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2.83/5 (sur 3 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Belfort , le 01/04/1911
Mort(e) à : Petra, Jordanie , le 08/04/1963
Biographie :

Jean Steinmann était un Oratorien. Spécialiste des études bibliques, Steinmann s'est intéressé à Pascal et à Léon Bloy. Il présente la particularité d'être le dernier auteur mis à l'Index, pour son livre "La vie de Jésus". Ceci se passait en 1961 sous le pontificat de Jean XXIII. Les ecclésiastiques hétérodoxes ou hérétiques français, à la suite de Renan ou de Loisy, semblent ainsi avoir une faiblesse particulière pour fantasmer des vies de Jésus mieux en accord avec leur imagination que le texte biblique canonique, dont bien entendu ils prétendent tous partir en véritables "scientifiques" qu'ils prétendent être.

Vicaire à Notre-Dame de Paris, Steinmann n'a pourtant jamais été particulièrement inquiété pour ses opinions par l'Archevêque du temps, le cardinal Feltin. Certains y voient l'"esprit d'ouverture caractéristique de l'Eglise de France". D'autres y voient l'indice de la duplicité des responsables ecclésiastiques prompts à condamner les non-ecclésiastiques, mais d'une tolérance douteuse à l'égard des confrères, de l'assemblée desquels ils sont élus.

Steinmann meurt accidentellement en 1963 dans la crue d'un oued en Jordanie alors qu'il encadrait un voyage organisé de jeunes filles. Il a donc seulement vu l'ouverture du Concile et aucune des réformes qui furent édictées seulement à partir de 1964.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Le jugement critique peut d'abord viser l'exactitude d'un texte. Jusqu'à l'invention de l'imprimerie, les livres étaient manuscrits et leurs éditions confiées à des copistes. ceux-ci commettaient fréquemment des bévues ou des fautes de transcriptions. Il leur arrivait d'omettre un mot ou une ligne, de ne pas comprendre un terme difficile. Aux erreurs involontaires provenant de l'inattention ou de l'ignorance s'ajoutaient parfois des additions ou des corrections intentionnelles. Comme les manuscrits éteint recopiés les uns sur les autres, -sans qu'on puisse se reporter chaque fois au texte original, -les erreurs avaient tendance à se transmettre d'un exemplaire à l'autre; elles se perpétuaient et se multipliaient. Si bien que, dès l'Antiquité, les lecteurs se trouvaient fréquemment devant plusieurs manuscrits proposant des textes assez différents d'une même oeuvre. Ainsi pour Homère, les grands tragiques, les dialogues de Platon, etc...
Il est inutile, d'ailleurs, de remonter à l'Antiquité pour rencontrer un pareil problème. N'a-t-il pas fallu trois siècles pour obtenir des Pensées de Pascal, ou des Lettres de Madame de Sévigné, des éditions qui soient conformes au texte original ?
Le premier effort de la critique tend donc à rétablir dans sa pureté un texte tel qu'il est sorti des mains de l'auteur, en le débarrassant des erreurs de copistes (ou des fautes d'impression), des additions indues, de ce qu'on nomme les gloses, notes marginales qui se sont insérées dans le texte ou corrections tendancieuses visant à atténuer ou à gauchir le sens d'une phrase, à modifier le style, à transformer la pensée d'un écrivain.
Cette première forme de critique s'appelle la critique textuelle, car elle vise à restituer le vrai texte. Dès l'Antiquité classique, une telle critique fut appliquée aux épopées homériques par ceux qu'on appela les diorthotes , c'est-à-dire les "rectificateurs". Ils se recrutaient parmi les bibliothèques d'Alexandrie et de Pergame. Ces critiques prirent l'habitude de marquer de l'obèle, c'est-à-dire d'un trait horizontal, les vers douteux d'Homère et tentèrent de corriger les fautes des manuscrits dont ils percevaient aisément les divergences et les variantes.
Mais la critique textuelle ne saurait s'exercer pleinement sans une connaissance générale du style de l'auteur dont on doit rétablir le texte. Pour être parfaite, elle doit se prolonger par une critique littéraire proprement dite.

Introduction
Critique textuelle
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Comme les Septante, la Vulgate devait subir les injures du temps; être à son tour défigurée par de nombreuses retouches, des interpolations, des erreurs de transcription, si bien que pour en rétablir le texte tel qu'il sortit des mains du solitaire de Bethléem, il a fallu entreprendre un vaste travail critique qui fut confié aux bénédictins.
Mais le texte de la version de Saint Jérôme ne présente plus qu'un intérêt théologique, liturgique et patristique. La Vulgate est "authentique" en ce sens qu'elle ne trahit rien d'essentiel de l'original; elle peut servir d'appui sûr à la controverse théologique. Elle reste la version officielle du culte latin. C'est un monument grandiose de l'époque et de la littérature patristiques.
Il s'agit moins aujourd'hui de restaurer les résultats du travail de Jérôme dans leur tenue primitive, que de refaire à nouveau ce qu'il avait si bien fait lui-même de son temps, -c'est-à-dire recourir directement aux sources, diminuer les intermédiaires entre la langue originale de la Bible et ses auditeurs actuels. En ce sens, Jérôme traduisant de l'hébreu, commentant la Bible en se débarrassant de l'allégorisme, reste le modèle et le patron des exégètes et des critiques bibliques.

Chapitre premier. Origène et saint-Jérôme
§ Histoire de la Vulgate
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Moise Maimonide, né à Cordoue en 1135 et mort au Caire en 1204 est plus un philosophe qu'un exégète. Mais comme tous les Juifs il est amené à commenter la Loi dans son Guide des Egarés. Il use souvent de la philosophie aristotélicienne. Il précède dans cette voie les grands scolastiques chrétiens, sur lesquels il exercera une évidente influence. (...)
L'exégèse et la critique juives de l'Ancien Testament se poursuivront après le moyen âge. Mais alors, la grande période sera passée. Spinoza échappera à la synagogue. Auparavant, les grands commentateurs chrétiens auront réappris des Juifs la langue originale de la Bible et la manière rabbinique et littérale de la commenter. A une époque où l'oeuvre critique d'Origène n'était plus accessible aux Occidentaux, les Juifs tels que Rashi et son école, restaient avec saint Jérôme les seuls liens entre l'Eglise latine et les racines ethniques de l'Ancien Testament.

Chapitre II. L'exégèse juive des massorètes à Maimonide
§ Maimonide
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Avec les grands scolastiques du XIIIe siècle, le problème biblique prend un aspect nouveau. La contagion de la philosophie aristotélicienne, la traduction latine du Guide des Egarés de Maimonide permettent aux grands dominicains de codifier une théorie plus complète de l'inspiration biblique et des rapports entre le sens littéral et le sens spirituel de l'Ancien Testament. Le sens littéral devient comme le corps de l'Ecriture, son "ossature" historique pour reprendre une image de Saint Albert, empruntée à Ezechiel, tandis que le sens spirituel en est l'âme, la forme au sens aristotélicien. Saint Thomas fera une distinction entre les mots, les récits, c'est-à-dire le texte, qui n'est susceptible que d'un seul sens, le sens littéral, et ce que les récits racontent, les événements qui sont typologiques, c'est-à-dire des symboles prophétiques des réalités futures du Nouveau Testament. Un bon exemple serait donné par les textes relatifs à la Pâque juive. En parlant de l'agneau pascal, les auteurs bibliques entendaient bien ne désigner qu'un agneau et leur texte ne saurait avoir d'autre sens; mais dans l'intention divine l'agneau sacrifié désignait d'avance et symboliquement Jésus-Christ.
Parfaitement valable à une époque où la réalité rigoureusement historique des premiers chapitres de la Genèse n'éveillait aucun doute, cette distinction risquait de perdre sa valeur le jour où l'on découvrirait que les "faits", tels que le Déluge, se perdaient dans la nuit des traditions orientales. A quoi s'ajoute la prodigieuse complexité des événements historiques dont les auteurs de la Bible n'ont retenu souvent que la signification religieuse. Si bien que, pour un exégète d'aujourd'hui, l'auteur biblique est loin d'apparaître comme le photographe, très terre à terre, d'événements dont il n'eût pas aperçu le sens typologique.

Chapitre III. Le Moyen Age chrétien
§ Saint Albert et Saint Thomas
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L'Eglise d'Occident fut plus lente que celle d'Orient à découvrir les problèmes de critique biblique. (...)
La gravité de cette situation fut vivement ressentie par un brillant étudiant romain, devenu prêtre et moine, Jérôme, né en 437 à Stridon. Il avait voyagé en Orient. Il connaissait l'oeuvre d'Origène et il avait appris 'hébreu. Le pape Damase l'encouragea à entreprendre une révision critique de la version latine du Nouveau Testament, dont on usait à Rome.
Jérôme acheva ce premier travail en 384. Il y a jouta une révision de la traduction du Psautier et de celle de nombreux livres de l'Ancien Testament.

Chapitre premier. Origène et saint-Jérôme
§ Saint-Jérôme
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Son disciple, André de saint Victor, est incontestablement le plus grand des exégètes du moyen âge. Par lui s'ébauche une vraie connaissance critique de l'Ancien Testament. (...)
Comme le remarque sa récente biographie, André de Saint Victor sait parfaitement qu'il s'engage sur une voie nouvelle. de même que Jérôme a dépassé Origène, il espère lui-même dépassé Jérôme.
Pour éclairer le sens de la Bible, il veut faire appel à toutes les ressources des littératures anciennes, en particulier Cicéron, Sénèque, Salluste, Virgile, Ovide, Horace, Juvénal, Lucien.

Chapitre III. Le Moyen Age chrétien
§ André de Saint Victor
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Au moyen âge, les Juifs n'étaient pas seuls à entreprendre l'étude de la Bible. Pour les chrétiens aussi, le Livre était la base de tout l'enseignement des écoles et des universités. On le commentait, grâce aux chaînes, morceaux choisis de l'exégèse des Pères.
Au début du XIIe siècle, les Victorins en particulier entrèrent en contact avec les nouveaux courants de l'exégèse juive. Hugues de Saint Victor, qui enseignait de 1125 à 1141, fait des allusions assez fréquentes aux "Hébreux" de son temps.

Chapitre III. Le Moyen Age chrétien
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A cette gigantesque oeuvre critique, Origène joignit 257 tomes de commentaires et d'homélies sur l'Ancien et le Nouveau Testament. Son exégèse s'inspirait de méthodes alexandrines. Elle consistait surtout à découvrir un sens caché et allégorique aux textes de l'Ancien Testament. ce sens nouveau, Origène le créait en recherchant à tout prix l'enseignement de la théologie chrétienne sous les affirmations des vieux scribes d'Israel. trois puits désignent la Trinité, leur eau c'est la grâce, les brebis des patriarches sont les fidèles, etc...On voit la méthode. Certes les rabbins avaient précédé Origène dans cette voie d'un allégorisme intempérant. Dans le Nouveau Testament lui-même, il arrive que la Loi et les prophètes soient interprétés d'une manière spiritualisante et allégorique; mais jamais avant l'exégète d'Alexandrie cette méthode ne s'était figée dans un système.
Ce système d'exégèse d'Origène est évidemment artificiel et faux. Aujourd'hui, il est entièrement abandonné. Mais il a eu sa valeur pour dégager le christianisme naissant d'une exégèse trop littéraliste de l'Ancien Testament, de tourner à l'esclavage à l'égard du judaisme le plus étroit.

Première partie. Histoire de la critique biblique.
Chapitre premier Origène et saint-Jérôme § Origène

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La distance qui séparait les Septante de l'original devait être un jour découverte. cette découverte se fit en Egypte.

Alexandrie était la capitale de l'empire romain de culture grecque. Là se trouvaient la plus célèbre des bibliothèques et la plus fameuse des écoles de critique textuelle. Il était normal que l'étude critique de la Bible débutât dans cette capitale.
Vers 185 de notre ère, y naît celui qui deviendra l'initiateur de ces études : Origène, fils de Léonide. Ascète et maître admirable, savant d'une immense érudition, Origène est l'une plus hautes figures du Christianisme primitif.
Dans le milieu alexandrin, Origène ne pouvait méconnaître l'importance de la critique biblique. "Il fallait appliquer au texte biblique les règles en usage dans les écoles, écrit E. de Faye. Il a donc commencé par établir, selon la méthode reçue, le texte qu'il voulait commenter. Sa critique textuelle n'a rien d'original. c'est celle des grammairiens d'Alexandre, ses maîtres. Elle a les mêmes qualités et les mêmes défauts. En ce qui concerne le texte de la Bible grecque, elle a produit exactement les mêmes résultats." 'E. de Faye, Origène, PAris, 1923, p. 68.)

Première partie. Histoire de la critique biblique.
Chapitre premier Origène et saint-Jérôme § Origène
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Critique historique

Quand le texte est fixé, le genre littéraire défini et compris aussi clairement que possible, il reste à la critique à se prononcer sur deux questions fort graves mais différentes : l'authenticité d'une oeuvre et son historicité.

-L'authenticité.
Un texte est authentique s'il est bien l'oeuvre de l'auteur dont il porte le nom.

-Historicité.
L'authenticité d'un livre étant assurée, il s'agit de savoir quelle confiance mérite son auteur et dans quelles limites s'enferme son témoignage. Etait-il exactement informé ? N'avait-il point de préjugés ? S'il s'agissait d'un historien qui raconte le passé, à quelles sources a-t-il puisé ? Que valaient-elles ? Quelles transformations a-t-il fait subir aux récits qu'il empruntait ? Son témoignage direct ou son tableau est-il compatible avec ce qu'affirment d'autres sources de connaissance de ce passé ?
La critique entreprend de confronter la matière d'un livre avec les données générales de l'histoire, de la géographie, de l'ethnologie, de l'archéologie. Eventuellement, les erreurs commises par l'auteur sont relevées et une appréciation critique de l'oeuvre est rendue possible.

Introduction
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