Lorsqu'une demi-douzaine de gamins sans foi ni loi d'un desk de trading rapportent plus d'argent à leur banque en un an, qu'un coûteux réseau entier employé à octroyer des crédits immobiliers à échéances lointaines, fussent-ils titrisables en cas de besoin, faut-il alors s'étonner que la banque traîne les pieds pour s'engager dans le fastidieux financement de l'économie réelle ?
Jusqu'à une époque relativement récente, le bon sens populaire refusait d'envisager que les fonds déposés dans les banques puissent être menacés, à plus forte raison perdus, emportés dans la faillite d'une institution financière. Des dizaines d'années de nationalisation bancaire et du crédit ont largement contribué à graver ce principe dans le marbre des certitudes intemporelles...
Hélas, l'actualité nous démontre chaque jour de manière aussi brutale que spectaculaire le caractère chimérique de ces postulats.
Le public est versatile, il faut qu'il change.
(Abdeslam Ouaddou, international marocain)
Le football c'est comme les échecs, seulement il n'y a pas de dés (Lukas Podolski, international allemand)
Tels des conducteurs happés par l'ivresse de la transgression qui préféreraient ne pas boucler leur ceinture de sécurité tout en gardant le pied au plancher, leurs golden boys, leurs yuppies, traders et autres asset managers, dopés comme jamais par la perspective de gains faramineux à la portée d'un simple clic de souris, s'en donnent à coeur joie et influencent peu à peu la culture globale de la banque vers toujours plus de courtermisme, source de toutes les dérives.