Dans une maladie chronique, des liens forts se tissent entre le patient et les soignants.
Nous avons la responsabilité d'être heureux. Le bonheur dépend de nous, et nous sommes tous à égalité devant ce défi. Foncer, vivre à fond... Dans quelques années, je ne me souviendrai que des moments forts. Ce qui n'a rien donné, les rencontres ratées, les moments douloureux feront partie de moi, mais je les laisserai dans un recoin de ma mémoire.
Les vraies émotions seront toujours vives; il ne faut pas avoir peur d'aimer et de vivre. Handicap ou non. Je crois le bonheur à portée de main. Il n'est pas dans l'inaccessible. Etre heureux d'une journée de cours qui commence,d'un éclat de rire avec un ami, d'un rayon de soleil dans le jardin qu'entretient mon grand-père... Quand un cours passionnant s'achève, quel bonheur d'en avoir profité ! Je prends le bonheur quand il vient, et les occasions ne manquent pas.
Je me lève chaque matin pour être heureuse, parce que la vie est une promesse que je me suis faite et je la tiendrai.
(dans la revue Panorama no 524 décembre 2015)
- Vous avez choisi de vous spécialiser en théologie, une matière qui généralement séduit peu les jeunes. Qu'y trouvez-vous de si passionnant ?
- Le premier travail d'un théologien, c'est de lire la presse tous les matins, pour ancrer la réflexion de nos travaux dans des choses concrètes. On estime que les journaux sont le reflet du monde. On étudie comment le plan divin se manifeste sur Terre. Comment Dieu intervient-il dans la vie des gens ? Est-il bon, ou mauvais ? Le rapport de la douleur à Dieu me passionne. Comment concilier une vie chrétienne dans la confiance et la foi en Dieu quand on est soignant ou soigné, gravement malade et victime de la fatalité ?
(Dans "La Vie", no 3779, 1er février 2018)
Je crois le bonheur à portée de main. Il n'est pas dans l'inaccessible. Serais-je plus heureuse si je pouvais courir un marathon ? Ce n'est pas ma vie. Mon bonheur, il n'est pas dans des projets grandioses, il est dans la joie de retrouver mes amis, dans une musique qui m'emporte, dans les fêtes de famille toujours animées. Quand je me réveille le matin, j'ai envie d'être de bonne humeur, c'est-à-dire disposée au bonheur. Etre heureuse d'une journée de cours qui commence, d'un éclat de rire avec un ami, d'un rayon de soleil dans le jardin qu'entretient mon grand-père (...) Je prends le bonheur comme il vient et les occasions ne manquent pas.
Notre Dieu n'est pas perché sur un nuage, loin de partager notre condition, ou se prélassant dans l'Éternité vêtu d'un peignoir de nuages blancs. En tant que chrétiens, nous croyons en un Dieu qui est d'une telle tendresse qu'il s'est abaissé à notre condition, il a pris chair, s'est fait enfant et vulnérable, pour venir au cœur de notre quotidien, partager notre vie, nos joies, nos peines. Il nous a tout donné, a tout accepté pour nous sauver, même la mort sur la croix, persécuté par ceux qu'il venait sauver.
Ma vie est faite de ces étapes sans espoir de retour. Chacune entraîne une adaptation nécessaire, en vue d'un plus grand confort pour moi, mais ce n'est jamais facile. Le docteur Cuisset me le confiait en citant Anatole France : "Tous les changements, même les plus souhaités, ont leur mélancolie, car ce que nous quittons, c'est une partie de nous-mêmes ; il faut mourir à une vie pour entrer dans une autre." Chaque opération, consentie et acceptée, fut un de ces passages.
Nos parents nous ont éduqués dans les valeurs de l'amour, la foi, l'espérance, la joie, la paix et le partage.
La tradition n'a jamais pesé sur notre fratrie. Jamais on ne nous a imposé la foi. La foi ne s'impose pas, elle ne s'apprend pas. La foi se donne, la foi s'offre, le foi se reçoit et s'accueille. Comme l'amour, elle ne peut s'épanouir que dans la liberté. Et comme l'amour, elle nous embrasse un beau jour et nous fait entrer dans la Vie. C'est parce que nos parents se sont aimés que nous sommes là. Et c'est parce qu'ils nous ont donné gratuitement leur amour que nous nous sommes épanouis.
C'est l'art qui me passionne, et je ferai connaître ce qui est beau, pour que le monde change si c'est encore possible. Juste après le bombardement d'Hiroshima, Albert Camus s'est exclamé : "Il va falloir choisir, dans un avenir plus ou moins proche, entre le suicide collectif ou l'utilisation intelligente des conquêtes scientifiques." Ce regard lucide, je le partage complètement. Avec le secret espoir que l'homme sera assez conscient et audacieux pour agir. Et l'art peut être un moyen d'amener cette prise de conscience, cette audace !
Toute souffrance devrait être prise à bras-le-corps. Peut-être ne sommes-nous pas égaux devant la douleur, mais il faudrait toujours tout faire pour soulager la personne qui souffre.