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Citations et extraits (6) Ajouter une citation
Le Reac-Arsenic
Qu'on me traite de vieux réac !
J'aurais bientôt sept milles ans, autant d'années que Pline le Jeune compte de poisons. C'est vous dire combien j'ai cure de vos avis.
J'ai porté un âge : le Bronze-Arsenic, on l'a vulgairement remplacé par le fragile Étain qu'on a dit plus ductile... Pour glorifier un temps, c'est l'Or qui l'emporte alors qu'il m'exhale. J'offre pourtant bien plus de nuances ; l'Orpiment, c'est moi, quand je suis jaune comme la jalousie, le Réalgar, c'est encore moi habillé de sang cette fois.
On se joue de moi !
Arsenic, je deviens Arts scéniques, en 1944, Franck Capra m'affuble même de vieilles dentelles, je suis pourtant Arsenikon : l'essence du mâle ! Pour sûr c'est un coup d'Arsène Darmesteter, ce linguiste pédéraste ! Ou bien c'est ce fieffé Arsène Lupin qui m'aurait volé ma racine grecque... Voilà un temps où l'on me respectait : le monde Antique, bien que je n'ai jamais compris pourquoi Socrate avait choisi la cigüe, ni Cléopâtre l'aspic.
Au VIIIème siècle, un alchimiste, Jabir Ibn Hayyan me minéralise et m'offre le titre de : “poison des rois et roi des poisons”, une consécration ! Les romains, ritals gredins, me préfèrent le cyanure. Au XVIIème siècle, je suis en vogue et deviens la “poudre de succession”, je suis celui qui dompte le mâle, les précieuses assassines m'utilisent pour de l'Or (toujours, il me dame le pion !). Mais encore on me retire mes titres et cette fois ce sont les puritains de Notre Dame qui me chassent par la Chambre ardente.
Victoire ! les victoriens me remettent à la mode mais les enfants d'Hyppocrate me trouvent un antidote et je m'évanouis.
Le monde va à vau-l'eau !
Aujourd'hui, minuscule particule, je suis partout désincarné, innommable... Pesticide, antibiotique, insecticide, transistor ou laser.
Métalloïde, allotrope du métal et du non-métal.
Substance létale.
Numéro atomique 33.

Sophie Patchouli
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Et le Soleil s'endormit sur l'Adriatique du Lapin Agile

Exercices de style quenottés, calembours, canulars et anagrammes voici le programme de l'anicroche cabotine à laquelle je vous invite. Oyez l'Histoire de l'Art bien réelle de l'an de grâce 1910.
En bref, Petite Bohème en prose...
Tout commence par un lieu calembour, le Lapin Agile, anciennement Cabaret des Assassins, qu'un caricaturiste André Gill a affublé d'un lapin en redingote verte, écharpe rouge, et litron de vin et qui bondit d'une poêle à frire. De ce lapin on ne sait rien ; était-il gars, reine ? aucun indice, tout ce qu'on sait c'est que Gill l'a peint.
L'autre acteur de l'histoire n'est pas un faussaire puisqu'il est bien un âne, un âne artiste précisément... Le bourricot du Père Frédé, alors propriétaire du Lapin Agile, se dénommait Aliboron dit Lolo en hommage à La Fontaine bien qu'elle versât plus d'absinthe que d'eau à la tireuse du troquet.
Frédéric Gérard, dit le père Frédé, arpentait les sentiers Montmartrois comme à Brême les musiciens ; chien, corbeau, singe et âne l'escortaient sur les marchés des quatre saisons et s'acoquinaient bien sûr au Lapin Agile.
Un jour, au caboulot, qu'autour d'une chopine, Dorgelès accusait Apollinaire de ne s'intéresser, je cite, qu'à l'Art de singe, alors qu'à défaut d'art simiesque il évoquait l'Art des Fauves, on se demanda si ce singe avait quelques talents cachés. Pourtant, c'est bien de Lolo qu'il s'agit et d'une bande de goguenards qui décidèrent de faire une farce à la barbe des pédants et amateurs de l'Art moderne entendez André Warnod et Jules Depaquit, écrivains, goguetiers et critiques d'Art.

Un matin d'espiègle humeur, Roland Dorgelès fit venir maître Brionne, huissier de justice, au Lapin Agile. L'homme de loi serait témoin du pied de nez qui allait se jouer. On peignit alors un simple plat fond ciel et sol sur une toile. Ceci fait, on accrocha un pinceau à la queue de l'âne Aliboron qui frétillait de la queue chaque fois qu'il gueuletonnait une carotte, une feuille de tabac ou bien de Marie-Jeanne pour plus de créativité. C'est ainsi qu'âne artiste créa l'impression : Et le soleil s'endormit sur l'Adriatique. Quand lassé de ce petit jeu, Lolo ne remua plus, on estima le tableau achevé et l'on le signa Boronali anagramme d'Aliboron.
Cette œuvre plaisantine fut exposée au salon des indépendants de 1910 au grand dam des anartistes de la butte. Roland Dorgelès alla même jusqu'à biographier Boronali lui conférant une naissance gênoise puis le fit auteur du Manifeste de l'excessivisme dans lequel on peut lire ces mots :
" Holà! grands peintres excessifs, mes frères, holà, pinceaux sublimes et rénovateurs, brisons les ancestrales palettes et posons les grands principes de la peinture de demain. Sa formule est l'Excessivisme. L'excès en tout est un défaut, a dit un âne. Tout au contraire, nous proclamons que l'excès en tout est une force, la seule force... ”
Le tableau d'abord boudé puisqu'exposé dans la salle des croûtes fut la cible de clabaudages contrastés mais fut finalement acheté pour la rondelette somme de 20 louis par un certain André Maillos. La boutade fut bientôt dénoncée au journal L'Illustration par son propre auteur, qui, débonnaire, reversa le butin à l'orphelinat des Arts.
On a dit d'Aliboron qu'il se serait suicidé, noyé dans un étang après la mort du père Frédé. La tourmente touche les artistes de tout poil... La galéjade l'aura blessé dans son orgueil et la bohème, trop lointaine de la Normandie où il avait trouvé refuge, aura, de nostalgie, eut raison de de sa raison.
Le lapin, quand à lui, a tu ses facéties mais rue des Saule et toujours bondissant il attend mélancolique qu'un singe ou quelqu'autre anartistes d'un trait remplisse son litron depuis trop longtemps desséché...

Sophie Patchouli
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Le Faune bibliophile

Je me couche dans la luxure, me noie dans l'ivresse, me bâfre de cacao, m’alanguis oisif ou me plonge dans la fange _ avec distinction. Je suis Le Faune et non la faune, guilde de mes congénères. Tandis que mes semblables se vautrent dans les sphères les plus vulgaires, je poétise la concupiscence ... Par instinct orgiaque, ils baisent, fument, boivent, dévorent mais sans grâce aucune, JE glorifie l'art de la Bacchanale parce que je suis lecteur et bibliophile. Les livres ont façonné ma débauche naturelle, ils l'ont ciselée, parfumée jusqu'à lui donner une beauté exquise.

J'ai tapissé les murs du cyprès, qui me loge, d'innombrables rayonnages qui vont jusqu'à son faîte si près du ciel. Par un système judicieux d'échelles adaptées à mes sabots, je peux soustraire à mon décors un titre des éditions blanches que je possède intégralement, ou bien c'est un de ces jolis volumes de chez la Musardine ... Au pinacle de mon arbre, j'ai placé, près d'une orchidée, le bijoux de toile rose numéroté de Araki, livre d'image d'une obscénité délicate qu'il m'arrive de feuilleter après que mes homologues m'ont retranché dans mes instincts faméliques et inesthétiques.

Un matin que, lové "dans la feuillée, écrin vert taché d'or", Rimbaud me soufflait ses Voyelles, on cogna si fort mon cyprès qu'une étagère céda, étalant à mes pieds les onze milles verges d'Apollinaire, l'anus solaire de George Bataille et l'œuvre complète et originale du Marquis de Sade, reliure en demi-basane fauve clair et rehaussé de caissons à fleurons dorés, s'il vous plaît. Désemparé et hors de moi, j'ouvris prêt à foudroyer l'inopportun. Et quel ne fut pas ma surprise ! Mallarmé lui-même ne m'aurait pas offert plus belle vision, une Nymphe à l'éclat sans pareil se trouvait toute jambe en l'air au seuil de mon arbre. Un satyre de mes ennemis lui avait préféré une plus gironde et l'avait propulsé là à coup de sabots. Je l'aidai à se redresser et lui offris d'entrer. Je l'installai sur un coussinet de lierre et lui servis un verre de ce vin si fruité dont ma cave racinaire regorge. Elle attrapa l'Aphrodite de Pierre Louys, un petit cartonnage en percaline rouge et m'avoua tout à trac sa passion pour ces auteurs qui disent le désir en écrivant le plaisir. Nous figeâmes le temps. Débats littéraires animés, caresses lascives et délectation des chères les plus fines nous occupèrent pendant de longs jours.

Pourtant m'extrayant de cette précieuse quiétude, une après-midi qu'une bande de grossiers faunes fanfaronnaient devant mon antre, un caprice primitif me prit et je suivais mes cousins dans leurs immondes priapées. Des nymphomanes rugueuses et gouailleuses faisaient couler un mauvais alcool dans mon si délicat gosier et nous forniquâmes comme des damnés. Humides langues, sexes durs et cuisses grasses s’enchevêtraient jusqu'à l'écœurement. Et je m'adonnais à ces jeux glauques avec une frénésie salace.

La nuit venue, encore tout étourdi du cauchemar auquel mes instincts m'avaient forcé, je couru, je couru à en perdre haleine jusqu'à mon paisible cyprès. Ma dryade n'était plus là. Les photographies d'Araki ne me consolèrent pas, ni même mon délicieux vin.
La honte ressentie pour ma triste condition mua en lamentations et je me scandais telle une litanie ces mots punitifs :

_ Ce n'est ni par luxure, ni avarice, ni gourmandise, ni paresse ni colère ni envie que je pèche mais bien par orgueil ! Je suis un faune, par essence lubrique et ma collection de livres n'y change rien. Je méprise mes semblables quand je suis tout comme eux, je suis maudit sans avoir pactisé. Mes instincts sont esthètes quand ils devraient être vils et vice et versa. La nature m'a condamné à la souffrance en m'asservissant à la beauté.
Je suis paria.

Sophie Patchouli
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Punkcoq

Créteux, saturé, anar, fêtard, j'ai beau gueuler NO FUTURE comme mâtine à tout l'voisinage pas un qu'entend ma voix. Non tous ces connards préfèrent se dire qu'mon chant leur est asservi, que j'suis un réveil matin. Ni Dieu ni Maître, vous captez pas que mon espèce crache sur la vôtre : à bas la hiérarchie ! Les poulettes qui m'entourent vous sont aliénées, vous croyez ? Foutaise, faudrait qu'vous les entendiez, elles vous citent du Bakounine, vous balancent comme ça des vers de Prévert qui vous font saigner tellement c'est beau.
On enferme pas la liberté dans un poulailler !
Dès qu'arrive le soir et qu'on vient vérifier qu'on risque pas d'se faire bouffer par un renard, j'me barre. J'enfile mes docs à coque au cas ou un sale skin traînasserai par là... et j'file déranger la nuit. J'm'arrête là où le cul d'mes potes est posé. On s'ouvre une bibine et on r'fait le monde, y en a toujours un qui pousse la chansonnette, un aut qui gueule ... et après on traine not gueule de bois dans les bouges crasseux, les squats vagues... là, y en a toujours un qui s'met à pleurer, une poulette qu'a chaud au derrière et un air de Pigalle qu'on entonne tous, éméchés.
J'suis un romantique moi !
La nuit c'est chez nous, not crête fait peur à personne, on nous a à la bonne ... La nuit tous les coqs sont gris ... C'est qu'au p'tit matin, écœuré, à l'aurore, quand le jour est pas encore levé, que j'rentre au bercail, que tous ces vendus ils allument leurs p'tites loupiotes et s'en vont au turbin dans leur belle voiture toute lisse, c'est là que j'gueule : NO FUTURE à tous ces cons addict au quotidien, à leur petite rengaine, à ces cons qui s'embastillent dans des boîtes et qui pigent pas qu'd'autres ont besoin d'air...
Les poulettes sont plutôt cool elles me réconfortent en m'gloussant un air de Léo, même un p'tit air d'Hubert Félix quand ça leur chante. Pis y a l'proprio qui vient nous j'ter de la graine d'ananar qu'on est bien content de becqueter...
Y a pas d'futur dans c'monde, mais faut l'avouer, au présent j'suis comme un coq en pâte

Sophie Patchouli
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Columbia Livia

Ma demeure est le vol. Mon école : le ciel,
mes latitudes et mes soleils, pluie et Eole.
Solstice et équinoxe arriment mes envols :
préludes du voyage par un bruissement d'ailes,
je m'élance dès alors radieux vers le dégel.
J'ai vu des pays bleus, des déserts de soleil
des campagnes humides, des cités étincelantes...
Comme une bouteille au ciel, un message sommeille
enroulé sur ma patte. Une rime éloquente
dont j'ignore le secret ... est-elle providentielle?
Combien d'amour, combien de haine ai-je transporté
depuis mon pigeonnier jusqu'au lointain exil
l'espoir en bandoulière, le voyage comme asile
J'ai aimé sillonner les couloirs embrumés,
les sentiers scintillants que les vagues font danser
Aujourd'hui je suis vieux et si je vole encore
comme le météore à l'abîme des chemins,
ce n'est que pour mirer ces enfants les humains
chanter, danser, créer et puis pleurer, déclore...
si avides de vie, si habiles à la mort.

Sophie Patchouli

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Coquelicot


Luminescence sibylline,
fleur inodore in-octavo.
Rouge vermeil
Coquelicot

Enfiles ta paresse
et dévêts toi de ta détresse,
c'est présentement que tu pars
au pays du brouillard.

Coquelicot sommeil

Alangui, le fin beau de l'air
t'affleurera, lunaire,
te vaporera d'artifices
jusqu'à l'Eden des Lys.

Coquelicot éveil

Mets ta Morphée des doubles,.
l'âcre nuée au parfum trouble
t'enroules et déroules et t'allonges
et t'habilles de songes.

Coquelicot merveille

Inflorescence violine
Capsule anaphore aux griots
Pavot vermeil
Coquelicot

Sophie Patchouli
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