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Citation de enkidu_


A mesure que s'approfondit l'unification du groupe chevaleresque, se consolide aussi son code de valeurs. Celles-ci sont notamment exaltées, dès la première moitié du XIIe siècle, par les chansons de geste (telle La Chanson de Roland), ces récits épiques que jongleurs et troubadours chantent dans les cours seigneuriales et princières, puis un peu plus tard, par les romans de chevalerie (premier genre littéraire non chanté du Moyen Age, mais destiné à être récité durant les festivités châtelaines). Les premières de ces valeurs sont la « prouesse », c'est-à-dire la force physique, le courage et l'habileté au combat, et, de manière plus spécifique à la société féodale, l'honneur et la fidélité, sans oublier un solide mépris des humbles, fréquemment comparés à la monture que le noble chevauche et mène à sa guise. Son éthique repose aussi sur la largesse. À l'opposé de la morale bourgeoise de l'accumulation, un noble se distingue par sa capacité à dépenser et à distribuer. Il se livre volontiers à la rapine sur le dos de ses voisins, de sorte que les non-nobles le décrivent comme un rapace avide et plein de convoitise. Mais s'il fait du butin, c'est pour pouvoir se comporter avec plus de panache, pour entretenir un entourage plus nombreux qui rehausse son prestige, pour manifester sa générosité à l'égard des pauvres (sans oublier la nécessité de faire face aux dépenses militaires indispensables pour tenir son rang. Ainsi, même si les gestes qu'elle suscite peuvent parfois lui ressembler, la largesse aristocratique se distingue de la charité, vertu chrétienne par excellence qui doit plutôt s'accomplir dans l'humilité d'un lien fraternel. Pour l'aristocrate, il s'agit de distribuer et de consommer avec excès et ostentation, pour mieux affirmer sa supériorité et son pouvoir sur les bénéficiaires de sa prodigalité.

Mais ces valeurs essentielles ne tardent pas à se révéler insuffisantes. Car, très tôt, l'Eglise joue un rôle important dans la structuration de la chevalerie et son unification autour d'un même idéal. Cela suppose de distinguer entre les mauvais chevaliers, pillards, tyranniques et impies, et ceux qui mettent leur force et leur courage au service de causes justes, telles que la protection de l'Église et la défense des humbles. (pp. 150-151)
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