Jérôme Attal

ai fermé les yeux en enserrant mon oreiller et en me fixant sur le souvenir que j'avais de la silhouette et du sourire de Laura.
Je me suis évanoui dans le sommeil avec ce sourire. " A grin with a cat"comme aurait dit Lewis Carroll.

La beauté du baiser réside dans le fait qu'il est par essence imprévisible et, mieux que n'importe quel système, il est fait pour surprendre et procurer un plaisir inédit en déjouant les pronostics, les défenses, les barrières dans la tête.

Isabelle Filliozat --- s'évader ou découvrir la liberté

Plus de ciné, de resto, de concert ou de boutiques, plus de transports non plus pour aller ici ou là...Sur internet, fleurissent les propositions pour "passer le temps" et "occuper nos enfants", mais est-ce là le sens de la vie ? occuper le temps plutôt que le vivre ? Nous nous sentons privés de liberté, mais étions-nous vraiment libres avant ? Il n'y a pas si longtemps,nous plaignions du manque de temps. Il fallait toujours aller vite de crainte d'être en retard, trop de boulot, trop de choses à faire...nous étions trop occupés pour vivre vraiment... (p. 119)

J'allais écrire à la jeune Anglaise en m'inspirant, voire en recopiant, les titres des chansons des Beatles. Imparable! J'allais bien arriver à quelque chose de cohérent, qui traduirait mon émotion.. [...]

Hello, little girl,I call your name. All you need is love.
From me to you, I want to hold your hand. Please, please me, don't let me down Do you want to know a secret?
I wanna be your man, here there, and everywhere, across the universe.
It's only love. We can work it out. I'm happy just to dance with you.Oh! darling. I want you. I'll be back.Goodbye.
P.S. I love you.

Toutes les filles de cet âge là ont un livre entre les mains. Les filles qui n'ont pas de livre entre les mains tournent mal.

Je poursuis cette idée que derrière une phrase en apparence banale, il peut se cacher un monde fabuleux ou déçu, un chemin qu'on n'a pas pris, un secret indicible, un espoir ou une promesse.

Après tout, pensais-je,qui peut dire la place que prend telle ou telle personne sur l'instant? Puis dans le souvenir? Qui est suffisamment lucide, ou orgueilleux, pour connaître précisément le sillon qu'il creuse, l'importance qu'il laisse, dans le coeur de l'autre? D'ailleurs, ne touche-t-on pas ici à la beauté de la littérature?A son essence même?A ce qui nous bouleverse dans les livres, au-delà de l'identification qui est toujours euphorisante ou rassurante.

Elle cherchait sa culotte depuis autant de secondes qu'il y a de chapitres dans le roman de Fitzgerald' Les heureux et les damnés". Mes yeux passèrent du réveil électronique au livre qui traînait à côté du lit, et j'eus envie de lui faire part de ma trouvaille, mais trop de littérature exécute le désir.

- Oui. Simone tient à sa liberté.
- Bah ! La liberté c'est juste la possibilité non négociable de pouvoir choisir ses propres servitudes.

C'est très important un premier roman! Les gens, si je peux me permettre ce jeu de mots, ne vous laissent pas toujours la possibilité de faire une seconde impression. Il faut un titre appétant. Qui fasse envie. Qui déclenche la nécessité de l'emporter sur les plages ou au sports d'hiver, votre bouquin! Grâce à Blum, tout le monde prend deux semaines de vacances aujourd'hui. En deux semaines, on a bien le temps de lire votre livre?
- Euh...Si on y met de la bonne volonté, oui...

Maman dit que les années devraient être comptées non pas selon le calendrier grégorien mais par tranches d'histoires d'amour que l'on a vécues.( page 14)

Maman considère qu'à partir du moment où vous décidez de vivre en société, la rue devient une sorte de club-house. ( page 14)

C'est assez stupéfiant, le pouvoir d'une chanson. Tout ce que ça peut contenir de joie et de tristesse mêlées. ( page 26)

L'écriture, de mon point de vue, c'est un peu le bonbon magique de l'existence. (p.27)

si les babioles, sculptures, photos,étaient les repères intangibles d'instants de vie, les lives étaient les idoles des moments passés avec soi-même, les conquistadors du souvenir et de l'imaginaire, les dieux ladres de la solitude et de l'intimité.

Pour rouler un coq dans la farine, faites lui croire qu'il va aller rejoindre une cocotte, et abstenez vous simplement de lui dire que celle-ci est en fonte

La cigarette qui s'est consumée qui s'est consumée entre ses doigts m'a procuré l'inéluctable détresse du chronomètre dont les derniers temps signent la fin de partie.

J'espérais ne pas passer ma vie à m'attacher aux gens au moment ils me fileraient entre les doigts. La pire des sanctions pour le coeur.
De toute façon, j'étais aux prises avec ma fidélité idiote à Laura. Une fidélité pour des prunes.

Tu pourrais écrire un roman comme tu écris des chansons?
C'est différent. J'ai vu sur Internet l'autre jour un écrivain qui prodiguait des conseils, il disait qu'il faut une colonne vertébrale à un roman, et la plupart du temps, moi,j'ai l'impression de faire des choses qui ne tiennent pas debout.
Avec les chansons, je n'ai pas ce problème puisque la musique est la colonne vertébrale.

Entre les stations Iéna et Mirosmenil ,j'ai improvisé un court poème:

Je voudrais qu'elle connaisse
La douceur plus douce que la douceur
Qu'elle en fasse l'expérience
En s'endormant
Dans mes bras
Je voudrais couvrir son cou de baisers
Et goûter à ses seins
Je n'ai pas dormi de la nuit
Tremblant de tout mon être

Si j'apprécie les baisers au cinéma, j'aime encore plus les baisers dans les cinémas.

[Isabelle Désesquelles-Un printemps ]

Les livres ne sont pas un pansement mais ils ont un pouvoir, cher à Pascal, et à tous ceux qui ont trouvé dans la lecture un souffle à même de les divertir du malheur qui "est de ne pas savoir demeurer en repos, dans une chambre." Quand on croit mourir , quand les masques tombent et que cette chambre est celle d'un hôpital, les livres sont là qui parviennent à attendrir une angoisse, à assouplir le temps infiniment long et soudain trop court à y être suspendu plus que de raison. Ils sont un secours. Ils sont un secours. (p. 92)

- Eh bien quoi ? ! Assassinat typiquement parisien, c'est parfait !
-Tu trouves ? Pour ma part, je ne crois pas qu'Alberto [Giacometti] soit du genre à se faire assassiner par un commentaire. Pas même ébranlé ! C'est un homme de la montagne. Et d'une montagne bien plus haute et altière que les petits promontoires que sont Montparnasse et Montmartre. (p. 126)