Les Sirènes du lac - Livre de Jean Tempère - Aux Éditions De Borée - 2011
La petite était une indigène, une lavandière qu’il avait rencontrée au bord de l’Oum Errabiâ. Elle baragouinait le français avec un accent délicieux. Elle aussi avait les cheveux bouclés, mais bien noirs, comme ses yeux, en amande. Une jolie fille, dont le regard très franc avait suffi à faire chavirer son cœur. Ce jour-là, c’est comme si elle lui avait dit : « Je suis là pour toi. Tout nous sépare, mais je suis là pour toi, rien que pour toi. Emmène-moi dans ton pays. » Pas même un baiser. Seulement des regards, des sourires, quelques mots échangés au fil des jours…
Pour lutter contre la prostitution clandestine, la municipalité exigeait que le personnel féminin des débits de boissons soit en possession d’un certificat de bonne conduite renouvelable tous les trois mois… De toute manière, cette valse des « primeurs » était bonne pour le « bizness » : elle appâtait une clientèle avide de nouveautés…
En plus, ses lèvres étaient rouges, bien charnues, comme un fruit… Je ne sais pas comment elle s’appelait… Non… Son teint était mat, mais pas trop, et sa peau sans défaut… Elle me regardait tendrement… sans malice… Nous n’avions rien en commun, mais… je crois que j’aurais pu l’aimer…
Alors, Belges ou Gaulois, vos moustaches sont trop longues. Elles vous tombent sur la bouche et vos baisers sont piquants. Chez nous, les hommes les coupent juste au-dessus des lèvres. Les baisers sont plus doux…
Un chef doit être irréprochable, n’est-ce pas ? Et il n’y a guère de place pour la sensiblerie quand on commande.