Citations de Jennifer Nansubuga Makumbi (24)
Il s’était dit longtemps auparavant que la nature était une femme. Postée à côté du portail qui s’ouvre sur le monde et à mesure que les âmes le franchissent pour entrer dans la vie, elle leur tend un sac d’outils - des parents aimants, un foyer stable, la santé, l’intelligence, la beauté, la chance et des occasions. Mais quand il était arrivé, cette femme était de mauvaise humeur. Elle lui avait balancé un sac presque vide. Pourtant, il s’était construit une vie avec le peu qu’elle lui avait donné. Mais juste au moment où il commençait à voir le bout du tunnel, cette femme la lui avait reprise.
- Tous les hommes politiques sont pareils : une fois au pouvoir, ils s'imaginent qu'ils sont les seuls à avoir de la cervelle.
Le monde était tranquille. Sur sa droite, une nébuleuse de jeunes étoiles formaient une traînée dans le ciel. A sa gauche, quelques autres solitaires, plus vieilles, clignotaient d’une lumière lasse. Autour de lui, l’air de minuit était froid et calme. L’obscurité était dense. Des lucioles tentaient de la percer - allumées, éteintes, allumées éteintes - en vain.
Oui, Suubi veut dire 'espoir' mais mes parents ne m'ont jamais dit ce qu'ils espéraient.
Le christianisme dérangeait l'esprit, sinon comment expliquer que Kanani ait fait abstraction de toute son humanité pour se transformer en bible ambulante?
- Ce monde est un grand mixeur, dit-elle.
Il sourit en pensant à l’ironie de la chose. Pour lui, l’humanité était maudite, de toute façon.
Il possédait une cuisinière, un frigo, une télé, un fer à repasser, un sèche-cheveux et une bouilloire électrique. Même s'il n'y avait aucune chance pour que l'électricité arrive un jour jusque chez lui, la vue de ces gadgets lui donnait le sentiment d'être riche.
Le doute était pire que le péché car il détruisait l'âme.
L'esprit était une malédiction : sa capacité à retourner en arrière pour regretter et à se projeter dans l'avenir pour espérer et s'inquiéter n'était pas une bénédiction.
Baale sourit. Les enterrements de vie de garçon légendaires auxquels ne participaient que les hommes mariés : il avait hâte.
Pour lui, il n'y a rien de plus triste que d'avoir défendu son nom toute sa vie - je m'appelle... je dois mon nom à ceci ou à mon... - pour finir avec une étiquette "inconnu" une fois mort, juste parce qu'on ne peut plus le dire.
On comprend bien que la certitude anéantira pour toi tout espoir. Mais elle anéantira les faux espoirs.
Par deux fois, Kintu se sentir sur le point de vomir mais ravala sa nausée. Ssentalo était le plus haut général de l'armée du Buganda. Il avait servi huit ba hakaba sans compter Mwanga qui n'avait regné que neuf jours.
La tradition prétendait que les vrais jumeaux était une seule âme qui, ne parvenant pas à résoudre le conflit primal de l'être, se scindait pour donner naissance à deux personnes.
Les livres sont les amis de la femme... ils ne connaissent pas les préjugés... Ne regarde pas à gauche, ne regarde pas à droite : le tableau noir... le savoir te libérera.
Lorsqu'un de leurs proches meurt à l'hôpital, les pauvres demandent à ce que le corps ne soit pas transféré à la morgue. Un séjour à la morgue de l'hôpital Mulago coûte aussi cher qu'un séjour à l'hôtel Hilton.
- Tu es tellement traditionnel pour quelqu'un dont la première langue est l'anglais.
- Je parle anglais par principe. Sinon, le luganda serait ma première langue. Il y a ceux qui s'imaginent que l'Ouganda est synonyme de luganda et ça, pour nous qui ne sommes pas ganda, c'est énervant.
- Sauf au marché et dans les magasins.
- Parler anglais coûte cher sur les marchés.
P20 A l'époque coloniale, ces plaines étaient occupées par l'élite intellectuelle ougandaise tandis que les Européens habitaient sur les collines. Après le départ des Européens, les Ougandais instruits étaient sortis des marais, délaissant la boue pour prendre les versants d'assaut alors que les Ougandais sans éducation inondaient les plaines marécageuses. Une fois installés sur les hauteurs, les Ougandais cultivés traitèrent ces derniers avec le même mépris que les Européens avaient eu pour eux. Quoi qu'il en soit, la méfiance avait dévalé les collines pour tomber dans les marécages : tous les habitants des marais étaient des voleurs.
-Quels sont les derniers mensonges du monde?