« – Je suppose que Joey a appelé la police.
– Tu crois ?
J’ai l’impression d’être tombée la tête la première. Mes parents vont flipper. Ils m’ont déjà consignée à la maison après l’appel de la mère de Joey samedi matin, pour protester contre cet incendie de voiture dont je serais l’auteur. Et voilà que s’y ajoute cette ordonnance restrictive. Maintenant, mes parents vont m’enfermer dans une tour jusqu’à ce que je termine le lycée en juin prochain. Un court instant, je me demande si je ne pourrais pas garder le secret. Comme si ça pouvait marcher… Je ne pourrais jamais plus brûler une boîte de souvenirs sans alerter la police. Je ne comprends pas ce qui m’est arrivé.
– C’est peut-être une erreur, dis-je encore.
Matty me prend les trois feuillets des mains.
– Bien voyons ! C’est adressé à l’autre Rosie Ariana Catalano avec qui sortait Joey, et qui a aussi mis le feu à sa voiture. »
J'aurais bien aimé que quelqu'un nous prenne en photo à ce moment-là. Blottis l'un contre l'autre, dans ce sac de couchage, à regarder l'univers. Encore que je n'ai pas besoin de photo. Je sais, quelque part, que jusqu'à la fin de mes jours, où que j'aille, avec qui que ce soit, je n'oublierai jamais ce moment...
Comme elle dit, le temps ni la distance ne travaillent pour eux. En revanche, la vie leur permet d'y croire.
Je me mets à lister mentalement les autres mensonges que j’aurais pu raconter sur ma localisation physique. Ça fait trop, j’en ai le vertige.
Avec lui j’ai l’impression de me balader sous la surveillance constante d’un Jiminy Cricket de deux mètres.
J’ai si souvent levé les yeux au ciel durant cette virée qu’ils vont finir par y rester collés.
j'ai l'impression que la brume qui m'envahissait la cervelle commence à se lever un peu...