Avec Samantha Bailly, Jeanne Bocquenet-Carle,Charlotte Bouquet, Olivier Gay et la participation de visiteurs-lecteurs des Imaginales !
Vidéo réalisée par Jade Sequeval (https://500px.com/jadesequeval).
Jusqu'à ce jour, je n'avais eu que des parents et des frères, pas d'autre famille, pas d'autre histoire. Nous étions les premiers de notre race. Tout à coup apparaissait une lignée inconnue, une grand-mère dont j'ignorais jusqu'au nom. J'avais toujours pensé que mes parents, du moins ma mère, étaient fâchés avec leur propre famille, voire avec l'Armorique tout entière. Pour quelle raison ?
Les essuie-glaces balayaient le pare-brise comme un métronome sur un air de gouttes et de moteur, une mélodie de fuite et de pays à traverser.
Et le capitaine s'en fut. Il en avait toujours été ainsi. Depuis mon enfance, j'avais l'impression qu'il ne faisait que partir. Il ne savait pas revenir, ni rester. Maman avait été la seule ancre qui le ramenait à la vie de famille, sans elle il dérivait.
Tout ce que je savais sur la Bretagne était que tout le monde s'y plaignait de la pluie mais qu'elle était une région très touristique.
"Ça non plus, ça n'a pas de sens ! Super les vacances sous la flotte..."
[Scène entre Katell et ses frères]
Je ne comprenais pas comment ils pouvaient s’amuser des événements de la soirée. Quelqu’un aurait pu être tué !
- L’explosion du bûcher nous a servi de protection. On avait une armure de lumière ! C’était d’enfer ! Les pouvoirs des druides sont vraiment géniaux.
- Ouais et nos épées étaient magnétisées, on se serait cru dans Star Wars en 3D !
Ben voyons… Et vous étiez immortels ! Et Abigaïl était Wonder Woman ! Bande de cinglés !
Tout ce que je savais sur la Bretagne était que tout le monde s’y plaignait de la pluie mais qu’elle était une région touristique. Ça non plus, ça n’avait pas de sens ! Super les vacances sous la flotte…
- Maman, maman! Maman, maman!
Clémence caressa doucement le front moite de Nina. Encore un cauchemar.
- Ce n'est qu'un rêve, rendors-toi, murmura-t-elle à sa petite soeur.
- Maman, maman, maman... appela de nouveau Nina avant de s'apaiser.
Clémence serra son corps blotti contre elle. Chaque nuit Nina devenait la proie de ses songes. Ses cris et ses pleurs éclaboussaient l'obscurité comme une rengaine.
Cependant, Clémence redoutait l'instant où Nina dompterait ses chimères. Ce jour-là, elle n'aurait plus la consolation d'entendre le son de sa voix.
Lorsqu'elles s'étaient trouvés livrées à elles-mêmes, Nina avait cessé de parler. Depuis, plus un seul mot ne sortait de sa bouche.
L'eau ne possédait pas la mémoire des pierres. L'eau ne faisait que passer, comme le vent et l'air. L'eau emportait les souvenirs et les marques. L'eau ne vivait que l'instant.
Comme pour l'eau, le feu resta muet. L'étrange pouvoir qui m'avait envahie le jour du solstice s'était envolé. Je luttais pour ne pas me décourager. Si j'avais été capable de le faire une fois, je devais pouvoir le refaire!
Pourtant, petit à petit, je me mis à douter de ma capacité a lire dans les éléments. Mes tentatives avaient lieu chaque soir entre chien et loup.
Je regardai ma housse de couette tourner dans le tambour envahi par la mousse. Bientôt l’odeur de Tristan disparaîtrait totalement.