensé un moment que le double plumet de son colback lui donnait l'air d'un chat-huant. On devinait au loin les premières maisons de Charleroi. La troupe se précipitait, pensant déjà passer la Sambre.

« Viens, Chamoreau, viens donc », me criait Verbatim. Mais j'avais à faire. Il fallait remonter le flot des fuyards, m'ouvrir un chemin à coups de crosse pour atteindre le
colonel. Il portait cinquante napoléons dans sa sabretache : depuis trois lieues je les entendais sonner. Il en avait moins besoin que moi : il lui manquait la moitié du
crâne. « Au sabre, le cavalier doit toujours viser l'oreille gauche de l'adversaire », comme dit le règlement.

p14-15
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Ludivine travaillait dans les bals. Évitant celui des
Batignolles, son village, elle fréquentait surtout celui de
la barrière de Clichy ou même, quand les soirées s'an-
nonçaient tièdes, ceux de Saint-Ouen. Je la surveillais à
l'écart, seul parfois, parfois entouré d'une demi-douzaine
de mauvais garçons. Ils m'avaient accepté, m'ayant vu
corriger un gandin de Chaillot que je soupçonnais de
vouloir annexer Ludivine. Sans vraiment les aimer, j'avais
adopté leur langage, leurs vêtements, leurs ruses.

Ma femme entraînait ses pratiques derrière des haies, en
descendant vers Levallois. Quelquefois, prévenu par cer-
tains signes, je quittais la table, les hommes et leur linvé
pour aller, comme je disais, poser des collets dans les
garennes. J'y surprenais Ludivine avec quelque maraîcher
qu'elle avait estimé riche. J'arrivais sur eux comme un
renard puis, la lanterne soudain brandie, je les dévisageais
longuement. Les louis venaient tout de suite : un regard
de Chamoreau suffisait. Je porte assez d'horreurs en moi
pour me faire obéir. Le miché détalait, Ludivine comptait
l'argent et je méditais sur le désir et sur la peur. Puis,
comme nous disions alors, je rentrais sorguer avec ma gerce.

Il ne fallait sortir le couteau que rarement et cela n'a
tourné mal que deux fois : nous avons dû porter les corps
jusqu'à l'embarcadère de Clichy, par les jardins.

Le jour, je m'occupais de mes bêtes pendant que Ludi-
vine dormait ou rendait visite au notaire qui plaçait son
argent. Avec mes derniers napoléons j'avais acheté cinq
chèvres, quatre blanches, la dernière plutôt jaune. Je les
enfermais le soir dans une cahute de planches au bout du
jardin de la Plichon. Au matin j'allais y retrouver les
senteurs et les gestes de mon enfance. Je les promenais
un peu dans les terrains vagues puis, vers midi, nous
descendions tous les six vers Paris.

P26
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L'été s'annonçait superbe. On apercevait de la ville haute les champs d'alentour où des femmes — pas d'hommes, pardi, ils étaient devenus cuirassiers -, où des
femmes, donc, piquaient des bœufs. Nous serions volontiers restés pour les aider, mais nos trois jours à Laon ne furent qu'une parenthèse. Nous étions en déroute : les Autrichiens et les Russes déferlaient sur la Lorraine.

Nous sommes donc repartis. On avait refondu le 512 avec des conscrits, des Marie-Louise qui ne pensaient qu'à crier « Vive l'Empereur! » Villers-Cotterêts, Aubervilliers,
Rocquencourt : petits combats miteux où quelques uhlans chargent quelques voltigeurs. On se demandait pourquoi on se battait encore. Lallemand restait introuvable; quant aux autres généraux, selon Verbatim, ils supputaient leurs
chances de passer à l'ennemi sans trop d'embarras et se mordaient les doigts de n'y avoir pas songé plus tôt.

P20.
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le respect de l’autre naît aisément dans le cœur de l’homme sincère, à condition qu’il accepte de regarder attentivement
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