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3.59/5 (sur 70 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Jérôme Baccelli est né le 26 mars 1968 à Marseille. C’est à Berkeley en Californie, où il réside, que lui vient l’idée d’écrire son premier livre, le Dictionnaire de la Pensée Oblique, recueil de poésie publié chez Cylibris en 2000, où il jette un regard neuf sur certains éléments du quotidien.
Son expérience de la Silicon Valley fait ensuite germer Tribus Modernes, un premier roman publié en 2008 aux éditions du Rocher par Pierre Guillaume de Roux, qui porte, juste à l’aube de la crise financière, un œil critique et factuel sur une société moderne agrippée aux hautes technologies et à une finance éthérée. L’ouvrage est remarqué par la presse littéraire et suscite de nombreux articles. Jérôme Baccelli s’intéresse alors au processus de l’inspiration créatrice.
Trois ans de recherche ont été nécessaires pour écrire Encre Brute, aux éditions Pierre Guillaume de Roux, un roman fondé sur des faits historiques, qui décrit les pérégrinations de deux amis d’enfance, l’un doué pour l’écriture, l’autre comblant son manque de talent en prenant le pouvoir et en régnant sans merci sur le peuple de Mésopotamie. Dans ce jeu de va et vient perpétuel entre l’écriture du dictateur et l’écrivain sous dictature, toute ressemblance avec un certain despote d’Irak – patrie de l’écriture et de l’encre noire - ayant pendant tout son règne cherché à se faire reconnaitre comme romancier ne serait pas complètement fortuite.
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Jérôme Baccelli, Tribus modernes .
Interview de Jérôme Baccelli par Anne-Sophie Demonchy http://www.lalettrine.com

Citations et extraits (55) Voir plus Ajouter une citation
"La poésie ne réclame pas d'eau, ni de nourriture, la poésie ne demande rien d'autre que d'être répétée pour prodiguer du plaisir à celui qui la récite comme à celui qui l'écoute, elle est le passe-temps du plus démuni et du plu érudit..."
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La débâcle d'Um Al Ma'arik provoqua moins l'humiliation d'un peuple que celle d'un seul homme. Cet homme n'était pas n'importe qui. Il s'était pris pendant longtemps pour l'héritier naturel de Saladin, né dans la même ville que lui, mais aussi de Nabuchodonosor, de Hammourabi et d'Alexandre le Grand. Au lendemain de la débâcle d'Um Al Ma'arik, la mère de toutes les guerres, on crut que cet homme avait enfin renoncé à son ambition de débouter les croisés. En fait, il n'avait abandonné le vœu de les chasser des sables d'Al Jahrah que pour l'exaucer sur une feuille de papier.
A la réalité cet homme avait toujours préféré la fiction. Il avait tué, il avait fait tuer, il avait perpétré un génocide sans éprouver jamais le moindre remords. Au lendemain de la débâcle d'Um Al Ma'arik, ne pouvant admettre qu'il venait d'être battu à plate couture, il fit écrire un récit, un roman médiéval où il prit soin d'inverser les rôles entre vaincus et vainqueurs.
Il fit en sorte que l'ouvrage soit lu - non pas parce qu'il était bien écrit, mais parce que cet homme avait une certaine emprise sur son lectorat. Ainsi espérait-il que le succès de son roman occulterait l'échec de ses armées. Ce peuple n'était pas non plus n'importe quel peuple : il s'agissait du peuple de Babel et d'Erech, il s'agissait de ce peuple très ancien dont parlait déjà un livre très ancien, vieux de près de deux mille ans - un oracle étrange, qui prédisait l'apparition du diable pour la première fois en ces terres, en Mésopotamie. Autrefois, cet homme avait lu l'oracle. A vrai dire, cette prophétie lui servait souvent d'introduction en ce monde.
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p 126
[...] Finalement, après toutes ces années, il n'a toujours pas rédigé son dernier chapitre.
Depuis quelques minutes le Raïs marche d'un air affairé dans les couloirs du palais d'Abu Ghraib dont il a fait plusieurs fois le tour sans même s'en rendre compte. Il s'agit d'un simple détail qu'il voudrait corriger. Tout à l'heure c'était là. Et maintenant ça n'y est plus.
La correction est en place, les idées s'articulent, le puzzle enfin se forme, il lui a suffi de quitter ces ambassadeurs sous prétexte d'un besoin pressant et de se réfugier dans les toilettes attenantes au salon. Une fois dans la pièce exigüe, assis dans l'obscurité sur le trône de porcelaine cerclé d'or, hors de portée de l’œil de ses caméras de sécurité, Al-Majid tire de sa poche une carte d'état-major, prend soin de barrer le sceau officiel du Régime national socialiste libéré d'Irak, au cas où plus tard il tirerait cette même carte de sa poche et par mégarde la tendrait à l'un de ses généraux.
Dans ce geste de barrer ce titre, il y a d'abord celui de barrer sa relation avec lui-même et ce régime qu'il a créé, avec cette devise inscrite en marge de la carte - wahda, hurriya, ishtirakiy : unité, liberté, socialisme -, de se redéfinir, de s'envoler au-dessus de lui-même, d'avoir les mains libres.
Voilà. Les phrases s'écrivent exactement telles qu'il les avait mentalement énoncées tout à l'heure. Il se relit. Non. La magie ne s'est pas opérée. Et pourtant, il sait que cette magie doit s'opérer. Un coup d’œil quelques instants plus tôt sur cette réunion extraordinaire qu'il a convoquée dans les salons du palais présidentiel, un coup d’œil sur ces soucieux diplomates venus de l'Ouest, Algie, Mérimée, sur leur même regard déboussolé, un coup d’œil sur cette chose noire qui emplissait leurs yeux a suffi à le convaincre si besoin était de l'envergure, de l'urgence de la tâche qui lui incombe. Le monde attend un prophète. Et ce prophète ne peut être que lui. [...]
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"[...] le poète est d'abord celui qui écrit l'illisible, qui dit l'indicible. Qui comment l'innommable."
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"Les peuples les plus jeunes sont toujours ceux qui se réclament des livres les plus vieux du monde."
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La poésie serait un peu comme les lettres de réclamation : tout le monde en écrit , mais personne n'en lit .
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Peu après son arrivée dans le groupe, un an plus tôt, Salim avait suggéré diverses améliorations dans la gestion des dentifrices mentholés à pâte dure. Puis il avait affiné son discours dans une présentation PowerPoint sur le packaging des crèmes hydratantes revitalisantes. L’analyste junior avait finalement remis une grosse étude au chef de département, Simon Pellegrini, dans laquelle il proposait de doubler les marges en utilisant un sous-traitant offshore et en simplifiant le processus de distribution.
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Il était incapable d'écrire. Il était fils de berger, fils de putain, il était truand de profession, voleur de brebis et tueur à gages. Il aurait voulu être un grand écrivain. Il fit usage d'une belle plume, dont l'Histoire n'a pas retenu le nom. Peut-être eut-il recours non pas à un seul, mais à plusieurs scribes. Peut-être y eut-il plusieurs manuscrits en compétition, et promit-il de laisser la vie sauve au seul lauréat, même s'il ne pouvait tenir sa promesse car il lui fallait entretenir l'illusion d'être l'auteur de ses oeuvres. La légende prétend que le nègre aurait dû être empoisonné, mais qu'il ne le fut pas. Les deux hommes se connaissaient depuis l'enfance, et avaient autrefois été amis. L'un était un authentique écrivain, ce que l'autre n'était pas, n'avait jamais pu être. L'un fut le dernier scribe de Babylone, l'autre son dernier tyran. Nul mieux que ces deux hommes ne sut ce qu'était l'écriture sous contrainte.
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Le collectionneur, s'il parvient par instants à se leurrer, à se convaincre que c'est cela, la beauté, qu'il en frissonne, qu'il vibre enfin, sait au fond de lui-même que se rendre propriétaire de l'art des autres ne revient jamais qu'à le poursuivre par le petit bout de la lorgnette - comme, faute de savourer l'ivresse, on collectionne les grands vins, avec rancœur, sachant qu'on rate le principal.
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L'écriture - la véritable écriture - lui apparut comme l'ombre des mots,l'ombre de l'encre noire ; l'ombre de ses propres mots une fois écrits le cloua à son destin comme un Christ à sa croix.
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