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Citation de Oreane


Seul, depuis quinze jours, au fond de cette campagne, la canicule m'écrase, je garde la maison. Le dos tourné à l'été, le buste penché au-dessus du sol, entre les flaques de lumière qui coulent des volets, j'observe mes pieds battre les tommettes sans que je leur aie rien ordonné. J'ai la pulpe des doigts parcourue de décharges électriques, dans la bouche un goût de foin et de métal rouillé, je n'ai jamais autant pompé sur mes Dunhill. Autour de moi, dans la fumée, je vois les ombres lentement monter.
Pour parfaire mon abrutissement, le plus clair de mon temps, je m'oblige à compter. Pas seulement à dénombrer mes symptômes et à établir les moyennes horaires de tout ce que je fais, mais encore à compter sans limite, par simple mécanique, comme un automate qui se lancerait à la poursuite de l'infini. Quand il m'arrive de quitter mon fauteuil, c'est pour m'asseoir au volant de la voiture ou bien monter à l'étage rejoindre la chambre à coucher. À dire vrai, je prends mon seul exercice en poussant un chariot rempli de bouteilles d'eau dans les allées du supermarché. Le dimanche, je m'accorde deux heures de conduite sur les départementales du Lot ; j'ai beau filer droit, chercher la tangente, toujours je tourne en rond.
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