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Citation de Sobrikate


Quand trois minutes plus tard, le métro arriva, un frisson vengeur parcourut la foule. L’ambiance était électrique. Angelina, délibérément molle comme une algue, tâchait d’encaisser les pressions qui commençaient à s’exercer partout sur son corps. Des femmes se plaignaient, et des « Mais poussez pas comme ça ! » fusaient tous azimuts. Alors que les portes de la bête s’ouvrirent comme autant de bouches avides, le plancton constitué de travailleurs à la grise mine s’engouffra avec l’énergie du désespoir, en évinçant les éléments les plus faibles.
Angelina en faisait partie et resta sur le quai, en compagnie de plusieurs centaines de personnes. Le ton monta entre deux femmes au comble de l’excitation qui finirent, à l’issue d’un bref mais foudroyant échange de bégaiements scandalisés, par s’attribuer des noms d’oiseaux un peu olé olé, qu’un homme flegmatique qui se trouvait là condamna fermement. Les deux femmes se lancèrent alors dans une justification piteuse et inaudible qui mourut de sa belle mort. Angelina jeta un regard désabusé sur ce conglomérat d’humains qui retenaient leur souffle le temps que les portes se ferment.
Les deux femmes furent obligées de se tenir côte à côte. L’une regardait droit devant elle, les lèvres pincées, les narines dilatées, l’autre continuait de s’indigner dans sa moustache. Angelina distinguait quelques têtes tendues qui semblaient tâcher d’attraper un peu d’oxygène au-dessus des épaules pelliculeuses des grands messieurs. Les portes se fermèrent enfin, emportant ce troupeau dépressif, vers de nouvelles aventures, de nouvelles stations.
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