[au sujet de la prière]
(…) On a commandé, demandé quelque chose qui va nous être envoyé et qu’il faut attendre.
C’est stupide.
C’est stupide… et pourtant il est incontestable qu’il se passe quelque chose quand on récite; quand on fait la gymnastique de la récitation.
Le flux banal et habituel de la pensée s’amenuise, se tarit et, sur une sorte d’écran, ce qu’on voudrait, ce qu’on espère, ce qu’on ferait si on était Dieu vient trembloter en filigrane intermittent dans la ferveur.
C’est une drôle de chose que la ferveur. (p. 117)
(p. 27)
C’est à se demander si Dieu, ce Dieu que je suis obligé d’inventer à travers les paroles de l’Ecriture, que je prie, que j’interpelle, à qui je parle et devant qui finalement je monologue sans cesse, sera jamais autre chose que mon reflet triste dans le glace.
Ainsi, c’est à moi que je parle.
A mon invention de Dieu.