Jean-Yves Clément parle à propos de son anthologie "Nietzsche au jour le jour".
Il y a tout ce qui a déjà été dit et écrit sur le "phénomène Liszt" et son impact sans pareille sur l'histoire de la musique: Albéniz, Scriabine, Rachmaninov, Ravel, Debussy, Bartók, Strauss, et tant d'autres en subiront les secousses ("Son héritage est peut-être plus grand que celui d'un Wagner", déclarera Schönberg), et le XXème siècle entier à vrai dire, et toute la musique pop en un sens, héritière dans sa forme spectaculaire de la première rock star de l'histoire.
Liszt écrit un opéra, Don Sanche ou le Château d'Amour, qui connaîtra un échec lors de sa création à Paris, en 1825. Il ne sera jamais à l'aise avec ce genre qu'il laissera en quelque sorte à Wagner - son théâtre, il le mettra dans son piano.
Les "Rhapsodies", on le sait, ne sont pas hongroises, au sens authentiquement magyar du terme, mais Liszt aussi le savait, et qu'importe puisque c'est bien également ce folklore-là qu'on entendait dans les campagnes hongroises; l'art bohémien appartient à la Hongrie "comme un enfant à sa mère". C'est d'autant vrai que les tziganes ont repris certains thèmes au folklore hongrois. Finalement, comme dans les "Mazurkas" de Chopin, qu'importe ici l'authenticité, c'est l'esprit qui l'emporte.
La relation avec Marie d'Agoult se délitera péniblement - après "dix ans d'illusions avec un Don Juan parvenu", dira-t-elle - jusqu'à trouver son terme en 1844. Fin 1843, Marie commencera sous son nom d'écrivain Daniel Stern un récit intitulé "Nélida", sorte de roman à clef et à charge contre Liszt ; George Sand écrira un peu plus tard "Lucrezia Floriani", qui caricaturera Chopin. C'est ainsi que les littéraires règlent leurs comptes à cette époque ; Sand étrillera Marie dans "Horace", quand Balzac renverra les deux femmes dos à dos dans "Béatrix".
Qu'est-ce que la paraphrase pour piano, sinon l'aboutissement du genre de l'improvisation, désormais structuré, mais conservant entier son esprit de liberté originel. Que constitue-t-elle si ce n'est le réceptacle du premier "esprit lisztien" par excellence, s'appropriant une oeuvre pour la "varier", verbe qui est peut-être le grand mot de la création de Liszt quand on considère les différents "états" de beaucoup de ses oeuvres, quatre, cinq ou même six parfois. La varier, et la faire entendre alors "autrement", comme encore enrichie, révélant, grâce à la mémoire génialement infidèle de Liszt, tout son potentiel virtuel. Sorte de renaissance de l' oeuvre comme dotée de plusieurs vies possibles.
Opus 62 n° 1, si majeur
Il est des soirs
Où se dévide l'âme
Des fils des songes
Que la vie a tissés
Arachnéenne soeur
Fileuse de rêves
Au coeur du grand esprit
Glenn Gould était un authentique créateur, un recompositeur.
Je ne pourrais pas vivre sans la Symphonie n°5 de Sibelius.
Opus 9 no 1, si bémol mineur
Chant étale
Au clair de l’âme
En bord de nuit
Un trait d’amour perce
L’eau du ciel
Rayonne et retombe
Mouillé d’étoiles
Un milieu étranger est pour lui un milieu hostile.