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Critiques de Jean-Yves Le Naour (324)
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Gisèle Halimi l'insoumise: Avocate pour chang..

C'est le second titre sur cette femme d'exception que je lis après sa jeunesse tunisienne. On peut dire que c'est une sacrée coïncidence que deux titres sortent presque en même temps après des années où il n'y avait pas la moindre biographie en bande dessinée sur cette femme qui a mené un combat toute sa vie pour faire progresser la cause des femmes.



Beaucoup de femmes sont malheureusement maltraités dans le monde et réduit à un rôle mineur qui les privent de libertés par rapport aux hommes notamment dans les pays d’obédience musulmane mais pas que. C'est la triste réalité des faits sans vouloir porter de jugement hâtif.



Cependant, ce que j'admire le plus chez cette femme, c'est qu'elle a su dire « non » à cette condition et à s'opposer à la religion, à ses parents, aux autorités représentant l'Etat. En faisant cela, elle s'est démarquée en ayant le courage de ses opinions pour résister. Si seulement, tous les peuples de la terre pouvaient en faire autant pour se libérer des dominations de la religion et des états totalitaires.



Comme dit, la liberté commence où l'ignorance finit. Encore faut-il ne pas croire à la propagande de l'Etat qui peut anesthésier tout un peuple. Gisèle a découvert que la liberté a toujours un prix.



J'ai bien aimé également la sincérité de cette biographie qui ne cache rien comme par exemple la vraie nature du combat de Simone de Beauvoir avec cette cassure dans le combat de Gisèle notamment quand le verdict de l'affaire Marie-Claire est tombé. Celle-ci a été violé et a avorté en toute illégalité.



La victime sur le banc des accusés mais le violeur coupable libre. Elle a fini par être acquittée mais la grande et célèbre Simone de Beauvoir voulait en faire une martyre pour servir la cause. On se rend compte que dans le combat féministe, il y a également des extrêmes.



L'héritage que laisse Gisèle Halimi décédée en 2020 est qu'il faut toujours se battre pour un monde plus juste et que les droits ne sont jamais acquis car des remises en cause sont toujours possibles. C'est à nous d'intégrer ce message en refusant les inégalités et surtout en ne se résignant pas. Il est vrai que je suis assez sensible à cet espoir d'un monde nouveau.



Une lecture très intéressante qui complète d'ailleurs mon autre lecture en étant plus complète et plus aboutie d'un point de vue intellectuel.

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Charles de Gaulle, tome 2 : L'homme qui a d..

Dunkerque 1940:

Nos armées sont prises au piège. Les Anglais rassemblent tous les navires disponibles pour rembarquer leurs troupes, dans la plus grande improvisation...Sous le feu de l'aviation allemande qui fait des ravages!

Les Français se battent pour permettre aux British de..." filer à l'anglaise".





Que serait-il passé si De Gaulle avait eu sa Division Cuirassée.( En 1939, Les théories de De Gaulle avaient été appliquées par Adolf Hitler, par l'Allemagne Nazie, pas par la France...)





Pour l'heure, il n'a que 150 chars, au lieu des 500 espérés... Mais à 1 contre 4, De Gaulle arrive à bloquer les Panzers, à Montcornet, jusqu'à l'arrivée de l'aviation ennemie...





De vieilles badernes, comme Gamelin et... Pétain lui en veulent, ou le détestent.

- De Gaulle est un ingrat, il a refusé ma préface pour son livre" La France et son armée "!

Râle Pétain ( Jalousie?)





Alors que De Gaulle prône la résistance aux côtés de l'Angleterre, Pétain "offre sa personne à la France", crédibilisant l'inéluctabilité de l'armistice...





Le Général dit adieu à sa mère, et à ses enfants, avant de s'envoler pour d'Angleterre.

Le projet d'union Franco-Britannique, pour prévenir tout tentative d'armistice, annonce la poursuite d'une collaboration entre les 2 pays, après la guerre...





Pétain veut faire condamner De Gaulle, pour désertion et le faire arrêter...( Loin d'aider la France, Pétain a aidé l'Allemagne, avec la rafle des juifs dans le cadre de la Shoah, la répression de la résistance et l'envoi forcée de main d'oeuvre au STO... )





Mais, le Général

De Gaulle est à Londres, où son destin l'attend !

Il est déchu de la nationalité française, et condamné à mort, par le régime de Vichy!





C'est l'appel du 18 juin!

" Bom bom bom, les Français parlent aux Français !

Les sanglots longs des violons de l'automne, bercent mon coeur d'une langueur monotone. Bom Bom Bom!

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Mort à l'université

Le capitaine Tarate est devenu le pestiféré du commissariat de Toulouse.

C'est donc tout naturellement que le commissaire Quincampoix lui a refilé une affaire apparemment banale.

François Godefroy, un enseignant de l'université du Mirail n'est pas rentré chez lui.

Banale histoire de fesse ? Fugue ?

Seulement voilà, François Godefroy est retrouvé assassiné.

Et un autre enseignant, André Limon est retrouvé mort lui aussi, abattu avec la même arme ...

Et quelle arme !

Que Dieu me savonne et que le colonel Moutarde me pardonne, mais on ne me la fait plus.

J'ai quelques parties de Cluedo au compteur !

L'arme du crime est la plume, et la victime n'est pas plus Mlle Rose que François Godefroy ou André Limon.

Le fin mot de l'énigme d'ailleurs ne serait-il pas révélé dans le titre ?

"Mort à l'université" est le dernier livre de Jean-Yves le Naour, qui vient d'être publié aux éditions "Calmann-Lévy" le 20 mars 2024.

C'est un très bon roman policier.

Le récit s'amorce tranquillement.

La lecture commence, popote et benoîte, et puis le fil s'étire de manière originale et plaisante vers un épilogue que l'on n'aura pas vu venir.

Il est retors ce capitaine Tarate, et futé qui plus est !

Il va l'avoir sa promotion, enfin peut-être ...

Suspens !

Le récit est piqueté d'humour mais pas seulement.

On ne m'enlèvera pas de l'idée qu'une des victimes collatérales de cette affaire est bien le système affairiste de l'université.

"Mort à l'université" !

L'auteur avait pourtant prévenu.

Mais il se peut que tout cela ne soit qu'une fausse piste.

Quoiqu'il en soit dans les remerciements en postface, Jean-Yves le Naour dit de son roman qu'il a été publié dans "un moment d'égarement".

Pourtant dès la dernière page tournée, le plaisir est bien réel d'avoir lu un efficace et captivant roman policier.

De plus, pour en finir, j'y ai compris -Enfin ! - pourquoi durant toute ma scolarité j'ai pu me demander où pouvaient bien s'habiller les profs.

Il y a là aussi un secret révélé qui n'est pas négligeable ...
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Charles de Gaulle, tome 3 : L'heure de vérité (..

Octobre 2019: Après avoir taxé les vins français de 25%, l'Amérique de Trump veut passer à une taxe de 100%...

"Paris! Paris outragé !

Paris brisé! Paris martyrisé, mais Paris libéré!





Juin 1944: les États-Unis voulaient entrer dans Paris, en ignorant le général De Gaulle.

Churchill, (de mèche avec Roosevelt) ne prévient que tardivement De Gaulle, pour le D-Day, qui s'énerve :

-" Et ceci, est-ce la souveraineté de la France? Des francs imprimés aux Etats-Unis! Allez, faites la guerre avec votre fausse monnaie."





De Gaulle se méfiait de l'Angleterre ( il avait compris avant l'heure et le "Brexit" lui aura donné raison...). Churchill riposte:

-Nous allons libérer l'Europe, mais c'est parce que les Américains sont avec nous, pour le faire! Entre vous et Roosevelt, je choisirai toujours Roosevelt!





Eisenhower veut que De Gaulle lise une proclamation. le général se fâche:

-" Ainsi donc, les Français devront exécuter les ordres? Vous négocierez avec l'administration de Pétain qui devra rester en place et vous ne faites aucune allusion à la France libre?"





Découvrez comment De Gaulle impose ses vues, grâce aux "130 000 hommes de la France libre en Italie, qui ont pris Rome" et aux sacrifices des résistants français ( ponts et chemins de fer dynamités...)

Et comment, en bravant les ordres des américains qui voulaient contourner la capitale, De Gaulle fit entrer la division Leclerc, par le sud de Paris...





5 juin 1944, à 21h15: Bom bom bom!

Les sanglots longs des violons, je répète,

Les sanglots longs des violons de l'automne

"Blessent" mon coeur d'une langueur monotone

Le Débarquement en France était lancé!
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120 ans de Prix Goncourt

En des temps fort fort lointains où le Théâtre et la poésie régnaient en maîtres en terre de France, gens de lettres et de plumes avaient pris l'habitude de somnoler en habits verts sous une coupole dans des fauteuils numérotés.

C'était là la moindre de leur excentricité.

Puisque jamais ils n'avaient cru au roman !

Mr Edmond, lui, y croyait, et tenait salon dans son grenier.

Lorsqu'il mourût, il envoya le bon Alphonse, juché sur la mule du pape, chez un notaire parisien afin de fonder une académie de dix membres qui seraient chargés de récompenser chaque année le meilleur roman ayant paru durant les douze derniers mois.

Ainsi naquit le prix Goncourt, ... ou presque !

"120 ans de prix Goncourt" est une histoire littéraire française écrite par Catherine Valenti et Jean-Yves le Naour, parue à la collection "Omnibus" des "Presses de la Cité, et Perrin" le 28 septembre 2023.

Le testament d'Edmond Huot de Goncourt fut déposé en mai 1892 chez un notaire parisien, mais ce n'est qu'en 1903 que le prix fût attribué pour la première fois ... à "Force ennemie" de John-Antoine Nau, une espèce de récit fantastique fumeux où un extra-terrestre avait pris possession du corps d'un humain interné dans un asile.

Cela n'a pas fait un pli, au deuxième tour, le livre de Nau l'a emporté avec six voix sur dix.

Au menu bisque de homard, barbue à la sauce hollandaise, cuissot de chevreuil à la purée de marrons , dinde de Houdan au cresson et traditionnel foie gras ...

Et voilà le prix Goncourt lancé pour son premier siècle d'existence !

Sur le Goncourt, on a tout dit, tout écrit et tout lu, sauf l'essentiel qui est venu se nicher tout naturellement dans les pages de ce livre.

Le livre, "120 ans de prix Goncourt" est un roman-fleuve où Catherine Valenti et Jean-Yves le Naour ont donné le premier rôle au prix Goncourt.

Ourdiraient-ils tous les deux le fol et secret complot d'obtenir le prix Goncourt d'un de ces jours ?

Ce dernier n'en est pas à un rebondissement près !

Il a été espéré, attendu, critiqué, espionné, refusé, donné et redonné.

Il a été l'espoir de tant et tant de jeunes écrivains, qui parfois pourtant prenaient la posture de le dédaigner.

Il a même été parfois préféré au Loto ...

Catherine Valenti et Jean-Yves le Naour nous offrent ici une histoire complète, détaillée et érudite de plus de 500 pages sur l'histoire la plus extraordinaire de la littérature française.

On y retrouve bien sûr nombre des écrivains que l'on a appréciés, de ceux dont on a aimé détester les livres et ceux que parfois sans même connaître l'on a accrochés au panthéon des gloires oubliées.

Plus d'un siècle de Littérature, c'est dense et mouvementé.

C'est passionnant.

Ce livre vient éclairer quelques uns de ceux qui l'avaient précédé : "Mes Goncourt" de Pierre Descaves et "L'Académie Goncourt en dix couverts" de Georges Ravon bien sûr, mais surtout "la galère des Goncourt", le livre plein du fiel de l'écrivain meurtri René Benjamin, rejeté par l'Académie pour son attitude durant la seconde guerre mondiale.

En complément de la lecture de ce livre, "120 ans de prix Goncourt", on peut s'offrir, pour le plaisir, "Les infréquentables frères Goncourt" de Pierre Ménard.

Et voilà que les fêtes de fin d'année viennent s'illuminer de Littérature.

Que Dieu me savonne et que Lucien Descaves me pardonne, elle n'est pas belle la vie ?

Du premier prix en 1903 à celui de l'année 2022, attribué à "Vivre vite" de Brigitte Giraud, le voyage proposé est vertigineux et sensationnel.

Ce livre est captivant et palpitant.

Il est aussi parfois subjectif.

Il est bourré d'anecdotes oubliées et pittoresques, de détails retrouvés.

C'est sûr, dès le premier tour, il va remporter tous les suffrages ...





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Le réseau Comète : La ligne d'évasion des pilotes..

Encore un ouvrage qui décrit l’un des actes glorieux de la Résistance en France. Le réseau comète était chargé d’évacuer les parachutistes alliés égarés en Belgique pour les extirper à l’ennemi en passant par la France et l’Espagne afin qu’ils puissent rejoindre la Grande-Bretagne via Gibraltar. Cependant, on ne s’intéressera que sur le passage en France jusqu’aux Pyrénées.



Ce réseau avait une particularité car il était dirigé par une femme avec la collaboration d’autres femmes qui jouaient les passeuses. On s’aperçoit que les femmes ont joué un rôle non négligeable dans la résistance en France et que certaines l’ont payé de leur vie.



C’est un témoignage utile d’une ancienne résistante qui se termine avec un message d’avertissement du style que cela peut malheureusement se reproduire si on ne prend pas garde. Du coup, les plus jeunes pourront découvrir comment cela s’organisait concrètement dans la réalité.



Le dessin ?… Un très bon graphisme réaliste dans une mise en page de belle facture. Une ligne « soignée » où décors et arrière-plans ne sont en rien négligés, que du contraire. Un trait soigné pour un travail qui donne du cachet aux cases.



Pour autant, mon avis personnel sera un peu plus mitigé pour des considérations un peu externes. C’est un ouvrage engagé qui ne laisse pas de place à la nuance et qui glorifie les actes de la Résistance. Cela ne me dérange pas bien au contraire.



Cependant, il faut savoir que l’époque de l’Occupation, beaucoup ont servi docilement le régime de Pétain à commencer par les fonctionnaires. Qui se souvient encore que le président François Mitterrand fleurissait chaque année la tombe de ce Maréchal tombé dans l’ignominie de l’idéologie raciste nazi ?



J’ai lu des BD qui traduisait un peu plus ce sentiment de période grise où certains se sont érigés en résistant à la fin de la guerre après avoir collaboré et d’autres ont été accusé injustement de collaboration avec l’ennemi.



Bref, je ne suis pas à l’aise dans ce manichéisme qui a le mérite cependant d’être clair et de trancher efficacement. Maintenant et je le redis, ce type de BD a toute son utilité pour rendre hommage à ceux qui ont pris de véritables risques et qui se sont battus pour un idéal de liberté et de fraternité sans se compromettre dans l’extermination. Ils auront toujours ma reconnaissance de vivre dans un pays libre et démocratique.
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La gloire et l'oubli

Comment pourrait-on s'imaginer l'horreur de la guerre sans jamais y avoir été ?

Mais pouvoir enfermer l'indicible dans les mots serait-il en prévenir le retour ?

Pas sûr !

De Jonathan Swift à Farid Abdelouahab, innombrables sont les tenants de Littérature à l'avoir tenté.

Jean Rostand, Benjamin Vallotton, Romain Rolland, Stefan Zweig, jean Souvenance, Jean Giono, Bernard Clavel ...

Maurice Genevoix et Henri Barbusse, tous deux combattants de la première guerre mondiale, furent de ceux-là.

Ils donnèrent de la voix et enchevêtrèrent les plus puissants de leurs mots à la lutte pacifiste.

"La gloire et l'oubli" est un portrait croisé, celui de deux hommes touchés dans leurs chairs, de deux grands écrivains engagés.

J'ai longuement parcouru l'oeuvre de Barbusse que la magnifique biographie d'Annette Vidal m'avait fait découvrir.

Je ne connaissais pas l'oeuvre de Genevoix de laquelle "la boîte à pêche" et "l'aventure est en nous" m'avait éloigné.

"La gloire et l'oubli" m'y a renvoyé.

Car le livre de Jean-Yves le Naour est une de ces biographies, très explicative et éclairante, qui provoque l'envie.

On y découvre, on y apprend.

La lecture en est agréable, fluide et passionnante.

Alors, bien sûr, à l'heure de l'entrée au Panthéon de Maurice Genevoix, un petit soupçon d'opportunisme littéraire peut flotter sur l'oeuvre de Jean-Yves le Naour.

Mais cela importe peu et ne préjuge pas de l'intérêt du livre.

On n'a pas si souvent l'occasion de traverser une aussi fine analyse littéraire.

Même si certains passages, certaines de ses lignes m'ont un peu bigorné.

Je ne pense pas, par exemple, que comme l'affirme Jean-Yves le Naour en page 14, ce soit l'ombre du trop grand succès du Feu qui ait écrasé les oeuvres postérieures de Barbusse.

Il me semble à moi que son engagement politique par trop appuyé y ait jeté le trouble de l'oubli.

L'oubli ?

Quand à la postérité littéraire de Maurice Genevoix présentée comme glorieuse, on pouvait lire, il y a quelques jours, dans "la Croix" les lignes suivantes :

"À partir de quel moment, à quel tournant du siècle, la belle figure de Maurice Genevoix (1890-1980) s'est-elle effacée dans l'esprit de ses contemporains qui n'en offrirent pas même le souvenir aux générations suivantes ?"

La gloire ?

Mais il semblerait aussi qu'en son temps La Croix n'ait pas épargné Barbusse.

Il n'en demeure pas moins que le livre de Jean-Yves le Naour se révèle comme un ouvrage à lire impérativement, car il éclaire un pan de Littérature édifié par deux géants dans l'espoir d'enserrer l'indicible au creux de leurs mots ...



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La faute au Midi

Nous sommes en 1914, et plus particulièrement le 21 août. La bataille de Lorraine fait rage et on appelle en renfort le XVe corps d’Armée, celui des provençaux. Dénigrés par les soldats du Nord, accusés de paresse, de vivre sur les impôts des nordistes, ils tombent des nues, pensant être accueillis fraternellement par des camarades de guerre. Ils se battront avec courage et détermination jusqu’au bout. Mais ce fut un carnage. La stratégie était mauvaise. Pourtant, un aviateur avait prévenu l’Etat-Major. Il avait repéré le piège tendu par les allemands. Mais il fut très vite débouté, accusé « de jouer avec son avion ». Joffre ne voulut rien entendre et accusa les méridionaux. Pire, il fallut faire un exemple. Voilà comment une poignée de soldats blessés passèrent en cour martiale. Les soldats Auguste Odde et Joseph Tomasini, 21 ans, furent exécutés suite au rapport douteux du médecin militaire Cathoire, faisant état de mutilations volontaires.



Si je connaissais certaines exécutions douteuses lors de la 1ère guerre mondiale, notamment celles des fusillés de Vingré, je n’avais pas eu vent de cet épisode. Le dossier à la fin de l’album permet d’en savoir plus.



Je recommande vraiment cet album !
Lien : https://promenadesculturelle..
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La faute au Midi

Cette BD m’a fait monter dans les tours grave !!



Jean-Yves le Naour extrait une fois de plus une « péripétie » de son livre 1914 pour la développer sous forme BD. Cette fois, il se concentre sur les effets terribles du racisme intérieur auquel étaient soumis les « gens du Midi ».



Au début de la 1ère guerre mondiale, le généralissime Joffre ordonne à la IIème armée de s’enfoncer en Lorraine le plus vite possible. Son leader, Foch, veut en découdre. Citation du dossier : « Pourquoi être prudent quand la doctrine dominante est celle de l’offensive à outrance, quand on croit que c’est le courage, la détermination, l’élan, la volonté qui font la victoire ? ». Bref, c’est le retour de Crécy et d’Azincourt ; on fonce et notre noble courage prévaudra. Les flèches des Anglais ont été remplacées par des canons nettement supérieurs à ceux des Français. Résultat : la chair à canon est livrée aux aigles du Deuxième Reich.

Évidemment, il faut un bouc émissaire à jeter en pâture à l’opinion. Facile ! On dit que ce sont les soldats du Midi qui ont flanché. On ne va pas accuser les Lorrains qui sont considérés comme l’élite militaire du pays, alors que le provençaux, avec le racisme intérieur qui les considèrent paresseux, indolents et profiteurs, c’est super crédible.

Une petite allusion à la presse, et voilà, le pastis est servi ! Et il est indigeste.

La volonté de « maintenir le moral du pays » ira jusqu’à condamner à mort deux hommes qui ont pourtant courageusement affronté le feu terrible des adorateurs de Wotan (hum, je m’égare). Soit disant parce qu’ils se sont automutilés pour éviter de retourner au front, témoignage de médecin (influencé par la presse, et de Lorraine) à l’appui.

Il faudra attendre un an pour que le dossier soit rejugé et ces hommes réhabilités.



Je n’ai pas vraiment envie de commenter le dessin ou le scénario. Voyez-vous, je suis du Midi moi-même (bon, du Languedoc mais vu de Paris c’est comme la Provence) et j’ai sauté au plafond une vingtaine de fois pendant ma lecture, au point de me faire de sacrés bosses sur le crâne. Quand je suis monté à Paris, je me suis bien rendu compte du regard spécifique porté sur moi lorsque je parlais de mannnger, ou de painnn. Mais ce regard était plutôt amusé, nostalgique des vacances d’été (et un certain succès auprès des filles). Cela ne m’a jamais nui. Lire donc que, dans des circonstances plus tragiques, ce « regard spécifique » a servi de prétexte et provoqué la mort d’hommes m’a profondément choqué.



Une BD à mettre entre toutes les mains.

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L'affaire Markovic, tome 1

Club N°49 : BD non sélectionnée mais achetée sur le budget classique

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Intéressant pour montrer comment une rumeur tente de démonter un homme politique à l'époque post-68 de la fin du gaullisme.



Éclairante et rondement menée.



VT

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une histoire que je ne connaissais que par son nom.



Très instructif, très bien raconté un dessin qui s'accorde bien à l'histoire.



Christian

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Bonne BD pour les amateurs d'affaires croustillantes autour des cercles du pouvoir.



Réalisation classique.



Xel

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Une affaire qui ne concerne que les "grands" de ce monde.



Aaricia

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Lien : https://mediatheque.lannion...
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L'affaire Markovic, tome 1

Je ne connaissais pas l'affaire Markovic qui a failli faire vaciller la 5ème République au moment du passage du Général de Gaulle, affaibli par la crise de mai 1968, et le premier Ministre Georges Pompidou qui allait lui succéder à la fonction suprême.



Il est question d'un yougoslave qui travaillait pour le célèbre acteur narcissique Alain Delon dont le corps sera retrouvé dans une décharge publique. Bref, une sordide historie criminelle qui va remonter à des fins politiques afin de déstabiliser Georges Pompidou.



C'est fou ce que la manipulation peut avoir comme résultat néfaste pour salir un homme politique, ancien Premier Ministre et destiné aux plus hautes fonctions de l'Etat. Cela a quand même bien failli réussir grâce à l'aide des médias. On se dit également que le sieur Alain Delon n'avait vraiment pas de bonnes fréquentations même si par la suite, il l'a plutôt regretté.



Par ailleurs, il est vrai que je ne savais pas que les relations entre le Général de Gaulle et Georges Pompidou s'étaient dégradés à ce point en 1969. Dans ceux qui ont condamné la calomnie avec la plus grande véhémence, on retrouve un certain Jacques Chirac mais également François Mitterrand pourtant dans l'opposition. C'est intéressant de voir le rôle que chacun a joué car à côté des soutiens, il y a eu également les lâcheurs notamment le Premier Ministre en poste Couve de Murville.



J'ai trouvé cette BD suffisamment bien construite et assez équilibré pour ne pas se perdre dans les détails de cette enquête. A noter également un dessin assez lisible qui contribue à la clarté et à la fluidité de ce récit. Honnêtement, c'est plutôt du bon travail !
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1914 : La grande illusion

J’ai eu du nez de regarder « La Grande Librairie » le soir où Jean-Yves Le Naour venait y faire sa promo. J’ai su immédiatement que je lirai sa série sur la première guerre mondiale. La parution en poche prenant du temps, je ne commence que maintenant par la première année : 1914.



« Un livre qui se lit comme un roman », annonce-t-on en quatrième de couverture. Quand même pas, mais pas loin. L’auteur a la faculté de nous rendre vivante le début de cette tragédie, vivante selon un nombre considérable de points de vue. Il fait revivre les acteurs, lisant presque leur pensée grâce aux extraits de leurs mémoires ; les acteurs individuels, mais aussi l’opinion, les foules et les troupes qui sont des acteurs à part entière. Il nous rend palpable la perte de contrôle des diplomates qui mène à la guerre, les haines que les peuples éprouvent les uns envers les autres et l’épouvantable massacre des premiers mois, là aussi grâce aux mémoires et aux extraits de journaux.



De cette guerre, je ne connaissais que les images d’Épinal qui ont été balayées comme les français à la bataille de Charleroi. Je pensais que la guerre n’avait été que le résultat de la mécanique des Alliances ; c’était ignorer l’incroyable jeu de poker auquel se sont livrés les diplomates de tous les pays pendant un mois. La paix, la guerre, ils jouaient sur les deux tableaux à coup de menaces, de mensonges, de sincérité aussi ; le premier qui mobilise a perdu. Ce que j’en retiens, c’est que les diplomates ont joué un jeu de rôle grandeur nature et ont été abasourdis que cette guerre en soit le résultat final, même les allemands et les austro-hongrois sur lesquels Le Naour fait finalement peser la plus grande responsabilité.



Le comportement des partis politiques et des syndicats en France m’était inconnu. La gauche avait ici l’occasion de s’opposer à ce massacre organisé entre les nations en refusant d’y prendre part, en déployant « la guerre à la guerre » de Jaurès chez les travailleurs de tous les pays. L’assassinat de Jaurès aurait pu les pousser dans cette direction. Mais la méfiance existait, le patriotisme aussi, et la gauche renonça en prétendant qu’il s’agissait d’abord de sauver la République de l’impérialisme aristocratique. Ce renoncement s’est fait au grand dam de la droite dont les plus extrêmes étaient prêts à emprisonner voire abattre tous les traitres de gauche. Les extraits de journaux de l’Action Française en particulier, font froid dans le dos. A côté de ces gens, Le Pen est un bisounours.



Je ne connaissais pas non plus – mais cela ne me surprend pas vraiment – le comportement irrationnel des foules : la chasse aux allemands en France, en fait tous ce qui avait un accent un peu fort étaient massacrés sur place, la vitesse de diffusion des rumeurs les plus stupides comme ces allemands déguisés en femmes qui auraient jeté des friandises empoisonnées aux enfants pour éliminer dans l’œuf la « race » française.



Et bien sûr, j’ai beaucoup appris sur le déroulement de la guerre durant ces premiers mois. Le plan Schlieffen appliqué à la lettre par les Allemands et la stratégie plutôt risquée de Joffre qui consiste à les laisser venir par la Belgique pour les découper en passant par le ventre mou de la Lorraine. Qu’il croit. Joffre ne parle à personne de ses plans, surtout pas aux politiques, et n’accepte aucun conseil. Et ces braves généraux français qui nous refont Azincourt en habillant les soldats de pantalon couleur garance (un rouge bien vif) et en les lançant à l’assaut comme une honorable infanterie se doit d’agir. Ils seront reçus par des bombardements et des mitrailleuses terrifiants. Un carnage de chair à canon. Bravo les tacticiens !



L’humour n’est pas complètement absent du récit. Le Naour est parfois d’une ironie douce aux oreilles dans ses descriptions des bobards balancés par la presse. Et on ne peut manquer de trouver amusante, quoique avec un peu de cynisme, certains comportements comme ces français passionnés par l’affaire Henriette Caillaux, la femme de l’homme politique Joseph Caillaux qui assassine le directeur du Figaro, alors que la situation internationale se dégrade, ou ces soldats incorporés tardivement et qui se retrouve avec des pantalons trop longs et des chapeaux melon en guise de casque.



Je vois que je suis un peu long. Je terminerai donc en disant que j’ai tout de même une déception : celle que Le Naour nous décrive surtout les évènements vus de France. A part la partie diplomatique bien balancée entre tous les acteurs européens et le dernier chapitre qui résume les évènements sur le front de l’Est et en Asie, on se concentre sur l’opinion française, les partis politiques français, les foules françaises, les lettres de soldats français. Il était certainement plus facile de trouver de la documentation en France pour l’auteur, mais je suis sûr que les Russes, les Autrichiens ou les Allemands ont aussi dû laisser des témoignages que j’aurais bien aimés lire. L’occasion de présenter cette guerre comme monstrueuse de tous les points de vue est ratée. Mais peut-être les tomes suivants rectifieront ils le tir ?



Le tome suivant, il faut que j’attende sa publication en poche. En attendant, je lirai les quelques BD de l’auteur où des évènements précis de ces quelques premiers mois sont décrits.

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Verdun, tome 1 : Avant l'orage

Décidément, Jean-Yves le Naour touche sa bille lorsqu’il s’agit de transcrire la première guerre mondiale en BD. Avec Marko à la mise en scène et Iñaki Holgado au dessin, il développe en plusieurs épisodes la longue bataille de Verdun. « Boucherie » serait d’ailleurs un terme tout aussi approprié.



Le premier épisode décrit d’abord les préparatifs : le plan de von Falkenhayn, l’installation près de Verdun de milliers de canons et de 150000 fantassins allemands, l’inquiétude des rares troupes françaises dans les parages, les avertissements du député et lieutenant-colonel Driant auprès du Parlement, et l’absence totale d’inquiétude du généralissime Joffre, qui ne croit pas à un véritable danger dans cette zone jusqu’à ce qu’il soit trop tard.

Puis c’est l’attaque : un premier bombardement phénoménal qui fera tomber un million d’obus sur les troupes françaises et rasera les bois alentours, un premier assaut de fantassins persuadés qu’il ne reste rien des Français et se retrouvent face à des soldats qui vendent chèrement leur peau.

Puis la chute du symbolique fort de Douaumont, présenté comme une grande victoire par la presse allemande – Duaumont ist Gefallen – et comme un accident de parcours vite réparé par la presse française à qui le gouvernement ment effrontément – il s’agit de conserver le moral de la population.

Puis c’est la prise de commandement de Pétain et l’arrivée de renforts français qui va enliser la situation. Seuls quelques jours ont passé, et c’est déjà un carnage.



Jean-Yves le Naour n’hésite pas à tourner l’état-major français en ridicule. Ses cibles sont surtout Joffre – comme dans son livre 1914 – qu’il montre prétentieux, sûr de son analyse, négligeant les signes pourtant évidents, et guère inquiet même lorsque la bataille tourne à l’aigre, et Pétin qu’il montre malade dans sa bicoque de commandement tandis que son aide de camp fait tout le boulot (informations tirées du journal du fameux aide de camp).



Pourtant le dossier nuance l’absurdité des décisions de Joffre qui ne croyait pas que les Allemands lançaient toutes leurs forces à Verdun mais cherchaient à pousser la France à déplacer ses troupes vers Verdun pour affaiblir d’autres zones du front. Le dossier précise que telle était bien l’idée de von Falkenhayn au départ, mais voyant que le reste du front ne se dépeuplait pas de Français, il décida de se lâcher sur Verdun vu la masse de matériel germanique qui y était engagée. Joffre, par son entêtement et son aveuglement, aurait donc contrarié les plans de l’état-major allemand un peu par accident.



Je reste soufflé par la puissance de l’artillerie allemande et des incroyables dégâts qu’elle pouvait engendrer. Il faut pourtant bien réaliser qu’on a par la suite largement dépassé ce stade grâce aux bombardements aériens d’une part, puis aux armes nucléaires ensuite.

Un enfer plus terrible encore menace nos têtes.

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Les soldats de la honte

La première guerre a-t-elle favorisé des progrès en psychiatrie, comme cela a été le cas en chirurgie réparatrice ? On estime pourtant à 100 000, les soldats français restés hagards à vie, hurlant sans raison apparente, pliés en deux et incapables de se relever.

On prenait leurs symptômes si singuliers pour une invention, une hystérie masculine ou une simulation pour ne pas retourner au front.

Ils étaient les trembleurs, les paralysés, les sourds, les muets, les aveugles, les hystériques, les plicaturés, les neurasthéniques, les apathiques, les hallucinés…

“De ces héros-là, on en avait honte. S’il était difficile de soutenir le regard des “gueules cassées”, au moins le pays s’inclinait devant eux, mais les fous, les hystériques, les déments, il fallait les cacher, les dissimuler parce qu'ils renvoyaient une image terrible de la guerre en complète contradiction avec les lauriers de l'héroïsme dont la société d’après guerre couvrait les poilus et les anciens combattants.”



Jean-Yves Le Naour analyse en historien comment la médecine a servi la politique favorable à la guerre.

Car il fallait bien soigner ces blessés sans blessures. Deux méthodes se sont opposées : la méthode douce à base de repos, de balnéothérapie, d’héliothérapie, de massages et de nourriture abondante ou la méthode “brusquée” consistant en un traitement électrique plus ou moins agressif.

Les tenants de la seconde méthode prônaient que la souffrance par l'électricité était plus prompte à renvoyer les soldats au front.

La fin était juste, alors qu’importaient les moyens, “qu’importait la douleur momentanée de quelques malades de la volonté ?”



L’historien montre que la psychanalyse émergeante n’a pas été prise en compte car elle était “austro-boche” et ne pouvait être acceptée à ce titre comme méthode car “la haine nationaliste était trop forte pour que la communauté médicale française puisse s’ouvrir au vent nouveau qui soufflait d’Autriche.”



“Non, la guerre n’a pas seulement meurtri et lacéré les chairs, elle a entaillé les âmes, elle a rendu fou. Dire cela, évoquer la figure des aliénés que l’on a toujours dissimulés, par honte et par désespoir, ce n’est pas offenser les poilus mais ramener les héros à leur dimension humaine, de chair et de sang. Les héros étaient des hommes, rien que des hommes et ce qu’ils ont vécu allaient au-delà de l’inhumanité.”



Il faudra attendre la guerre du Viêt Nam pour que l’on reconnaisse la survenance de troubles du stress post-traumatique.

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Verdun, tome 2 : l'agonie du Fort de Vaux

Dans ce deuxième tome, Jean-Yves le Naour, Marko et Iñaki Holgado s’intéressent au dramatique siège du fort de Vaux.



Fin mai 1916, le fort de Vaux est un élément capital de la défense française autour de Verdun. Il est intégré au réseau de tranchées et est la cible principale de l’armée allemande dans la région. Le commandant Raynal en prend le commandement alors que se prépare un siège infernal. Rapidement dépourvu en vivres et en eau, le fort rallie tous les soldats français des parages qui ne supportent plus le bombardement incessant. Ces hommes vont lutter pied à pied, ne cédant chaque pouce de terrain qu’après de terribles sacrifices. Les actes de bravoure sont quotidiens. Ils tiendront une semaine et ne se rendront que lorsqu’ils auront acquis la certitude qu’aucun renfort ne viendra les sauver.



Les auteurs ne nous épargnent pas les horreurs de la bataille, que ce soit l’effroyable feu roulant qui aplatit les lignes françaises, l’emploi du lance-flamme ou celui du gaz. Ils nous montrent ces hommes en train de souffrir des bombardements continus, de la faim et de la soif, et pourtant ils nous les montrent en train de tenir le choc, jour après jour.

Quelques rares moments de gaieté viennent compenser ce scénario infernal, comme le commandant Raynal nouvellement nommé, réveillé en sursaut par les roucoulements des pigeons voyageurs, ou la scène de rencontre entre Raynal et le cocker Quiqui.



Cet album éclaire le courage de ces hommes communs et le peu de cas qu’en faisait le commandement, bien à l’abri très loin du front.

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Fusillé sur son brancard

Je livre cette nouvelle critique accompagnée de mes vifs remerciements à Babelio pour ce livre reçu dans le cadre de la Masse critique, à Lydie Segala du Service communication de Dunod Editeur et à la Maison d’édition Armand Colin.

Coupable ou non coupable ? Criminel, innocent ? Telle est la question que Jean-Yves Le Naour pose au lecteur converti en officier siégeant dans un conseil de guerre pour statuer sur le sort du sous-lieutenant Julien Chapelant, accusé de reddition à l’ennemi. Deux chapitres distincts où l’historien développe les nombreux éléments recueillis sur cette tragédie.

De multiples témoignages accablants, partiaux ou honnêtes, contestables, approximatifs, d’autres qui le dédouanent, des arguties, des versions contradictoires, des données historiques précises, le sens de l’Histoire et le contexte historique, sont autant d’éléments pour se conforter une conviction personnelle. Où est la vérité, et quelle vérité ?

Quoiqu’il en soit, Chapelant, commandant la 3e section de mitrailleuses au 98e R, accusé de désertion et de reddition, n’échappa pas à la terrible sentence fixée par l’article 238 du Code de la Justice militaire. Blessé, ligoté à son brancard de fortune, il reçut, deux mois et demi après le début des hostilités, le 11 octobre 1914, « douze balles dans la peau ». Il avait 23 ans, il est devenu l’un des symboles de l’inhumanité de la justice militaire, et pour Stanley Kibiric, un modèle cinématographique dans « les sentiers de la gloire ». Un cas, parmi les 600 autres fusillés « une goutte d’eau au milieu des 1 400 000 sacrifiés ».

Le père de cet infortuné, malgré d’interminables démarches et de courage, ne put obtenir la réhabilitation de son fils, et Jean-Yves Le Naour de préciser « … un élan passionné et instinctif nous pousse à prendre parti de l’innocence du condamné. Mais la justice l’a dit et réaffirmé quatre fois. Chapelant était coupable ». Pourtant, il fut quand même reconnu en 2012, soit près d’un siècle après son exécution « mort pour la France » !



A chaque lecteur de se prononcer. Ma conviction était faite, bien avant cette lecture, car tous les hommes tombés pendant cette guerre sont autant de victimes de la barbarie humaine. L’exposé remarquable de Jean-Yves Le Nahour a conforté mon sentiment, même si les faits reprochés à l’intéressé , condamnables en temps de guerre, étaient avérés.



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La faute au Midi

Ayant moi-même travaillé dans un établissement d'Archives départementales, il m'était impossible de passer à côté d'un tel ouvrage, d'autant plus que la préfacière n'est autre que mon ancienne directrice.

Ici, le lecteur découvre l'Histoire de deux hommes probablement passés inaperçus parmi les milliers de morts qu'a fait la Première Guerre mondiale et qui pourtant méritent d'être mentionnés : il s'agit de Joseph Tomasini et Auguste Odde. Tous deux originaires de Corse et du Midi de la France, ils rejoindront le Nord pour participer à la bataille de Lorraine. Pourquoi souligner ces deux hommes parmi tant d'autres ? Tout simplement parce que ces derniers ont été accusés à tord de vouloir fuir le combat et de s'être auto-mutilé affin de pouvoir retourner chez eux. Fusillés pour l'exemple, ce n'est que plus tard que l'Armée reconnaîtra ses erreurs et les réhabilitera en offrant la croix de guerre à leur famille. Mais que vaut une décoration lorsqu'on a pris la vie de vos enfants, époux et parfois pères de familles ? Pas grand chose en effet et c'est pour cela que l'historien Jean-Yves Le Naour, en collaboration avec les Archives départementales des Bouches-du-Rhône a décidé de les faire sortir de l'ombre et de les mettre à l'honneur ici.



Un ouvrage puissant, extrêmement bien documenté avec un documentaire qui suit cette bande-dessinée pas si anodine que cela...bien au contraire ! Un graphisme très appliqué et un scénario, bien qu'il fut brai, très bien adapté. A découvrir !
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1914 : La grande illusion

“1914” débute une fresque en 5 tomes sur la Grande Guerre, un par année, de 1914 à 1918.



Jean-Yves Le Naour est un spécialiste reconnu et convoqué à la télévision chaque 11 novembre !



“Plutôt que de privilégier l’histoire diplomatique, militaire, politique, sociale ou culturelle, nous avons tenté de les solliciter toutes pour restituer l’année 1914 dans un esprit de synthèse, au plus près de la façon dont elle a été vécue par les contemporains.”

Aussi ai-je voulu vous proposer des extraits (voir citations) :

- sur l’enthousiasme à s’engager dans la guerre (vu du côté allemand pour changer !),

- sur les motifs de la guerre,

- sur la représentation des Allemands et le dénigrement de leur armée,

- sur les prédictions des voyantes pour l’année 1914 !



La partie consacrée à la diplomatie comporte les erreurs des paroles politiques durant les dix jours qui ébranlèrent le monde.

Tel Louis XVI qui écrivait “rien” le 14 juillet 1789, parce qu'il était revenu bredouille de la chasse, le Tsar Nicolas II confie à son journal : “Je suis allé me promener seul. Il faisait très chaud. Ai pris un bain délicieux.” Un vrai emploi du temps de monarque ! Pourtant il venait de sceller le sort de l’Europe.

On mesure avec effroi qu’il eut peut-être suffit d’un petit rien pour arrêter l’engrenage.



Vous suivrez quand même quelques faits militaires comme la bataille de la Marne, où la réquisition de tous les taxis Renault permit de convoyer 5000 combattants pour renforcer le front.

“La légende a fait de ces taxis de la Marne les instruments de la victoire, mais, comme toute légende, celle-ci est bien exagérée : ce ne sont pas quelques milliers de soldats jetés dans la bataille qui ont fait la différence.”



L’historien donne une représentation réaliste de la guerre comme lorsqu’il décrit les uniformes de l’hiver 1914-1915 : “ Il faut se représenter des soldats bigarrés qui tiennent à la fois du clown et du clochard.”



Il sait captiver son lecteur en lui faisant partager sociologiquement, historiquement et humainement la situation des hommes au regard de la description documentée des événements décrits.

D’ailleurs, François Busnel ne s'y est pas trompé qui nous affirme : “Voici un livre qui va vous ravir et qui se lit comme un roman”.



Alors à suivre…

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Mort à l'université

Appréciant les narrations historiques de Jean-Yves Le Naour, j’étais curieux de faire un pas de côté avec ce spécialiste de la guerre 14-18, souvent invité à Verdun.

Car ce roman est une intrigue policière… qui se passe dans le milieu des universitaires spécialistes de la première guerre mondiale. Elle est en sorte une mise en abyme.



C'est donc avec un a priori favorable que je suis allé réviser à l'université de Toulouse.



L’écriture est légère, rendant la lecture agréable.



J’ai perçu la jubilation de l’auteur nous présentant ces universitaires, en soulignant leur ego, leur carriérisme, leurs disputes pouvant conduire au meurtre !

Il se montre aussi critique sur le caractère imbuvable de certains ouvrages historiques, à tel point que l’on pourrait croire qu’il règle des comptes !

Il parsème son intrigue de références, comme celle du pistolet Star modèle 1914 utilisé dans les tranchées.



J’ai retrouvé quelques-uns des questionnements de l’auteur rapportés dans ce livre, par exemple : comment le consentement patriotique a-t-il écrasé la résistance à la guerre ? Si vous voulez la réponse, vous pouvez lire les premiers de ses 5 tomes intitulés simplement “1914”, “1915”, “1916”, “1917”, “1918”.



Pour comprendre les crimes, le capitaine Tarate propose une sorte de profilage intellectuel en s’immergeant dans les débats historiographiques de la Grande Guerre : “(il) eut cette idée un peu folle : lire les travaux des uns et des autres, replacer les deux victimes au cœur des enjeux de la discipline - il devait bien y en avoir-, pour mieux comprendre la position de chacun et, dès lors, identifier de quel côté pourraient venir les coups de feu.”

Il dit ironiquement “faire un pas de côté” en nous confrontant alors avec une question qui divise les universitaires : “Pourquoi les poilus ont-ils tenu ?”...”Les uns vantaient le patriotisme viscéral de cette génération, insistaient sur la composition sociale de l’armée, formée de paysans qui combattaient dans leur terre, rappelaient la force de la camaraderie, la béquille de la foi. D’autres au contraire agitaient la menace des gendarmes, de la justice militaire, du poteau d’exécution, dissertaient sur la domination politique, sociale et culturelle qui rendait difficile le surgissement d’une parole capable de s’opposer à la formidable résignation des masses.”



Au fil du récit, une histoire dans l’histoire se profile et le capitaine se doit de résoudre les crimes car il est attendu au tournant par ses collègues.



L’intrigue, inspirée d’un film d’ Hitchcock, se révèle un peu légère au final et c’est plus l’intrication de trois histoires qui confère du charme à ce petit roman.

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Le vol de la Joconde

Comme dans "L’oreille cassée" de Tintin, le 22 août 1911, à 7 heures du matin, Mona Lisa sourit aux balayeurs du Louvre. Deux heures plus tard, un peintre qui se rend dans la célèbre salle pour y réaliser un croquis comme habituellement, trouve un mur vide...

On croit d’abord que le tableau est parti à l’atelier photographique (voir citation). Il n’y est pas. On cherche partout : il faut se rendre à l’évidence, c’est un vol. L’enquête démarre, menée par l’inspecteur Vaud (Foi de Vaud ! Ce Vaud, quel vache !) aidé de policiers qui tomberont dans l’anonymat : Colombeau, Maigrait...

On croise dans cette bande dessinée le préfet Lépine, Roland Dorgelès (écrivain et journaliste français, membre de l'Académie Goncourt, auteur de « Les Croix de bois », battu au Goncourt par « À l'ombre des jeunes filles en fleurs » de Marcel Proust), Guillaume Apollinaire et Marie Laurencin, Pablo Picasso. Incidents poétiques et cubiques en vue.

On perd et on retrouve le code ... d’Hammourabijacob, et on invente des slogans à succès : « Travailler plus pour gagner moins » (Enfin, c’est la traduction du vrai...)

Pour les amateurs conjugués de faits divers et d’humour potache, c’est un vrai régal.

A la fin... Quoi à la fin ? Etes-vous surs de voir la vraie Mona Lisa au Louvre ? Certains prétendent...

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